
y S o S O U s o u
3°. Les fontaines doivent en conséquence de
cette observation occuper une portion intermédiaire
entre les montagnes ou collines qui reçoivent ou
vérfent les eaux dans les couches organisées &
.entre les plaines qui présentent aux eaux un lit &
une pente facile pour leur diftriburion régulière.
4°* Si l’on voit quelquefois des Sources dans des
lieux elevés , & même au haut des montagnes,
ellfs doivent venir de lieux encore plus élevés ,
& avoir été conduites par des lits de glaife ou de
terre argilleufe, comme par des canaux naturels.
Il faut faire attention à ce méchanifme lorfqu’on
veut évaluer la Surface d’un terrein qui peut fournir
de 1 eau a une Source ; on eft quelquefois trompé
par les apparences.
Si entre une montagne du haut de laquelle il
part une Source , & une autre montagne plus élevée
qui doit fournir de l’eau, il y a un vallon ,
il faut imaginer la fource comme produite par une
eau , qui, d’un réfervoir d’une certaine hauteur, a
ete conduite dans un canal fouterrein & eft remontée
a une hauteur prefqu’égale à fou réfervoir.
Souvent l’eau des fources qui paroiffènt Sur des
croupes ou dans des plaines peut remonter au-def-
fus des couches entrouvertes qui la produifènt.
5°. Lorfque les premières couches de la; terre
n admettent point l ’eau pluviale, il n’y a point de
fontaines a elperer, ou bien l ’eau des pluies s’évapore
& forme des torreiis, ou bien il n’y pleut
plus, comme en ceraiins cantons de l’Amérique.
6°. Lorfque les premières couches admettent les
eaux & qu’il ne fe trouve pas des. lits d’argille pu
de roches propres à les contenir, elles pénètrent
fort avant & vont former des nappes d’eau ou des
courans fouterreins.
7°. Les fecouffes violentes des tremblemens de
terre_ font très-propres à déranger la circulation
intérieure des eaux fouterreines. Comme les canaux
ne font capables que d’une certaine réfîftance;
les agitations violentes produifènt ou des inondations
particulières, en comprimant par des fou*
levemens rapides les parois des conduits naturels
qui voiturent fecretemenc les eaux & en, les exprimant,
pour ainfî dire, par le jeu alternatif des
commotions, ou b’en un abaiflement & une diminution
da.ns le produit des fources.
Après un tremblement de terre, une fource ne
recevra plus fes eaux à l ’ordinaire, parce que fes
canaux font obflrués par des cboulemens intérieurs,
mais l’eau refoulée fe porte vers les parties des. couches
entrouvertes, & y forme une nouvelle fource
Des kydrofeopes.
On s*abuferait bien , fi pour découvrir les fources
on avoit recours aux talens des kydrofeopes ou
de ceux qui prétendent voir l’eau au travers de la
terre.
C e que l’on racontoit à cet égard du jeune hy-
drofeope Parangue en 4.772 , étoit abfülument
dénué de preuve , de raifon & de vraiiemblance.
Ce petit provençal difoit, que par fon feul inftind
il pouvoit juger du volume , de la dirediori, &
de la profondeur des eaux. Mais il eft impoftible
d admettre qu’une fource recouverte de 50 pieds
de terre , de pierres & de fubftances d’une infinité
d’efpèces, puiffe donner d’émanation fenfible. D’ailleurs
ces vapeurs mêmes ne pourroient donner
aucune idée ni de la groffeur des fources , ni de
leur profondeur, ni de leur mouvement.
Parangue foutenoit qu’il voyoit l’eau couler dans
le fonds de la terre , de la même manière que
nous voyons les objets à fâ furface. Il vouloit donc
faire accroire une chofe abfurde , parce que la vue
ne peut par aucun moyen pénétrer à travers un
corps dpâque. De plus, il le trompoit même ou
vouloit tromper fur ce que nous connoiffons de la
marche des eaux fouterreines.
En effet, les eaux forment des cours long-temps
continues dans l’intérieur de la terre', & non des
fources , comme cet hydrofeope le fuppofoit. E11
effet, les fources , comme nous l’avons déjà ob-
fervé , ne^ font foimées que par l’écoulement des
eaux pluviales qui pénètrent & s’infiltrent à travers
les terres.
Dans les payscompofés de couches horifontales,
ces eaux defeendent^ jufques à ce qu’elles rencontrent
un banc de glaife ou de rocher alors elles
prennent leur cours vers la partie où Je banc s’incline;
& lorfqu’elles trouvent une ifliie fur le peu«
chant d une colline, ou dans quelque autre endroit
de la furface de la terre, elles; s’y raffemblent,
& y forment une fource.
Maniéré de jauger une fource d'eau.
On connoit la quantité d’eau que fournit une
fource par le moyen d’un inflrument appelle jauge,
conffruit de bois , de cuivre ou de fer blanc.
C( tte jauge contient une cuvette percée par devant
de plufieurs ouvertures circulaire,«* d’inéga'e
groffeur, qui vont depuis un pouce jufqu’à deux
lignes de diamètre.
Il y a fouvent des tuyaux appelés canons, qui fe
bouchent avec des couvercles attachés à une petite
chaîne, lefquels fe tirent ou. fe bouchent, fuivant
le befoin; la jauge eft meilleure fans canons, &
il y a moins de frottemens.
Elle eft féparée dans le milieu par une cloifon
de la même matière appellée languette de calme,
i’ervant à calmer la furface de l’eau que le tuyau
de la fource amène gavée impétuofité , & à empêcher
qu’elle ne vienne en ondoyant vers la languette
du bord, où font percés les orifices des
jauges, ce qui interromprait le niveau de l ’eau,
augmenterait fâ force, & par conféquent fa dépenfe.
Les eloifons ou languettes de calme 11e touchent
point au fond des cuvettes'; elles ont environ 4
lignes de jour par enbas , pour que l’eau puiffe remonter
dans l’autre partie de la cuvette, & fe
communiquer partout.
On fait entrer dans cette cuvette l ’eaü d’ une
fource, & enfuite on la vuide par fes ouvertures :,
fi elle fournit un tuyau bien plein, elle donne
un pouce d’eau, fi elle en remplit deux, elle fournit
deux pouces, ainfî des autres. *
Quand elle ne remplit pas entièrement l’ouverture
d’un pouce , on ouvre celle d’un demi-pouce,
d’un quart, d’un demi-quart, & jufqu’aux plus petites,
s’il s’en trouve dans la jauge. O11 rebouche
alors avec des tampons de bois tous les autres trous.
On tient l’eau dans la cuvette une ligiie plus
haute que les ouvertures de la jauge ; ainfî elle
doit être fept lignes au-deffus du centre de chaque
trou ou canon.
On bouche avec le doigt ou un tampon de bois
le trou circulaire du tuyau j’ufqu’a ce que l ’eau
. foit montée une ligne au - deffus, & on la laifle
couler enfuite pour juger de fon- effet j .alors l’eau
fe trouve un peu forcée-, & le tuyau eft entretenu
bien plein.
Si au lieu d’une ligne on faîfoît monter l ’eau de
deux ou trois lignes au-deffus de l’orifice des jauges
, elle feroit alors trop forcée, & dépenferait
beaucoup plus ; l’eau étant donc tenue une ligne
au-deffus de l ’orifice d’un pouce ou à fept lignes
dç fon centre , & coulant par le trou circulaire
d’un pouce, dépenfe pendant l’efpace d’une minute
treize pintes & demie mefure de Paris ,
ce qui donne par heure deux muids trois quarts &
dix-huit pintes, le pied cube étant d.e trente-fix
pintes, huitième du muid, &. l ’on aura par jour
67 muids & demi, fur le pied de 288 pintes le
muid.
Le pouce quarré qui a 12 lignes en tout fens,
multiplié par lui-même produit 144 lignes quarrées.
Il eft confiant que le pouce circulaire contient également
144 lignes circulaires, parce que les lur-
faces des cercles font entre elles comme les quarré s
de leurs diamètres: cependant le pouce circulaire
eft toujours plus petit que le quarré , à eaufe des
quatre angles. .
L ’u fa g e eft de d iminuer le quart de 14 4 lign e s
pour a v o ir la proportion du pouce quarré au pouce
circu la ire , c e qui e ft t r o p , puifque p a r la proportion
du quarré au c e r c le qu i eft de 14 à 1 1 ,
on trouv e dans la fu pe r fir ie du pouce quarré de 14 4
lign e s c e l le du pouce c ircu la ire , qui eft de tre iz e
lig n e s d eu x p o in t s , au lie u qu’ô tan t le quart de
14 4 qu i e ft 3 6 , i l n e refte que 108.
C e même pou ce c ir c u la ir e qu i d onne en une
minute trois pintes & demie mefure de P a r is ; en
d o n n e ra it , é tan t quarré , près de d ix -h u it pintes
m ême mefure , c e qui eft une v ra ie pe rte pour le s
pa rticuliers.
Q u o iq u e l ’on ait préféré de donner au x tu y au x
la fo rme circu la ire , parce que 11’ayant po int d’an g
le s , e lle e ft moins fu je tte a u x fro ttem en s , &
moins expo fé e à fe d é t ru ir e , on d e v ra it donner
aux jauges la forme quarrée , & i l y en a plufieurs
e x em p les dans les fo n ta in e s de Paris ; a lo rs on
aurait moins de difficu lté de c a lc u le r la dépenfe
des e au x r 8c de le s diftribuer ; lés p a r ticu lier s y
gagne raient auffi , & ils pe rdra ient p ropo rtionel-
ilement, cha cun fu ivan t leurs jauges dans les d im inutions
d ’eau qu i font in é v ita b le s .
I l eft aifé de con ce v o ir un e ouverture r ed a n -
g u la ir e qui aurait 3 6 lign e s de la rg e , fur 4 lign e s
de hauteur ; on v o i t qu’en m u ltip lian t 4 pa r 3 6 ,
i l viendra 14 4 ligne s quarrées qu i font la v a leu r
du po lice quarré.
* PoUç avoir de même quatre lignes d’eau , qui
eft une des plus petites jauges, la bafe aura une
ligne fur la même hauteur quatre , ainfî des autres.
Les fontainiers ont un in flrument a p p e lle quille ,
fa it de cu iv re ou de fe r b la n c en p y ramide q u i
d iminue p a r .é ta g e ; fa bafe a 12 l ig n e s , & e lle dé grade
d’une demi-lign e à chaqu e f a u t , de m aniè re
que le plus petit te rme de la d iv ifîon com men ce
1 par une lign e & d em ie , le fé cond eft 2 , enfuite
i 8i l y enforte que to u s le s te rmes ont pour d iffé rence
un | 5 ces nombres font chiffrés fur 23 réparations
: les uns déno ten t le s diamètres de ja u g e s ,
les autres marquent leurs fuperfic'ies.
Le moule qui foutienr cette quille fert à l’introduire
dans l’ouverture des jauges de la cuvette, la
pointe la première ; on bouche le trou de la jauge,
de manière qu’il n’y paffe pas une goutte d’eau ; on
marque avec le doigt l’endroit où on s’arrête , & retirant
la quille fur le champ , on connoît fi la mefure
eft exade.
Cet inflrument n’eft pas dans toute la rigueur
géométrique , parce que la dépenfe d’une jauge qui
a 3 lignes de diamètre ou 9 lignes de fortie, ne
donne pas précifément le quart de dépenfe de celle
qui a 6 lignes de diamètre ou 36 de fortie, comme
elle devrait faire ; puifque la fuperficie de la première
qui eft 9 lignes ¥ eft le quart exadement de