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L e rouge de garance fe fait avec la garance
de Flandre.
5 F e rouge demi-graine fe fait avec les eaux sûres ,
l ’agaric moitié graine d’écarlate, moitié gaÆanc-e.
Le dtmi-cramoiji fe fait avec moitié garance &
«rioitié cochenille.
Le nacarat de bourre exige que l ’étoffe foit auparavant
mife en jaune ; euftiite le nacarat fe fait
avec le bain de la bourre qui a été ébrouée fur un
bouillon avec des cendres gravelées.
. F ecarlate façon d Hollande, fe fait avec la cochenille
, le tartre & l’amidon , après avoir bouilli
avec de 1 alun, du tartre, du fel gemme & de 1 eau-forte ou I ctain a ete diffous z mais cette
couleur quoique des plus éclatantes , fe rofè & fe
tache aifémenr.
Entre ces fortes de rouges , il n’y ' en a que trois
qui aient des nuances ; (avoir le rouge cramorfî ,
le nacarat de bourre , & l ’écarlate de Hollande.
Les nuances du rouge de garance font couleur de
chair, peau d’oignon , fiamette , ginjolin.
Celles du cramoifî font fleur de pommier, couleur
de chair , fleur de pêcher, couleur de rofe
mcarnadin, incarnat rofe, incarnat & rouge cramoifî.
Les nuances de la bourre font les mêmes que
celles du rouge cramolli.
L ecarlatte , outre celles du cramoilî & de la
bourre, a encore pour nuances particulières la couleur
de cerife, le nacarat', le ponceau & la couleur
de feu.
Voye^ à l’art de préparer les couleurs & vernis,
tome I I , page 5 , ce qui concerne l’ocre roupe *
le rouge brun , le rouge de Pruffe, le minium, le
cinabre, le vermillon, les laques , le carmin.
Rouge etalcanna. L ’alcanna eft un arbrifleau
dont quelques peuples de l’Afrique & de l ’Afîe tirent
une teinture reuge pour procurer aux ongles une
couleur d un beau rouge de feu ou d’écarlate.
Rouge de bandueu. Le rouge du bandueu, artre
des îles Moluques, a la propriété comme celle de la
garance, de donner à toutes les couleurs rouges de la
ténacité & de l ’intenfité. Audi les habita ns des
Moluque« l’emploient-ils, foit feule , loit avec le
bois de fappan pour teindre leurs fils & leur linge,
en rouge. Ceux d’Amboine , qui préfèrent
les couleurs tendres aux couleurs foncées ou trop
vives, en procurent une approchante de celle du
vermillon, mais très durable à leurs toiles, en
les faifant macérer dans une infufîon de deux parties
d’écorce des greffes racines du bandueu avec
une partie de 1 ecorre & des feuilles de l’arbre
alumineux qu’ils appellent leha & un peu d’alun.
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Lorfqu’ils veulent donner à cette teinture une
couleur de garance ou de feu , ils font cyirë l’écorce
du bas du tronc avec l’écorce & les feuilles
du leha, & le bois de fappan ou tout autre, bois
rouge dé teinture.
Ses racines font un objet de commerce pour les
habitans d’Amboine , où cet arbre eft commun &
de meil eure qualité : ils eu portent Une quantité
confidérabîe de bottes à Java, où on fait beaucoup
de teintures rouges.
Rouge duChay. C’eft du chay, plante qui ne
croît qu’en Golonde , que l’on tire ce beau rouge
des toiles de Mafulipatan, qui ne fe déteint jamais.
Les hollandois particulièrement, les flamands &
la plupart de ceux qui vendent les toiles peintes
des Indes, les contrefont fur des toiles de coton
blanches, mais leurs couleurs n’ont ni la même
durée, ni le même éclat qu’on remarque aux véritables.
Rouge de ronas. C ’eft aux environs d’Afta’.ba f,
ville de l’A fie, dans l’Arménie ou Turcomanie ,
que l’on trouve la précieule racine de ronas qui
eft greffe comme la réglilTe, & qui donne une belle
couleur rouge aux toiles qui viennent de l ’Indoftan..
Les caravanes d’Ormus, qui font le commerce de
ronas , vont fans cefte d’Ormus à Aftarbat.
Rouge de Venife, on emploie fous ce nom dans la
peinture , une terre d'un beau rouge, qu’on tire de
Carinthie & qui pâlie par les main? des Vénitiens,
qui préparent cette terre & la débitent au relie de
l’Europe,
M. Hill ôbferve que cette terre n’eft point bo-
laire , mais une ochre très-fine, douce au toucher,
d’un rouge prefqu’auffi v if que celui du miniam,
& qui colore fortement les doigts.
Pour les rouges de garance , du marbreur de papier
, d'or/eille, dé' plomb, voyez ces mots.
Nous finirons cet article par le rouge tiré de la
cochenille.
Art de_ préparer lu cochenille.
Cette matière qu’on emploie pour les teintures
roug s^ ne fe recueille que dans le Mexique, d’où
on nous l’apporte. Elle eft en petits grains d’une
forme affez irrégulière , concaves & cannelés d’un
coté, & convexes de l’autre.
Tant qu’on a ignoré ce qu’elle étoit, on l’a
regardée comme une ba'.e ou graine d’une plante.
En 1 69o , le Père Plumi-r découvrît que c’écoit un
1 infede ; &_ d’après lu i, tous les naturaliûes font
unanimement convenus qu’elle eft un progallinjecté
vivipare défféché. ‘ '
Pendant leur vie ,'ces petits animaux marchent,
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montent & cherchent leur nourriture fur les feuilles
de diverfes plantes dont le fuc leur convient, &
les indiens les y ramaffènt pour les tranfporter fur
une plante. qu’on appelle indifféremment figuier
d'Inde , raquette, cardajfe, nopal ou opuntia ; ils
y multiplient prodigieufement.
Dans la vue d’avoir une récolte fûre de cochenille,
les Indiens cultivent avec .foin autour de leurs habitions
beaucoup de figuiers d’Inde, fur léfqu.els ils
tranfpiantenc & fément, pour ainfi dire, ces in-r
fedes. .
Pour cet effet, ils font d es' pajles ou efpèces de
petits nids, comme ceux des oifeaux, avec du foin,
de la mouffe ou de la bourre de coco très-fine ,
& les mettent deux par deux, ou trois par trois
fur chaque feuille de ces arbres : ils les affujettiffent
avec des épines, après avoir placé dans ces nids
douze ou quatorze cochejiilles qui, dans trois pu
quatre jours , donnent naiflance à des milliers de
petits, dont la groffeur n’excède pas la pointe d’uné
épingle.
Peu de tems après, ces nouveaux nés (e difperfent
fur la plante, fe fixent fur les endroits les plus fùc-
culents, les plus: ver vis & les plus à l’abri du vent ;
la piquent, en tirent le fuc-, & y demeurent jufqu’au
dernier période de leur accroilfement.
Dans les lieux où on craint la plu:e ou le froid,
en couvre ces plantes avec des nnttes, & on tue
teut inle&e étranger; on a un très grand foin de
n’en point fmffrir aux plantes, fur lefquelies font
les cochenilles , de les bien nettoyer & de les
débarrafler de certains fils qui reffemblei t à des
to’les d’ara'gnée.
Cette attention contribue tellement à leur per-
feéUon , que la cochenille fauyage , ou qui vit
fiir les arbres qui ne font pas cultivés, eft .fi gru- ■
meleufe & fi mal conditionnéequ’elle diffère'
infiniment de la cochenille fine ou cultivée.
On fait tous les ans trois récoltes de cochenille
: dans la première, on enlève avec beaucoup
de précaution , par le moyen d’un petit pinceau
, les mères qui font mortes dans les nids'après
avoir fait leift petits.
Trois ou quatre mois après, autant que la difpo-
fition de l’air le permet, & que la première couvée
eft en état de fe reproduire, ou qu’elle l’a déjà
fait, on procède à la fécondé récolte avec le même
foin que dans la première^ Trois ou quatre mois encore
après, on travaille à la troisième1 récolte par
l ’enlèvement des petits de la fécondé couvée.
Comme ceux-ci périroient fi , pendant la faifon
froid & des pluies , ils demeuroient expofés à
l ’air , les indiens coupent les feuilles fur lefquelies
ils (ont, les ferrent dans leurs habirations, les
confervent pendant la mauvaife faifon ; & dès que
le beau temps revient, ils les remettent à l ’air
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dans des nids, pour en avoir de nouvelles récoltes.
Ces infe&es pourroient vivre pendant quelques
jours, quoique féparés des .plantes, & .faire leurs
petits ; ils fedifperferoient ; féchapperoient du tas,
& feroient perdus pour le propriétaire.
Pour éviter cet inconvénient, les jnçjjens ont fpin
de les faire périr dans la féconde récolte , en les
plongeant dans de l’eau chaude, & les^faîfant fécjjer
enfuite au foleil,ou en les mettant dans des temaf-
cales ou petits fours faits exprès , ou enfin fur des
comales ou plaques qui ont fervi à faire edire les
gâteaux de maïs.
Ces trois différentes manières de les faire mourir
donnent à la cochenille trois différentes couleurs.
i° . Celle qu’on a mifedans l’eau chaude prend une
teinte d’un beau roux par la/ perte qu’elle a faite
dans Peau du blanc extérieur qu’elle avoit étant
vivante ; les efpagnols l’appellent cochenille rene-
grida,
z°. Celle qui a été dans les fours devient d’un
gris cendré ou jafpé , & a du blanc fur un fond rougeâtre
, on la nomme jajpeada,
30. Celle qu’on a mife fur les plaques qui font
quelquefois trop échauffées, devient noire, aufti
porte-t-elle le nom de negra.
La plus eftimée eft celle qui eft d’un gris tirant
fur l’ardoife , qui eft poudrée de blanc, & mélée de
rougeâtre; elle tire fa couleur du fuc du figuier dont
elle fe nourrit; en effet, le fruit de cet arbre eft
d’une couleur rouge foncé, & a cela de particulier
que , fans faire de mal à ceux qui en mangeat,
il rend leur urine rouge comme du fang.
La cochenille, ainfi préparée , peut fe conferver
pendant plus de cent trente, ans fans perdre fa
partie colorante , ni (ans fubir aucune altération,
i.ainfî que l’a éprouvé M. Hellot fur de la cochenille
qui avoit cette date d’antiquité.
On divife la cochenille en me(leque 3 filvefire ,
campetiane, & t-refqudile.
La mefteque tire fon nom d’un endroit nommé
Mefteque , qui eft dans la province de Honduras ;
elle eft la meilleure de toutes , & celle que les
indiens cultivent.
La filveftre (e fous-divife en fauvage & filveftre
commune ; la fauvage eft celle qui n’eft point foi-
gnée par les indiens ; la filveftre commune eft celle
qui vient fur les racines de la grande pimprenelle
que les botaniftes nomment fanguiforba.
La campetiane, ou campefchiane , n’eft autre
chofe que les cribîures de la mefteque, ou la mefteque
même qui a déjà' fervi à la teinture.
L a trefquaile ou tetrechalle eft la terre qui fe
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