Son calice eft formé par plu fleurs fpates, partiales
, Amples , & qui tombent. La fleur èft un
pétale irrégulier, dont le tuyau eft-fort étroit.
L e pavillon eft découpé en trois parties , longues,
aiguës, évafées & écartées.
Le neétarium eft d’une feule pièce ovale , terminée
en pointe, plus grande que les découpures du
pétale , auquel il s’eft uni dans l’endroit oit ce
pétale eft le plus évalé.
Les étamines font au (nombre de cinq , dont
quatre font droites , grêles & ne portent point de
fommets. La cinquième qui eft plantée entre le
neftarium , eft longue , très-étroite, ayant la forme
d’une découpure du pétale & partagée en deux a
Ion extrémité, près de laquelle fe trouve le
fommet.
L e piftil eft un embryon arrondi qui fiipporte
la fleur, & pouffe un ftil de la longueur des
étamines, fiirjnonté d’un ftygma Ample & crochu.
Le péricarpe ou le fruit eft cet embryon qui
devient une capfule arrondie à trois loges féparées
par des cloifons. Cette capfule contient plufîeurs
graines.
L a racine, du fafran des Indes mûrit & fè retire
de la terre après que les fleurs fe font féchées.
Cette plante eft fort cultivée dans l'orient pour
l ’ufâge de (a racine, qui fert à afiaifonner la
plupart des mets ; les orientaux ufent aufli des fleurs
pour en faire des pommades dont ils fe frottent le
corps.
On regarde encore le fafran des Indes comme
un puiffant remède dans plusieurs maladies de
femmes.
Enfin les indiens l’emploient fouvent dans la
teinture.
Il y a une autre -efpèce de fafran des Indes que
fbn furnomme rond, & que les portugais nomment
rai% de fafrao. On ne le trouve point dans le commerce.
C’eft une racine tubéreufe, un peu ronde, plus
groffe.que le pouce, compaâe, charnue, chevelue
au-dehors, jaune en-dedans.
Cette racine étant coupée tranfverfalement, a
différents cercles, jaunes, rouges, de couleur de
fafran.
Elle imite le fafran & le gingembre par fon
goût & fon odeur , qui font cependant plus foibles
que dans le curcuma long ; elle en a aulïi les .mêmes
vertus, mais bien inférieures«
SAFREj
SAFRE, SMALTE, BLEU D’EMAIL.
( Art du )
O N nomme ainfi un verre coloré en bleu par
le moyen du cobalt.
On fè fert du fafre pour faire du bleu d’empois, &
pour peindre en bleu fur la porcelaine, fur la
fayence, & fur l ’émail. On emploie encore le
fafre pour imiter les pierres, précieufes, opaques
& tranfparentes, telles que la turquoife, le lapis,
3e faphir.
Ces différens fervices que le fafre rend aux arts,
nous engagent à faire connoitre , autant qu’il eft
poflible, fa nature & fa compofîtion.
M. Brandt, favant chymifle fuédois, regardoit
le cobalt comme un demi métal particulier dont
Je caraftère diftinétif eft de colorer le verre en
bleu, mais plufîeurs chymiftes ont fait de nouvelles
expériences pour approfondir la nature de ce
minéral fîngulier, & ils en ont porté un jugement
tout différent de celui de M. Brândt, & des per-
fonnes qui ont adopté fon fentiment.
La plupart des mînéralogiftes & métallurgiftes
allemands, refufent de regarder le cobalt comme
un demi métal particulier, & préfendent que la
fubÀance réguline que l’on tire du cobalt eft une
combinaif-'n.
M. Lehmann, dans fa minéralogie, publiée
en allemand à Berlin, en 1760, dit que le cobalt,
fbnt on fait la couleur bleue, abftsatftion faite de
l’arfenic qu’il contient, ne peut point donner ni un
métal, ni un demi métal, de quelque façon qu’on
s’y prenne, mais en fe vitrifiant avec un fel
alkali & une terre vitrifiable -, il s’en précipite une
fubftance appellée Jpiïff, qui reflemble à un demi
métal ; mais qui réellement n’eft qu’une combi-
naifon de cuiv re ,'d e fer, d’arfenic, & d’une
terre propre à colorer en bleu»
Le même auteur ajoute i° . que la matière colorante
qui fe trouve dans lé cobalt qui donne du
fpeiff eft quelque chofe de purement accidentel ;
c’eft pour cela qu’elle fe fépare de la parte ré guline
, tan: par la vitrification, que par d’au'res
opérât ons chimiques.; & même fi l’on fait fondre à plufîeurs reprifes le fpeifl, produit pa>-le cobalt
avec du fel alkali & du fable, il perd à la fin
toute fa propriété de colorer en bleu.
i®. On peut s’aflurer de ce qui entre dans la
compofîtion de la matière réguline du cobalt qui
donne le bleu; pour cet effet l’o,n 11’a qu’à prendre
Arcs & Métiers» Tom, Vil»
du prétendu régufle du cobalt pur, le faire fôndre
à plufîeurs reprifes avec de la fritte de verre,
jufqu’à ce qu’il n’en porte plus de fumée ni
d’odeur arfenicale : alors on n’aura qu’à le reme'tre
de nouveau en régule, en ex>raire la partie cui-
vreufe par le moyen de l ’alkali Volatil, jufqu’a ce
que ce diffolvant ne devienne plus bleu ; enfin a
l ’on diffout le réfîdu dans les acides , & qu’on précipité
la diffolution, on ne tardera point à apper-
cevoir le fer,
M. de Jufti, autre célèbre çhymifte allemand ,
paroît être du même avis que Afl. Lehmann ;
> il croit que la terre métallique du cobalc qui
colore le verre en bleu, eft produite par utoe
combinaifon du fer avec l ’a'fenic. Il appuie cette
conjecture fur un fait attefté par M. Cramer, lequel
rapporte que M. Henckel avoit eu le fecret de
colorer le verre en bleu, en faifant calciner de la,
limaille d’acier de Styrie.
Un des amis de M. Jufti, qui avoît été le
difciple de M. Henckel, l ’a afliiré de la véiité dç
ce fait, ajoutant même que pour faire ce:te expérience
, il prenoit trois parties de limaille d’acier
qu’il mêloit exactement avec une parte d’arfenic,
& qu’il faifoit réverbérer ce mélange pendant trois
jours à un feu qui étoit doux au commencement»
mais qu’il augmentoit par degrés.
Le même M. de Jufti nous apprend que la
manganèfe ou magnéfie , qui eft un minéral ferrugineux
, fi on la joint av#c de l’a fcnic , & fi on
la calcine enfuite, devienr propre à donner une
couleur bleue au verre.
L e même auteur p,ar!e d’un cobalt ' noir, fêm-
blable à la mine d’arfenic noire qui fe trouve dans
les terres de la dépendance du duc de Saxe Cobourg,
ainfi qu’au petit Z ell, dans la bafle-Autriche.
Ce cobalt contenoit une grande quantité de
fer & devoit fa couleur noire à ce métal, mais
il ne contenoit que très-peu ou même point du
tout d’arfenic.
En mêlant enfemble & faifant calciner ce co-^
balt no;r & ferrugineux avec d’autre cobalt ordinaire
, gris & chargé d’arftnic; M. de jufti d t que
de ce mélange, il réfultoit une matiè e très propre à
colorer le verre en bleu ; c’eft-à-dire à faire du
fafre.
Il ajoute qu’il n’y a point de cobalt qui ne contienne
des parties ferrugineufs p’us ou moins