
82 S E R
vis font imprimés dans l’intérieur de la filière, £?
il ne refte plus qu’à la tremper.
Les vis & les écrous fe font comme les tarauds
& les filières : toute la différence confifte en ce
qu’on fait les vis & les écrous avec du fer ; au lieu
que la portion des tarauds & des filières oit (ont
formés les pas de la vis , doivent être d’acier
trempé j foit qu’ils foient faits fur le tour ou à la
filière.
Alors ils fervent à faire des vis & des écrous dans
le fe r , qui eft plus mou que l’acier trempé.
Mais de plus on péut faire, & les Jfyruriers font
le plus ordinairement, les tarauds avec des filicres,
& les filières avec des tarauds; & ces féconds tarauds
leur fervent enfuite à faire des vis 3c des écrous
dans le fer.
Ce gui exige en cela le plus d’attention , eft de
proportionner la grofleur du cylindre qu’on veut
pafler dans la filière, à la grofleur du trou : s’il étoit
trop menu , les pas neferoieut pas afîez. profonds,
3c les filets feraient interrompus ; s'il étoit trop gros,
• comme il éprouverait trop de réfîflance à pafîer
. dans la filière, il fe tordrait & courrait rifque de fe
rompre.
La grofleur du cylindr^ qu’on veut paflèr à la filière
, doit être égale à l’ouverture de la filière
prife au fond des pas de la vis.
Quand les ferruriers doivent faire beaucoup de vis
d’une même grofleur, ils percent dans un morceau
de rôle un trou qui leur fert à calibrer les cylindres
de fer qu’ils veulent tarauder.
Il y a quelque avantage, fur-tout pour les petites
' vis, à fe fervir de filières brifées ou formées de deux
pièces, les trous de la filière étant percés à moitié
dans une pièce & à moitié dans une -autre.
En rapprochant plus ou moins des deux pièces,
on diminue le trou à mefure que le pas fe forme :
\ de cette façon , on fair fans effort les vis , & on
ne fatigue ni la filière, ni la vis que l ’on fait.
Il eft fouvent commode d’avoir des pas de vis plus
ou moins gros & plus ou moins fins, percés dans une
même filière ; mais ces filières ne fervent que pour
de petites vis.
Quand on veut former de grofles vis ou des filets
dans un gros écrou, il faut employer beaucoup de
Force : c’eft pourquoi on fait le tourne-à-gauche fort
long, pour avoir un grand bras de levier.
En ce cas il faut que la filière , ou le taraud,
foient bien fermement aflujettis, ainfi que la vis ou
l ’écrou qu’on veut tarauder. C
Pour cela, on afliijettit le taraud ou l’écrou dans
le tourne-à-gauche, de manière que le bras de levier
porte une vis qui feri;e l’écrou ou le porte-taraud dans
1$. boîte.
S E R
Un barfeau de fer fert à ferrer la vis du
levier.
Pour tenir bien ferme la pièce de fer qu’on veut
tarauder, on a dans les grandes boutiques une espèce
d’étau fort bas & t/ès-fort, qui eft ferré par deux
vis ; & l ’on afliijettit le boulon ou la pièce de fer
dans laquelle on veu'. faire un écrou, entre les deux
mâchoii es de cette efpèce d’étau ; cec étau porte fur
deux forts piliers de fer de deux pieds & demi de
haut, dont le bout d’en bas eft reçu dans une forte
pièce de bois qui eft feehée en terre.
La folidité de ces piliers eft encore augmentée
par des areboutans ; & les deux piliers font immobiles,
ainfi que la mâchoire qu ils portenc à leur
bout d’en haut; la mâchoire qui eft mobile, porte
deux ailes qui embraflent la mâchoire fix-e, & re-
pofe fur les talons.
Il eft fenfîble qu’en tournant les deux vis , on
rapproche la mâchoire mobile de celle qui ift fixe,
& le fer qu’on mec entre-deux eft aflùjetti très-
fermement : alors deux ouvriers placés aux bras des
leviers du tourne-à-gauche, ont beaucoup de force
pour faire agir le taraud« ;
Des gros ouvrages en fer.
Après avoir donné quelques principes généraux
fur la ferrurerie, il faut entrer d im des détabs , &
commencer par les ouvrages les plus groffiers, qui
font en état d’être mis en oeuvre au Forcir des mains
du forgeron, fans être réparés à la lime.
On a dit que le ferrurier travailloit pour la fiabilité
, la fureté & la décoration des bâtimens r
mais nous nous propofons de ne parler préfente-
ment que des ouvrages qui contribuent à leur fo-
lidité ou fiabilité ; ainfi nous allons détailler les
pièces qu’on forge pour rendre plus durables les
ouvrages de maçonnerie & de charpenterie.
Nous dirons enfuite quelque chofe de quelques
gros ouvrages de forge qui font employés pour la
conftruôion des vaiffeaux.
Des gros fers pour les bâtimens•
Eour entretenir les murs de face dans leur à-
plomb’ , on les lie avec les murs de refend par des
tirans & des ancres.
On appelle ancre un morceau de fer qui s’applique
fur l’extérieur du mur qu’on veut retenir,
& qui entre dans une- boucle qu’on a faite à un
tirant.
L ’ancre eft quelquefois droite, & en ce cas elle
n’eft autre chofe qu’un barreau d’un pouce ou dix-
huit lignes en quarré, auquel on foude un talon ,
pour qu’il ne coule point dans la boucle du
tirant.
S E R
'On a perfeâionné les ancres; & pour les mettre
en état d’embraffer une plus grande étendue du
mur qu’on veut retenir, on en a fait en Y ou en S ,
( ou en X .
Pour faire les ancres en Y , on foude un barreau
de fer quarré au barreau, puis on enroule la branché
qui fait le prolongement du corps de l ’ancre, & on
enroule de même en fens contraire la branche
qu’on a foudée au corps de l ’ancre.
Ces enroulemens fe font fur la bigorne, ou pour
l ’ordinaire dans des. fourchettes avec des griffes:
enfin on foude le talon , & l’ancre en Y eft finie.
Pour faire l’ancre en S , on fait deux enroulemens
& on foude un talon.
II dépend de l’adrefle de l’ouvrier A i donner à
l ’S un contour agréable.
L’ancre en X fè fait avec deux barres de fer
que l’on courbe par les extrémités ; on les joint
par le milieu , où l’on foude un talon.
A F égard des tirans, les plus fîmples t ceux qui
coûtent le moins, mais aufli les moins bons, ne .
fonr qu’une bande de fer plat, dont on relie le bout
fur un mandrin d’une g ofleur proportionnée à celle
de l’ancre.
On foude l ’extrémité de la partie recou i bée
avec le corps delà barre, pour former une boucle ; i
on donne enfuite une bonne chaude, & faififfant le ;
corps de la barre avec deux fortes griffes, en tor- ■
dant on fait le pli qu’il faut effayer de faire le
plus long qu’il eft poflible, pour moins corrompre
le fer.
Moyennant ce pli, on peut clouer la partie droite
fur une poutre , & alors on termine le thant par
un talon, comme le harpon.
Si on met à l’autre extrémité de la même poutre
un pareil bout de tirant ou un harpon avec fon
ancre , les deux murs oppofés feront aflez bien lies
l’un à l ’autre; mais la liaifon eft encore plus parfaite
quand la barre ou le corps du tirant traverfe
tout le bâtiment.
Souvent, pour que rien fie paroifle, on noie i
cette barre dans un mur de refend, & fancre dans •
celui de face.
Quand les tirans ne trave-font pas toute la lar-
geurdu bâtiment, on les termine par un fcellement
en enfourchement, comme le harpon, afin qu’ils
fe lient mieux avec le corps du mur.
Les talons fe font ou dans l’étau ou fur le bord
de l’enclume; à l’égard du fcellement, on fend la
barre avec la tranche, & on ouvre un peu les deux I
çêtés qu’on a féparés* i
S E R 383
Quand ces tirans manquent, c’ eft; ordinairement
par la partie où le fer eft corrompu.
On éviterait cet inconvénient en mettant la
barre du tirant de champ , ou dans le mur, ou fur
une des deux faces verticales d’une poutre : mais
un défaut de ces t rans qui fubfîfteroîi toujours,
leroit qu’on ne pourrait pas les bander avec force
dans le fens qui convient pour rapprocher les murs
l ’un de l’autre; c’eft l’avantage qu’on fe procure au
moyen des chaînes fîmples, ou par les chaînes qu’on
1 nomme à moufle•
Pour faire les chaînes fîmples, on forme un en-
, fourchement ; & au bout de chaque branche, on
fait, fur un mandrin quarré plus large qu’épais,
r une boucle foudée; on en fait une aufli au bout
de la barré, & mettant cette boucle entre deux
’ autres, on les traverfe toutes trais par une forte
clavette qu’on forme un peu en coin, pour qu’en
la chaflànt les chaînes foient tendues.
Pour faire les chaînes à moufle on recourbe le
bout des barres, & fi l’on veut, on foude les bouts
recourbés , enfùite on fait des chaînons ; le bout
d’une des1 barres s’accroche dans le chaînon , on
place le crochet de l’autre barre entre les deux
crochets du chaînon ; & au moyen de la clavette,
qu’on chafle à force, la chaîne à moufle eft bien
tendue.
Ces chaînes font très-bonnes, & elles feraient
encore meilleures, fi l ’on foudoit aux corps des
barres tous les'bouts recourbés; mais elles coûtent
plus que celles dont nous avons parlé d’abord.
On choifit, pour faire les chaînes, les bandes
de fer les plus longues qu’on peut, afin de mettre
moins. de moufles on chaînons , parce que cette
partie coûte plus que le refte.
I! ferait bon que les chaînes fuffent faites avec
du fer doux ; & fi le fer étoit aigre, on fonderait
du fer doux aux endroits où l ’on doit faire
les boucles', pour que ces endroits étant mieux
foudés, ne rompiffent point. Quand les barres font
trop courtes, on les allonge en en joignant deux
enfemble ; mais alors le fer eft un peu corrompu
aux plis.
Il y a de petits tirans de moindre conféquence
qu’on nomme harpons. S’ils aboutiflent à une pièce
de bois à laquelle on puiffe les attacher, on les
termine par un talon; s’ils aboutiflent à un mur,
on les termine par un fcellement.
Il y a des t'ges de cheminées qui, s’élevant
fort haut au-defîus des croupes, courraient rifque
d’être renverfées par le vent, fi elles n’étoient
pas affermies par des chaînes ou tirans qui tra-
verfent l’épaifleur du tuyau, & auxquels on ajoute
des ancres qui s’appuyent fur les deux faces op-
pofées des cheminées. On fait ces ancres, ou en S,
ou en X , Les S font retenues par la grande boa