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le coeur rouge-brun, plein, fans aucune moelle ;
les rainures font rougeâtres, & s’étendent prefque
horifontalemenc à une petite profondeur fur la
fui face de la terre, à la diftance de quinze à vingt
pied*. Le tronc fe partage en un grand nombre de
branches a (fez fortes , prefque horifontales, tor-
tueufes , dont les vieilles ont l’écorce femblable à
cel.e du tronc, mais donc les jeunes font rougeâtres,
liues, • dJabcr%i ti angulaires , enfuite cylindriques.
Cet acacia rend naturellement , fans incifîon , de
diverfes parties de fon tronc & de fes branchés,
après la faifon des pluies & vers le tems de la
fleur a:fon , c’eft à-dire depuis le mois de feptembre
& d’oétobre , une gomme rougeâtre en larmes ou
en boules, qui ont depuis fix lignes jufqu’à un
pouce- & demi de diamètre. Cette gomme eft transparente
& d’une faveur amère.
Le Sénégal produit une feeen ;e efpèce de gommier
rouge, que les nègres du pays d Oüalo
connoiiïènt fous fe nom de Gonaké. Cet arbre s’élance
communément à vingt-cinq ou trente pieds
de hauteur.
Sa g~mme eft plus rouge, plus amère , & pour
le moins auflr abondante que la précédente ; aufli
entre t-elle pour une bonne partie dans le commerce
qui fe fait de la gomme au Sénégal.
L’écorce intérieure de cet arbre, de même que fa
gonfle, donne une te-nture rouge plus foncée que la
première efpèce.L’écorce eft auilî préférée pour tanner
les cuirs deftinés à faire le maroquin. Son bois eft
extrêmement dur , d’une couleur rouge foncée
agréable , & très-propre aux ouvrages de marqueterie;
..'y '
Le fiung eft encore une espèce de vrai acacia
qui croît dans les forêts du milieu du continent, &
même autour du Cap-verd. C ’eft un arbre rarement
plus haut que vingt-cinq, pieds , & d’une forme
fingulière , qui fe préfente de loin comme un
parafol.
L e fiung rend une gomme blanchâtre , mais peu
abondante , & en petites larmes , qui le recueille
fans aucune diftinélion avec les autres.
L ’verek ou le gommier blanc, eft une autre efpèce
d’acacia. C ’eft Je gommier par excellence , . le
gommier du Sénégal, celui dont le fuc fait prefque
leul la nourriture des arabes pendant leurs voyages
dans les défeits de l ’Afrique.
Le gommier blanc le plaît particul ièrément-dans
les fables blancs & mobiles qui bordent la côte
maritime du Sénégal. C’eft une arbre de moyenne
taille, un arbrifleau de quinze à vïngr-pieds, de
hauteur, d’une forme peu élégante, très-irrégulière ,
comme celle d'un buiflon.
Lorfque la ferré a été hbmeâée abondamment
par les pluies dé l ’été, qui tombent depuis le i y
jufn jufqu’en feptembre | alors on commence a, voir
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couler du tronc & des branches de cet arbre, un fuc
gommeux, qui y refte attaché feus la forme de
larmes , quelquefois vermiculées & tortillées; mais
communément • ovoïdes ou fphéroïdes , de deux
pouces de diamètre , ridées à leur furface , d’un
blanc terne, mais tranfparentes, criftalines & lui-
làrites dans leur Cafîiire , d’une faveur douce, fans
fai leur, accompagnée d’une légère acidité qui ne fe
laiife reconnoître que par les perfonnes qui en font
un ufage habituel.
Ces larmes coulent naturellement, fans le fecours
d’aucune forte d’incifîon , pendant toute la faifon
dé la fecherefle, qui dure depuis le mois d’oétobie
jufqu’en celui de juin : quelquefois la grande féche-
refle du vent d’eft qui règne alors les détache , 8c
les fait tomber à terre ; mais le plus grand nombre
refte attaché à l-’écorce d’où elles îont lôrties.
La somme eft la feule partie de cet arbre dont
on fafle ufage au Sénégal. Elle çft fi nourriflante,
fi falutaire , fi îafraîchiifante, que les maures & les.
arabes, qui (ont un peuple confidérable dans l’A frique,
prefque toujours errant, qui ne fait ni femer
du g-ain, ni recueillir, en font leur unique nourriture
pendant la.plus grande partie de l'année, &
au moins pendant leurs longs voyages, ou avec le lait
de leurs chameaux, de leurs va hes, de leurs chèvres.
& brebis ; ils fe palfent de tout autre mets & de toute
forte de boillons, dans une faifon & dans des fables ou
la fecherefle ne leur permettroit pas de trouvée
une goutte d’eau pour étancher leur fbif.
Ce te manne, toute répandue qu’elle eft fur la
côte du Sénégal , exige qu’on en faflè une récolte
annuelle pour fubvenir à de fi grands besoins, êc
pour contenter les defirs des commerçans européens,
qui fréquentent la côte du Sénégal.
On fait que la plus grande çonfommatïon de cette
gomme fe fait pour donner du corps.aux étoffes
de foie, & qu’on en emploie beaijcoup ponr faire
tçnir les couleurs fur le vélin , pour coller le papier,
& dans nombre d’aut.es manufaétùres. L a médecine
l’ordonne aufïï dans certaines maladies.
La quantité de cette; gomme qui fe vend annuels
le ment au Sénégal, va'communément à trente milles
quintaux, & devient dès lors plus ayantageufe que
la traite de l’or & que.celle des nègres.
Le ded des nègres du Sénégal eft une cinquième
forte & acacia qui vient naturellement dans le genre
de Vverek ou du gommier blanc, & qui eft allez
commun dans lès fables voifins de l’embouchure du
Niger. C ’eft un arbrifleau en buiflon conique de la
hauteur de fix à dix pieds.
Le fnc gommeux de cet arbrifleau eft fort peu
connu , quoiqu’il paroifle devoir en fournir comme
les ptiécédens.
La gomme dite du pays eft celle qu’ôn ramâfle fin?
la plupart dé fio$ arbf es à ffuits : çefsque les pruniers -,
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les amandiers, les abricotiers, les cerifîers. Elle eft
ordinairement moins blanche & moins tranfparonte
quë^la gomme arabique ; cependant il s’en trouve
qui'eft aufli belle. Les droguiftes choifîffent cette
belle gomme de pays, & la vendent comme gomme
arabique: ce à quoi il n’y a pas grand inconvénient,
car elle n’en diffère réellement point.
La gomme & le mucilage n’érant qu’une feule &
même fubftance unie à une plus ou moins grande
quantité d’eau furabondante, ces matières ont ab-
folument les mêmes propriétés & fournifîent les
mêmes principes dans leur analyfe.
GOMMES RESINES. Les gommes réfînes , dit
M. Macquer, font des lues en partie mucilagineux
& en partie huileux, qui découlent de beaucoup
d’efpèces d’arbres, & qui deviennent concrets par
l’évaporation de leurs parties fluides les plus
volatiles.
Les parties huiieufes & mucitagineufes qui forment
les gommes réfînes, font intimement mêlees,
mais non pas abfelunrent combinées les unes avec
les autres ; de là vient que ces concrétions ne le
taillent point difloudre parfaitement, ni par l’eau ,
ni par les huiles j ni par l ’elprit-de-vin , feuls.
Il eft bien vrai que, lorfqu’on applique un lèul
de ces menftrues, l’eau , par exemple, à la plupart
des gommes-réfînes, & qu’on aide fon adion par la
■ trituration , on en fait une forte de diflblution ; la
partie gommeufe fe diflout entièrement par l ’eau ,
elle forme un mucilage avec cette eau , & la partie
,réfîneufe qni étoit originairement très-divifée & intimement
mêlée avec la partie mucilagineufe, refle
fefpendue à la faveur du mucilage, & forme par
coriféquent une efpèce de lait & àlémulfion ; mais
il ?eft aifé de fentir qu’alors la partie huileufe n’eft
que divifée & non dilFoute.
Cela met la gomme-réfine à peu près dans l’état
eù elle étoit originairement; je dis à, peu près,
parce que la fubftance réfîneufe a perdu, par la
déification, fa' partie la plus fluide & la plus volatile,
qu’on ne lui rend point du tout en la traitant
avec de l’eau, comme on vient de le dire.
L ’on peut, en employant des diflolvans, partie
aqueux , partie huileux ou fpiritueux , tels que le
v in , le vinaigre, l ’eau-de-vie, faire encore une
forte de diflblution des gommes-réfines ; mais cette
diftolutioi) eft toujours laiteufe, à caufe de la pré-
fence de l ’eau qui empêche la partie fpiritueufe de
fe combiner intimement avec la réfine. Il faut donc,
fi l’on veut difloudre complètement une gomme-
réfîne, féparer la partie réfîneufe d’avec la gommeufe
, en lui appliquant alternativement un menf-
•true fpiritueux & un menftrue aqueux.
Ce font ces propriétés des gommes-réfines, relatives
a leur diflblution, qui ont fait çonnoître leur
Vraie nature aux chymiftes : car, fi l ’on n’en jueeoit'
Arts G? Métiers. Totp. V i l.
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Nque paf la plupart de leurs autres propriétés, ‘8c
fer-tout par leurs apparences extérieures , on les-
confondroit avec les réfines pures, avec lefqueiles
elles ont une reflemblance tout-à-fait impofante.
Il faut remarquer à ce fujet, que la proportion
de gomme & de réfine n’eft point confiante dans les
différentes gommes-réfines , & qu’il s’en trouve
dans lefquelles • la partie gommeufe eft en fort
petite quantité par rapport à la partie réfîneufe.
Il arrive de là qu’à mefure qu’on examine plus particulièrement
les fucs concrets qui fortent des diffé-
rens arbres , on en range beaucoup dans les claffes
des gommes^réfînes, qiflori n’avoit toujours regardées
que comme des réfînes pures, & qu’il refte meme
quelque incertitude à cet égard fur plufîeurs de ces
fubftances.
Il paroît cependant que comme toute gomme-
réfine eft un mélange de fubftances qui ne peuvent
point fe difloudre mutuellement, & que par confé-
quent il doit réfelter de ce mélange une matière toujours
plus ou moins opaque,.on peut juger au fîmple
coup-d’oe il, fi un fuc cojtcret naturel eft gommo-
réfineux pu non.
Tous ceux qui font opaques , ou qui n’ont point
une tranfparence très-marquée, peuvent être raisonnablement
foupçonnés de nature gemmo-réfî-
neufe, ou réfîno - extradive ; car on connoît aufli
de ces fortes de fucs : tels üiit lz myrrhe, le bdellium ,
le fagapenûm , Yopoponax , YaJJa-foetida , & quelques
autres reconnus pour gommes-réfines bien
caradérifées.
Ceux au contraire qui ont une tranfparence
belle & bien- marquée, peuvent être jugés prefque
à coup sûr, ou purement gommeux, ou purement
réfîneux , comme on le voit par l’exemple des
gommes adragaht, arabique, & de pays, & autres
bien tranfparentes, qui font de pures gommes, &
par celui du mafiieh, du fandarack, de la gomme
" copale, & autres fubflances de ce genre aufli diaphanes
, reconnues pour de pures réfînes, & qui fe
diflinguent d’ailleurs bien facilement des pures
gommes, par leur odeur, leur inflammabilité & autres
qualités propres aux matières huileufes.
Cette efpèce de règle, qui certainement petit
être d’un grand fecours pour juger facilement & fans
travail, de la nature purement gommeufe* réfîneufe,
ou gommo-réfîneufe, d’un grand nombre de fucs
concrets, ne doit cependant pas difpenfer de faire
les épreuves convenables , & fiir-toüt l ’application
des différens menftrues , lorfqu’on veut être abfo-
lument certain de la matière qu’on examine.
Ces épreuves font fur-tout très-néceflaires pour
ceux de ces feçs qui nQii-feulement ne font point
bu ne fent que très-peu tranfparens, mais' qui de
plus fent fortement colorés , tels que la gomme-
lacque , la gomme-gutte, le fang-de-dragon, Yqloès y
Y opium j car-çes dernièçes font encore plus comppftes