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( Arc préfervatif des Vers qui s'attachent aux vaifTeaux , principa-
lç,m,ç^t:sdiJns |es mers du )
O utre les dangers ordinaires auxquels Iqs bâti-
mens de mer font ëxpo'fés , Il ‘ en eft un qui eft;
d’autant plus à craindre, qu’il eft moins apparent ,
& contre lequel, quand on . s’en méfie toutes les
précautions font fouvent inutiles ; c eft les, vers qui
s’engendrent dans les mers dés pays chauds * 1 or-
tou c dans celles . du Sud, , & qui .s’attachent aux
vaiffeàûx qui'voyagent dans çës mer.s.,.& Içs .criblent
quelquefois dans leur fond.
Comme îè dommage que ces înfeâes caufént
aux vaifTeaux eft. très grand , on n’a rien, négligé
pour tâcher de les en garantir. On a mêlé daîp*
rentes matières aif couroi, dont on fe fert pour en
frotter 1‘ extérieur. PourconferVcr même le franc-
bord d’ùn vaiffeau deftiné à faire un voyage de
long cours , on fait'ordinairement la dépenfe d’en'
revêtir les oeuvres vives d’ijn fécond bordage j .c’eft
ce qu’ori appelle'le doublage. Mais II n’arrive que
trop fouvent, que toutes ces précautions font inutiles
que les vers rongent les courois ordinaires ,
percent le doubl.ige , & atteignent même jufqu’au
franc-bord.
Ce feroit donc une découverte extrêmement
utile pour la navigation , que celle d’une compo-
lîtioii, qui feroit propre à préferver les vailleaux
de l ’a dion de ces infedes.
En voici une qui a été communiquée par un
négociant armateur de Marfeille, qui afftire s’en
être fervj avec fuccès pour fês propres vaifTeaux ,
& on peut l’en croire fur fa parole. Lé témoi-
gftage d’un homme d’honneur , éclairé & qui
n’agit par aucun motif d’intérêt, doit prévaloir-fur
le doute que pourroit faire naître la qualité innocente
des drogues qui entrent dans ce couroi, dont
aucune ne paroît par elle-même nuifible aux vers ,
& qui ne peuvent agir que conjointement * en présentant
un obftacle à l’ épreuve des dents de ces
infedes. Il
I l eft certain qu’il doit réfulter de leur mélange
un maftic extrêmement dur , indiffoluble dans
l ’eau, Sc qui paroît devoir être impénétrable aux
vers.
Recette d'un nouveau Couroi' ,. pour caréner, les
hâtimens. G* 1er. préferver.des- y ers.:
Prenez cent livres de goudron du plus beau.
Fàbes-le fondre fur un feu de charbon lent & égal.
Quand il fera bien fondu , ajoutez-y trente 11 vi es
de foufre en canon , grollîèremënt concaffé. Faites
bouillir le . tout jufqu’à confommation de trente
livres.
On connoît à-peuq) ès le degré de cuiiîon ,
îorfqu’en- trempant un. bâton dans la.matière, elle
s’y attache & .ne Tcoule pas, .Pour plus grande
sûreté f il faut laiffer refroidir la chaudière , & la
pefer , pour s’affûter de Ia; jufte diminution^ des
tren.re livres, jufqu’à ce que l’expérience ait appris
à connoître le.- degré decuiffon né.ceffaire.
Lorrque la matière bout , il faut la travailler
avec une écumoire comme" on travaille le fucre,
de crainte qii’el’e ne s\élève au-deffus des bords
de la chaudière , qui doit d’ailleurs être beaucoup
- plus grande qu’il re faùr pour la quantité des dio-
gues qu’on emploie.
S i, nonobftant cette attention, elle s’élève trop ,
on pourra y jetter un morceau de fuif diminuer
le feu. On peut garder cette matière ainfî préparée
dans des bariques, & dans un endroit bien
•fec, car elle craint extrêmement l’humidité.
Pour s’en fervic , il faut faire fondre de nouveau
cent livres de cette composition, & Iorfqu’eile
-fera bien liquide, on y ajoutera peu-à-peu trente-
cinq livres de ’poudre de brique , ou de marbre,
paffée par le tamis , & auparavant bien chauffée ,
.poux la priver entièrement de fon humidité. On
agiteia fans difcontinuer, avec un bâton , ces deux
matières , pour en faire un mélange exad. Dans
cette fécondé opération , on peut fe fexvir de bois
au lieu de charbon.
Avant que d’employer ce couroi * il faut brûler,
enfuite bien gratter, & balayer la furface du bord,
parce qu’autrement la‘ matière s’attacheroit âu
charbon, qui venant à fe.féparer du bois , l’entrai-
neroit avec lui• Il faut aufli que la matière foit
chaude , & que le bois foit fec.
D
L attention que l’on recommanda ici , ne peut
regarder quelles vieux bâtirhenS’ auxquels' on vou--
droit donner la courée avec ce nouveau couroi. Pour
oter 1 ancien , il faut brûler toute la fuperficie du
bordage, & enfuite bien gratter le .charbotf , & balayer
meme la poufîière, afin que le couroi, qu’on
appliquera tout chaud , tienne mieux. Cette précaution
ne fera pas néceflàire pour les bâtimens
neufs qu on voudra fuiver avec'ce nouveau couroi,\
On rencontre quelquefois du goudron qui eft
gras & trop épà:isV On en ^rencontre’ aufli1 qiii eft
trop liquide. Dans le premier cas , il faudra diminue!
un peu la dofe de lafpoudre de brique & du
foufe ; & dans le fécond, il conviendra :d’augmenter,
celle de fabrique. L ’expérience fur cela,
peutTeule fërvir de règle; la brique durcit çétte
matière , la pétrifie , & la rend impénétrable aux
-vers.. ;...
C e couroi ne paroitra peut-être pas aux gens de
la it allez différent de ceux qui forit en ufage.*
•pour mëritér urié confiance aveugle dé lèiir part.
Le goudron & le foufre entrent affez communément
dans ces fortes de conïpofîtion's, auxquelles,
chacun ajoüte ce qui lui paroît le plus propre à
repondre à l’intention qu’il fe propbfe. Maïs ce
n.eft point une raifon. de le.méprifer-, & perforine
n’ignore que. dans bien des compofitions , la
.moindre différence produit; fouvent de grandes
.Variétés, On peut-dpnc:le fubftituer^jfàns crainte
aux courois ordinaires, puifqu’ii vaut pour le moins
autant* & qu’il a de plus l ’avantage d’avoir été
éprouvé plus d’une fois avec fuccès.
i L ’inventeur de ce cvuroi:y-'avoit tant de confiance,
qu’il l’appliquoit fur le franc-bord de fës-
vaiffeaux:, .& qu’il croyait pouvoir fe -difpenfer de
leur donner un,doublage * dont les frais font confî-
dérables,& qui a de plus l ’inconvénient de.rendre
un vaiffeau plus pefant à la voile. Le fuccès a
toujours juftifié cette confiance. Ôn peut, aîi refte ,
commencer par l’éprouver fur le doublage même
des.vaifTeaux deftinés aux voyages de-longs co,ursÿ
Je dois obferver ici qu’après .un long voyage;
K avant que de recharger un vailfeaii , il faut
le vifîter, & remettre du courdi «aux endroits où il
pourroit en manquer. On m’a afTuré qu’il ne fe
détache ^ jamais des oeuvres v v.s du vaiffeau '
c’eft-à-dire de toute la partie qui eft dans reau*
Mais.comme dans un. voyage, de. long cours, la
hgne deau baîffe plus ou moins, ( quelquefois d’un
pied, ) proportionnellement à la décharge journalière
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^ peut fe détacher de cetfe partie
1 qui:-s’élève: infenfîblement au-deffus. de l ’eau -, &
qui eft expofée au frottement de la chaloupe , de
petices^parcelles de ce couroi , qu’il eft à propos
'vre refÀrer ayant que de remettre le vaiffeau en
mer.
O B S E R V A T I O N ' S.
On a ohfervé que les corps gras & huileux ne
_font pas propres à pénétrer. bien avant dans le
chene , dont la seve- eft aqueufe ; au lieu qu'ils
-peuvent s’ïnfiniaer plu* profondément dans la fuh-
ftance du lapin y-ainfi que- le-'favenc des masebands
'd’huile spàrce que la seve: en eft -réfîneufe, & que
les-corps-gras s’uniffent facilement enfemble', de
manière qu’on eft obligé-de mettre des terrines fous
•les; fonds de fapins des tonneaux d’huile, pour re-
'-dévoï'r lés gouttes, qui tranfudert-t à travers la fub-
ftance du bois, -quoiqu’il foit épaist :
On a irèmarqué de plus que l ’huile rend le fapin
^ dur,, qu’il ^peut faire-fléchir le tranchant de la
hache quand on le coupe. Si l’on préparoit donc
1-làuile de manière qu’elle pénétrât dans la. fub-
ftance des planches dont On fefert pour faire le doublage
ou fécond doublage des vaifTeaux , & que
1 ©n; mêlât'avec l’huile quelque matiièrë qui fût contraire
aux vers , ce feroit le : moyen ;d’en garantir
les v^iffçaux.
Maisfuppofé que ce mélange ne fût pas pfatiça-
^îe ,» ^ ne P“£ ^tre préparée de manière
â pénétrer bien avant dans- là fübftance dù
fapin : cependant comme les planches du doublage
• étantv fouventr frottées d’huile en devien-
dtoierit plus foiides., & dureroient plus longtemps
; auffr un pareil doublage en feroit d’autant
plus propre à conferver le -couroi de deffous., de
façon iqu’i f pourroit être: inpénétrable aux vers.
Ajoutez que , comme le verd-de gris eft un
grand poifon pour toutes fortes d’animaux* il .feroit
utile fans douteid^en mêlej quelque peu avec
le couroi queffqffil foit. -On «"remarqué qu’une
trentième partie de cetije matière fondue avec du
fuif, Jui x communiqué une.couleur, verte aflèz
fi forte . & que l’eau de la mer ne lui a pas enlevée ^
quoiqu’il y ait reflé long-temfs ; or ie verd-de-
gris. commun :n’éft pas cher.
: Mais le meilleur moyen , & le plus éprouvé
: cqptre l’attaque des vers, eft le doublage des yaif-
, féaux avec,les, James de cuivre laminé.