
rao S A L
Rabot eft une douve ceintrée du fond du tonneau
qvi eft emmanchée.
Les fourneaux font très-bas, & font prèfque pofés
à rez-de-chauffée. Il y a un creux qui forme Taire,
enfoncé de zo à z$ pouces.
Crochet de fer , forte de tifard.
Les pics à démolir font les mêmes que ceux
des maçons.
Le puchoir eft un petit tonfteau contenant 6 à 8
pintes, avec lequel les faùniets puifent de la
faumure dans là tonnée pour en emplir les plombs;
il eft pour cet effet emmanché un peu de côté,
pour que le faunier prenne plus aifément de la
faumure; le manche eft long afin qu’il puilfe la
renverfec où il veut.
Eprouvette. Le petit puchoir d’épreuve eft un
petit baril de bois que Ton remplit de faumure,
dont on fait l’épreuve avec la balle de plomb enduite
de cire dont nous avons parlé;.une taffée de faumure
fuffit pour cela.
Des fontaines falantes9
On donne ce nom à des ufînes où Ton ramafle
les eaux des fontaines falantes, où oh les fait évaporer
, & où Ton obtient par ce moyen du fel de la
Viature & de la qualité du fel marin.
I l y a peu de royaumes qui ne foient pourvus de
cette richeffe naturelle. Le travail n’eft pas le même
par-tour. Nous allons parler des falines qui font les
plus à notre portée, décrivant fur quelques-unes
toute la manoeuvre, expofant feulement de quelques
autres, ce qui leur eft particulier.
Voici ce que nous favons des falines de Moyefl-
v ic , de Salmes, de Baixvieux, d’A igle, de Dieuze,
de Rofîères, & des bâtimens de graduation conf-
truits en différens endroits. On peut compter fur
l ’exaélitude de tout ce que nous allons dire.
Saline de Moyenvic.
Movenvïc eft itué fur la rivière de Seille,. à
dix lieues de Metz , entre Ive & MarfaI, à environ
demi-lieue de l’un & de l ’autre.
On ne découvre rien fur la propriété delà faline
avant Tan i zp8 , que Gérard , 68 e évêque de Metz,
acquit de quelques fèigneurs particuliers les falines
de MarfaI te de Moyenvic, & les réunit à l ’évêché.
Raoul de Couy, 76e. évêque, engagea, environ
l ’an 1^90 9 le château de Moyenvic à Henri Gil-
leux , 60 muids de fel à Robert duc de Bar, & 10
muids à Philippe de Boisfreroonr. Conrard Bayer
de Roppart, 7 7 e. évêque, retira cet engagement
l ’an 1443. Mais lui & fon frere Théodoric Bayer
arrêtés prifonniers par l’ordre du duc René, roi de
lÿ p le s & de Sicile, il en cousa pour fa liberté à
s A L’
l’évêque plufieurs feigneuries, & notamment le$
falines, que le duc lui reflitua dans la fuite. En
i f 7 1 , le cardinal de Lorraine adminiftrateur, &
le cardinal de Guîfe, évêque, laiflerent en fief
au duc de Lorraine les falines de l’évêché , moyennant
4500 liv. monnoie de Lorraine, & 400 muids
de fel. Les ducs devenus propriétaires des falines,
étoient obligés, fuivant le 70e. article du traité des
Pyrénées, de fournir le fel néceffaire à la confom-
mation des évêchés, à raifon de 16 liv. 6 fols le
muid. Enfin celle de Moyenvic fut cédée au roi par
le i z e. article de celui de 1661 mais ruinée par les
guerres , le roi en ordonna le rétablissement en
1673. Depuis ce tems, les charges fe font payées
par moitié entre la France & la Lorraine, à des
conditions [que nous ne rapporterons pas, parce
qu’elles ne font pas de notre objet.
! Les eaux falées viennent de deux puits. Le fel
gemme , dont il y a plufieurs montagnes & une in-
; finité de carrières dans la profondeur des terres ,
! eft en abondance dans le terrein de Lorraine. Les
[ eaux, en traverfanc ces carrières, fe chargent de
parties de fel ; & plus le trajet eft long, plus le
degré de falure eft confidérable. Mais comme les
amas de fel font diftribués par veines-, par couchas ,
par cantons , il arrive néceffairement qu’une
fource d’eau douce fe trouve à côté d’une fburce
d’eau falée.
Les fources d'eau falées coulent par différentes
embouchures, & donnent plus ou moins d’eau,
félon que la faifon eft plus ou moins pluvieufe.
On a obfervé, dit l’auteur inftruit des mémoires
qu’on nous a communiqués fur cette matière
, que plus les fources font abondantes ,
plus leurs eaux font falées, ce qu’il faut attribuer
a TaccroifTement de vîteffe & de volume avec
lequel elles battent alors les finuofités qu’elles rencontrent
dans les carrières de fel qu’elles tra*
verfent.
Il y a plufieurs fources falées en différens endroits
de la faline de Moyenvic. On les a raffemblées dans
deux puits, dont les eaux mêlées portent environ
quinze degrés & demi de fàlure. Le fel s’en extrait
par évaporation, comme nous allons l'expliquer.
Les eaux du grand puits fertent de fept fources
différentes en qualité & en quantité. Leur mélange
! porte 14 à i f degrés de fàlure.
Pour connoître le degré de falure > on prend
cent livres d’eau qu’on fait évaporer par le fc*
jufqu’a fîcccité, & le degré de falure s’eflime par
le rapport du poids du fil qui refte dans la chaudière
après la cuite, au poids de l ’eau qu’on a
mife en évaporation.
Autre moyen : c’eft d’avoir un tube de verre qu’on
remplit d’eau falée , & dans lequel on laide enfuite
S[ defeendre un bâton dç demi-calibre. Il eff clair que
l ’eau
S A L 1 2 l
peau pefant plus ou moins fous un pareil volume ,
qu’elle eft plus ou moins cha gée de parties falées ,
le bâton perd plus ou moins de fon^poids, & def-
cend plus ou moins profondément.
Les fept fources du g' and puits arrivent par différons
rameaux qui occupent route fa circonférence
& fourii'lïem environ deux pouces quatre lignes
d’eau ; c’cft à-dire , que, fi Tou formoit un fulide
de ces eaux fartâmes, elles foimeroicnt un cylindre
de deux pouces qua re lignes de diamè re.
Mais l’auteur ex^d après lequel nous par fi ns, -nous :
avertit que cette eftimation ne s'eft pas faite avec
beaucoup de précifion ; & il n’eft pas difficile de
s’en appercevoir : car ce n’eft pas allez d avoir le’
volume d’un fluide en mouvement , il faut en .
avoir encore la vîtefle.
Ce puits a $z piels de profondeur , fur 18
de diamètre pat le bas, & de 1 £ par le haut. Le
dedans eft revêtu d’un doüble rang de m-idrLrs,
derrière lefguels il y a un lit de courrqi qu'on prétend
être de 18 à zo pieds dépaifleur, & dont
l’ufage çft d’empêcher l ’enfiltration des eaux
douces.
On élevé les eaux avec une chaîne fans fin qui ,
fe meut fur une poulie garnie de cornes de fer ,
appelée bouc. Elle eft compofée de 180 chaînons
de 10 pouces de longueur chacun , garnis de
< en 5 de morceaux de cuirs appcllés bouteilles ,
qui rempliffenc le diamètre d’un çy indre de bois
4*icreux dans toute fa longueur appellé bufe, 8c pofé
perpendiculairement.
Les cuirs forcent fucceffvement l’eau à s’élever
dans une auge, d’où elle eft conduite dans les
.baifîoirs ou ntagafîns d’eau.
La poulie appellée bouc, eft a’tachée à une
pièce de bois pofée horifontalement, ayant à l'on
extrémité une lanteine dans laquelle une roue de
14 pieds de diamètre , & de 175 dents , vient
«engrener; ce rouage tourne fur fou pivot, &
eft mis en mouvement par huit chevaux atedes
deux à deux à quatre brandfi s ou leviers. Le pivot
eft pofé fur fa erapaudine, & airê é un-haut par
im gros asbre placé horifonrakment.
Le tirage fe'doit faire rapidement; parce que
les bouteilles ne r. mplffant pas exaékmem Je diamètre
de la bufe , l’e ?u Vetombcroit, fi le mouve-
nvnt qui Tékve n’ ét ic plus grand que celui q.u’dle
recevioit de fit pefanteur, de forte que les chevaux
vont toujours le galop. Cette machine eft fimple
& fournit beaucoup : mais il eft évident qu'elle
peut être perfidionnée par un moyen qui empê-
cheroit l ’eau élevée de monter en partie.
On peut réduire ce changement à deux points ;
le premier, à mefurer l ’extrême vîteffe avec laquelle
on eft contraint de faire mouvoir la machine.
Arts & Métiers. Tome VU.
S A I,
Le fécond, à éviter l ’inconvénient dans lequel
on eft quani il fur vient quelqu’accideot à la
machine „ & qu’il faut approvisionner les baiffoiis.
Les bou eüles dont on fe fert, font-compofoes
de quatie morceaux de cuir, entre lefquels il y
a trois bouts de chapeaux : le tout forme une
épaiffeur de 8 lignes.
Pour fixer ces morceaux de cuir aux chaînons,
il y a quatre chevilles de boi qui les traverfent;
mais quelque foin que 1 on prenne pour les bien
ajufter, le mouvement eft fi rapiie, les chocs &
les frottemens font fi viole ns, que ces morceaux
de feutre 8ç de cuir n’étant ma ntenus par aucun
corps folide, & d ailleurs humedés par l ’eau,
cèdent au poids de la colone.
Pour remédier à cet inconvénient, on pvopofe
des patenôtres de cuivre garnies de cuir. Ces patenôtres
feront compofées de deux platines d’environ
deux lignes d’épaiileur aux extrémités , revenant à
un pouce dans le milieu , non compris une elpèce
de bouton dJenviron deux pouces de hauteur, dans
lequel fera un oeillet pour recevoir le chaînon , tant
à la p a ine de deffus qu’à celle de deffous. On lait—
fera entre ces deux platines environ quatre lignes de
vuide, pour recevoir deux morceaux de cuir fort.
Ces cuirs excéderont les platines de la patenôtre
d’environ 5 lignes feulement, .pour empêcher le
corps de la bufe d’ê.re endommagé par le frottement
du cuir des pl tines qui n’auront que 4 pouces
8 lignes de diamètre. Ces cuirs feront percés quar-
rément, afin que les deux p atines puiffent s’emboîter
aifément au moyen d’un fer qui les traverfèra ,
& des deux ne fera qu’un corps. Le pied cube d’eau
falée pèfe environ 75 Ht.
Les baiffoires chôment quand la machine ne
peut travailler.
Pour prévenir les chômages, il faudroit conf-
truire une fécondé bufe en difpofànt la roue hori-
fontale , de façon qu’elie fit mouvoir les chaînes
des deux bufes à-la-fois".
Le pivot de la rou® horifontale eft placé vis-à vis
le milieu des deux bufes ; & on a joint au treuil de
la lanterne, dans les fufeaux de laquelle les dents
de là roue horifontale s'engrenent, un rouet qui au
moyen des deux autres lanternes'fait mouvoir les
boucs.
En t7?.3 on rechercha les fources d’eaux falées,
qui pouvoientfe trouver dans l’intérieur de la faline.
Dans la fouille, on-en découvrit une, dont l’épreuve
réitérée indiqua que la falure étoit de 11 degrésr Le
confeil ordonna en 1714 la conftruéUon d’un pu ts
pour fes eaux.
Ici l’élévation des eaux fe fait par un équipage
de pompe, compofé de deux corj s , l’une foulante ,
& l’autre afpirante,
1 Q
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