
yj* S E R ne pas couper le cordon avec cette ligature ; ce qui arriverait, fi on la ferrait trop fort ; on fera
un fécond noeud fur le premier. Il fera prudent
de faire une fécondé ligature , que l’on placera à
quelque diftance de la première.
On a coutume de laver l’enfant, pour lui-ôter
le limon qui eft fur la peau , mais cette pratique
ne vaut rien : il eft plus falutaire de ne point toucher
à cet enduit , qui s’enlève feul par la fuite ,
en s’attachant aux linges qui enveloppent l’enfant.
Quelque parti que l ’on prenne , on entourera le
cordon ombilical d’une compreffè enduite de beurre
frais , par-deflus laquelle on mettra une autre com-
prelTe un peu épaifle ; le tout fera foutenu par un
bandage de corps. On lui mettra fur la tête un
bonnet tiès fîmple & très-léger. L e vêtement con-
lîftera en une d^mi-chemife & une braftîère, qui
fera attachée avec des cordons.
Le coucher de l’enfant fera compofé d’un matelas
, fur lequel on mettra un paillaflon fait de
paille d’avoine , de deux petits draps & d’une couverture
; le tout arrangé dans un berceau d’ofîer
ou d’autre- matière, comme fi c’étoit le lit d'une
grande perfonne. On couchera l ’enfant furie dos,
plutôt que fur l'un ou l'autre côté , on le contiendra
avec des rubans fans le gêner , mais feulement
pour empêcher qu'il ne roule 3 terre.
L ’enfant aînfi accommodé pourra être tranfporté
par-tout où l’on voudra. Car je Çippofe que l ’on
aie fait conftrnire un berceau très-léger & aflez
commode, pour que la nourrice puifle donner à
tettet à fon enfant fans Ire lever. 11 eft fans doute
inutile d'avertir que l’on doit avoir un nombre ,
fuffifant de draps & de matelas , vpôur en changer j
autant de fois que cela fera néceflaire.
Il ne faudra donner à tetter à l ’enfant que toutes
les. deux heures, lorfqu’il ne dort pas, & la
nuit, lorfqu’il s’éveillera. I l ne faudra pas fur-
charger ion eftomac : le lait feul de la mère ou
de la nourrice lui luffira jufque vers le fept pu
huitième mois.
On laiffe'a dormir l’enfant tant qu’il voudra,
on ne l’éveillera pas même pour le faire tetter ;
©n placera fon berceau de manière qu’il reçoive
Je jour en face ; & on ne bercera jamais l’enfant
qui aura de la peine à s’endormir, &c. Les bornes
que je me fuis prtlcrites, m’obligent de fup-
primer ici tout le dé-ail des autres foins qu’exigent
les nouveaux nés.
XIV. Des Convalefcens.
On dit qu’un malade entre en convalefcence ,.
îoifque les accidens qui cônftituoient ou qui accom-
pagnoient la maladie, fe diftipent. Alors la fièvre
celle, l’appctit revient, les douleurs diminuent
les fondions fe rétablilTciit, &c. Dans cet état,
s e R
les gardes ne doivent pas ralentir leur vigilance»
les malades ne manqueroienc pas de profiter des
çirconftances qui pourraient favorifer leurs defîrs ;
"Car ils s’imaginent qu’ils n'ont rien de mieux à
fai e , que de fuivre fi ur penchant, qu’ils fatisfe-
roient avec trop d’avidité. Les privations auxquelles
on les afïujettit leur paroiffent, ainfi qu’aux
afliftans, d’autant plus inutiles & plus cruelles,
qu’ils ne relfentent aucunes douleurs , & que leurs
fondions s’opèrent avec facilité ; mais fi on les abandon
noit à eux-mêmes, ils ne tarderoient pas à
relfentir les funeftes effets d’une telle çompla'fance.
Les bouillons fucculens, les confommés doivent
faire la nourriture de ceux qui commencent
à entrer en convalefcence. Au bout de quelques
jours on en augmentera la quantité, mars peu-à-
peu. On l.ur donnera d’abord des oeufs frais k
déjeuner, avec quelques mouillettes; à dîner, du
potage au riz,.ou au gruau,-à lafemouilie, ouau
vermichel, avec le quart d’une aîle de poulet : à goûter , une tranche de pain avec un peu de
confitures, ou de fruits cuits ; le foir , une foupe
feulement.
A mefiire que la convalefcence fe fortifiera, oii
augmentera la nourriture, mais toujours par de-
| grés. Plus le convalefcent s'éloignera du temps de
1 la maladie , & plus il mangera fouvent, mais
1 peu à chaque fois ; il boira un peu de bon vin à
'■ chaque repas, auquel il mettra un peu d’eau d’abord
, mais qu’il pourra fupp rimer par la fuite, s’il
le juge à propos.
Si le convalefcent mangeoit beaucoup, fans
prendre de force, il faudrait lui retrancher de fa
nourriture, & même ne lui permettre que la foupe,
ju(qu’à ce qu’il fût fiiffifamment évacué, ou qu’on
eut remédié au vice de l ’eftotnac.
Les convalefcens feront le plus d’exercice qu’il
leur fera poflible , fans cependant qu’il foit outré :
la fatigue, bien loin de contribuer à les fortifier ,
les affaiblirait; mais ils ' pourront fè promener,
dans leur c hambre d’abord, puis dehors , s'il ne
fait pas trop froid, & que le temps le permette.
Il fera bon que les convalefcens changent de
chambre, s’ils en ont I3 facilité ; on leur infpirera.de
la joie ; on leur procurera le plus de récréation qu’il
fera poflible; on évitera de les entretenir de leur
maladie & des dangers auxquels ils ont été expofés.
Ce ne fera qu après un parfait ) établiffement
qu’on fe permettra de leur parler d’affaire , ou de
leur annoncer quelques nouvelles triftes. Enfin la
garde exécutera avec la même exa&itude les ordonnances
du médecin.
XV. Des morts.
Il n’eft pas toujours poflible de conferver la vie
des malades. 1+ grandeur ou la complication de
leurs maladies, la conftitution des lujets qui en
font affedés, le grand âge de plufieurs, font les
cauies les plus Ordinaires de la mort, à laquelle
l’expérience la plus confommée des médecins,
l’habileté des chirurgiens , l'exadicude la plus
fcrupuleufe des gardes, 11e fauroit s’oppofer.
Mais la mort inévitable à tous les hommes, n’eft
pas toujours accompagnée de lignes certains, &
les moyens1 que l’on a coutume d’employer pour
fa certitude , font tous infiiffifans. O11 a plus
d’une fois retiré du cercueil ou du tombeau, des
perfonnes qui, d’après les épreuves ordinaires,
avoîenr été regardées comme mortes. Ce font de?
faits bien coniiatés, univerfellement connus, &
auxquels cependant, le commun des hommes ne
fait point d’attention.
A Londres, à Gênes, dans le Nord, en Allemagne
, on n’enterre les morts qu’au bout de trois
ou quatre jours î il y a même, dans quelques-uns
de ces lieux , des commiffaires - infpeâeurs des
corps pour conftater la mort. Mais .en F ran c e ,!
peine un malade paraît - il avoir rendu le dernier
foupir, qu’on l ’enveloppe dans un drap, & qu’en
le met fur la paij|e|ou dans un cercueil. Dans le
cas^ où il ne feroiltfJàs réellement mort, ce féul
traitement fuffiroit ponr l’empêcher de revenir à la
vie. s.
Il y a plufieurs villes, & -entr’autres Arras, qui
ont employé l ’autorité pouiij|éprimer un abus, dont
les fuîtes peuvent être fi affreufes. Les magiflrats
de cette dernière .ville ordonnèrent , par un rè-
glement qui fut publié le 14 janvier 1771 , aux !
perfonnes qui feraient près des malades, de laiffer !
dans leur lit ceux qu’elles croiroient morts , &
de lés tenjr couverts, à l ’exception de la tête,
qui devra être libre : ils défendirent aux menuifiers
& autres ouvriers , de renfermer les corps dans les
cercueils avant le terme au moins de 14 heures,
& de 48 peur ceux qui feroient morts fubitement.
Il me fèrnble que l'humanité devroit diâer à tous«
les hommes une conduite 11 fage. Hé! qui fait fP
cette dernière marque d’attachement ne feroit pas
amplement récompenfée par la joie inexprimable de
pofféder de nouveau un époux tendrement aimé, un
enfant chéri, une mère adorée , un ami, un bienfaiteur
, en un mot un citoyen ? La chofe eft arrivée
plus d’une fois ; elle eft donc poffible : or fî elle eft
poflible , pourquoi ne pas diff érer de rendre les derniers
devoirs aux perfonnes dont on pleure la perte ,
Kqu’à ce que leur mort foit bien conftatée?
On fent qu’une telle précaution feroit inutile
pour ceux qui meurent de vieifLefTe^ de pefte, de
maladies putrides, ou après avoir, perdu tout leur
fang; encore ,ce dernier cas eft-il fufceptible de la
plus fcrupuleufe attention , puifqu’ii eft arrivé qu’on
a rappeüé â la y ie , des perfonnes que l ’on croyoit
mortes depuis plufieurs jours, à la fuite d’une violente
hémorragie.
Excepté donc les trois premiers cas, les gardes
ne fe prefïèront pas d’enfevdir ceux qu’elles crol-
. ront morts. Le terme de vingt-quatre & de qua-*
rante-huit heures, que les magiflrats d’Arras ont
preferit, n’eft pas fuffifant pour conftater la mort,
fur-tout dans f hiver.
La putréfafHon étant le feul figne qui la caraété-
ri(e , il faudra attendre qu’elle commence àfe mani-
fefter avant que d’enfevclir celui que l’on croira
défunt ; mais i l faudra bien diftinguer ce commencement
de putréia&ion , d’avec l ’odeur cada -
véreufè que fourniiïent les excrcmens que le malade
rend quelquefois avant de tomber en foiblelle ou
de mourir.
En attendant ce figne certain de la mort, la
garde exécutera avec l ’exaâh ude la plus fcrupuleufe ,
& fans fe rebuter, tout ce que le médecin lui aura
preferit. Ne lui fera-t-il pas plus glorieux d’avoir
tenté des moyens inutiles , que d’avoir conrribué
par fon inaftion , à la mort de ceux qui n’en
avoient que les apparences ? Rien ne peut exprimer
le plaxfir que lui cauferoit une réuflîte. Voici comment
elle fe conduira, en attendant les confeils
du médecin.
D’abord elle fera ouvrir les portes & les fenêtres ,
s’il ne fait pas trop froid. Elle frottera tout le
corps & les membres avec de gros linges ou de
groffes étoffes de laine î elle foufflera dans le nez
de celui qu’elle foupçonnera mort, du tabac ou du
poivre; elle y introduira de la moutarde ou de l ’eau
de Luce.^.elle irritera tout le corps avec des orties;
elle foufflera dans le nez & dans la bouche , de la
fumée de tabac ; elle en fera prendre en lavement ,
fî cela lui eft poffible , elle pourra encore tenter les
lavemens faits avec une dëcôdion de tabac; d ie appliquera
plufieurs emplâtres véfîcatoires, n’importe
à quel endroit.
Quelqu’inutiles que paroiflent tous ces moyens,
la garde les continuera jufqu’à l ’arrivée du médecin,
qui lui indiquera ce qu’il croira convenable en pareil^
circonftance.
XVI. Avis falutaire aux Gardes & aux amis
ajjiftans auprès des malades.
Les gardes font fans cefle fexpofées aux malignes
influences qui s’exhalent des malades qu’cl'es
gouvernent, qui étant jointes aux veilles & aux
fatigues inféparab’es de cet état , altèrent leur
fanté , & les mettent fouvent dans le cas de ne '
pouvoir gagner leur fubfîftance.
Le bien. qu’clles procurent^^ l ’humanité fôuf-
frante aux dépens de leur vie , eft ( çe me fem-
ble ) un motif bien capable d’engager les parens
des malades à avoir quelques égards pour elles,