
comme difent les ouvriers, & diminuer de fa force.
Ceci bien entendu , je vais rapporter une expé-
ri nce.que M. de Buffon a faite pour reconnoître la
force du fer, chargé fuivant fa longueur.
Une boucle de fer de dix-huit lignes & demie de
groffeur ( c’eft-à-dire, que chaque montant de cette
boude avoit trois cents quarante-huit lignes quar-
rées, ce qui pour les deux fait fix cents quatre-.
vingt-feize lignes quarrées ) ; cette boucle avoit
environ dix pouces de largeur fur treize pouces
de hauteur, & le fer étoic à-peu-près de la même
groffeur par tout. Cette btîuçle étant chargée perpendiculairement
, elle a rompu prefque au milieu
des deux branches veiticales, & non pas dans les
angles, étant chargée de 28 milliers.
Suivant cette expérience, chaque barreau d’une
ligne quariée ne pourroit (Apporter* que quarante
livres; Cependant M. de Buffon ayant mis à l'épreuve
un fil de fer qui avoit une. ligne de diamètre un
peu fort, ce fil qui if avoit pas une ligne de folklité
n’a rompu qu’étant chargé de 495 livres , après
.avoir fupporté 4 82 livres, fans fe rompre. La force
de ce fil étoic donc douze fois plus grande qu’une
. verge d'ene ligne quarrée , prife dans le barreau.
D’où peut dépendre cette différence énorme dans
la force de deux verges d’une pareille folidité l
i° . Dans, les épreuves que nous avons faites fur
la force des cordes, nous avons reconnu que lés
forces par-rieur ères des cordons, étant ajoutées les
unes avec les autres, furpaffent la force d’une corde
formée d’un pareil nombre de cordons. Mais cette
différence de force dépend en partie d’une caufe
particulière à la fabrication des cordes.
î °. On fait qu’il y a bien de la différeuce de cohérence
entre les parties des différens fers, & l’on
ignore quelle étoit la qualité du fer de la boucle ,
par comparaifon avec celui du fil de fer; mais je
crois avec M. de Buffon , qu’il y a une autre caufe
qui influe beaucoup fur cette différence de force ;
l'avoir, de ce que le fil de fer a paffé bien des fois
par lVpreuve du feu, & qu’il a été fort étiré. Les expériences
fuivantes le prouvent,
M. de Buffon fit rompre une boucle faite avec le
même fer que la précédente. : elle avoit dix-huit
lignes & demie de groffeur : elle ne fupporta de
même que. £8450 livres, & rompit prefque dans le
milieu des deux montans.
Une autre boucle de même fer , mais qui avoit
été reforgée & étirée , de forte que le fer fe trouva
n’avoir que neuf ligues d’épaiffeur fur dix-huit de
largeur, fupporta, avant que de rompre , 1730P liv.
pendànt que , fuivant les autres expériences, elle
3 uroic du rompre fous le poids de 14000 liv.
Une autre boucle du mêmè fer qui avoit été réduite
à feize lignes trois quarts de groffeur, ce qui
fait cinq cents., foixante lignes quarréeS, a porté
14600 livres ; au lieu que, fur le pied des pre-
-mières épreuves , elle n’auroit poité que 21400
livres._
Outils. ,
On ne fe propofe point de faire ici l’énumération
de tous les outils dont fe fervent les fei radiers i
on fe borne à ceux dont les boutiques bien montées
font .pourvues, fe réfervant de parler de ceux
qui ne fervent qu’à certa hs ouvrages îorfquê l’occa-
fion s’en préfentera : d: ad leurs, les ouvriers imaginent
de ro.uveaux outils fuivam Ls circonflances ;
& ce point, fait une partie de leur fa voir, qui efl:
fur-tout bien important quand on a à T i r e Beaucoup
d’ouvrages fe tri b labiés ; en ce cas on fe procuvfe
des outils pour expédier l’ouvrage, fans -rien perdre
fur la précfioif.
Il efl indifpenfable d’avoir des enclumes pour
forger à chaud & à froid.
Dans les boutiques où l’on travaille habituellement
de gros fe r , il faut i° . une greffe enclume
quarrée, placée fur Ton billot à portée de la
forge. ;
i ° Mais le plus ordinairement les ferruriers ont
une forte enclume à une où à deux bigornes, pour
étirer le fer , & pour tourner les greffes pièces en
rond.
On en a ordinairement de différ.ntes'grandeurs;
& à celles qui ne font pas greffes 6ç pelantes, on
ménage en deffous une partie Taillante qui en:r.e
dans le billot.
Pour augmenter, leur fermeté il efl bon de
ménager à la table de,s greffes enclumes un trou
quarre, dans lequel .on met ou un tranchet oji
une fourchette pour couper> ou poùr rouler de
petits fe rs. •
. 3°. Aux bigornes on a’foin-qu’une des pointes.foit
quarrée, & que l ’autre foit ronde; celle-ci Iertjà
bigorner les anneaux des clefs,- les annelets, &
quantité d’autres pièces.
40. On a encore une bigorne moins grofte,
qu’on inet fur un billot ; & d’autres fort petites ,
qu’on place -fur l’établi dans une platine de fe r ,
ou bien qu’on fiaifit par le bas dans les mâchoires
d ’un étau : elfes .fervent à arrondir les petits fers,
tels que plufieurs pièces de la garniture des ferrures.
Il faut encore plufieurs tas & tafleaux d’établi,
qua'rrés ou à bigorne, de différentes grandeurs ;
les uns ont la table plate , d’autres l ’ont arrondie.
Nous en parlerons plus en détail quand il s’agira
de rèlever le fer fur le tas pour faire des oine-
mens.
<°. On doit avoir plufieurs marteaux, principalement
des gros qu’on mène à deux mains, 8c qu’on
nomme à devant ou traverse'; des marteaux à main,
à 'panne de travers ou à panne droite ; des marteaux
d’établi, pour porter en ville, qui fervent
à bigorner , pour faire des enrouiemens ; des marteaux
à tête plate,, pour drefl.er - & p a,ner le 1er;
des marteaux à tête ronde & demi-ronde, pour
relever & emboutir les pièces rondes, &c. Nous
en parlerons dans la fuite , lorfqu’il s’ag ra des
ornemens.
6°. Des foufflets fimples ou à deux vents, pour
animer le feu.
Comme on trouvera ailleurs la façon de faire
les grands foufflets. de forge, il fuffira de dire, ici
qtie deux grands foufflets fimples, font communément
plus de vent qu’un foufflet double ; mais il
faut plus de force pour les'faire mouvoir. L.e vent"
fe rend dans la forge par un tuyau qu’on nomme la
tuyère. •
Les foufflets des ferruriers font moins gros que
ceux des forges. Dans bien des endroits on les
fait encore de cuir : fi on leur donne une certaine
groffeur, il vaudroit peut-être mieux les faire de
bois.
7°. On ne peut fe paffer de tenailles de différentes
groffeurs : les unes font droites , elles fervent
à tenir le fer fur l’enclume ; on a auflï des tenailles
croches qui- fervent à tenir le gros fer dans, la
forge, des tenailles goulues pour faire des boutons,
des. tenailles à lien pour faire des vafes,
des rouets , &c. -des triçoifes.
8°. Des pinces pour manier les pièces délicates.
.O11 les nomme volontiers bequettes plates,
Il y en a dont les ferres font rondes, elles fervent
à rouler les pièces délicates.
. Il y a aufli des pinces à anneaux j les ferruriers ne
s’éri fervent guère, à moins que.ee ne foit pour des
ouvrages tres^ délicats.
9°. On doit avoir plufieurs broches ou tifbn-
nières , pour'ouvrir le feu, 8c des palettes pour
dégager la tuyère & fablonner le fer; une pelle de
fer, pour mettre le charbon à la forge ; & une
grande pelle de bois, pour mettre le charbon en
tas, ou en emplir les' corbeilles.
10°. Il doit toujours y avoir auprès de la forge
une auge de pierre ou de boi> pour avoir de l’eau
a portée., avec un balai ou écouv-tte pour rafïem-
bler fe chat bon & arrofer le feu y & dans quelque
Vafe, du labié fec. ;
n 5. Il efl indifpenfable d’avoir des cifeaux,
des tranchés pour fepdré le fer - à chaud., ou le
couper q.;an.d il y en a de trop, ,
* Les tranches font un fort ciféau emmafiché dans
une hait.
On a encore des cifeaux ou tranches percées
pour couper à chaud des fiches & couplets ; des
■ poinçons ronds, quartés, plats ou ovales, pour
' percer à chaud des trous de différentes figures.
Fi°. Dés mandr’ns ronds, quarrés, ovales , en
lofange , triangulaire , pour agrandir dés trous 'ou
forger déifias, des canons dé ces différentesfig"-resf
c’efl pourquoi il faut eh avoir de différentes grandeurs
& formes.
130. On ne peut guère fe paffer de règle de fer,
' pour dréffèr lé’s pièces qui doivent êtré droités ;
‘ d’équerre , pour affembler les,pièces à angle droit;’
de faüfles équerres . de compas de différentes grandeurs
à branches -droites ou courbes, pour mefurec
les longueurs , les diamètres & lés épaiffènrs.
-140. Il .efl bon d'avoir des cloutières rondes,
quarrées ou ovales , avec des poinçons pour former
les têtes des vis.
150. Des châffes quarrées, rondes & demi-rondes,
pour battre lés endroits où le marteau ne petit atteindre
; alors en place la châffe, & l ’on frappe
defliis avec un -marteau.
Le manche de ces châffes efl de fer eu de
-bois.
16°. Il efl indifpenfable dlavo'r des étaux. li en,
faut de grands pour forger & limer les greffés pièces,
à chaud & à froid. On les nomme étaux de r<>
| fiftance.
Les étaux à limer font de force moyenne.
170. On a encore des étaux à patte , qu’on met
fur l’établi pour travailler les petites pièces : la vis
qui efl reçüë dans l’écrou efl au-deffous de l’établi;
la patte efl pàr-deffus.
Ces deux pièces fervèpt à attacher ces fortes
d’étaux : les mâchoires. & les autres parties font à
peu près comme dans les grands étaux.
Les étaux à main font fort commodes pour faifir
lés petites pièces de fer qu’on auroit peine à tenir
■ dans les mains ; on en'à quelquefois dont les mâchoires
font allongées ; & fe terminent en poir'e ;
ion .les .nomme étaux a goupille.
Enfin on a encore, des efpèces de mordaches de
: bois ou de fer , pour affujettir les pièces polies.
1 go. Les greffes limes confiflent en gros carreaux
taillés rude pour ébaucher lés gros fers à froid.
Lrs demi-carreaux qui ne different des carpeaux
que parce qu’ils font moins gros, & les greffes
carrelettes. .
Celles-ci, font taillées moins rude; elles fervent~