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^er , on les definie fur des feuilles de tôle , qu’on
evide & qu’on applique enfuite fur une plaque de
fer fur laquelle on exécute le deffein avec le ci-
feau ou de petites limes, & on les finit en leur
procurant un beau poli. -
Communauté.
L’art de la ferrurerie qui certainement efî un
des plus anciens, puifque c’eût un des plus né-
cefïàires, efl établi à Paris en corps de jurande
depuis l ’année 1411, fous le règne de Charlès VI.
Les fiatuts que ce prince donna aux maîtres
ferruriers ont été confirmés par François I , enfuite
changés & renouvellés par Louis X lV j dont les
lettres-patentes en datte du 12 décembre 1652,
ne furent enregiitrees au parlement que le 27 janvier
16^4.
-, c es nouveaux fiatuts compofésde 68 articles contiennent
une énumération détaillée de tous les
ouvrages que les maîtres ferruriers peuvent fabriquer
ik vendre.
11.y efl dit que la communauté fera gouvernée
par quatre jurés & par un fyndic, lequelaunei.nl-
ped on fur les jurés mêmes dont les vifîtes d’obligation
chez les maîtres font réglées à cinq
par an.
L ’apprentifîage efl de cinq ans, & le compa-
gnonage du meme nombre d’année^ pour les
apprentifs de Paris. Mais pour les apprentifs des
autres villes qui veulent fe faire recevoir maîtres
à Paris il efl de huit années.
Les maîtres ferruriers de. Paris ont droit de maî-
trife dans toutes les autres villes en faiîant enre-
giilrer leurs lettres au greffe du lieu où ils veulent
exercer.
Nul maîtrej apprentif ou compagnon ne peut
faire ouverture d'aucune, ferrure, qu-en préfence de
celui à qui elle appartient, à peine de punition
corporelle : il leur eil défendu fous les.mêmes
peines de faire des clefs fur des moules de cire
& de terre, & autrement que fur les ferrures mêmes
pour lefquelies elles font d.flinées.
Suivant la déclaration de 1726, il efl défendu
aux ferruriers de fabriquer des ufienfiles, machines,
balanciers & outils fervant aux' monoo i.es fous
peine de mort., fans une permifïion expreffe des officiers
des monnoies.
Les veuves, les filles & les gendres des maîtres
jouiffent des mêmes privilèges que dans les autres
corps.
On compte à Paris environ 55o't maîtres ferruriers.
Par l’édit du 11 août 1776, ils font réunis au corps
des taillandiers-ferblantiers & des maréchaux grofw
fiefs. Et les droits de leur réception étoient fixes
à 800.
Voila quel étoit l’ancien régime des ferruriers
Serrurerie,
Pour donner à cet art fi important & fi répandu
la jufie étendue qui .lui convient, nous devons
avoir recours aux excellentes recherches de M. Duhamel
du Monceau; & nous extrairons entre
beaucoup de traités 5 eec égard, principalement
celui que cet illuflr- académicien a publié en
1767 iur la ferrurerie. Novs y ajoureions. aufli
quelques ôbferya-ions utiles & de pratique que
nous trouvons dans le recueil des arts imprimé à
Neuchâtel en 1776,-
Il faut d’abord faire connoître les différentes qualités
du fe r , comme étant la matière fur laquelle
le ferrurier doit travailler.
Nous entrerons enfuite dans la boutique de l’ouvrier
pour examiner fes outils, & pour fuivre les
procédés de fon art.
Nous parlerons des charbons que le ferrurier emploie
pour la. foute.
Nous, dirons comment on doit forger, fouder,
brafer , limer le fer.
Enfin nous donnerons les détails des principales
opérations du .ferrurier, & des ouvrages
les plus ordinaires de ferrurerie.
Des fers & du choisi quon en doit faire,'
Avant que d’employer le fer , il faut que le
ferrurier connoifie fa nature, & qu’il apprenne à
en d flkiguer les differentes qualités ; car fuivant
l’efpèce d’ouvrages ' qu’on doit travailler, il convient
d’employer différentes qualités de fers, les
uns doux ôc ies autres plus fermes.
D’ailleurs tous les fers ne doivent pas être travaillés
de la même manière : les uns veulent être
plus chauffés .que d’autres.
Toutes ces'cbimoiffançes. font donc effentielles à
un ferrurier. ‘ \
O r , on peut, à l’examen du fer en barre, acquérir
quelque c.onnoifiance fur fa qualité i mais
on en efl encore plus certain quand on examine fon
grain après qu’il a'été rempli : c’efl ce que nous
allons enayer de rendre fenfible.
Il faut d’abojd s’informer de. quelle mine vient
le fer: , fi elle efl douce on caffante ;. Car quoiqu’il
arrive “que dans une même ming , ®u ujig même
forge, il: fe trouve des fers plus aigres les uns
que les! autres , l ’ordinare efl'que tous les fers
d’une même forge font d’une qualité approchant
Par exemple , à Paris on -regarde les fers de
Berry, comme étant plus doux que ceux qu’on
nomme de roche, ou que ceux qu’on appelle fers
communs, quoiqu’il fe trouve des fers de roche qui
font fort doux.
Après ce qui a éré dit dans le tome 11 de ce
didion.naire",-â l’article du F er &. des G rosses
Forges , on fait qu’on fond la mine dans de grands
fourneaux, qu’on'coule le fer en gros lingots ap-
pellées. gueufes, auxquels on do'- ne dans le fable
la forme d’un piïfme'triangulairedu poids de quinze -
à dix-huit cents livrés & plus.
On porte la gueufe à l’affinerîe, où on la fait
chauffer fondante ; on là ramaffe; on jette du fable
deffus, & on la gaffe f^usle. gros mai teau ,. où on
la bat d’abord à petits coups pour rapprocher & ■
fouder les parties les, unes avec,, les autres.
Quand cette loupe efl: refîîiée, c’efl à-dire, quand
par lës coups de marteau on eh a fait fortir le
laitier qui étoit interpofé entre les parties de fér ,
on frappe plus fort pour.étirer’ le métal en greffes
barres d’environ trois pieds de longueur ; enfuite
on les fait repafîir à la forge, pour leur 'donner
differentes fomies , à !a demande des marchands.
On ne rappelle fommairenient ce travail 'qui a
été bien détaillé a'lleurs , que pour qu’on fâche j
que quand il fe trouve dans lè fer des grains fi durs 1
que la lime- né peut mordre deffus , 6c qu’on efl :
obligé-de les emporter avec un cifeau ou un burin , ;
c’efl prefqhe toujours parce que le fera été mal tra- j
vaille par l’affineur, , a
Quand les barres font longue? & menues, le fer- j
rurier qui choifit du fer, les foulève par un bout, &
les fecoue foitement : quelquefois elles font fi aigres,
qu’elles fe rompent.
11 efl rare que les barres ne puiffent fupporter ’
cefte épreuve ; c’fcfl pourquoi. 011 leur en fait éprouver
une pljus forte : on les drefïe fur un de leujps i
bouts. ; & on les la'ffe tomber fur le pavé; les fers
■ fort aigres fe rompent.
Cependant ces preuves neToht, ni fuffifant:s, ni
bien jufles. Une baire de fer Rendue fqus.je.marteau
& rebattue à l’eau, devient dure & eaffant.-. Il
feroit impoffible de la lai-fier tomber, fins la caffer.
Cependant, fi l ’on prend, foin de ia faire .re.cuire ;
a un très-grand fçu, elle peut devenir le meilleur
fèr pour la ferrurerie. j
Si en examinant attentivement la furface dés:
barres, Op apperçoit de petites geVcss qui les t'ra-,
verferit, c’eft .une marque que le fer n’a pas-é^é j
fuffifaminent corroyé , qu’il rient d.e fa nature du fer!
de gueufe, & qu’i l fè,ra rouvè’ ain, c’efl-à-dire ,
caffant à chaud & .difficile à forger.
Si âu contraire On apperçoit de petites veines
noires qui s’étendent fuivant la longueyr.de la barre,
c’efl une marque que le fer a été bien étiré ; car il
efl certain que par la.façon dé ba:tre le fer fous Je
marteau , en lui donne du nerf, ou on lui ôte cette
quaü é s’il l'avoir; eh terme de ferrurier on le
corrompt.;
C ’efl à, force de le chauffe.r mal-à-propos, qu'on
ôte le nerf au f.;r ; en forte qu’il n’-eff-, plus lié &
q'ftl ç;ilT: • La même chpfe. arrive ,'(i.l’ouvrier ne
fait pas le tourner comme il faut en J’ étendant.
Il efl toujours avantageux que le fer né foit point .
pa-lleux.
On connoît encore mieux la qualité du fer en
examinant ion grrin ; pour cela: il faut le rompre.
On prend, donc un cifeau bien trempé , & ayant
placé la barreide travers fur l ’enclume , on fait une
entaille à grands''coups de marteau; puis faifant
porter à faux le'barreau fur deux morceaux de frr
qu’on met à lîx pouces l’un de l ’autre fur un billot
de bois, & frappant à grands coups de marteau fur
l ’entai-ilv , on rompt-le barreau.
D’abord , quand on efl obligé de tourner en
différens feus le ba teau.pour le rpnipre, quand il
plïe Tous les coups :de marteau!,- quand Ces coups
font marqués par de forfedim; reffiôns, on eft céru
tain que le fer efl doux au moins à froid. Au contraire
iTeft aigre, fl dè; ies premiers coup^la barre
le fépare. ‘
’ S* la rupture efl Btüllahrê ;‘fi élle:Ilt- rhan.-iv formée
de grandes paillette; comme des morceaux de
talc, on eft.çertaiji que le.fer efl fort aigre, qu’il
fera dur à la lime & difficile,à manier foSs le marteau
, tant à chaud qu’à , f r o id q u ’il fera tendre à
U chauffe, & qu’il fe btfillra aifémer.t ; quelques-
fois meme, au lieu de s’adoucir fous le ma;teau il
en devis ndra plus aigre.
L ’expérience contredit quelquefois'Cette-obfer-
vation. Le fer, dont la rupture efl huilante ne
;fe laiife pas. airéinént corroyer- il efl tendre à la
chauffe , mais il ne fe brûle pas pour cela plus que
d’autre fer.
Il_ arrive auffi que le fer fe. brife à froid 1 s’il
a été mal paffé à la chauffé ; mais il n’en efl pas’ plus
dur pour .cela. Là groffeur. des grains les empêche
de fe lier enfpmble en paffant à la chauffe.
Quandj,1e fer.efl de mauvaife qualiié, à caufe
de fa dureté;, il pourra feulement, être employé en
■ gros fer dans les circonffances où il efl expofé à des
frotteniejis,
II,y a des fers qui fe montrent moins blancs »
moins brillans .que les précédens, parce que leur
g ain efl moins gros : ils. ne font pas fi aigres, ils
f= chauffent mieux;& coinme ils ne font pasroo’ 'is
les maréchaux les éftiment, & les ferruriers les emploient
feulement' pour les ouvrages qui doivent
1 reflet noirs, parce qu'ils font dur; à la lin e 3c