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niaient plus que toutes autres; & ce n’eft apurement
pva$ la combinaifon imparfaite qu’on en peut
faire avec un alkali, qui eft capable de les empêcher
d’éprouver ces altérations.
Au contraire, cet alkali en abforbant leur acide ,
& en facilitant la diflipatiôn de leur partie éthérée
avec laquelle il ne s’unit point véritablement, ne
peut que hâter beaucoup les altérations que ces huiles
font déjà fi difpol'ées à éprouver naturellement.
Il paroît qu’on doit conclure de tout cela , que
le favon de Starkey eft une préparation difficile,
incertaine, qui ne refie jamais là même, & qui
change continuellement de nature, & par confé-
quent de vertus; ce derner inconvénient, quand
il feroit feul, fuffiro t pour faiie'rejeter une préparation
de cette efj'èce , fur l ’état de laquelle on
ne peut jamais compter. Ainfi en furpofant, comme
il n’en faut pas douter, que la médecine puiffe tirer
avantage 'd’ un médicament favon ne us , qui participe
en même-‘emps des propriétés de i’aikali fixe
& de celles d’une huile efîentieile , il femble qu’il
vaudroit beaucoup mieux fubftituef au favon de
Starkey du favon ordirare , avec leqtfel le médecin
preferiroit d’incorporer fur le ch smp telle quantité
de telle huile efîentieile qu’il jugeroit à propos,
fui\ a t les indications qu’il auroit à remplir. Au
furplus, on trouvera-dans l’article fuivant un procédé
qui paroît mériter beaucoup d’attention, pour
faire le favon de Starkey.
Savons acides.
i^ts alkalis ne font point, comme, je l’ai dit, les
feules lu b fiances faillies , capables de fe combiner
avec les huiles, de manière quM en ré faire des
compofés d ffolubles dans l’eau & dans l ’efprit de
vin ; peut-être même n’y a-t-il, à la rigueur, aucune
mat-ère faline qui n’àit un peu d’aélion fur les huiles,
& qui ne puiffe leur donner en conféqucnce quelque
qualitéfavonneure , proport onnellement à cette
aâion ; cependant en général les,felsjqui n’ont point
u-te c'ufticité bien marquée, n’âgiffent qu'infini-
ment peu fur les huiles, & ce feroit un travail infini
que de foumettre à un examen chymique dé-
t.'ill-é toutes les comb’naifons falino-huileùfes que
1 on pourroit f Ire. Mais les acides ayant en général
une caufticité très -forte, & en particulier une adion
décidé- fur les hui e s , il étoit important de faire
au moins les principaux compofés qui pouvoient
ré f lt-er de l'union de ces deux fortes de fubftariées ,
& de reconnolrre les propriétés les plus effentielies
de ces nouveaux compofés, qui avoient été abfo-
Iument négligés par les chymiftes jufqu’à ces derniers
temps. C ’eft ce qu’a t ès-bïen fenti l ’acadé-
nfie de Dijon, quffait ordinairement un fort bon
' choix du fujet tie fes prix, & qui a propofé celui-ci.
Comme ce'prix a été remis cinq ou fix années de
L ite , on ne peut doute;* que plufîeurs chymiftes
s a v
n’aient travaillé en même-temps fur cet objet, &
n’aient par conféquent une même date pour leuls
expériences & leurs découvertes. J’ai conno; fiance
en mon particulier, d’un très-bon mémoire furies
favons acides , envoyé pour le concours par M.
Cornette, mais qui n’a pu concourir, parce que ce
mémoire n’eft arrivé à Dijon que le 27 avril 1777 >
après l ’expfation du terme,-fixé pour 1 çnvoi ces
mémoires : l ’auteur fe' propofé de le publier inéei-
famment. Mais dans ce même temps, M. Achard-,
de l’acalémie de Berlin, ? publie de fou cote un
ouvragejjort érendu fur les favons qui ont 1 acide
yijriofique pour bafe folide ; & ce memo-re étant
imprimé dans un journal de M. Buchoz., intitule
la nature eonji-déréè fous fes différé ns ajpedts , je
vais faire mention .ici des. puncipalés expériences,
de M. Achard, fans p; étend e rien décider fur les
dates des expériences.&* découvertes analogues ,
que d’au'res chymiftes, & M. Cornere en particulier
, ont' faites fur le-s mêmes matières.
» Le?procédé qui a réuffi à M. Acharf, pour faire
des favons acides , en combinant 1 acide, v triolique
averties huiles , tant concrètes que fluides, circes
cigs végç:aux par expreflion, ou par. ébullition , a
/ confîfte à mettre deux onces d acide vrrioliqùe
concentré & blanc dans un mortiër 'de verre , a y
ajourer peu à. peu , & en triturant rou-ours, trois
onces de l’huile dont il vouloit faire un^favon^ 8c.
qu’il avoit fait chauffer prefqiie juiqu’a l ’ebullirion.
M. Achird a obtenu par ce précédé des maffes
noires qui, refroidies, avoient la confîftançe de la
térébenthine.
Suivant la remarque de l’auteur, ces compofés
font déjà de véritables favons, mais- pour les réduire
en une combinaifon plus parfaite &*plus neutre , il
faut les difïoudre dans environ fix“ onces d’eau dif-
tillée bouillante. Cette eau fe charge de 1 acide
furabondant , qui pourroit être- (& qui. eft probablement
toujours ) dans le favon, & les parties favon-
neufes fe rapprochent par le refroidi (Te ment, & fe
réunifient en une malle brune de hi confiftance de
la cire, qui quelquefois occupe le fond du vafe, &
quelquefois nage à la furface du fluide , fuivant la
pefanteur de l ’huile qu’on a employée. Si le favon
contenait encore trop d’acidé, ce que Ion peut fà—
■ cilement diftinguer au goût, il faudroit le diffoudre
encore une fois dans l’eau diftillée bouillante , & ’
réitérer cette opération, jufqu’à ce qu’il ait entièrement
perçu le-goût acide; de cette maniéré on
obtient un favon dont les parties composites font
dans-un état réciproque de faturâtion parfaite.
M. Àchaid remarque encore, que l’acide v-’trlo- .
: lique concentré agit très-fortement fur les huiles ,
& avertit qu’il, faut avoir attention de ne pas y
ajouter l ’huile trop fubitement & en trop grande
quantité,, parce que dans ce.cas l’acide* devient trop-,
fort', décompofé l huije & la change en une fubf-^
tance charbonneufe 5 on_ s’apgercoit de cette dés
a v
compofition, à l’odeur d’acide fulfureux volatil qui
s’en dégage.
Lorfque ces favons font faits avec exaâitude,
ajoute M. Achard , ils fe durciffent en vieilliffant ,
mais s’ils contiennent de l ’acide furabondant, ils.
s’amolilfent à l ’air, parce qu’ils en prennent l ’hu-
mdicé »,
Ce chymifte a compofé des favons acides vitrioli-
quès par ce procédé avec diverfes huiles, telles que
celles d'ammdes douces, d’olives, le beurre de
cacao la cire, le blanc de baleine, l ’huile d’oeuf
par expreflion. Il en a fait auffi avec plufîeurs huiles
effentielies mais comme l ’acide vitriolique agit
. avec beaucoup pi"1 de prom. titude & de force fur
ces de n ères que fur les huiles douces non volatiles
, & qu'il faut toujours éviter dans, ces combi-
naifons l ’.râion trop vive Je l’acide , qui va jufqu a
|a dé^ dmpofîtion , le précédé général pour la composition
des Lavons acides vitrioliques à bafed huiie
efient elle, exige quelques attentions & manipulation*
particulières, que M. AcuarI indique de la
-manière fuivante- » Vo ci , dit i l , de*quelle manière
j'ai réufli à faire des favons avec l’acide vitriolique
& une huile eflentielie quelconque.
y> J’ai verfé trois,onces d’huile de vitriol blanche
dans un mortier de verre qui étoit placé dans
l ’eau froide; enfuite- j’y ai ajouté lentement &
goutte à goutte quatre onces de l’hu le cfientielle
qui devoit entrer dans le favon. J’ai trituré continuellement
ce molange, & lorfqu’il commençoit
à s échauffer , je n'y ai plus ajouté d’huile avant
qu’il fût entièrement refroidi. J’ai continué de cette
manière, jufqu’à ce que tout"' l’huile fut mêlée
avec l ’acide-. Cela étant f it, j’ai verfé environ-une
livre d’eau fur' une livre-de ce mélange, & je l’ai
fait chauffer lentement, jufqu’à ce qu’il eut un degré
de chaleur approchant de celui de l ’eau bouillante;
alors j ai ôté le tout du feu. Par le refroiditfemenc,
les parties favonneuf s fe réuni fient en une maflè
brune, qui a plus ou moins de folidité , fuivant la
nature de l'huile qu’on a employée ».
L ’auteur avertit que la trop grande chaleur oçca-
fionrie la décompofition ~de l’huile par l’a idc vitriolique,
& D convertit en un corps demi-charbonneux
& demi réfineux, ce.qu’on reconncît toujours;
comme dans les mélanges du même acide avec les
liu les non volatiles^ à l’odeur d'acide fulfureux vo
la t il, qui ne manque pas de fe faire fentir quand
l ’aride agit fur l ’huile jufqu’à la decompofer ; c’eft
là la raifon de toutes les précautions de refroi-finement
qu’il faut prendre lorfque l’on fait c-s com-
binaifons, & qu’il faut porter jufqu’à re point ffire
boufif r l’eau qu’on ajoute' au _favon après qu’il eft
fait , pour lui enlever ce qu’il contient d’acide
furabondant.
M. Achard a fait des favons de ce genre avec
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les huiles effentielies de térébenthine, de fenouil,
& avec plufieurs autres qui, fans être précifément
des huiles effentielies, en qnt la vo'atilité , telles
que celles de fuccin, l ’huile animale de Dippei,
celle de cire.
On ne peut douter, comme le dit fort bien l ’auteur,
que toutes' ces combinaifons d’acide vitriolique
& de differentes efpèces d’huiles ne foient de
vrais compofés favonneux, des favons acides bien
cara&éiifés, quand la combinaifon a été bien faite ;
car il s’eft affuré par l ’expérience qu’il 11’y a aucun
de ces compofés qui ne foit entièrement diffoluble ,
foit par l ’eau, foit par l ’efprit-de-vin, & décompo-
fible par les alkalis fixes ou volatils, par les terres
calcaires, par plufîeurs matières métal iques , toutes
fubftances qui s’emparent de l’acide vitriolique de
ces favons , forment avec lui fi s nouveaux compofés
qui doivent réfûlter.de leur union réciproque,
& dégagent l’huile, de même que les acides réparent
celles des favons alkalins..
Indépendamment de ces obfervations communes
à tous ces,favons, M. Achard a fait fur chacun d’eux
un grand nombre d’expériences particulières , qui .
offrent beaucoup de phénomènes fort curieux &
Érès-importnnseh ce qu’ils procurent de nouvelles
connoifiances fur la nature des diffireir.es efpèces
d’huiles. Il feroit trop long d’entrer ici dans ces
détails qu’il faut voir dans l ’ouvrage même ; je me
■ contenterai d’en rapporter les réfulats les plus eflën-
tid s , & d’indiquer les conféquences les plus générales
qu’il me paroît qu’on en peut tirer.
Non-feu’emqnt les fubftances ajkîfnes & plufîeurs
m atières métalliques décompofent >es favons
” acides vitrioliques; mais la plupart des autres 2c des,
le nitreux, le mar n, le fulfureux volatil, & même
. celui du vinaigré, les décompofent auffi, ce qui eft
un phénomène très-remarquable. Cependant l’effet
de l’acide du vinaigre n’eft pas le même fur tous
cesTavons; ily en a quelques-uns qu’il ne décompofé
point. Le tartre & le fel d’ofeille les décompofent;
mais il y a lia i de croire, comme le penfe M.
Achard, que. c’eft à l’aide de l’alkali fixe que contiennent
ces,fe s.
Plufieurs felsneutres, à bafes différents, décompofent
aufli ces favons acides; les uns par la plus
grande .affinité de l’acide vitriolique avec leuis
bafes \ la plupart par l'effet d une double ‘affinité.
Mais une circonftance fort remarquable, c’eft que-
de quelque manière que ces fivons foient décom-
pofés, en y comprenait .même la dift ilation fansin-
rermède, l ’huile qui en eft féparée a & conferve une
Confiftance beaucoup plus feime que celle qu’efie a
naturellement ; la plupart même deviennent concrètes
& aufli fermes que de U cire , taudis que
• l’huile fioarée des favons alkalins , fuivant la rè-
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