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le traitement de la rage ; c’eft pourquoi Ton baignera
le malade chaque jour, le matin pendant
une heure, environ un mois, & c’efi à la fortie
du bain que les fri&iuns feront adminiftrées. On
fufpenira les bains pendant quelques jours, avant
de terminer les fridions , fi elles n’avoient po tî à
la bouche au point d’exci er une légère falivation,
& on reprendroit les bains dès qu’ils auraient produit
cet effet, ou du moins, lorfqu’on auroit fini d’admi-
niftrer la pommade mercurielle.
' 6°. Cependant, avant de commencer les bains,
il faut faire vomir le malade avec un ou deux
grains d’émétique dans de l’eau tiède ; ce vomitif
feroit donné le lendemain de l'application de.'
fangfues, du panfement de la plaie & des premières
fri&ions, fi la rage avoit été communiquée par mor-
fures; mais (telle avoit été tranfmife par les voies
falivaires, fans morfnre , alors on commenceroit
le traitement par le vomitif ; & dans l’un & l’autre
cas , on pourra, pour ne pas perdre de temps.,
donner la fridion le même jour qu’on aura fait
vomir.
7°. On joindra , à l’ufâge des fridions mercurielles
& des bains, celui des antifpafmodiques.
Prenez huit grains de camphre, autant de nitre,
& deux grains de mule, incorporés avec un peu
de m ie l, & formez trois bols.
' De ces trois bols, le premier fera donné avant
le -bain ; le fécond , après le bain, & le troifîème
à l ’entrée de la nui*. Le malade boira, fur chacun
de ces bols un verre d’une infufion de fleurs de
tilleu l, à laquelle on ajoutera huit ou dix gouttes
d’eau de Lu.ce«
8°. S’il y avoit trop d’infômnie & d’agitation,
on mettroit dans le dernier verre d’infufion de
tilleul , à la place de l ’eau de Lu ce , quatre ou
cinq gros de fyrop diacode, & l’on pratiquerait
auparavant une faignée du pied, fi la tête étoit
douloureufe , pelante, & que le pouls fut, plein,
9°. Pendant le cours du traitement, les malades
fuivront un régime de vivre , doux & rafraî-
chiflant; ils uferont généralement de végétaux ,
& mangeront peu de viandes > leur exercice doit
être modéré, & ils doivent éviter toute contention
d’efprit ; rien ne leur eft fi contraire que la
crainte & les inquiétudes.
io ° . Ce traitement garantit immanquablement
de la rage , s’il eft régulièrement adminiftré avant
qu’elle le foit manifeftée ; & l ’on ne dévroit pas
certainement défefpérer de fon fuccès , fi elle avoit
commencé à fe déclarer par les premiers lignes ;
mais alors , après avoir panfé la plaie, comme il
a été dit, il faudroit faigner le malade au pied,
lui donner des lavjemçns avec l’infufion anti-fpaf-
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modique, qu’il ne peut boire, èn y ajoutant une.
vingtaine de gouttes d’eau de Luce ; on auroit
recours tout de fuite aux fridions, qu’on donneroit
chaque jour à la dofe de demi-once. On feroit
baigner le malade plufîeurs heures de la journée
fi on e pouvoit fans le violenter cruellement y &
on lui feroit prendre les bols & les boilfons antifpafmodiques
dès qu’on pourrait l ’y déterminer.
11 Cependant, fi malgré ces fecours , les ma-
fades deviennent furieux, menacent les affiftans
de les mordre, ce qui eft rare, il faut les lier
dans leur l i t , comme on lie les frénétiques ; ce
qui eft d’autant plus facile, que la plupart des
enragés le demandent, craignant de ne pouvoir
s’empêcher de mordre ceux qui les entourent. Ces
précautions prifes, on doit continuer de leur donner
, jufqu’à ce qu’ils foient morts , tous les fec ours
que la religion & l’humanité exigent.
Nous confeillons, pour les animaux qu’on veut
préferver de la rage , tels que les chevaux , les
boeufs, les chiens, i? . de faire furies morfùres
quelques fcarifications ; d’appliquer encore par-
defTus trois ou quatre fangfues, pour dégorger les
vaiffeaux ; d’y porter un bouton de feu pour les
cautérifer, & d’appliquer enfuite un véfîcatoir©
avec les cantharides ; & lorfque les morfures auront
leur fiège dans des parties où l’on pourra
établir une ou plufieurs ventoufes , on fe fervîra
de ce moyen pour attirer du fang , & l ’on fera
enfuite par-deflùs diverfes fcarifications pour lui
donner une ifiùe ; les fangfues qu’on appliquerait
enfuite, finiraient de dégorger la plaie & les environs.
z°. On fera prendre à ces animaux , pendant dix
jours, du turbith minéral, à la dofe de dix grains"
d’abord ; dofe qu’on augmentera jufqu’à ce qu’elie
foit fuffifante pour purger.
3°. On les fera baigner dans la rivière, ou
bien on leur fera jetter beaucoup d’ eau fraîche fur
le. corps plufieurs fois dans le jour.
4°. On fera enfuite fFÎ&ionner les plaies & les
parties voifînes, déjà rafées, avec trois ou quatre
gros de pommade mercurielle, pendant vingt ou
vingt-quatre jours.
5°. On leur fera boire une eau de (on, à
laquelle on ajoutera affez de vinaigre pour la rendre
aigrelette.
6°. On leur donnera des lavemens avec une
eau de favon, en obfervant pendant tout le
traitement, qui doit durer au moins cinq femaines,
d’empêcher foigneufement la communication de
ces animaux avec ceux qui font fains, & on fe
fera une loi facrée de les tuer dès qu’il paraîtra
chez eux le plus léger ligne de rage.
RAISINS
RAISINS ET FRUITS SECS.
( Art concernant leurs différentes efpèces. )
T . E raifin efl le fruit de la vigne qui vient en
grapes, qui eft bon à manger ou à faire du
vin.
Les principales efpèces de raifins les plus efti-
mées, les plus ordinaires ou les plus étendues,
foit pour le jardin , pour le vin , ou pour le verjus
, font les morillons, & entr’autres les pineaux,
les chaJfelas , les mufeats , les corinthes, les mal-
yoijies , les bourguignons ^ les bourdelais, les fau-
moiraux ou prunelles , les méliers , les gamets t les
gouais,
Il y a plufieurs fortes de morillons, connües
prefque par-tout, tant aux champs qu’aux jardins,
c’eft - à - dire , tant propres à faire du vin qu’à
manger.
L e raifin précoce, ou rafin de la Madelaine, eft
appellé morillon hâtif, parce que c’eft un fruit
hâtif qui eft fouvent mûr dès la Madelaine. Ce
raifin eft noir, plus curieux que bon, parce qu’il a
la peau dure. On l’eftime feulement parce qu’il
•vient de bonne heure, mais il n’eft bon que dans
quelque coin de jardin bien expofé au midi, &
à couvert des vents.
Le morillon taconne eft meilleur que le précédent
pour faire du vin ; vient bientôt après le
hâtif & charge beaucoup. On le nomme auffi
meunier , parce qu’il a les feuilles blanches &
farineufes. Il fe plaît dans les terres fablonneufes
& légères.
Le morillon noir ordinaire s’appelle en Bourgogne
pineau-, & à Orléans auvernat, parce que
la plante en eft venue d’Auvergnç. Il eft fort
doux, fùcré, noir, excellent à manger; il vient
en toutes fortes de terre, & paffe aux environs
de Paris pour le raifin qui fait le meilleur vin.
Son bois a la -coupe plus rouge qu’aucun
autre raifin. Le meilleur eft celui qui. eft court,
dont les noeuds ne font pas efpacés de plus de
trois doigts. Il a le fruit entaffé, & la feuille plus
ronde que les autres de la même efpèce.
Il y a une fécondé efpèce de morillon qü’on
appelle pineau aigret\ qui porte peu & donne de
petits raifins peu ferrés; mais le vin en eft fort
& même meilleur que celui du premier morillon.
Le pineau aigret a le bois long , plus grós, plus
moelleux% & plus lâche que l’autre ; les noeuds
Ans fi? Métiers. Tarn. K l/ .
éloignés de quatre doigts au moins, P écorce fort
rouge en dehors , & la feuille découpée en pate-<
d’oie, comme le figuier.
Il y a une troifîème efpèce de morillon que
l’on appelle franc morillon y il fleurit avant les
autres plants, & fait d’auffi bon vin que les deux
autres • morillons. Il à le bois noir - & le fruit de
même, fait belle montre en fleur & en verd ,
mais à la maturité , il déchet de moitié , & quelquefois
davantage. Il croît plus qu’aucun autre en
bois, en longueur & en hauteur, & les noeuds de
fes jettés font les plus efpacés.
Il y a finalement une efpèce de morillon blanc
excellent à manger , mais qui a la peau plus duré
que le morillon noir ordinaire.
/ Le chaJfelas , autrement dit mufeadet., ou bar-
fur-aube blanc, eft un raifin gros >. blanc , excellent,
foit à manger , à garder , à.fécher, ou à
faire de bon vin. Ses grains'ne font pas preffés.
Il réuflït fur-tout dans les vignes pierreufes, parce
qu’il y mûrit plus facilement. Le gros côrinthe
dont i l . eft queftion ci-après , eft une , efpèce de
cliaffelas noir blanc.
Le chaJfelas noir s’appelle en Provence, en Languedoc,"
raijin grec ; il eft plus rare & plus curieux
que le blanc & même que le rouge, dont les
grapes font plus greffes. Il prend peu de couleur ,
& ils font tous deux excellens.
L e raifin connu en bas-Languedoc fous le nom
à'afpiran , fous, celui de verdaf & fous celui de
rabaieren, eft un des plus excellens raifins à
manger. Il joint aux qualités d’un fuc agréable, la
circonftance d’avoir des .grains très-gros ; d’avoir
une peau extrêmement mince, & de n’avoir qu’un
ou deux très-petits pépins.
Le village de Pignan, à une lieue & demie
de Montpellier, & ceux de Néfie, de Fontes^
de Nizas, de Caux & de Peret aux environs de
Pezénas,-font le$ cantons où ce raifin eft le plus
beau & le meilleur.
Une obfervation fîngulière à propos de la vigne
qui porte cès raifins aüx environs de' Pezénas ,
c’eft que la plupart des ceps font plantés dans
des fentes de rochers qui font dans tout ce
canton une lave très-dure , fans que le fruit dont
ces ceps fe chargent très-abondamment, fouffre no