
q u i n t e s s e n c e s , t e i n t u r e s , h u i l e s
E S S E N T I E L L E S , &c.
( Art des )
N o u s dirons d’après la doétnne de M. Beaumé, |
dans fes élémens de pharmacie, que les quinteffences,
tes élixirs , les baumes fpiritueux font la même
chofe, malgré la différence de leurs dénominations.
Ces préparations,, dit ce favant chimifie, font toujours
des teintures de fubftances,, foit végétales >
foit animales ou minérales , faites par le moyen
de l’éau-de-vie ou de l ’efp rit-d-e-vin» Ces teintures
font ou ßmples ou compofées,
Les teintures fpiritueujes ßmples font faites avec
une feule fubftance qu’on fait infufer dans l’eau-
de-vie ou dans l’efprit-de-vin..
Il n’y a prefque point de fubflances dans le
règne végétal qui ne fe laiffe fenfiblement attaquer
par l ’efprit-de-vin , & qui ne forme avec cette
liqueur des teintures ou des diflolutions plus ou
moins chargées de principes dont les uns font rê-
fîneux , huileux & analogues à la portion fpiri-
ritueufe & inflammable de la liqueur. Les autres
principes, quoique peu analogues à la partie inflammable
de l’efprit-de-vin, fe diffolvent, &
relient fufpendus dans ce véhicule à la faveur
du principe aqueux qu’il contient. Ces dernières
fubftances font les parties extra&jves des végétaux,
$c les extraits tout préparés,
L ’efprit-d.e-vin diffout à la vérité uftîs moindre
quantité de ces matières, en comparâïfen des
principes huileux & réfîneux ; mais néàhjhôifls
il s’en charge toujours en quantité très-feùfîbfo,
tnême lorfqu’il efl parfaitement re&ifîé.
Les gommes (impies font même fufceptibles d’être
attaquées fenfiblement par la partie aqueufe de
î’efprit-de-vin. Si elles ne lui communiquent
aucune couleur , c’eft lorfqu’elles font elles-mêmes
|àns couleur.
On s’apperçoît de la portion des gommes qui
.s’ eft diffoute dans l ’efprit-de-vin en la faifant évaporer
; il refie après fön évaporation, une petite
quantité de matière mucilagineufe, qui efl de la
gomme diffoute à la faveur du principe aqueux
de l’eiprjfr-de-vfm
Ainfî ? comme on voit ? oiï peut faire prefque
autant de teintures fîmples qu’il y a de corps danfc
ces deux règnes.
Plufîeurs fubflances minérales font attaquées aufït
par l ’efprit-de-vin, comme par exemple le fer &
le cuivre. Pént-être que il on examinoit toutes les-
fubflances de ce règne, ôn en trouveroit beaucoup
d’autres qui fourniroient quelques principes
dans 1’efpTit-de-vin, .
Remarquer
Les infufions dans l’eau-de-vie ou dans ,1’efprit—
de-vin, peuvent fe faire indifféremment à froidr
ou par la digeflion à' une douce chaleur. ^ Quand
on les prépare à froid, il Faüt continuer l’infofîoii
pendant douze ou quinze- jours, & quelquefois
davantage, à proportion que la fubflance fournit
plus difficilement fa teinture dans, l ’efprit-de-vin*
Il convient encore que le vaiffeau ^foit parfaite-
, ment bouché, parce qu’il n’y a pas de raréfaction-
à craindre lorfqu’on opère à froid.
L’eau-de-vie & l ’efpnt-de-vîn, font des liqueurs
beaucoup moins compofées que le vin ; elles font
privées de matières extraétives. Leurs principes,
ne font ^as . fufoeptibles de fe déranger par la
chaleur d’une digeflion, comme cela arrive au
vin. G’efl pourquoi on peut la faire chauffer, même
jufqu’â'’ bouillir légèrement. Cela efl même n.é-
cëffàire pou?-certaines teintures,
L’ef^rit-de-vîn efl le diffolvant des parties hui-
leufès & réfîneufes de-prefque tous les corps qu’on
lui préfente ; mais il diffout en même-temps un
peu. des autres principes , ce qui efl caufe que
cette liqueur inflammable n’efl pas -un menflrue
qui puiffe fervir à réparer exactement les fubftances
réfîneufes pures : auffi il faut avoir recours
à d’autres menflrues fi l’on veut ajouter quelque
çx-aCtitude. à l’analyfe végétale & animale,
Prefque toutes les teintures faites par l’efprit-
de-vin blanchiffent, & deviennent laiteufes lorfè
qu’on les mêle avec de l’eau ; c’efl une réparation
de la fubflance réfîneufe. L’efprit-de-vin s’unit à
l’eau ^ & devient hors d’état de- tenir la refîner
en difloludion, elle fe précipite. Ces mélanges
font
Q U I
font d’autant plus blancs, que l’efprit-dë-vin étoit
, plus chargé de fubftances huileufes & réfîneufes.
L’efprit-de-vin eft un menflrue qui fe charge
facilement des huiles effentielles, ou de l ’odeur
de plufîeurs fleurs qu’on ne peut obtenir par la
diftillation, parce qu’elles font trop fugaces ,
comme font celles de tubéreufe, de jafmin, &c.
On met ces fleurs récentes dans une bouteille,
avec une fuffifante quantité d’efprit-de-vin ; on
les laiffè digérer à froid pendant quatre ou cinq
jours & même davantage ; on paffe avec expreflion,
on filtre la teinture, on la fait diftiller à une chaleur
modérée au bain-marie; c’eft ce que l’on
Homme efprit de jafmin ou de tubéreufe.
Il y a ici une remarque bien fîngulière à faire
ïùr les fleurs de jafmin traitées avec l ’efprit-de-
,vin parfaitement reâifié; c’eft que ces fleurs perdent,
dans moins de douze heures, toute leur odeur,
même dans une bouteille parfaitement bouchée,
ïàns pouvoir la recouvrer ; tandis que ces mêmes
fleurs , infufées dans de l’huile ou dans de l ’eau-
jde-vie ordinaire , y laiffent leur odeur agréable.
Il réfulte de toutes ces obfervations que l ’efprit-
Se-vin eft bien le diffolvant des fubftances huileufes
& réfîneufes des corps qu’on lui préfente,
mais il fè charge, par l’intermède de fôn phlegme,
d’une certaine quantité de parties gommeufes &
extraétives de ces mêmes corps.
Les teintures fpiritueufes compofées fe font par
la digeflion à froid, ou à la chaleur du foleil,
ou à l’aide d’une chaleur modérée, comme le s ,
teintures Amples ; & la manière de les préparer
eft aflùjélie à quelques loix générales concernant
les décodions compofées. On commence par mettre
dans l’efprit-ae vin les matières dures, ligneufes , ■
les fleurs, même celles qui font les plus délicates ;
on a égard dans cet ordre, à n’employer d’abord
que les matières qui fourniffent peu de fubftances
dans l ’efprit-de-vin ; enfuite on ajoute fucceffive-
ment celles qui fourniffent le plus de principes,
& on finit pat les matières qui fe diffolvent en
{entier.
Procédés des huiles effentielles «
Nous avons déjà eu occafîon , en traitant Y Art
du Parfumeur, de parler des huiles effentielles ,
des végétaux odorans, ainfî que de leur rectification
& de leur falfîfîcation ; mais nous croyons
devoir entrer ici dans de nouveaux & de plus grands
détails fur ces objets, en atteftant , comme des
miides certains, la doétrine & l’expérience de
M. Beaumé.
Les huiles effentielles-, dit M. Beaumé dans
les Elémens de Pharmacie , font des liqueurs inflammables
qui faifoient partie des fucs végétaux,
Ans £? Métiers. Tome VU.
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d’où elles ont été tirées ; c’eft par conféquent ut*
de leurs principes prochains. •
Le nom d'ejfentiellè leur a été donné parce
qu’elles tiennent toute l’odeur de la plante.
!Les huiles effentielles des végétaux doivent être
confîdérées comme étant la fubflance éthérée des
matières réfîneufes ; elles retiennent âufft plufîeurs
propriétés des réfînes , & elles différent confîdéra-
blement des huiles graffes.
La nature en formant ces fucs huileux réfîneux
dans les végétaux , ne les a pas diftribués également
dans toutes les parties des mêmes plantes.
L’expérience apprend que dans les unes ils réfident
dans les fleurs feulement, comme dans la lavande ;
les tiges & lés feuilles de cette plante n’en four-
nifîent point.
Dans d’autres , comme le romarin, l’huile effen«*
. tielle fe trouve être contenue en plus grande
quantité dans les feuilles & dans les calices des
fleurs. Les pétales ne fourniflent que de l’efprit
redeur, parce que la délicateffe de ces pétales
laiffe difïiper l’huile effentielle à mefure qu’elle fe
forme dans cette partie du végétal ; & le peu de
temps pendant lequel pes- pétales font en vigueur
ne permet pas à l’huile de prendre le degré de
confîftance néceffaire pour s’y fixer comme dans les
autres parties de la plante.
Dans d’autres végétaux l’huile efîentielle réfîde
dans les racines, comme font celles de benoîte : plufîeurs
fruits , comme les oranges , les citrons, ne
contiennent de l’huile effentielle que dans leur
écorce extérieure.
Enfin il y a d’autres végétaux dont toutes les
parties fourniffent de l ’huile effentielle, comme
l ’ângélique; mais cependant la racine & la femence
en fourniffent plus que les feuilles & les tiges.
Il feroit trop long de rapporter toutes les variétés
qu’on remarque dans les végétaux fur la
diftribution inégale de ce principe huileux. Le
petit nombre d’exemples qu’on vient de donner
eft fuffifànt pour faire voir qu’ il eft difficile, &
peut-être impoffible, d’établir quelques règles gé-
; nérales fur les parties des végétaux qui doivent
? fournir l ’huile effentielle : il faut de néceffité les
: ;exàminer toutes en particulier.
Tjtl quantité d’büile effentielle que les végétaux
.fourniffent n’èft jamais la même toutes les années,
quoiqu’on les prenne dans le même état de maturité
: ces différences viennent du plus ou du
moins de fécheréfles des années.
Les plantes * . dans les années ou les pluies ont
été peu abondantes , fourniflent beaucoup plus
j d’huile effentielle , & celles qu’elles rendent eü
l un peu plus colorée,
B