
Lorfque les fécules refirent à la chaleur , il
convient d’employer concomitament l’aâion des
alkalis. On d oit, dans toutes circonftances, donner
la préférence à la chaux ; parce qu’en fepa-
rant les fécules, elle ne leur enleve qu une petite
portion de fuc favonneux; & lorfque fon aâion
ne fuffit pas , ce qui arrive rarement, on doit la
féconder de celle de la potafle ou de la foude.
Comme la chaux & les alkalis ne fervent, dans
la nouvelle méthode, qu’à aider l’aâion de la chaleur
pour la réparation des fécules, on n’eft jamais
obligé de les employer en une aufli grande
proportion que dans l ’ancienne j où il faut qu ils
fervent encore à leur donner une confiftance mouf-
feufe qui les retienne fur l’écumoire.
Quelque foin, quelqu’attention qu’on apporte a
enlever les fécules à mefure qu’elles fe préfen-
tent, il eft impoflible d’en opérer l ’enlèvement
complet par l’écumoire feule. Non feulement cé
moyen eft infuffifant pour les fécules , mais il ne
peut rien fur les-matières terreu fes qui fe trouvent
accidentellement dans le fuc exprimé.
Ces matières viennent de la canne qui en eft
faUe , du vent qui les dépofe fur le moulin , dans
la gouttière qui porte le lue & dans les baftins
qui le reçoivent ; elles viennent encore de la chaux
qu’oTi employé , qui porte toujours une quantité
de terre calcaire plus ou moins grande & du fable.
Après avoir reconnu l’impoflibilité abfolue d’enlever
entièrement à l ’écumoire & les fécules pro-
pres au.fuc exprimé, & les matières terreufes qui
lui font étrangères , mais qui s’y trouvent toujours
dans une proportion plus ou moins grande ; nous
avons vu qu’il étoit indifpenfable de filtrer & de
laifîer dépofër le vefou avant que de le cuire, &
nous avonspour cet effet, imaginé d’adapter au
laboratoire des fourneaux portant, chaudières de
cuivre deux baftins qui remplirent merveilleufe-
ment bien ce but, & avec les plus grands avantages.
Dans le travail aâ u e l, on filtre le vefou en le
paffant du firop dans la batterie ; mais dans cette
filtration on n’enlève que des matières folides extrêmement
groflières , parce que les filtres dont on
fe fert, font ou un tamis de laiton, ou.un canevas
: aufli cette filtration eft-elle à-peu-près nulle.
Afin qu’on puifle bien faifir l’enfemble des opérations
qu’exige le travail du lue exprimé & fui-
vre l’ordüe qu’elles doivent garder entr’elles, nous
allons expofer quelle doit êtret , dans l’intérieur
:de la focrerie * la difpofîtion de nos moyens pour
le plus giand fuccès de leur marche.
Toutes les opérations qu’exige le travail du lue
exprimé, peuvent être faites fur le même fourneau
ou fur deux féparés.
Comme le fourneau fur lequel' on peut les faire
toutes fucceffivement doit être préféré, dans le
plus grand nombre des habitations ; parce qu’en
rempliffant avec un fuccès égal le but qu’on fe
propofe , il offre une économie de huit a dix nègres
6c de beaucoup de chauffage ï nous le prendrons
pour exemple & nous fuivrons la marche
du travail fur lu i , d’autant plus volontiers qu’on
pourra, fans que nous ayons befoin d’entrer dans
de nouveaux détails , faire l ’application de cette
marche aux deux autres fourneaux que nous pro-
pofons pour les habitations très - grandes qui ont
befoin des moyens les plus puilfans.
La paitie du fourneau qui répond à l’intérieur
de la fucrerie, doit être nommée laboratoire j elle
préfente, dans les fourneaux compofés, trois ou
quatre chaudières placées fur la même ligne; dans
lbs fourneaux fur - compofés, elle eft formée de
deux laboratoires qui fe réunifient pour ne former
qu’un enfemble, auquel on peut donner différentes
formes. Quelque fqit la difpofîtion du laboratoire,
la marche du travail eft toujours la même.
Le laboratoire doit être placé , dans la fucrerie,
de manière que fes deux côtés & l’extrémité formée
par la chaudière a cuire foient ifolés dans toute leur
étendue ; afin que le fervice foit aifé & qu’on puifle
exécuter, avec la plus grande économie de nègres,
de tems & de moyens tout ce qu’il convient de
faire pour la plus grande perfeâion du travail.
Le laboratoire que préfente l ’intérieur de la
fucrerie que nous prenons pour exemple offre quatre
chaudières de cuivre, dont la contenance doit être
de quatre à . cinq milliers. La première , celle que
reçoit le fuc exprimé, eft nommée première; chaudière
à déféquer; la deuxième , eft nommée fecon Je
chaadïere a déféquer ; la trdifîème , chaudière à
évaporery & la quatrième , chaudière a cuire.
Ces chaudières font très-rapprochées& ne laiflent
entr’elles qu’un bord de deux à trois pouces d’épaif-
feur. La maçonnerie qui les tient fcellées forme
les parois du laboratoire, dont la moindre épaifleur
eft, fupérieurement, de quinze à dix-huit pouces:
la furface de cette maçonnerie concourt auflî à
former le laboratoire, elle offre un plan incliné
de lept à huit pouces , du bord extérieur de celui
des chaudières, & préfente entre chacune d’elles
des petits baftins , où font reçues les écumes enlevées
à l ’écümoire, & portée« par des gouttières
dans la première a déféquer.
Entre cette chaudière & le mur eft un baflin
qui reçoit les premières fécules y d’ou elles s’écoulent
en dehors par un tuyau qui les porte dans une
chaudière placée pour les recevoir.
Ces baftins & gouttières font faits en plomb laminé
& foiidés a une garniture de cuivre qui recouvre
toute la furface des parois du laboratoire ; cette
garniture eft foudée au pourtour des chaudières,
qui
qnî font auftï foudées entr’elles\ dans cet état, le
laboratoire offre la plus grande propreté.
On doit remarquer au centre des bafîîns , qui
fe trouvent entre la chaudière a cuire & celle à
évaporer, l’ouverture d’un canal qui defeend dans
l’épaifleur des parois, & qui fe continue horîfon-
talement fous le carelige, jufqü’au fond d’un chaudron
de cuivre placé au pied des bajjins a décanter :
on remarque encore à la furface du laboratoire,
fur chaque côté de la chaudière a cure , l’ouverture
d’un canal qui vient des b a fins a décanter , monte
dans l ’épaifleur de la paroi , & s’ouvre près du
bord de la chaudière. Un rafraîchifloir, placé à !a
fuite de la chaudière à cuir , fait aufli partie du
laboratoire.
Deux baftins placés à peu de diftance du laboratoire
dont ils font, les accefloires, fervent à filtrer
de à laifler le vefou évaporé à un degré déterminé.
Ces baftins, nommés bajjins a filtrer ou à décanter y
doivent être afl’ez grands pour contenir tout le fuc
exprimé ( amené à l'état de vefou, portant vingt-
quatre à vingt-fix degrés à l ’aréomètre ) que peut
fournir le moulin en vingt-quatre heures. Ils doivent
être faits en maçonnerie , doublés en plomb,
& entièrement recouverts de plufieurs caiffes , dont
le fond foit formé d’une claie d’ofîer.
Sur ce fond on établit, pour filtres, d’abord
une laine, puis une toile & un tamis de laiton.
Deux canaux en plomb éiabliflent une communication
entre ces baftins & le laboratoire; l’un
porte le vefou évaporé, dans le chaudron placé
au pied de chaque baflin , d’où un nègre le prend
& le verfe fur ies filtres; l’autre, dont l’ouverture
au fond du baflin eft fermée par une foupape ,
rapporte le vefou filtré & décanté à la chaudière
a cuire.
Le fond des bajjins a décanter, doit être élevé
d’un demi-pouce au-defiiis du niveau de l’ouverture
que préfente le canal près du bord de la
chaudière a cuire.
L ’intérieur d’une fucrerie doit, préfenter deux
laboratoires; & chaque laboratoire doit être en
rapport avec deux bajjins à décanter.
On doit avoir deux fourneaux dans toutes les
fucreries , afin de n’être pas obligé d’arrêter le
travail, lorfqu’il arrive quelqu’accident à celui dont
on fe fert. Cette précaution eft d’autant plus né-
ceflaire , que les cannes ne pouvant fe garder fans
s’altérer , on perdroit toutes celles qui feroîent
coupées,
Les baftins a fuc exprimé font communs ou
propres à chaque laboratoire : nous les plaçons
en dehors de la fucrerie, tmt pour la propr-té
que pour tenir le fuc exprimé plus fraÎGkeraent :
Arts & Métiers. Tome V i l,
I l s d o i v e n t ê t r e c o u v e r t s p a r u n a p p e n t is b i e n f e rm é ,
o u ê t r e v o û t é s .
Ces baftins, doublés rn pour contenir chacun troisp lmomillbi e,rfso naut amiïeozi ngsr.a Ond*s tdoouijto luerss éregmalep lpiro uàr ucnhaeq muee fcuhraer gfeix ;e a&fin dqéut’eornm pinuiéfele, feex prernimdrée quuni caormrivpete à e lxaa fdu ctarenrti ed e, lqau qeu adnet itléa qdeu afunc
tfiotéc , dpe ocuhra eunx fqéup’aorne r elems pfléocyuél esp.ar 'quintal de ce
gréC odme mreic hiel flceos nvduie nfto cd eq. ub’oienn trcaovnaniolîlter,e iJle fdaeut
taevmoiprs .un aréomètre pour le pefer de temps en
chaLqourfeq uoep étorautti oenf t &c oqnuv’eunna bblaefmline ntà pfruécp aerxé prpiomuér oefnt rfeamit pélci oàu llear mleef ufroec qud’aonns al af ixpéree mpoièurre l a charge, chaudière
h déféquer.
On s’afliire à l ’inftant de la proportion de chaux
vive , néceflaire pour opérer la fcparation des fécules
; pour cet effet, on doit fe fervir d’une balance
hydroftatique inventée par un Anglois, &
introduite, depuis quelques années, à Saint-Domingue.
! conCneotîrter eb allaa nqcue aqnutiit ée ftd ter èfsé-cinugleésn qieuuif eex, iffotertn tà fdaainres I fleo irfeo cp oeuxrp iliems é fé&p alree rr.a pQpouroti qdue’e lllae nceh aupxui fnleé cpeafs- innédcieqfluàei:r eq uà ellal ed eéffté lcaa tqiouna nctiotmé rpilgeotuter,e, ueflel e deef tl nefélaivnc
cmhoaiunxs qrruè’os-nb odnoniet epmouprlo ydeért eernm ipnreerm liae r felimeum e: fodne cuhfaaguex efqt ud’e’alluet anint dpilquuse sûnre, fqeu et rloau vper ojpaomrtaiiosn edne excès.
doLnta lca hparuemx,i èraein fai pdeéffééeq u,e reft mife dans la charge fon adion fe porte en même e-tfet mrepms pfloire . tPouotuers qluees pagarittiaenst dlua fcuhca r, geo na vae gcr aunnde fociuni lldèere L p'éetnendadnret , uenne mdainnsu tlea ou deux : puis on la tranfvafe en entier tes les cchhaauuddiièèrre s ad ’cuunier e.c hAaprgrèes aainvfoii r lrjefimivpçlpi ,t ooun
commence à chauffer.
relLateisf àc hlaeuudri èprreosx rimeçiotéiv deun t fouyne rd epgrorép rdeem ecnhta dleitu r; llees. fufécc udlee sl af ec haféupdaièrreen th .; clu’iardei eofnt dlee plar ecmhiaelre udro nfet porte fucceflivemem fur les chaudières fuivantes*
Les premières fécules font enlevées à l’écumoire
dans chacune des chaudières , à mefore qu’elles
fe raflemb'ent à la forface du fluide ; elles font
verlées dans des bayes & portées à leur deftina-
tion. Celles de la première a déféquer font verfée«
p p p p