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^uifureulê , le premier grillage dont nous parlons
dure au moins trois mois; & pendant ce temps,
s’ il n’a pas tombé beaucoup de pluie, ou fi 1 o-
pération'n'a pas manqué par des eboulemens & des
crevaiTes qui, donnant trop d’air, font biuler tout
Je foufre, on ramafle depuis dix jufqu’a vingt quintaux
de foufre crud.
On perdoit autrefois tout le foufre de cette mine-
corn me' celui de la plupait des autres : ce fut en
1570 qu’un employé dans ces mines nommé C/irif-
tophe Souder, trouva le moyen de le recueillir à-
peu-près .comme on fait à préfent.
Les minéraux métalliques ne font point les feules
fubfîances dont on retire le loufre ; cette matière
paroit répandue dans la terre en fi grande
quantité , que les métaux ne fuffifent pas pour ab-
foiber tout ce qu’il y en a.
On en trouve de tout pur en plu fleurs endroits
: .i©usi.différentes formes , principalement dans le
voifinage des. volcans, dans des cavernes, dans
d s. fources d'eaux minérales : t ls font le foufre
vierge. ou v if , opaque, le tranfparent que nous
nommons foufre de Quito , les fleurs de foufre ria
tiirelles, telles que font cel'es des eaux d'Aix-la-
Chapèïle, enfin fi eft le plus fou vent mélangé avec
diffè rentes te ires.
Il faut pourtant remarquer que toutes ces efpèces
de foufre qui ne font po nt minéralifees par les matières
métalliques ne fe rencontrent guère que dans
le voifinage des volcans, dans celui des eaux minérales
chaudes, & par conféqoent dans des en-'
droits où la nature femble avoir établi de grands
atteliers ou laboratoires fouterreins, dans lefquels
elle peut faire des analyfes & décompofitions de
minéraux fulfureux, & en féparer le foufre, comme
nous le faifons en petit dans nos fonderies & dans
& dans nos laboratoires.
Quoi qu’il en foit, une des plus fameufes & des
plus belles minières de foufre qui lôit dans le monde
, eft celle que l’on nomme la Solfatara , en
françois la Solfatare. M. l’abbé No llet, qui, dans
fon voyage d’Italie , la vifîtée en grand phyfîcien,
a donné dans les mémoires de l’académie, les obfer-
vâtions intéreflantes qu’il y a faites , & que nous
allons rapporter en abrégé.
Oh trouve auprès dePouzzol en Italie, la grande
& fameufe minière de foufre & d’alun, qui porte
aujourd’hui le nom de Solfatara ; c’eft une petite
plaine ovale, dont le grand, diamètre a environ
a00 toifes, élevée environ de 150 toifes au-def-
fiis du niveau de la mer ; elle eft bordée de hautes
collines & de grands rochers qui tombent en
ruine, dont les débris forment des talus extrêmement
roides.
Prefque tout le terrein eft pelé 8c blanc comme ;
de la marne, 8c par-tout fenfiblement plus chaud
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que Pair de l ’athmofphère ne l’eft dans les plu?
grandes chaleurs de l’été : de forte qu’on fe brûle
les pieds à travers les fôiiliers.
On ne peut y méconnaître le loufre; il s’élève
de prefque tous ces endroits une’ fumée qui monte
allez haut, & qui a bien l ’odéur du foufre; ,tout
cela porte naturellement à croire que cette fumée
eft l ’ouvrage d’un feu fouterrein.
Vers le milieu de ce champ oin voit une efpèce
de baflin plus bas que le relie dé la plaine de 3
ou 4 pieds, qui retentit quand on y marche,
comme s’il y avoit deffous quelque grande cavité
1 dont la voûte eût peu d’épailfeur.
On rencontre après cela le lac Àgbano, dont
l’eau paroît bouillante ; il eft vrai que "l'eau en eft
chaude, mais pas allez pour bouillir, cette efpèce
d’ébullition vient des vapeurs qui s’élèvent du fond
du lac , lelquelles déterminées par l ’adion des feux
fouterreins - ont allez de force pour foulever la
maife de l’eau.
Auprès de ce lac il y a des folles peu profondes
; delquelles il s’exhale d^s,vapeurs fulfureu-
fes : ces foliés (ont deftinées à la guérifon des gal-
leux qui viennent en recevoir les vapeurs. Enin
on trouve des excavations plus profondes , d’où
l’on tire une pierre tendre qui donne le foufre ,
comme nous l ’allons voir.
II. s’exhale de-là des vapeurs qui fortent avec
bruit, & qui ne font que du foufre qui fe fublime
le long des crevalîès, & même aux parois des rochers
, en formant- des malles énormes : car - dans
un temps calme on voit manifeftement ces vapeurs.
| s’élever julqu’à z$ ou 30 pieds de la furface de
la 'terre.
Ces vapeurs, en s'attachant aux parois des rochers,,
y forment des grouppes de foufre énormes,
qui s’en détachent quelquefois d’eux-mêmes , ce
qui rend ces endroits d’un dangereux accès.
En entrant à la Solfatare , du côté de Poûzzol,
on voit des bâtiinens où l ’on affine le foufre & où
on en tient magafîn.
Sous un grand hangard adolfé contre un mur,
& ouvert par trois côtés , on tire le foufre par
diflidation des pierres tendres dont rous avons
parlé. Les ouvriers fouillent la terre pour les avoir,
& négligent toutes celles qui fe tsouvent à la fu-
peificie de la terre; elles font cependant couvertes
d’un foufre déjà tout formé & bien jaune : mais
les ouvriers difent qu’elles ont perdu leur efprit,
& que le foufre qui en vient n’a pas une aufli
bonne qualité que celui qui vient des pierres tirées
de l’intérieur de la terre.
Cette mine étant tirée de la . terre, on la met
en morceaux dans des pots de terre cuite qui contiennent
environ zo pintes » mefure de Paris, don
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l’ouverture eft de la même largeur que le fond',
mais avec un ventre plus large , couvert, d’un cour
vercle de la même terre cuite, qu’on lute exacr
tement.
On arrange ces pots fur deux lignes parallèles
dans une.maqonnerie;de brique , qui fprme,.,comme
on va le voir., les^deux côtes;d’un four ; les pots
font placés dans l’intérieur de ces murailles , de
manière, que le centre du pot eft au centre de l’é-
paiffeuf de ia mura lie mais, qu’une partie de ces
pois déborde dans l’intérieur & autant dans l’extérieur:
oh met ,dix de ces pots dans chaque fourneau
; lavoir : cinq, dans chaque muraille, qui forment
les parois du fourneau ; ces parois laiffent
entr’elles un efpaee>ide 15. ou -ïB ^pouces , & fpnt
furmontéesd’une voûte, de manière que cela forme
alors un fourneau qui; a 7 pieds de longueur & z
pieds & demi de hauteur, ouvert par un bout &
fermé de l-aute , à la rclerve d’une petite cheminée
pour lailfer palier fa fumée.
Chacun de ces pots eft percé, à fa partie fupp-
rieure en-dehors du fourneau, pour. recevoir un
tuyau de 18- lignes de diamètre & d'un pied de
long, qui‘communique à un pot de la meme grandeur,
placé eh-dehors du four , Couvert comme
les précédens, mais percé d’un trou rond à fà bafe,
de la largeur de 15 ou 18 lignes. Enfin chacun
de ces derniers pots^ répond à une rinette de bois
placée plus bas dans une tranchée faite exprès.
On > bâtit quatre ou cinq dè 'cés fours fousTle
même hangar ,, on l’es allume en mêine-temes, &.
on les démolit après la diftillationy lôit pour re-
nouveller les ;pots., foit pour en ôter plus facilement
le réfidu.
Le feu qu’on allume dans chaque four échauffe
les premiers pots qui contiennent la terre fulfu-
reufè. Le foufre monte en fumée dans la partie
fupérieure du p ot, d’où il paffe par le tuyau de
communication dans le vaifleau extérieur : alors les
vapeurs fe condenfent, prennent une forme liquide,
& coulent par le trou qui eft pratiqué en bas , dans
la tinette, d’où on les retire aifément, parce qu’on
leur donne une figure conique, dont la pointe
tronquée eft en bas ; & d’ailleurs les douves ne
font retenues entr’elle^ que par des cercles qui fe
lâchent à volonté, de manière qu’on écarte les douves
aufli à volonté ; alors la malle fulfureufe fe
trouve à nu ; onv la porte aux bâtimens dont nous
avons parié : on la refond pour l’épurer & la mouler
en bâtons, comme on nous l ’apporte«
S .O-Un *7*
E x f i l e j t I o n des, trois Planches rela-
■ tives au- travail du Soufre tome I V des
gravures.
V L A N C H E P R E M I È R E . ■ r
Opération de:tT^vaillef fe, S.ùyfre de le mettre'
: , ■ en can'oii&i a ' 1
Fig. 1. La vignette, du haut de la planche repréreprélente
La maniéré \d‘extraire le foufre des pyrites
cuivreufes par le moyen du grillage, comme
on le pratique en' quelques endroits d’Allemagne.
M H , mur auquel eft adolfé Je tas de pyrites
. arrangées'fur u n 'lit' de bûches'& de fagots;
ce mur foutienc le toit I K F G d’un hangard
qui recouvre le tas de mine pour concentrer la
fumée & la rabattre au moyen du fécond toit IL ,
: fur. la furface de l’eau contenue dans l ’auge
ou les baquets A où elle fe condenfe & fe précipite
foiis la forme de'loufre.
Nn, piliers qui foutiennent l’auge ou les baquets.. DE F G , piliers qui fqutiennent le toit fous
lequel on fait griller les' pyrites. C , planche
fervant de chemin 'pour monter lur le tas de
pyrites marquées par la lettre B.
Bas . de la planche, contenant d'autres manières
f d yextraire' le, fou f e des pyrites en les grillant à
f uir'libre.
Fig. z. Tas de pyrites grillées & refroidies ; on
' voit a là Tuifaèe fùpérieuée les'trous dans léF-
quels le loufre s’eft ralFmblé pendant le grillage,
3. Malle de pyrites actuellement en feu. A , ouvrier
qui, avec une cuiller de fer , puile le foufre
qui fe rafîemble dans les trous pratiqués à la
furface fupérieure du tas B , dont la forme eft
une pyramide quadrangulaire tronquée.
4. Tas de" pyrites que l’ouvrier arrange lur un lit
de bois & de fagots G G . EE , plancher fer-
Vànt de chemin à l’ouvrier qui amène, au moyen
d’une brouette, les pyrites Fur le tas.
y. C , ouvrier qui conduit la brouette chargée de
pyrites.
P L A N C H E I I .
Fig• 1. Cheminée Ions laquelle eft établi un fourneau
& une chaudière.
z. Le fourneau conftruit en maçonnerie, & revétii
intérieurement de briques«