
On entend par ƒali nage, tout le temps qui eft
employé à faire réduire l’eau falée , jufqu’à ce que
le fel commence à fe déclarer à fa furface. Il s’opère
toujours par un'feu v if, & dure plus ou moins,
-ce qui va de ï 6 à 44 heures , fuivant. le degré de
fàlure qu’ont les eaux.
C ’eft pendant ce temps que l’eau jette une écume
qu’il faut enlever avec foin , & que le fehelôt,
c eft-à- dire que les matières terreufés, & autres
parties étrangères renfermées dans les eaux, s en
^dégagent & fe précipitent au fond de} la poêle.
■ Mais il faut pour cela une foi te ébullition : aufîi
dans les poêlons où l’eau ne bouillit point, l ’on
11e tire jamais de fchelot. Il refte mêlé avec le f e l ,
qui pour cette raifon eft plus brun , plus pelant &
bien moins pur que celui formé dans les poêles.
On y amafïe toujours la quantité de 16 pouces
de maire brifante , c’eft-à-dire , d’eau dont le fel
Commence à paroître ; ce qui oblige de remplir
ia poêle à plusieurs reprifes , lorfque l’ébullition a
diminué le volume d’eau falée que l ’on y avait
fivfe.' ;
Le fchelot que l’on tire des poêles dans de petits
baflins nommés angelots , que l ’on met fur les bords,
£c ou il va fe précipiter, parce que l ’eau eft plus
tranquille , fert à former à Montmorot les fels
purgatifs d’epfom & de g!auber, & la potaffè* qui
fe.rt à la fufîoii des matières dans les verreries.
J f o y e ç S e l d ’Ë p s u m , d e Glaüber & Potasse.
L e foccage comprend tout le temps que le fel
refte à fe former. Il commence dès que l ’eau qui.
bouillit dans la poêle eft parvenues 14 ou 2,5; degrés.
C ’eft alors de la muire brifante, au-deftùs de laquelle
nagent de petites lames'de Tel, qui s’accrochant
les .unes aux autres en forme cubique, s’entraînent
mutuellement au fond de la poêle. -
Plus le fru eft lent pendknt le foccage, & plus le
grain du fel eft gros, Sa qualité en eft meilleure aufli,
parce qu’il fe dégage plus exaétemme des grailles
& des autres vices que Peau renferme encore. Cette
Leçon de U dernière opération duré feize heures pour
les fels, deftinés à être nfs en grains , vingt heures
pour les féis en ;grains ordinaires, & foixante-dix'
heures pour ceux à gros grains. Çes trois différentes
efpèces de fel font .les feules que l ’on forme à
Moritm.orot.
Lorfque le Tel eft formé , il^refte encore au fond
d e là poêle dès taux qui n’ont pas été réduite*, &
que l’on nomme eaux mens, L Elles font amères,
p'eines de. gr^iflp, de .-bitunie , &-fort chargées de
fel d’epfom & de gîauber. Elles font t> ès-difncilës
à réduire , & il faut avoir grand foin de ;iie pas
jn ttre ia poêle à ficcité , pour qu’elles ne communiquent
pas au fel les ,vi'ces qu’elles «soutiennent.
Elles en ent plus ou moins, fuivant que les eaux
Talées dont l’on fe fert font plus pu moins pures. L.e
fe l, au fortir de ia poêlé ? efi imbibé 4e pçs e^ux
qu’il faüt laiiTer égoutter. Lorfqu’ellès lont fôrtieÿ
des fels, elles prennent le nom d'eaux gre ffes j
mais leur nature eft toujours à-peu-près la même
que celle des eaux-mères. L ’une & l’autre «font
très-vicieufes à Montmorot, & il fèroit à délirer
qu’on n’en fît aucun ufage.
Neuf cuites font une remandure qui dure plus oui
moins , fuivant l ’efpèce de fel qu’on veut former.
L ’on fait par année, à cette faline, environ 6ç>
mille quintaux de fe l, dont la moitié eft délivrée
en pains , à dîfférens cantons fuiftès, fuivant des
traités partxuliers faits avec la. ferme générale,
& l’autre moitié formée en pains eft vendue à
diffé rens bailliages de la province. Mais ■ comme
Salins fournit de p'us aux fuilïès les 38000 quintaux
que Montmorot .donne pour lui à la province ,
il s’enfuit toujours que cette dernière faline fait entrer
en France environ 350 mille livres par
anfi^î
T e Tel que Montmorot délivre à la province ,
étoit féché furies braifes, ainfî qu’on le pratique
à Salins ; mais il fe trouvoit toujours une odeur
for: défagréable dans la partie inférieure des pains,
qui d’ailleurs brûlée par l'adivité du feu, avoit
la dureté du gypfe, beaucoup d’amertume & fort
peu de falure. '
Ces défauts excitèrent des réclamations de la
part de la Franche-Comté, & donnèrent lieu'à
plufieurs remontrances de fon parlement ; le roi
en conféquence envoya dans la province, en .1760 ,
un commiflaire pour examiner fî les plaintes éroient
fondées & pour faire l’analyfe des fels de Montn
morot.
On n’a trouvé dans cette faline aucune matière
pernicieufe ; les fels en grains que l’on en tire
lent très-bons, & les défauts dont l’on fe p^aignoit
juftementj^ans les Tels en pains , ne provenoient
que du vice de leur formation.
Les eaux graffes à Montmorot contiennent beaucoup
de fels d’epfom & de-glauber, font amères &
chargés de graille & .de bitume. Cependant l’on s’en
fervoit pour pétrir les fels deftinés à être mis en
pains.'
Quand l’on porte les pains de fel fur les braifès Ç,
on les y pôle, fur le coté , en forte que les eaux
gralfes dont iis étoient imprégnés, défeendant
de la partie Tuperieure à la partie bafle qui touche
le brafier , s’y trauvoient failies par la violence de
la cha îeur. Là les grailles dont elles font chargées
le bruloient, & par leur çombnftion donnoient une
odeur itifup portable d’urine de chat à cette partie
toujours pleine dé tachés & de trous par. les -vuides
qu’elles y. formoîcir.-'Le fel d’epfom s'y delféchoit
aulfi • & au lieu de s’égoutter dans le* cendres avec
l ’eau qui l ’entr^înoit, U rçftpit adhérait au
du pàîn, où il formoit, tant à l ’intérieur qu’à
l ’éxtérieur des efpèces de grumeaux jaunâtres &
d’une grande amertume.
L ’on a eflayé de former à Montmorot les pains de
fel avec de 1 eau douce , & alors iis ont été beaucoup
moins défectueux que quand 'ils étoient pétris
avec l ’eau grade ; mais tant qu’ils, ont été léchés
fur ies braifes , on leur a toujours tro.uvé un peu
de l’odeur dont nous avons parlé 5 & Ton n’eft parvenu
à les en garantir entièrement que par le moyen
des étuves faite» pour leur defèchement. C’eft un
canal où l’on conduit la chaleur de la poêle à côté
de laquelle il eft conftru’t. 11 eft couvert de plaques
de fer qui s’échauffent par ce courant de feu , & fur
lefquelles on met les, pains de f e l , apres y â'vo.r
fait une' légère couché -de cejidre pour que le Tel
ne touche pas le fer.
Il y a à préfent à Montmorot deux étuves divifées
chacune en deux corps, & féchant enfemble cent
charges de fel.
Les pains de fel formés , non. plus avec l’eau
gralfe , mais avec l’eau qui fort des bâtimens de
graduation, & féchés doucement par la chaleur
modérée des étuves, font très-beaux, & n’ont ni
odeur ni amertume;~mais ils ne foüffrent pas fi bien
le trànfport, &' tombe plutôt eri déliquescence. Les
plaintes, de la province ont celle , & le fel en
pains.de Montmorot n’eft plus aduéllem.ent foit
hiféiieur à celui que Salins fournit. Il eft beaucoup
moins^pénétrant ; & en général les fromages
faiés avec le fel de Montmorot ne font pas fîtôt faits ,
&■ ont befoin de plus, de temps pour prendre je
fel, que ceux que l’on fa le avec celui de Sa ins.
Au refte., cette différence n’en apporte aucune dans
leur qualité qui eft également bonne. Ma:s le préjugé
contraire eft fi fort univerfel, qu’il'au i oit peut-
être falu le refpeéter, parce que les fromages font,
une branche coîilîd'érable du commerce de la Franche
Comté.
Salines des I sles A ntilles» -
Ce font des étangs d’eau de mer, ou grands ré-
fervoirs formés par la nature au milieu des fab les,
daiis des lieux arides, entourés de rochers « de
petites montagnes .dont'.la p b ftio ii'fs trouve,ordinairement
dans les.parties méridkm'ales de. prefqué.
toutes les ifles Antilles ; ces - -étang:sf font « fouvent.
inondés par; les .plu es abondantes,,, & de n-eft que
dans la ;feifon ; sè ch e, c’eft-à-dirê , vers les mois;
de-janvier & de f vrier , -que le fel fç .forme 5' Té.au
de la mer étant alors très-b-.-ilTe, & celle-des étangs
n’étant plus renou'- eLlé.e y il s’en fa it une fi pro-r,
digièufe évaporationpar Tèxeeftjve chaleur du foleil.,;
que les parties-’falines n’ayant(pj.)i.s la quantité cThu^t
«mid'té néced'airo pour les tenir en dijfèlütjon , fei%
ffQiitraintes. de.fe précipiter au, fond & furies bordsdes
étangs , en beaux cryftaux cubes, très-gros , un
peu tranfparens', & d’üne grande blancheur.
Il fe rencontre des cantons dont Ta'.mcfj hc'e qui,
les environne cfl lî chargée de molécules faim es*
Ojii’un- bâton planté dans le fable à peu de dlftaïice
dés étangs, fe trouve en vingt-quatre heures totalement
couvert de petits cryftauk btillans', foit
adhérens 3 c’eft ce qui a fait imaginer à quelques"
eüpagnois. du pays dé;-former des croix de bois,
des couronnçs', & d’autrej petits ouvrages curieux,
Les ifles’ de Sa:nt-Jean-de-Portorico, de Saint-
Ch iftophe, la graille teire de là Guadeloupe, la
Martinique & la Grenade, ont de très-belles fulinef^
dont quelques-unes poui roientjfburnir la eargaifôn
de plufieurs va'ffeaux; le fel qu’elles ptoluifent eft
d’un ufage journalier, mais il n’eft pas propre aux
falaifons des viandes qu’on veut cqpferver longtemps
; on prétend qu’il eft un peu cqrrofîf.
Salines de ReichenhàU.
Reîchenhall eft une ville d’Allemagne , dar^
le cercle. & dans l ’éledorat de Bavière, préfèc- •
ture de Munich", fur la rivière de Sala , & -au voi-
finage d’une abondante fource d’eaux Talées. .
Une partie des eaux falées. fe retient dans les-
murs de cette v ille , s’y cuit, s’y épure, & y laiffe-
un fel fort eftimé. L ’autre partie s’élèye à Laide
d’une roue qui a 3 6 pieds de diamètre , & arrive^
dans un graud & haut réfervoir, d’où on la conduit
par des tuyaux de plomb à Fràwenftein, ville éloignée
de Reichenha 1, de trois milles d’Allemagne
mais ville, plus riche en. bois néceffaire auxfalines,
& plus commodément fituée pour l’exportation des:
fels.
L ’on admire les divers ouvrages pratiqués de
l’une de çes villes. à l ’autre , -p®ur donner cours à
ces eaux falées : l’on eft frappé de montagnes ' qui'
dans l ’entre deux femblent s’oppofer à la dirediori '
des tuyaux. On loue: les édufes & les rouages rriis
en jeu, pour furmonter: les hauteurs & l ’on fè pkùt
à voir &. même à parcourir fur de petits bateaux^!
faits exprès ,-le b e l ; acquéducfouterain qui fournit
Teau à 'ces rouagds.
Salines de: sel gem-me au Sel fossile«- ..
L e Tel gemme ou fel foftiîe eft de la même nature
quelle, fel marin , mais^ui- fe trouve-dans le feins
de la terre.
• Oii le nomme en latin fai gtmmæ. , on gemmeum,,
parce .qu’il a' quelquefois la tràn^kren'ce .& la blancheur
tt’uïi ' cryftal ou d’oife pierre, prçcieufe ; fat-
riigéiini f . pa'rc'é. qu’il- fe trouve maffes fèmbla^*
blés!' à* des fc/çhe's \ fat pèfrofmù , parce qu’il y ai
des0 plçrres-.qüi en font 'quelquefois; imprégnées : on;
Tàÿ'eilè ' aulïî Jal foffile, fai)nbntanumparce qû’iJl