
fta s a v
ohacun une o n s c ; on met le tout concafTé dans un
m a ti ns fu t un ba in de fab le a v e c v in g t onces d’efprtt-
d e - v in ; & quand la te inture eft fu'ffifamment fo r t e ,
o n la filtre Se en la v e r t s dans un m a tra s , ou I o n a_
mis b e n jo in , fix g r o s ; la b d a n um , qu atre gros 8c
d em i ; fio ra x c a lam it e , trois g ro s : on tient le tout
. en digcftion jufqu'à c e que tout c e qu i p eu t etre
d ’fTous le fo it.
P o u r fa ire ufage de c ette t e in t u r e o n prend fept
liv r e s de fa von b la n c bien f e c , que l 'o n râpe : on y
ajoute,-fi l ’ on v e u t , d eu x liv r e s de fa v o n lég e r. L e
to ut é tant dans une badine d’é ta in , on v e r fe ra dellus
quatre ou c in q onces d’eau de rofe ou de treur-
d’ o r a n g e , a v e c la te inture aromatique ; on couv
r i r a . l a b a d in e , & on la mettra au b am -m an e ,
pour qu e le fa von fo it b ien péné tre des aromates.
Q u an d le fa vo n aura pris un peu dè c o n fifla n c e ,
o n ie mettra dans un mortier, de ma rb re qu on aura
fa it chauffer, y ajoutan t peu à peu une h u ile e ilen-
t ie l le de la v a n d e , ou de th ym , ou de bergamo te ,
OU de c é d r a t , de Em e tte , o u . du n é r o l i , & qu e lques
gouttes d’effence d’ am b r e , St du tout on forme
l» des bou le s qu i auront une fo rt bonne odeur.
Il y a eu un temps où l’on recheichoit des favonnettes
très-légères, qui fembloient être de la moufle
de favon : on les annonqoit pour etre de la pure
crème de favon.
XXXVI. Savonnettes légères.
O n p r e n d , pour fa ire ces fa v o n n e tte s ,t ro is liv re s
d ix onces de fa von b la n c , d eu x liv r e s hu it onces
d ’ eau dans la q u e lle on a fa i t difloudre un e once
f ix gros de fe l ma rin ; apres a v o ir filtré c ette diffo-
lu t io n , on fa t fondre le fa von dans cette eau à une
c h a le u r douce : on b a t ce ibvon a v e c une fpatule o u .
a v e c les m a in s , pour qu’ i l s’ introduire de l’ air dans,
la p â t e , c e qu’on con tinue pendant une heure &
d em ie ou d eux heures , b a ttant c o n tin u e llem en t
a v e c la m a in , jufqu’ à c e qu’ en le pé trifiant lé g è rem
en t , il ne s’ attache plus au x ma in s n i au .vafe
q u i l e contient ; alors en fro ttan t fes mains de poü-
1 e à p o u d r e r , on en fo rme des fa vonne ttes ou des
p e tits pains de favon.
O n peut mê ler à c ette p â t e , en la b a t ta n t , un peu
d e m u c ila g e de gomme adragante a v e c quelqu’ aro-
ma te. Mais' Ic i parfumeurs y ajou ten t foM e n t une
bonne quantité de poudre à p o u d r e r , c e qui d imin u e
l ’ a f fiv ité du fa v o n .
N o u s avons d it qu7en m ê lan t d e l’ eau a v e c le
fc y o n , on au gmentait fa blan ch eu r ; efFeflivemen t
j e favon préparé comme nous v en o n s de le d i r e , eft
d’ une blan ch eu r à éb lou ir ; mais je lu i préféré les
fa vonne ttes (impies dont j ’a i p a r lé plus haut,
XXXVII. De l ’ejfence de favon,
g q u r fa irg c e qu’on appelle î ’ejfence de favon,
SA V
’ que plufieurs recherchent pour fe faire la harhe 3
ii fuffit de difloudre quelques-unes des favonnettes
dont nous avons parlé, avec le double de leuu
poids de bonne eau-d^-vie, qu’on conferve dans un«
bouteille bien bouchée. -
Si l ’on fa:t dilToudre un gros de cryftaux de fonde
dans trois onces de bonne eau-de-vie , elle tiendra
en diffolution limpide une oriçe deux gros de favon
blanc. ( Extrait dit mémoire de M. Duhamel»
Autres fortes de ƒ'avons.
On trouve dans le commerce plufieurs efpèces de
(avons liquides| qui portent en général le nom de
favon noir- , pour les diftinguer d’avec les (avons
blancs ou folidés dont nous venons de donner la
fabrication.
Parmi ces lavons liquides, il y en a efféâivemenÊ
qui font de couleur noire, d’autres verds, d’aiitres
‘ tirant un peu fur le. jaune.
Les verds font e (limés les meilleurs; ils fe fabn-i
quent en Flandre, en Hollande & en Angleterre.
Les noirs fe font-à Amiens, à Abbeville , & en
quelques autres lieux de la Picardie.
Ces fortes de favons font ordinairement plus caustiques
que les favons blancs : ils font employés par
les foulons, les couvertur'iers , les bonnetiers, pour
le dégraiflage des laines : on les trouve dans le com^
merce en petits barrils ou quartauts, du poids de.
cinquante livres net.
L a fabrique de ces favons liquides ne diffre de
celle des favons folides , qu’en ce qu’au lieu de la
foude ou alkali minéral , on fe fert dè poraffe ou de
cendre gravelée ; & au lieu d’huile d’olive, on'emploie
différentes efpèces de graifTes qui fe r-amaffent
dans les cuifînes, le flambart qui fe trouve, fur les
chaudières des charcutiers, ou les huiles de çplzat s
de navette, de noix, de lin, de chenevis, ou enfla
des huiles de poiffons.
Le favon de Naples eft d’une confîftance moyenne »
ni folide ni liquide : il eft de couleur de feuille
morte, & d’une odeur douce & aromatique : -les parfumeurs
le yendent pour laver les mains & faire la
barbe ; ils en font entrer dans la compofiiion de
leurs favonnettes fines. Ils le tirent de Naples en
pots de faïence , qui contiennent depuis deux juf-
„ qu’à fept livres de favon ; ii eft aromatîfé avec un
peu d’huile effentielle. A l’égard de la couleur, il
eft fort aifé de la lui donner telle .qu’on juge à
.propos , par le mélange de quelque ingrédient co-s
louant.
On fait à Rouen une efpèce de favon fec avec du!
flambart, ou graiffe qui fe trouve fur la’ chaudière
des charcutiers. Ce favon eft fl mauvais qu’on devrait
en défendre la fabrique' & le débit. Le favon
. qu’on fait en Perfe avec dè la graiffç ê f §£
S A V
%es ©en’dres ct'herbes d’une odeur foïte 3 eft mou
& ne blanchit pas bien. j
On a vu que le favon eft un eompofé de fubf-
tances huileufes & lalinesqui, étant réunies en-
femble, forment un corps propre à dégraiffer, parce
qu’en fe joignant aiix fubftances graffes 3 il les rend
diffolubles dans l’eau.
Cette production de l ’art n’eft pas la feule qui
puiffe produire cet effet. On dit que dans le Poitou,
le* femme« de la campagne font des mafles de tiges
& de racines d'arum ou pied de veau, qu’elles le' coupent
bien menues & qu’elles les laiflent macer- r
pendant trois femaines dans de l’-eau qu’elles <e-
nouveilent tous les jours ; enfuite ' elles pilent crtte
xnaffe qui eft bien humedée , I3 font fécher, & s’en
fervent comme de favon povr netroyer le linge; fl
ce f.iit eft vrai, il faudroit que cette plante c°n-
tînt en grande abondance des fubftances (alites
& huileufes, combinées dans un tu t favonneux.
M ais un fa it a v an cé par un e x c e lle n t o b f rva-
t e u r , M . M a r c an d ie r , ç’eft la p r 'p iié c é fà vonneufe
g u é poffede l ’eau des marons d ’in J e .
Savon propre a blanchir le JU de coton.
Pour faire ce favon qu’on allure être le meilleur
de tous ceux qu’on connoît pour blanchir le fil
de coton, on mêle un tonneau & demi de cendres
d’aune & de bouleau ou de genièvre ( mais un
peu plus de celles du dernier arbrifîeau , parce
qu’elles font moins fortes) avec le quart d’un
tonueau de chaux* Ce mélangé eft mis dans une
chaudière avec une quantité d’eau fnffifente ,pour
bien l ’humeder, & l’on remue la inaffe avec une.
pelle; on y veife enfuite deux tonneaux d’eau
bouillante; on les fait paffer fur cette malle de.
la même façon qu’on palfe l’eau fur le grain dans les
braderies, & l’on fait rebouillir cetteleftiye, toujours
en la faifant pafTer jufqu’à ce qu’un oeuf y fur-
nage ; on prend alors de cette leflive la quantité
qu’on veut employer, & on la remet bouillir dans
une chaudière avec une livre de fu f & une demi-
livre de graifle dont on a tiré tout le fel, l ’un &
l ’autre coupés par morceaux. Pendant la cuiffon 011
remue toujours ; quand la maffe bout tre p foit, on y
verfe de la nouvelle leflive autant de fois qu’il eft
néceflaire , & l ’on continue jufqu’à ce que le tout
foit réduit en confîftance de favon. Le favon ét-mt
tiré de la chaudière, fi la g aifieeft à la fu face &
paroît fort blanche ; c’eft une marque qu’e le n’eft
pas encore bien mêlée avec la mafle. En ce cas, il
faut continuer la cuiffon , en y ajoutant chaque fois
de nouvelle leflive. Plus ou cuit le favon, plus il
s’épaiflït. Q iand on juge qu’il eft au point conve-
nablé , on y ajoute fîx livres de fe l, & l ’on fait
-bouillir le tout enfemble pendant une heure , en
remuant .toujours. Si par la fuite ce favon ne fe
coupe paslbien, on y remet une livre de fel avec
s. A V
lequel on le fait encore bouillir jufqu’à ce qu’il ait la
fermeté néceffaire : lorfqu’enfin il eft au degré où
il doit être, on le verfe dans un vaifleau de capacité
fiiffifanre, & 011 l ’y laifle pendant une nuit pour
qu’il prenne fa confiflance ; on le coupe le lende-
main par tranches minces ; on le jette dans ufi
chaud' on & on le fait bouil ir pendant trois quart»
d’heure dans fept ou huit pi tes de biere forte. Après
cette derniere cuiffon, on reverfe le tout dâiiiiîne
caiffè de bois faite en quarr long, & on l’ y L ifte
refroidir pendant la nuit : lorfqu’il eft fuffifamment
dur, on leycoupe par morceaux quarr es , & on le
fait féchei fur des planches, foit au foLil fi ceiafe
peut, foit dans one chambre échauffée par ua
poele. Chaqu morceau doit être placé fur un cou)
& .retourné fouvent.
Voila quelle eft la manie-e de compofer ce fa voit,
qui r. été approuvée par l ’Acadénv-e de Stockholna*
Voici comment il faut /en fervir*
Pour blanchir le fil de coton, on prend pour
deux onces & demie de f i l, une once de favon ; on
(es fait bouill rdans deux pintes d’eau pendant une
h ure & demie, & ainlï à proportion ; on end le fil
fur un arc, & on l’expofe au fo eil, enduit de favon
pour y blanchir. A mefure qu’il fe féche, on l’hu-
mede légèrement avec une ai rofoir.
Il faut bien garantir ce fil de la pluie. En ete,
quand on a du beau temps & de la chaleur, il ne
faut que quatre ou cinq jours pour blanchir ce fil#
Lorfqu’il eft bien blanc , on le nettoie avec du
favon commun, & on le rince avec de 1 e^u d«
mer.
Propriétés du favon«
Nous obferverons d’après M. Macqüer, que les
favons alkalins font d’un très-grand ufage dans
beaucoup d’aï ts & métiers, & même dans la chi-,
mie & dans la médecine.
Leur principale propriété, dit ce lavant chimîfte*
confifte dans une qualité déterfive, qui vient de
ce que leur alkali, quoiqu’en quelque forte fa-
turé d’huile , conferve néanmoins encore aflez de
force pour être capable d’agir efficacement- fur de
nouvelles matières huit- ufes & pour les mettre
elles - même 1. dans l ’état favonneux 3 & les ren^
dre mifcibles avec l ’eau : de là vient que le
favon eft extrêmement utile pour nettoyer les
fubftances quelconques de toutes les matières graffes
dont elles font enduites & falies. Auflî fe fert-on
du favon avec un grand furcès pour nettoyer &
blanchir les linges dont nous nous fervons habi-s
tuellement.
On emploie auflî lé favon à dégraiffer 'ou fouler
les laines, & à décruer & blanchir la foie,
en enlevant à cette dernière une efpèce de y e r n i s
réfineux , dont elle eft naturellement enduite ; U