
#emet a u tr e s jufqu’à ce que toute la cendre foît
épuifée.
On pratique en terre une foffe de trois pieds
en guarré , fur l’ouverture de laquelle on pofe des
barres de fer en forme de grille,. pour foutenir
des morceaux de bois bien fecs, par - deiïùs lef-
quels on arrange de ceux qui ont été. imbibés de
leffive ; on met le feu au bois fec qui efl fous celui
qui a été imbibé, & lorfque le tout efl bien .allumé
, on voit tomber dans la folle une pluie de
potaffe fondue.
On a foin de remettre du bois chargé de lef-
lîve à mefure que les morceaux qu’on a mis fe
conlùment. Ce qu’on continue j’ulqu’à ce que la
foffe fort remplie de potaffe ; alors , & avant
que la potafle fû t refroidie, on nétoÿe la fu-
perficie le mieux qu’il efl poffible, en l ’ecu-
mant, pour ainfi dire, avec un rateau de fer ;
néanmoins il y relie du charbon & d’autres impuretés,
ce qui fait qu’on ne fe fert de cette
potaffe, qu’on appelle en terre , que pour des
i'avons en pâte, gros & communs.
Quand cette fubft.in.ee faline efl refroidie, elle
forme une feule maffe qu’on brife par morceaux
pour la rerifeimer dans dès tonneaux ; car comme
elle efl fort avide de l ’humidité de l’air , elle
tomberont en deliquium.
On fait une autre potafle qui efl beaucoup
meilleure; on la commence comme l ’autre, on
coule les cendres pour en faire une. leffive , &
on pafle de l’eau deffus , jufqu’à ce qu’elle ne
foit plus graffe entre les doigts, ou qu’elle n’ait
plusr.de faveur; on l’évapore fuite dans des
chaudières de fer montées fur un fourneau de
br.que ; à mefure que la leffive s’évapore, on en
met de nouvelle , mais qui doit et ré chaude ,,
fans quoi elle s'êieyeroit' au-deflus de la chaudière
M fe répandroit.
Quand elle efl épaiffie, Sc qu’elle s’élevé en
forme de moufle , on ralentit le feu-; & quand la'
leffive efl refroidie, on trouve dans la chaudière
une maffe fai ire trèc-dure , qu’il faut rompre avec
un cifeau & un maiil.t pour en. former des morceaux
, qu’on porte dans un fourneau difpofé de
façon que la flamme du feu. qu'on fait des deux
côtés, fe répande dans une efpèçe d’arche, fous
laquelle efl le fel qui, étant léché parla flamme,
efl vivement calciné.
Cette maffe faline efl fuffifàmment calcinée
quand elle paraît bien blanche ; cependant elle,
a différf mes couleurs fuivaut les efpèces de bois
qu’on a brûlés , & le lieu où leS arbres ont pris
leur accroiffement ; car ceux qui font la potaffe,
prétendent que les arbres du haut des monragnes
font âme potaffe bleu pâle, que ceux qu’on tire
des terreins marécageux en donnent peu qui efl
rougeâtre, & qu’il y en a qui la donnent blan--
che ; cette potafle calcinée s’appelle potaffe en
chaudron ou falin.
Toutes fortes de bois fourniffent des fels lixî-
viels en grande partie alkalis, alliés de différen-s
fels moyens t ainfi il n’y en a aucun qui ne puifle
fournir de la potafle en plus ou en moins grande
quantité : tout l ’art confifte à brûler le bois ? à
leffiver & calciner les cendres, & à évaporer les
fels d’une façon peu embarraffânte & expéditive.
Quand on a filtré la leffive, avant de la mettre
dans les chaudières, on retire une belle potaffe ,
qu’on calcine ; mais quand on fe propofe de n’avoir
que des cendres gravelévs, on tire celles qui
font dans le cendrier & l’on achève de les faire
cuire.
Si l ’on veut que les cendres foient plus chargées
de fels, on peut les mettre dans une cuve
avec de le a u , pour en faire une tfpèce de pâte
claire, & y mettre tremper des bûches de bois
pourri, qu’on brûle enfuite.
Il faut conferver les leffives foibles pour lès
pafler fur de nouvelles, cendres.
Il efl bon de remarquer que fi la fabrique de
favon étoit-dans le même endroit ou l’on fait la
potaffe, il feroit inutile d’évaporer les leffives
jufqu’à ficcité, pa ce qu’on pourrôit les. mettre,
tout de finie dans les chaudières de la fav'onnerie,
lorfqu’elles auroieiit été aflèz concentrées rendues
actes par l’addition de la chaux.
Quelques-uns fophifliquent la potafle , en y
mêlant de la chaux fufée à l ’air; non-feulement
-cette addition rend cette f otaffe- peu propre pour
certains ufages ; mais les fivonniers qui mêlent de
la chaux dans les leffives, défirent qu’il, n’y en
ait p'oint dans leur jpraffe , ils préféré-1 d’en,
^mettre eux-mêmes une quantité füffif.nte, parce
qu’elle efl moins chère que les cendres.
On fait encore une efpèçe de. foude avec les
plantes qui croiffent dans le lit même de la mer s.
on la nomme fou.de de varech.
Pour faire cette foude > on coupe ou plutôt,
on arrache à mer baffe le varech & différentes
efpèces de fucus , & on les étend p' ur des faire
fecher fur des roches ou des pla es net'es que la-
mer ne recouve pas : quelques-uns. y met;ent
le varech que la mer jette fur fies bords r mais
c’efl mal à propos , parce qu’il efl charge d’immondices
qui'altèrent la foude.
Quand ces plantes font en partie f ch es , qii
les brûle dans des foffes plus larges par le haut-
que par le.fond qui efl.creufe en calotte, .& le
tout efl revêtu de pierre ; on brûle donc ces.
plantes comme nous, avons dit qu’on fait la
£>ude»
I l y a de ces foffes plus grandes les unes que
les autres, quelques unes font eretifées- dans .le
rocher : comme elles font affez p:es lés unes des
autres, un même homme peut fournir du varech
à ‘ piufieurs, à mefure que celui qu’il a mis e,t
bruli ; & auffi-tôt qu’on voit paroître de la flamme,
on jette deffus un peu de varech.
■ Lorfque la foffe efl remplie de foude fondue,
& bien cuite, on ôte promptement avec un rateau
, les charbons & la- cendre qui nagent- de -
fus, & fur le champ des ouvriers munis de perches
de 8 à io pieds de longueur, boulent, remuent
& agitent la foude qui efl en une. cfpece
de fonte. Alors la foude doit paroître'comme du
veire fondu; & quand elle efl rrfoiefie, elle doit
être brune , mais un peu tranfparenïè & caffante
comme du verre.
On commence à faire la foude en a v r il, &
on continue jufqu’en oétobre , lorfque le temps
efl beau ; car la pluie y efl contraire.
Dans un petit fourneau de capacité à contenir
deux cents livres de foude, on entretient le feu
au moins douze heures , & à proportion dans les
plus grands ; car on doit le continuer jufqu a ce
' que le fourneau foit rempli de cendies.
Cette foude contient beaucoup de fel marin &
peu de fel alkafi ; ainfi elle n’eft pas a beaucoup
près auffi propre à faire du favon que les
■ autres foudes.
Il efl certain que les fubftances falines dont
nous venons de parler, font tantôt plus & tantôt
moins chères , comme toutes les autres efpèces de
marchandifes ; néanmoins pour faire appercevoir
à peu près la proportion qu’il y a entre le prix
des unes & celui des autres, je dirai que fi les
. cendres du levant, qu’on prend à la côte de
Syrie , & qu’on embarque comme left dans les
vaiffeaux qui vont charger dans les Echelles, coûtent
q u e lq u e s - u n s r em p l is d e c e t t e id é e d é n u é e d e
to u t e v i a î fe n v b la n c e , c r u r e n t fu p p le e r a l a c h a u x
e n m ê la n t a v e c le u r s fu b f la n c e s fa lin e y d e l a p a i l l e
h a c h é e , & c e u x - l à n e p u r e n t p a r v e n i r à fa i r e u n »
b o n n e l e f f iv e .
douze, livres le quintal poids de marc , les
baril l es qui fe tiren t de là côte d’Efpagne, coû-
tent de fept à neuf livres, & la bourde de cmq
à fept : mais comme' je l’ai d it, tous ces prix
font fujets à beaucoup varier ; ainfi ce que je viens
de rapporter ne fert qu’à faire appercevoir à peu-
près la proportion.qu’il y a communément .entre
le prix des unes & des autres.
III. V e la. chaux,
Tous les fabriquants de favon conviennent qu’il
faut de la chaux pour faire une bonne leffive ;
mais piufieurs- fe foiA imaginés qu’elle ne fervoïc
qu’à empêcher que les molécules de foude, de
bourde., & c , fe joigniffenr affez intimement pour
que l’eau ne pût s’introduire entr’elles, ce qui efl
néceffaire pour la diffolution des parties falines ;
.quoiqu’il paroiffe que la chaux foit plus propre
£ fermer ces interftices qu’à les tenir ouverts,
O n n ’ e n f e r a pa s fu rp r is q u a n d o n f e r a attention
qU’îl f a u t u n e fu b f t a n c e t r è s - a c r e p o u r é p a i f -
fi r l ’ h u i le & l a c o n v e r t i r e n f a v o n , & q u e l a
c h a u x p r o c u r e c e t t e ’ â c r e t e a u x - fe 's a lk a l i s ; l a
.c h a u x e n t r e d o n c d a n s l a l e f f iv e c om m e u n e fu b t -
t a n c e t r è s - a é l iy e .
, C e t t e v é r i t é a é té b :en é t a b l ie a u c om m e n c em e n t
de ce mémoire, & les fabriquants oîit lieu de-s’en con-
• v a in c r e 1 p a r l e u r p r o p r e e x p e i i e n c e , p u i fq u i l s v o i e n t
• l-orfqu i l s c o u le n t le u r l-e ffiv e q u ’ e l l e n ’ a p .u s
; d e f o r c e q u a n d l a c h a u x ' e t é p u i f é e > & i l y a
! g r a n d e a p p a r e n c e q u e l e u r t r o i f ièm e le f f iv e f e r o i t
. m e i l l e u r e , s’ i l s p a f fo ie n t fu r l e u r c e n d r e d e b e a u
d e c h a u x , a u l i e u d ’ e a u c om m u n e .
I l fii"t d e l à q u e p o u r a v o i r u n b o n n e l e f f iv e ,
i l fa u t em p lo y e r d e .B o n n e c h a u x , & q u e , c e l l e
q u i e f l n o u v e l l e e f l p r é f é r a b le à l a v i e i l l e q u i a fufé-
- à l ’ a i r , q u o iq u ’ i l fo i t n é c e f f a i r e q u e l a c h a u x fo ie
f u f é e p o u r 'ê t r e em p l o y é e d a n s le s f a v o n n e r ie s .
IV- Des ufienfles dont on fait ufage dans les
fabriques de favon.
A p r è s a v o i r r a p p o r t 4 l e s m a t iè r e s q u i e n t r e n t d a n s
l a c om p d f i t îo n d u f a v o n , l e s d i f f é r e n t s n om s q u ’ o n
l e u r d o n n e , d ’où, o n l e s t i r e , c e q u i in d iq u e l e u r
; b o n n e q u a l i t é , le u r s d é f a u t s , l a fu p é r io r i t é d e s
u n e s fu r le s a u t r e s , c e s p r é l im in a i r e s é t a n t con-»
n u s , i l c o n v i e n t de d o n n e r l e d e t a i l d e s u f t e n f i le s
q u ’ o n e m p lo i e d an s l e s fa b r iq u e s .
O n f e f e r t d ’u n e b a r r e d e f e r lo n g u e d ’ e n v i r o n
d o u z e p ie d s , d o n t u n d e s b o u t s te rm in é en p o in t e
fo rm e u n c r o c h e t ; o n l e n om m e fourgon : f o u
u fa g e e f l d ’ a r r a n g e r le s b û c h e s q u ’ o n m e t d a i« l e
f o u r n e a u ; c ’e f t e n c o r e a v e c , c e fo u r g o n q u ’ o n
r em u e l a b r a i f e p o u r r e n d r e l e f e u p lu s a f t i r ,
q u a n d o n l e ju g e n e c e f f a i r e *
O n a e n c o r e u n e b a r r e d e f e r c r o c h u e p a r l e
b o u t , d e l a m êm e lo n g u e u r & é p a i f fe u r q u e l e
f o u r g o n ; o n l ’ a p p e l l e rouable o u reàable, e l l e fe r t
à t i r e r l e f e u o u l a c e n d r e d u f o u r n e a u , lo r fq u ’ c n
v e u t d im in u e r l ’ a d io n d u f e u o u l ’ é t e in d r e .
I l fa u t a v o i r u n e r è g l e d e b o i s , q u ’o n p o fe fu r l e s
p a in s d e fa v o n q u i f o n t a u x m i f e s , l o r fq u ’i l s f o n t
fu f f ifàm m e n t r a f f e rm i s p o u r t r a c e r a v e c u n c o u t e a u
t r a n c h a n t le s e n d r o it s o u o n d o i t l e s c o u p e r ; c e f l
c e q u ’ o n n om m e régler les*pains.
O n a e n c o r e u n b a r r e a u d e f e r , q u ’ o n n om m e
• mettras j i l e f l u n p e u c o u r b e , & a e n v i r o n u n
p o u c e d e d iam è t r e au m i l i e u , & f e p t p ie d s d e
. lo n g u e u r . A u n d e c e s b o u t s , i l y a u n e t e t e d e
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