
à-gauche , ont leurs deux bouts recourbés & ramenés
parallèlement au corps de l’outil dans une longueur
de deux' ou trois pouces. Ils fervent ,* comme
nous l’avons d t , pour dégauchir la barre.
Les autres ne font recourbés de la forté qu’à un
de leurs bouts; leur autre bout -eft recourbé à
angle droit ; & à quelque diftance du coude, on
a foudé une pièce de fer qui égale la partie recourbée
, & qui lui eft parallèle, formant toutes
les deux enfembles deux dents qui ont fait donner
à ces outils le nom de griffe:
Une dent porte fur le faux rouleau, l’autre fur
la barre, & leur ufage éft d’obliger la barré' à
s’appliquer fur les révolutions du faux rouleau.
D ’autres ont un de leurs bouts fourchu , & leur ufage
eft de redreffer le fer quand il prend un faux contour,
& quand une de fes faces ne 6’applique pas
fur le faux rouleau.
Suivant la groffeur des fers qu’on travaille, on
fe fert des griffes plus ou moins fortes & plus ou
moins longues. Car il faut avoir de ces faux rouleaux,
de bien des formes différentes, fuivant les
diffère ns contours qu’on veut faire prendre aux
rouleaux.
On forme les arcades fur’ une efpèce de faux
Touleau ; ou plutôt fur un mandrin ; il porte à fa
partie convexe une petite cheville qui doit entrer
dans un trou qu’on a fait au milieu de la
barre qu’on veut tourner en arcade ; on faifît la
branche dans un fort étau; & fur la partie convexe
, on contourne les barres qui doivent faire
les arcades.
Quand les f e r r u n e r s n’ont pas befoin d’un grand
nombre d’enroulemens de même forme , -& de
même grandeur, ils favent fe paffer du faux rouleau
: plufîeurs même ne s’en fervent jamais»
Pour cela ils mettent dans l’étau, ou encore
mieux dans un trou qu’on a pratiqué fur la table
de l’enclume , une fourchette. .
Ils engagent dans cette fourchette le-barreau qu’ils
veulent rouler.
Cette méthode exige plus d’adreffe que le faux
rouleau ; mais il y a d’habiles ouvriers qui contournent
ainfî leur fer avec une régularité furpre-
nante.
Il y a même- quelques -çirconftances où l’on ne
peut fe fervîr ni de faux rouleaux, ni de griffes,
& où l’on eft obligé de rouler le fer avec le marteau
, en frappant à peu-près comme fi l’on vouloir
le refouler.
• Très-fouvent les rouleaux terminent des barres
droites, mais on ne foude pas ces rouleaux au
bout de- parties droites, il faut donc faire des
retours d'équerre; & pour que ces angles foient
bien formés, il eft iiécefl"aire de ménager de l’é-i
toffe en ces endroits.
S i l’on tra v a ille fu r du fe r q u a rré , on p eu t e n
re fo u le r le fe r p ou r le rend re plus g ro s au x e n droits
®û l ’on d oit fo rm er les an g les ; m ais fi
l ’on tra v a ille fu r du fe r p la t, o n n e p eu t pas fe
d ifp en fer d ’y fou der u n m orceau de fe r d o u x .
Pour donner plus de grâce aux rouleaux, on a
coutume de diminuer un peu i’épaiffeùr du fer à
mefure qu’il approche des petites révolutions des
volutes; & fi ces premières révolutions font Caillantes
& très-rapprocliées les unes contre les autres,
elles font une mafïe : on évide cet endroit avec
le burin & la lime , & on fait la rainure de la
volute aux dépens du fer , ce qui augmente con-
fîdéràblement le travail.
Q u elq u efo is il p a rt d ’u ne m êm e v o lu te d eux
b ran ches qu’on ro u le dans des fens dîfférens.
E n c e cas on foude d eu x b arreau x l ’un avec
l ’au tre ; u n e p a rtie fa it le ro u le a u , l ’a u tre p artie
fe con to urn e : d e c e tte , façon un h a b ile o u v rier
p eu t faire tou tes les poftes d’u n fèul m orceau ,
fans ê tre o bligé d ’em ploy er n i lie n s n i rivures ;
m ais p ar ce tte m éth od e 1e fe r n ’eft p o in t év id ç
jufqu’au fon d d e la v o lu te ; & l ’ouv rag e d ev ien d
ra it b ie n p lus con fîd érable , fi on v o u lo ir révider
au cifeau. P o u r que la v o lu te foit é v id é e à la fo rg e ,
o n form e d eu x talons qu ’on foude à p la t.
Q u elq u efo is il p a rt tra is ro u leau x d ’un m êm è
e n d ro it-; p ou r c e la on- fo rm e trois talo n s au x b arre
s. I l fa u t être h ab ile forgeron p o u r fa ire ces fortes
d ’o rn em en s.
Q u a n d les pièces , fo it d ro ite s , foit rou lées ,
d o n t les g rilles d o iv en t ê tre faites , fo n t forg ées,,
on lon ge à les affem bler ou à les ré u n ir de façon
qu’elles faffènt u n to u t p are il au deflin que la g rille
d o it av o ir. C es aflèm blages fe fo n t d e q u atre m an
ières : ou p ar des fo u d u res, ou à ten o n s & m o r-
ta ife s , ou av ec des. riv ures ou p a r des lie n s.
D a n s la p rem iè re m a n iè re , les p arties du p an n
eau fo n t foudées & les d eu x en ro u lem en s avec
l ’en treto ife qui les l i e , fo rm e n t un m em b re d ’o r n
em en t qu’il fa u t ré u n ir avec l ’autre q u i eft p a re
il & p rép aré p o u r rem p lir le p an n eau . L e s m o n -
tan s s’affem blent à ten on s & m o rtaifè.
Pour faire les affemblages à rivure, on perce les
deux pièces dans les endroits où elles doivent fe
toucher, & on fait entrer dans ces deux trous une
goupillé de fer doux qu’on rive par les deux bouts i
c’eft: ce qu’on nomme une rivure.
L a q u a trièm e m a n iè re d’affem bler eft p ar des
liens q u i em braffen t les d eu x p ièces qu ’on v eu t
ré u n ir; e n tre ces lie n s , il y en a de fim p ies, &
d ’autres q ui fo n t ornés de m oulures : ces derniers
c o n trib u e n t à la d éco ratio n d e l ’ouVrage»
A l’égard des.affemblages à tenons ét mort'aifes,
nous n’avons rien à ajouter à ce que nous en avons
dit à l’occafion des grilles les plus fimpies; nous y
renvoyons donc entièrement.
Nous ferons remarquer feulement que la baluf
trade eft affèmblée avec des rivures, 8c par des
liens ornés.
Pour ce qui eft de l ’afTemblage à rivure, comme
la principale opération confifte à percer les trous
aux endroits où doivent entrer les goupilles, nous
n’en parlerons pas non plus, parce que nous avons
fatisfait à tout ce qu’on peut defirer, à l ’endroit ,
où nous avons expliqué les différentes manières
de percer le fer à froid & à chaud.
Il nous ftiffira de faire ici les trois réflexions lui- ■
vantes.
1°, En général, pour qu’une rivure tienne bien,
il faut; quand on a mis fa goupille dans le trou,
donner au fer qui rembrafTe quatre coups de langue
de carpe, pour ferrer le trou contre la goupille
; enfuite on formé la rivure.
i° . Quand la rivure fe trouve dans certains en- :
droits du rouleau, comme vers les premières révolutions
, la goupille ne peut être frappée immédiatement
par le marteau,: alors, pour fe procurer
un point d’appui affez. lolide pour que le
bout de la rivure où le marteau ne peut atteindre
fe rebrouffe , on paffe un morceau de fer coudé
qu’on appelle un poinçon coudé, de façon qu’il recouvre
le trou qui eft dans la révolution du rouleau ,
afin que le bout de la rivure fur lequel on ne
peut frapp”er rencontrant le morceau de fe r ,, fe
rive ; & on achève de perfectionner cette rivure
en frappant fur le poinçon coudé pour qu’il agifle
fur le bout de la rivure. Quand il eft poftlble
d’entrer la rivure par l’endroit où le marteau ne peut
atteindre, on commence par faire une petite tête
à la goupille. Il faut toujours que les goupilles
foient de fer doux.
3°. Quand deux pièces ne fe touchent pas exactement
, on les joint quelquefois par une rivure
qui porte à fou milieu une graine ou boule»
4°. On fait encore des rivures qu’on nomme
prisonniers. Pour cela , on fait dans une barre de
fer ou une plate-bande un trou qui ne perce que
de deux lignes, & on effare que ce trou foit un
peu plus la ge au fond qu’à fon entrée, ce qui fe
peut faire en balançant un peu le haut du foret;
mais de plus on rétrécit l’entrée du trou avec la
langue de carpe ; on met dedans un lardon, au
bout duquel on a fait une petite tête. Quelques
coups de marteau fur le bout de ce lardon, &
quelques coups de langue de carpe auprès, fuf-
fifent pour le river affèz dans le trou, pour qu’il
n’en puiffe fortir ; & les coups de marteau qu’on
donne enfuif-e fur l’autre bout' pour le river, ne
peuvent qu’augmenter l ’adhérence du lardon.
A l’égard des liens les plus fimpies, qui ne
peuvent fervir que dans les endroits où les pièces
fe touchent, ils tiennent lieu de rivures, & ne leur
font pas beaucoup préférables.' Ils font formés par
une pièce qui porté deux petits tenons traverfant
une petite pièce quarrée qui les lie, & fur laquelle
on les rive f mais il y a des pièces qu'on lie en-
femble, quoiqu’elles ne fe touchent pas : les ouvrages
ornés de rouleaux en donnent fréqusm-
meut des exemples;.
La pièce qui embraffe & affujettit les deux pièces
un peu éloignées l’une de l’autre, eft appcllee un
lien, & mamtenant piefque toujours un lien à
cordon , à caufe des moulures dont ils font décorés.
Pour faire le corps du lien", qui embraffe les
pièces qui doivent être liées , on ajoute une fécondé
pièce appelléeVû bride du lien : élle s’àffemblë avec
le corps du lien par les pieds à rivure du lien , ou
de petits tenon.v
Dans les ouvrages propres, le lien eft une efpèce
de boîte fermée par defîùs & par-deffous.
On n’y voit point de vide, il femble entiérer
ment maffif, parce qu’on ferme le deffus & quelquefois
le deffous du lien avec deux pièces minces,
qu'on appelle les couvertures du lien : les uns les
affemblent avec le cordon par des entailles & des
tenons à queué d’aronde ; les autres attachent deux
petits étoquiaux près de chaqiie bout dé la couverture,
qu’ils arrêtent par dé petites rivures qui
paffent au travers du cordon & dais s les étoquiaux.
Les mâchoires dés étaux ordinaires ne feraient
pas commodes pour ten:r les liens pendant qu’cn
les rive ; on les met dans une efpèce de tenaille
qu’on nomme mordache, & on ferre les mordaches
dans l'étau ordinaire.
Ces mordaches font formées de deux branches
.qui font jointes, comme les forces, par un reffort
qui tend à les écarter , & par conféquent à * uvrit
la mordache ; les deux bouts font coupés quarré-
ment ,'mais entaillés de façon qu’il refte intérieurement
à chaque branche une partie pla ;é& failiante ;
ces deux parties faillantes font une ef èce de petite
table ou enclume , fur laquelle porte la pièce qu’on
veut river : c’eft un point d’appui qui l ’empêche de
defeendre.
Souvent deux rouleaux ne font tenus enfemblé
que par une barre droite , affcmtrlcs par chaque bout
avec l’un d’eux à tenons & mortaifes : ces pièces
fe nomment des entre-toi fes , terme que la ferrurerie
a emprunté de la charpenterie & de la menuiferie ,
qui les emploient an quelques cir confiances à-peu-
près pareilles.