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Pulvérifation des racines.
Les racines fibreufes, comme celles de guimauve,
d’enula-campana, doivent être mondées de leurs
écorces : on les ratifie avec un couteau & on les
coupe par tranches très-minces avant de les fou-
mettre à la pulvérifation fans quoi leurs poudres
£e raient remplies de petits filamens qui reflèmblent
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à des poils S qu’on aurait beaucoup de peine £
féparer.
Cette remarque eft générale pour toutes les ra-i
cines qui font fibreufes.
Lorfque les racines font petites on les réduit en
poudre telles qu’elles font, après les avoir nétoyées
des matières étrangères*
( Extrait des élémens de pharmacie de M. Bequmê,^
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( Art préfervatif & curatif de la )
C ^ ’e s t un art nouveau & bien important, de
pouvoir arrêter dans le principe les effets terribles
de la rage. Qu’il nous foit donc permis de rapprocher
dans cet article les méthodes les plus accréditées
que l’on a oppofées à ce fléau accidentel.
Cet art de guérir un mal fi fubit & fi rapide ne
fera point fans doute regardé comme déplacé dans
un didionnaire confacré aux arts utiles. D ’ailleurs
nous ne préfenterons. qu’un fimple abrégé des fe-
cours à donner dans des circonftances prefîantes
& imprévues, fans prétendre entrer dans la théorie
du traitement qui doit être développée par les fa-
rans rédadeurs de la médecine & de la chirurgie.
Traitement contre la rage.
M. Médérer vante le traitement fuivant comme
tan puiiïànt moyen préfervatif de la rage pour
ceux qui ont été mordus par des animaux vraiment
enragés, & on certifie fon plein fuçcès fur trois,
perfonnes qui ne pouvoient manquer de périr de
cette cruelle maladie , la rage de l ’animal étant
conftatée , & les trois perfonnes mordues l’ayant
été dans la peau vive.
Ce remède eft connu, ufité, & on fe le procure
facilement & à peu de frais ; c’eft ce qu’on
nomme la lejjive des favoniers. Uii fel alkàli
diiïous dans l’eau pour affoiblir fa caufiicité. La
bleiïiire faite par un animal enragé ou foupçonné
avec fondement de l’ê tre, fera dilatée & lavée
avec la leffive qu’on compofera fur le champ avec
30 grains de pierre à cautère & une livre d’eau
commune. Si la partie n’eft pas trop fenfible, on
la couvrira de charpie imbibée de la même lef-
five ; fi elle eft trop fenfible pour éprouver cette
irritation fans inflammation ou autre mal, on eiïuièra
la plaie, on la lavera avec de l ’eau tiède, &
on mettra de la charpie sèche , ce qui fe répétera
plufîeurs jours.
Si la plaie fe trouve déjà cicatrifée quand on
jugera devoir fe précautionner 'contre fes luîtes ,
on la recouvrira avec la pierre à cautère , &
on fuivra les confeils précédens.
Cependant ce qui peut donner quelque défiance
du.traitement de M. Méderer, c’eft qu’il s’appuie
fur l ’affinité du venin de la rage, avec le virus
vénérien qui n’eft ni prouvée, ni vraifemblable ,
& en fécond lieu parce qu’il croit ün peu légèrement
la leflive des favoniers, un in failli Die
•Arts Si Métiers. Totn. VII.
remède préfervatif des affédions vénériennes %
autre afîertion. un peu hafardée.
Apperfu fur les moyens de guérir Ihydrophobie t
par M. Demathis, docteur en médecine, &
chirurgien des armées du roi de Naples ƒ publie
par ordre du gouvernement.
La rage fe manifefte fpécialement en Europe,
& elle y paraît beaucoup plus fouvent que dans
certaines autres contrées de la terre. Boerhaave ne
défefpéroit pas qu’on trouvât un remède fingulier
à un virus fi fingulier : Nec defperandum de in~
veniendo tam fingularis veneni fingulari antidotç,
Aphor. 146. Je propofe un moyen fingulier de
guérir cette maladie. Une expérience faite pac
hafard conduira peut-être à une pratique heureufe;
mais je n’ai entrevu cette poflibilité, qu’après avoir
appris de M. Alphonfe le Roi quelle étoit fon opinion
fur les phénomènes de l’hydrophobie, & fur
la curation de cette horrible maladie.
Comme la rage exalte, & Je principe de h
v ie , & les organes qui le contiennent, au point
de rendre les animaux, qui en font attaqués,
exceftivement fenfibles à la vue d’objets qui, dans
tout autre temps, ne feroient aucune impreflion
fur eux , M. Alphonfe le Roi penfe qu’on ne peut
guérir les enragés , qu’en diminuant le principe
de la vie jufqu a le fufpendre prefque, & en neu-
tralifant en même - temps la matière hydrophobique.
Cette idée neuve me fit fentir tout le prix
de mon expérience. Ce moyen eft trouvé, lui
dis-je, le hafard me l’a fourni : je l ’avois méconnu
, mais vos vues m’en font apprécier en cet
inftant l’importance. Après avoir raconté le fait
à M. le R o i, il me prefla de le publier : je m’en
fais un devoir. Puifient de nouvelles expériences
fendre ma découverte affez précieufe , pour qu’elle
ferve dé bafe à une méthode par laquelle on
guérira l ’hydrophobie déclarée !
En odobre 1778, demeurant quelque temps chez
mon frère , qui eft apothicaire à Vallodinavi, dans
la Calabre citérieure, j’avois , en revenant de la
chaflTe, trouvé une vipère que je rapportais vivante
à la pharmacie. En paffant par le jardin, je trouvai
le jardinier fort affligé de la maladie d’un très-
gros chien de garde qui étoit à la chaîne, & qui
depuis trois jours n’avoit voulu ni manger, ni
boire. J’approche du chien qui étoit bien enchaîné ;
je l’irrite j il avoit les yeux étîneelans., & cet