
temps en temps leur foret, il avoit un pot qui
laiffoit continuellement tomber de l’eau fur la
clef.
Cette eau a deux bons effets : elle entraîne la
limaille à rnefure qu’elle eft détachée & empêche
le foret de s’échauffer ; elle lui conferve fa dureté.
Les ferruriers cherchent à prouver leur adreflTe,
en faifj.nt aux clefs des trous b en plus difficiles
que les fimple s trous ronds ; & qui rendent les ferrures
plus parfaites': nous allons pai courir les principales
de ccs efpèçes de forures, & montrer comment
il faut s’y prendre pour y réulfir.
Dans les forures ordinaires, la tige de la clef
eft un cylindre creux, & c’eft ce qu’on appelle
forure jimple.
Mais on. fait dès clefs qu’on nomme a double
forures la tige eft compofée de deux cylindres creux
qui ne fe touchent point l’un l’autre ; l ’extérieur
eft féparé de l’inferieur par un efpace vuide ; les
ferruriers les appellent même a triple forure 3 parce
qu’elles demandent une forure dans la broche de
la ferrure qui reçoit la clef.
Quelquefois la tige de ces clefs eft compofée de
deux pièces , & c’eft la manière la plus fimple de
les faire.
On perce d’abord la tige comme pour les for-
rures ordinaires , à cela prés qu’on donne à cette
forure un diamètre beaucoup' plus grand par rapport
à celui de la tige.
On forge enfuite un fécond cylindre , dont le
diunètre eft moindre que celui du creux précédent
^précifément de la quantité du vuide qu’on
^veut laifTer entr’eux.
L a longueur de*ce nouveau cylindre fè prend
égale à la profondeur du trou qu’on a percé dans
la c le f..
Oîi le fore comme on a foré l ’autre ; après quoi
on le fait entrer dans la tige de la clef, afin de l’y
affiijettir aifément , & de lui en faire occuper le
centre.
En le forgeant, on a attention de lui laiiTer une
bafe d’une ligne ou deux de longueur ; qui a meme
diamètre ou un peu davantage que le trou de la
t ;ge : ainfi ce cylindre n’entrant qu’à force , pour-
roit être fiable ; on le retient pourtant d’une manière
encore plus fixe.
On attache fa baie contre la tige par le moyen
d’une rivure ; on les lime enfuite, de façon qu’elles
ne patoiilent point.
Mais la manière la plus parfaire de faire les
doubles forures, c’eft de les percer toutes les deux
dans la tige même , fans rapporter- aucune pièce.
On commence alors par forer le trou du centre#
On forge enfuite une broche d’acier qui a même
diamètre que ce trou, & qui eft plus longuê qu’il
n’eft profond.
C'.tte broche a de plus une queue de longueur
arbitraire, qui a plus de groffeur que le relie “de
la broche.
Entre la queue & le corps de la broche , il y a
une partie longue de quelques lignes, dont le diamètre
furpafle celui du corps de la broche, pré-
ci fément d’une quantité égale à celle de l’épaifieur
que doit avoir le cylindre qui entoure le vuide du
milieu de la tige.
Enfin , on forge une virole d’acier, un peu plus
comte que la tige de"la broche*
Cette virole eft elle-même une cylindre creux,
elle peut pourtant s ouvrir d’un côté dans toute fa
longueur-.
Etant fermée, le diamètre de Ion vuide eft égal
à celui du cylindre creux qui doit occuper le centre
de la tige, l ’épaiffeur des parois de ce cylindre
comprife ; & l’épaiffeur de la virole eft la mefure
du vuide qui doit féparer le cylindre extérieur de
l’intérieur.
Un des bouts dè la virole eft taillé en lime.
On l'aju-fte [fur la broche de façon que la tige
de la broche occupe fon centre.
On la rive fur la partie de la broche qui a
moins de diamètre que la queue, & plus que la
tige.
On la tient encore fermée, & fur-tout quand
on commence à s’en fervir, par le moyen de boutons
coulans femblables à ceux des porte-crayons.
Voila toutes les pièces, qui compofent l’outil né-
ceflaire pour faire la fécondé forure.
Son u(âge eft aifé à imaginer.
On fait entrer le bout de la tige dans la première
forure, & c’eft le bout de la virole qui doit
faire la féconde.
La tige foutient le fer autour duquel la virole
fore, & contraint la . virole à tourner toujours autour
du même centre.
On engage la queue de la broche dans une boîte
femblable à celle des forets communs, avec lef-
quels un homme feul perce une clef.
Pendant que l’ouvrier, fait tourner d’une main la
virole qui tient ici lieu de fo r :t, il prefle avec
fon eftomac cette virole, par le moyen d’une palette,
contre la .clef qui eft arrêtée dans l ’étau.
Si l’oii vouloit faire des forures triples & quadruples,
on le peurroit en multipliant le nombre
dés Yiroles, ou en en employant îucceffivement de
ÜifférenS diamètres ; mais ce feroit un travail long
& difficile.
Après les forures rondes, les plus ordinaires font
celles‘ que les ferruriers appellent en tiers - point,
c’eft-à-dire, donc l’ouverture eft triangulaire. >
Il y en a en tiers-point fimple, l'ouvér:ure de
celles-ci eft un triangle reéHligne ; il y en a en
tiei s-point cannelé , les trois cô .és de celles-là font
curvilignes.
" Les-afpirans à maîtrife font obligés à forer des
clefs de l’une pu de l ’autre façon.
Pour foret une clef à tier&po-int fimple , on
commence par lui faire une forure ronde 5 on change
enfuite ce cylindre creux en un prifme à bafe triangulaire
, parle moyen de.fept à huit broches plus
groflës les unes que les autres , dont on; fe fert fucce
Hivernent,
Ces broches font d’acier trempé ; lc^ir bout eft
triangulaire"; le corps de la broche l’eft. auffi, mais
il a moins de diamètre.
La broche fe termine par une queue plus forte
que la tige précédente, & prefque auffi longue.
Près de fon bout, elle a un talon ou une.partie :
en faillie , pour qu’on pniffe la retirer facilement.
La première broche eft la plus petite de toutes:
en frappant fur fa queue à petits coups , on refoule
le fer des côtés du trou, on en détache auffi des
parcelles qui tombent dans le fond du trou , peu-
à-péu l ’on fait entrer la broche , elle rend un peii
triangulaire le chemin qu’elle parcourt ; mais ori
lui en fait peu faire fans l'a retirer , elle pourroit
Rengager trop ; & c’eft afin d e la peu voir retirer,
qu’on lui a laiffé un talon ; en donnant quelques
coups au-deffous, on la dégage.
Après l’avoir retirée , on la fait -rentrer une fe-
,coude fois & même une troifième, mais de façon
que les faces de la broche touchent chacune une
face du trou différente de celles qu’elles touchoient
auparavant : les faces du trou en deviennent plus
égales entr’elles.. "
l Cette première: brodhe ayant aflèz élargi le trou,
on en emploie une plus groffe; ou plutôt, pour
épargner le temps & l ’acier, on fait recuire la pre-/
miere pour la détremper : on refoule fon bout pour
le rendre plus large-, & on lui donne une nouvelle
trempe.
Un accident à craindre, c’eft de cafter la broche
dans le trou.
- 11 ne feroit guère poffible d’en retirer le mor- .
ceau; & fi l’on vouloit employer des forets ordi- ;
naires pour percer la partie : eftée , on courroit rif- ,!
que d en cafter beaucoup fans avancer L’ouvrage, !
y ne petite préeau tien que prennent les. ferru-.
nets 3 met leur travail en. sûreté contre cet a*ci-
dent.
Avant que de faire ufage des broches, ils mettent
dans la forure de la cle f une petite pincée
de poudre; & au lieu de bourre, ils chafTent un
petit morceau de plomb jwfquà la poudre; quand
une broche fe cafte, il 11’y a qu’à faire rougir la
c le f, elle enflamme la poudre qui chafïe la broche.
Il faut fiippofer que ce petit artifice a été invent*
par quelque plaifant ; en tout cas on „.doit alors
éviter de fe mettre devant l’ouverture de la clef
qu’on fait rougir,
Le< ferrures de ces fortes de clefs ont d"sc~nons
qui font, pour ainfi dire, d s étuis où la clef s’emboîte
; or comme il eft ordinale de donner à l’extérieur
de la tige des clefs forées en tiers-point une
figure approchante de la triangulaire , le canon doit
auffi avoir cette figure.
Deux des côtés de ces tiges font pîa‘s & forcent
un angle : le troifième qui eft celui d’où le
paneton prend fon origine -, s’ arrondit ordinairement
, & un peu détaché du refte par deux entailles
qui vont depuis le bout de la cle f jufqu’à l’anneau
; ce côté arrondi s’appelle la contre-tige.
Cette contre tige eft en-dchors, ou à fleur du canon
: le creux du canon eft triangulaire ; on le fait
par conséquent avec une broche de -grofleur pro-
.po'tionnée à célle de la clef. Mais ie canon eft
outre cela ouvert d’un côté dans toute fa longueur,
pour recevoir la contre-tige, & c’eft avec une lime
ordinaire qu’on fait cette ouverture.
Le centre du canon doit auffi Jtre occupé par
une broche.précifénient femblable à la dernière qui
a fervi à forer la clef.
On l’arrête par le moyen d’une petite goupille
ou rivet qui la traverfe & le canon , tout auprès
de fon fond.
La forure en tiers-point cannelé n’eft plus difficile
qu’en ce qu’elle oblige à canneler les côtés dès
brochés,
La clef qui doit être percée de cette façon eft
d’abord forée par uu trou rond ; on change ce trou
eh un tiers-point fimple, & on fait celui-ci en
tiers-point cannelé;
On remarquera que la dernière broche que l ’on
emploie pour l ’une & l’autre forure, a prefque- au-
taut de largeur qu’au bout, fur une longenr d'environ
un pouce.
Mais de quelques, broches qu’ on fe fèrve , on ne
doit pas oublier de me-tre fou vent de l’huile, pour
les faire gliffer plus aifément.
La fo r u r e en é t o i le 3 n’a rien de plus difficile que
celles en tiers. - point, tout dépend encore de la
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