
jofjua ficcité ou en confiftance épaifle , & en- I
mite par le refroidiftement ils fe cryftallifent |
la plupart en aiguilles appliquées & entre- (
croilees les | unes fur les autres. Si on les J
expofe) à l’a ir , ils en attirent l'humidité & s y
refolyent en liqueur. C’efl M. Rouelle qui, dans ]
fpn mémoire de 1744, flir 1rs fels, a le premier
*ai£ cennoitre la eryftaliifation de ces Tels déli-
qmfcens, qui font le fel marin, & le nitre à bafe
de terre calcaire, de cuivre & de fer, la terre fo-
hee. du tartre, & les Tels formés par luiron de
1 acide du vinaigre & du tartre au fer & au
cuivre.
O11 fuit bien que la plupart de eës fels qui
to cryfialLf-nt fi difficilement, font très-aifés à fé-
parer d’avec les fels plus cryflallîfables avec lef-
quels ils peuvent être mêlés, puifque dans les
évaporations & refroidifTemens ils font toujours les
démit rs à fe cryftallifer.
N Deux de c e s j e / s favoir le nitre & le fel marin
a bafe de terre calcaire, fe trouvent mêlés avec
le nitre & le fel mar n à bafe d’alki fixe, tous
les deux dans les ieftives de falpêtriers, & le dernier
dans prefque toutes les eaux qui tiennent naturellement
du fel commun en difTolution. De là
Vient que, lorfqu’on frit les opérations.convenables
pour obtenir le mtre & le fel commun, il refie
après toutvs lès évaporations & cryUallifàtions une
liqueur tres-pefante & très-falée1, qui refufè de donner
des cryftaux, & qu*on appelle eau-mere. Ges
eaux-meres du nitre & du fel commun ne font ;
donc que ces fels à bafe terreufe prefque tout purs ; i
& fi l’on vouloit abfolument les faire cryfiall fer,
il faudroit avoir recours à la méthode indiquée par
M. Rouelle dans le mémoire qu’on vient de citer.
Mais ce n’eft pas là de quoi on doit s’embar-
rafier beaucoup; il eft bien plus important de
purifier exactement le nitre, & le Tel commun,
d’une portion de ctf fel à bafè terrëufe qui lui eft
adhérente.
Les chymîfies ont déjà beaucoup travaillé fur la
eryftaliifation des feis, & M. Rouelle en particulier
a fait un grand nombre de recherches intéref-
fantes fur cët objet, comme on peut le voir dans
fon mémoire de 1774 î mais on peut dire que. malgré
cela, il refte ' encore beaucoup plus à faire
qu’on n’a fait. Il
Il s’en faut bien qu’on ait déterminé la véritable
forme de tous les fels fuicepibles de ciyftallifa- |
tion , & qu’on ait fixé la manière de les fai:e cryf-
fâliifèr ; ce qui ne paroîtra pas étonnant à ceux
qui connoifîent cette matière, & qui lavent qu’un
feui & même fe l, quoique tendant cor.ftamment à
la même forme, eft cependant capable de fe dér !
guifer de mille manières, & de prendre une infinité
de formes toutes, différentes, fuivant les cir- i
confiances qui peuvent concourir à fa crifiàllifa-
tion.'
La promptitude ou la lenteur de l’évaporation,
la quantité d’eau évaporée, le refr^idiffement plus
ou moins prompt & les différens degrés, l’état de
l’a r & de la liqueur par rapport au repos & au
mouvement, la forme même & la matière du vafe
dans lequel fe fa t la cryftalli'ation , font autant
de eaufes qui, pouvant agir fuccrffivement, ou fe
combiner enfemble d’une infinité de manières ,
apportent des variétés fans nombre à la cryftai-
lifation.
De toutes les eaufes qui peuvent faire varier
la eryftaliifation, c'eft la nature du vafe à laquelle
on feroit porté à faire le moins d’attention ; cependant
il eft certain que cela peut influer beaucoup
à caufe de l’adhérence plus ou moins g ande
que les fels peuvent avoir avec les matières dont
ce vafe eft formé.
On peut juger auffi, par ce qui été dit de l’aâjon
qu’ont plufieurs Jets neutres les uns fur les autres ,.
que quand de tels fels fe trouvent confondus en-
fèmble , ils occafionnent réciproquement des dif-
ferejices considérables dans leur eryftaliifation.
Il y a encore une autre maniéré de faire cryftallifer
le^ feîs ^ qui ne confîfte ni dans l’évapora^
4tion ni dans le refroidiftement, mais qui revient
toujours enleveT au fel la portion d’eau qui le tient
en diffolution. On parvient très-bien à dccafîon-
11er cette forte de cryfta’lifàtion , en ajoutant, dans
une diffolution de fel une fuffifante quantité de
quelque fubfiance qui n’a t aucune aétion fur c e
f e l , mais qui ait plus d’affinité que lui avec l’eau
dans laquelle il eft difïous.
L’efprit de v in , par exemple, a ces propriétés,
par rapport à un grand nombre de fels ; ainfi, en
ajoutant une fuffifante quantité d’efprit de vin tec-.
tifié dans une -difTolution bien chargée de fc ls de
Glauber , de tartre vitriolé, de 111 marin ; cefe.
efprit de vin, en s’emparant dç l ’eau néceffaire à
la d-ffolution de ces feîs, les oblige à fe çryftalr’
lifer fur-Je-champ : mais comme cette cryfiàili--
fàtion fe fait très-précipitamment,, & pour ainfk
dire en un moment , les-pryfiaux ^font- toujours,
extrêmemens petits & mal conformes..
Ils reffemblent à cet égard aux cryfiaux, des f is
que l ’on produit dans une liqueur qui ne qonlenfc
point allez, d’eau pour les tenir en diffoluttou t
cela arrive, par exemple , lorïque’Tohcombine
une diftolutipn de fëi alfeali bien, chargée, avec
de l’acide vitr;olique concentré ,■ pour former dit
tartre vitriolé : ce fel.qui demande beaucoup d’eau
pour fa diffolution , n’en , trouve point ,afiez dans1
la liqueur , Si. paroît fur-le-champ en. firme de
cryfiaux très-petits qui reffemblent à du fablou.
Ou peut dire la même cliofc. des vitriols ds
lune & de mercure , de la lune cornée, & de plusieurs
autres fels métalliques de cette efpèe, qu'on
produit par l ’addition des acides vitriolique & marin
dans la difTolution des métaux blancs par l ’acide
nitreux.
Ces fels paroiffent afiffi-tot fous la forme d’un
précipité, tou es les fois qu’il ne fe trouve point
affez d’eau dans les liqueurs pour les difîoudre ;
■ & 2V1 • Rouelle remarque très-bien dans fon mémoire
fur les fels , que ce ne font point là, à proprement
parler, des précipités, mais de vrais fels
qui, ne trouvant point affez d’eau pour être diffous,
font forcés de fe cryftallifer fur-le-cbamp , mais
en cryfiaux fi petits à caufe dç la rapidité de la
eryftaliifation, qu’on ne peut les reconnoître pour
de vrais cryftaux „ qu’à l ’aide du microscope;
Ma'gré tout ce qu’on vient de dire fur l’irrégu^
larité de la eryftaliifation qu’on procure par l’addition
d’une fubfiance qui s’empa'e de l’eau de la
diffolution des fels, fi cette addition étoit ménagée
& fe faifbit par degrés, peut-être feroit-elle
capable de produire des cryftaux très-beaux & très-
régu iers : ce qu’il y a de certain, c’eft que M.
Baume a obf rvé que, lorfque certains fels fe cryftallifent
dans les liqueurs ac’de ou alkalines lujvnnt
leur nature, leurs cryftaux' font infiniment plus
gros & plus réguliers qu'ils ne pourroient l ’être
fins cette circonftance.
Le fe l -végétal, par exemple, & le fel de fa‘-
gnette, demandent à être cryftalffcs ainfi dans
une liqueur aikal.ne , & le fel fédatif dans une
liqueur acide, lorfqu’on le retire du borax par
l’intèrrnède d’un acide, fi l ’on veut obtenir de
beaux cryflaux-de ces fels.
Cela ne peut ven'r que de ce que la préfence
des acides ou des alkalis, qui en générai ‘>nt plus
d’affinité avec Beau que les fels n utres, diminue
1 adhérence de ces derniers avec l’eau de cette
diffolution : car on fent bien que la trop g'ande
adhérence d’un fel avec l’eau qui le tient diffous,
peut apporter un très-grand obftacle à fà cryf*
tailifation.
L ’air doit produire auffi des effets remarquables
dans la çryftallilacion des fels , il' paroît même
qu’il entre dans les cryftaux de certains fels : car
M. HâU"s en a retiré des quantités affez confiâé-
rables de plufieurs fels neutres.
Enfin, plus on obfervera les détails de la cryf-
tall faîion, plus on y découvrira de phénomènes
&'de circonftances dignes d’attention. M. Baume
en a déjà indiqué plufieurs, & en particulier fur
des répulfîons qu’il a cru appercevoir ; mais je ne
m’engagé ai dar.s aucune difcüffion fur ces. objets,
parce que la plupart demandent à et:e confirmé-s
par de nouvelles recherches, & parce que je préfume
qu il fe;a toujours faci'e de rapporter aux
principes fondamentaux expofés dans cet article,
toutes les découvertes bien confiatées par l'expérience,
qu^on pourra faire fur la eryftaliifation.
Cryfiaux.
L e s chymifies d onnent a f fe z communément le
nom de cryftaux à rom les fe ls neutres à b.èfe
m é ta lliqu e fufceptiblcs de e ry fta liifa t io n , lo r fq u ’ iJs
font en effet c ry fta llifé s , en y jo 'gnant le nom
du- m é ta l con tenu dans le f e l ; de là font v enu s
le s noms de c ryftaux d’o r , d 'a r g e n t , de c u iv r e ,
de plomb , & e . Ma is com m e ces dénominations
n’indiquent en aucune man iè re l ’e fpè c e d’acide qu i
entre dans la Gompofition du f e l , i l eft à propos
d’abandonner ces noms & de ne s’e n p o in t fl r-
v i r . O n pa rlera feu lem en t i c i de deux de. ces fels
défîgnes par le nom de c r y f ta u x , parce q u 'ils font
très-connus fous Cette d énomination q u i leu r eft
en que lque fo rte ç on fa c r -e ,• ce font les c ry ftau x
de lun e & les c ry ftau x de Vén us*
• Cryfiaux d'argent ou 'de lune.
Les cryftaux de lune font un fel neutre à bafe
métallique , compofé de l’acide nitreux uni jusqu’au
point de faturation av'X l ’argent.
Lorfqu’on diftout de l’argent très-pur par de
l’acide nitreux auffi très pur, fi cet acide eft fort,
on s apperçoit que lorfqui! a diffous une certaine
quantité d’argent, il fe forme beaucoup de cryftaux
dans la difTolution par fon feul refroidiftement.:
ces cryftaux fsnt blancs, applâtis en forme
d’écaiiles minces , & ont peu de confîüance.LorP-
que l ’acide nitreux dont 011 fe fert pour diffoudr©
l’argent eft phlegmatique , la eryftaliifation. n’a
point lieu, quoiqu’il Toit faturé d’argent, à caufe
de l ’e iu qui refte & qui eft fuffifante pour retenir
le nouveau fel en d'flblution, parce qu’il eft: fort
diffoluble; mais dans ce cas il eft facile d’obtenir
des criftaux dé luré en faifant évaporer l’eau
furabondante, & laiffant enfuite refroidir la liqueur.
On pourroit auffi obtenir des cryftaux de lune
très-beaux & très-blancs ,' quoi qu’on eut employé de
l’argent allié de cuivieou de fer, parce que les fels
que ces deux métaux forment avec l’acide nitreux,
fort déliquefeens , & ne fe ' cryftallifent pas à
beaucoup près auffi facilement que celui qui a l’argent
pour bafe.
On peut donc dans ce cas faire évaporer la diffolution
, fi elle en a befoin ; l’argent diffous fe
cryftallifera par le lefroidiftiment, tandis que le
fer ou le cuivre relieront en difTolution. En décantant
laliqueur colorée de déifias les cryftaux , on
les trouvai a affez blancs & prefque purs ; mais
pour achever de les purifier, il eft à propos,
ap’ès les avoir bien égouttés, de les rediffoudre
dans de l’eau très-pure, & de les faire ciyftal*