
Semoir anglais
Parmi les anglois, 'toujours attentifs à ce qui >
peut être utile à leur nation pour lui procurer i
l ’abondance, en économifant cependant ie plus •
qu’i l eft poflible, il \s’eii eft trouvé qui ont reuffi ;
à femer -moins de bled , & a en .recueillir :da- ;
vantage.
Le. femoir qu’ils emploient eft un bâtis de cba- !
r minage avec roues, portant i° . une trémie qu’on :
-remplit de grain; z°. tiois petits focs - en bois en |
façon de pieds de table ,-quilêroutit-en triangle, ;
placés debout au-deflus des ouvertures de la tré- i
mie , & représentant une augo en d e v a n tq u e :
l'on garnit de tôle, traçant fur terre trois raies ;
enfoncées de deux on trois pouce1: , & disantes
l ’une de l’autre, de fix à fept pouces-; 30. autant
de conduits attachés derd-ère lés focs, parlefqu.els
le grain qui fort du bas des réparations qui font
dans la trémie, coulé pour tomber derrière les
focs dans les i-aies qu’ils viennent de -faire > 4°. une
petite herfe, ou un -r-ateau , .recouvre firr le champ
le grain : le tout eft tiré par un, rarement par
plusieurs chevaux, & conduit par le laboureur,
qui tient deux mancherons “ comme ceux d’une
charrue*
Lorfqu’on veut femer, par exemple, un arpent,
la terre ayant été préparée par les labours necef-
faires, on 1-aifte fur le bord de la piè e deux pieds
de .t-erre fans fa femer : on sème en-fuite avec le
femoir donc nous venons de parler, trois -rangées de
froment qui occupent deux pieds „de largeur : on
laifte apres quatre pieds de .terré fans y mettre de
femence : de ces quatre pieds de -terre, deux l’année
fuivante feront en'fe mencés eh Mecs , & f s deux
autres de même la troifième année. Aptes ces quatre
pieds -de terré laiffés fans femence , on-sèmë encore
trois rangées de froment., & ainfî de fuite dans
toute l’étehdye defarpent.
On a f in au printemps de vi(îter les rangées,
& d arracher ’les pieds de 'biëcl qui fent plus près
les uns des autres que de quatre à cinq pouces, &
de donner .aux plates-bandes qui font entre les rangées
, avec une charrue faite exprès un premier
labour ; ce qui fait'lever le bled au point que chaque
grain-qui, dans l’ancienne.méthode n’au refit donné
que deux ou trois tuyaux , en produit depuis .douze
j ülqifià vingt,, qui portent tous de gros épis.
Lorfqne le bled des rangées eft en épis , cm lui
donne un fécond ucsbouf qui lui fait prendre de fiai
nourriture-; en forte-qu’ d fleurit & déOeurir promptement.;^
s’tlfitfvicnt des e-hafeu-rs , il mûrit fübi-
tement.
Suivant cetre méthode , très-ufitée en Angleterre,
”& propose par le célébré M. Duhamel,:
d’après M. T u l l, la terre étant toujours dégagée
d’herbes é tra n g è re s, la p la n te profite de toutes les influencés d e ra tm o fp h è re , au p o in t qu ’un a rp en t
a ïn fî-c u ltiv é , rapp orte u n tiers plus d e b led que
fbivanc la m éth od e o rd in aire , & q uelquefois le
d o u b le , p ar la longueur & -la grofffeur d rs tu y au x ,
.& la q u a n tité des b eau x grains qu’ils c o n tie n n e n t;
l ’on a en .o u tre la v a n t-g e de recu^il ir du bled tro is
a n s d e fuite.
U n citoy en d e L y o n , z é lé p o u rT a g rîc u 'tu re l,
v ie n t de faire la com paraifon du p ro du it des ter-es
d e m êm e q u ali é , les u nes enfem en cées à la m an iéré
o rd in a ire , le s.a u fe s avec le femoir de M . D u h am e l,
& les pro du its fe font trouvés b ien diffère 11s : .n e u f
m efures & d em i de fe ig le , fi: m ers avec le femoir a
en o n t p ro d u it cent tre n te -deux & d em ie ; au lie u
q ue i8 m efures du m êm e g rain , fem çes à la m an
iè re o rd in a ire , n ’en o n t d on né q u eféixante-q u a tre
& d em ie.
Semoir a'bras.
L es femoirs à bras o n t l’avan tag e d ’éparg n er b eau coup
de-fem ence., tm x ép a d an t le ' g rain ’égalem ent*
M . l’A b b é Sou m ille , co rrefo o n d an t des académ ies
des icien ces d e-P aris & de T o u lo u fe , a in.v n té u n
p e tit fem oir à bras , qu’une fem m e, ou un e n fan t de
douze ou q uinze ans p eu t m e n e r, & qui eft très
u tile p o u r ehfem en cer les terrws m onteufes & plantées
d ’arbres.
C e fem oir eonfifte en u n e feule roue de f e r , d e
tre n te -tro is pouces de d iam è tre , très lé g è re & trè s
folid e , d o n t l e m oyeu , qui eft d e b o is , fert en
m èm é-.tem ps de c y lin d re pou r !a d iftribu tion du
b le d ; on y o bferve le m êm e n om b re de cellules &
la. m êm e m échan iq ue -qu’au, gran d femoir : la m o n tu
re d e c e tte ro.ues.eft fo rt -Ample ; ce fo n t d eu x
bras d e bois de q u atre -pieds -de lo n g , affem blés
com m e ceux d ’une b ro u e tte .
C e femoir ne pèfè pas p lu s de cin qu ante liv res.
Le p rix d e c e t in ftru m e n ta fi ufiie dan s de certains
terr.ein s, n ’eft q u e.de.tren te-fix liv res ; cette fem m e
f ra p rom p tem ent cornpenfée p a r l ’ép arg n e de fe-
. m e n c e , .puifqu’o n.a calcu lé q u e e e tte é p a 'g n e a llo it,
av ec ie g ran d femoir, aux d eu x tiers d e la d ép en fe.
Semoir pour les pois & les fèves.
O n fe fert dans la-v allée d’A g lisbu rÿ d ’un in fin im
ent qui xeuffit ,au mieux, p,our fem er les pois & les
fèves. V o ic i en quoi il confifte.
La ,roue eft ,de fe r, & a v in g t .pouces d e d iam
è tre . .
La longueur défebotteeft d’environ vingt pouces#
■ Sa largeur eft de dix.
S a *h au teu r jde c in q pouces & d em i.
Le cy lin d re de. M is q u i eft au-d efly s de l ’axe de
la roue a q u atre pouces de d iam ètre. C e cy lin d re ëft
p erçé
percé de vingt-quatre trous de trois lignes de profondeur,
& de fix lignes de diamètre.
• La languette qui couvre le cylindre a fix lignes
d’épaifleur, fept,pouces de long, & un pouce trois
quarts de large.
Lorfqu’il fe préfente une fève p!us grofle qu’à l’ordinaire,
la languet e s élève & re.ombe enfuite
d elle-même. I a languette a une coche, laquelle
répond exa&ement aux trous du cylindre.
La boîte a un couveicle avec charnière. Un
homme conduit cet inftrument devant lui comme
une brouette après la charrue. Il répand la femence
dans le fillon, & elle (e trouve couverte au fécond
tour.
Ce femoir eft de l’invention de M. Ellis , riche
fermier de GoddenfUen, dans la province de
Herftbrd.
Autre femoir de ,M. Huntel.
L e do&eur Huntel, d’Yprck, a inventé unfémoir
avec lequel on peut femer telle efpèce de grain
que l’on vent, pouryu que celui qui s’en fert ait de
l ’intelligence.
Lorfqu’on veut l’employer, on commence par
herfer le" térrein le plus uniment qu’on peut ; après
quoi on prend une herfe plus grolfe & plus pefante,
avec laquelle on trace les filions de la diftance
qu’on veut.
Un homme remplit enfuite le femoir , & l ’ayant
attaché autour de fen c o l, il fuie les filions tournant
une manivelle, au moyen de laquelle, & à
l ’aide d’une petite roue percée de trous proportionnés
, la femence combe dans un tube.
Le (àc dans lequel on met la femence peut être
de cuir ou de cannevas. Il eft entouré d’un anneau
de laiton dans lequel la roue tourne , & cet anneau
eft garni tout autour d’un morceau de peau
d’ours qui enlève la pouflière de la roue à mefure
qu’elle tourne, & facilite le pafiage de la femence,
On recouvre enfuite les filions avec une herfe
ordinaire.
Autre femoir de M. Rundalli
M. Runda’l , anglois , a aufli inventé un femoir,
L e principe qui a îervi à la lonftru&fen de cette
machine eft nouveau & curieux Son u-'ge eft d’en-
femencer tiois filions à la fois , en les . fpaçant à
volonté.
Cette machiné eft conftruite de manière que les
trémis & les timons fe trouvent toujours parallèles
à l’h-jrifon, au moyen de quoi lesj'emoirs fe trouvent
également enfoncés dans la terre, & à l ’aide d’un
méchanifme qui lève ou 'qui enfonce celui dij
m lieu ; on peut s’en fervir pour labourer les terre®
qui nc-font point de niveau.
Les pièces qui compofent ce femoir font:
1°. Une chaîne qui doit être proportionnée à la
g* oif ur du cheval pour tirer fe plus également qu’il
eft poftible.
z°. Des eoutres arrêtés dans une traverfe.
3°. Le limon du, milieu dans lequel eft enchâfle
un coutre.
40, Il y en a un autre parallèle dans lequel font
enchâfles les femoirs fur la même ligne que les
eoutres.
50. Une traverfe qui fert à affermir la machine.
6°. Une roue dentée;
7°. DeS trous pratiqués dans l’axe pour recevoir
les roues qui tracent les filions.
8°. Une trémie dans laquelle oh met 1e grain,
5>°. Au milieu de la trémie un cône renverfé ,
par le moyen duquel le grain tombe par une ouverture
en talus dans une autre trémie où eft un
fragment de cône dans un fens contraire, feus
lequel eft une diagonale dont le fond eft fixe, & ou
fent trois ouvertures qui répondent aux femoirs, d’oii
le grain palfe dans des boîtes & des entonnoirs qui le
^répandent dans la terre.
Les ouvertures font proportionnées à la grofleur
du grain qu’on veut femer , depuis un grain dé
moutarde jufqu’à une petite pomme de terre.
V Ï V
Arts b Métiers. Tome VTl. Y y