
( Art de conferver les formes des oifeaux, des infeéles> des
poiflons & des petits )
L es peaux des oifèaoec qu’on envoie de _ pays _
fort élpignés, lors même qu’elles ont été empaillées
avec le plus de foin , ne nous préfentent jamais
une forme allez femblable à celle de l ’animal
en vie. Elles ne nous le montrent jamais dans aucune
des attitudes qui lui étoient naturelles :
d’ailleurs, ces peaux font fùjettes a être maltraitées
pendant la route par des infeéles. qui en
font avides. Il eft plus commode à- ceux qui
veulent faire connoître les oifeaux des pays
qu’ils habitent aux naturalises & aux curieux des
pays éloignés , de les envoyer tels qu’on, les leur
apporte, que d’avoir befoin de les. faire decharner
& défoffer , & on peut- les envoyer avec toute
leur chair & leurs os, fans qu’ils courent aucun
rifque pendant la route.
On fait depuis long-temps faire ufage de l’eau-
de-vie pour conferver les chairs des animaux
morts, mais jufqu’ici on s’en eft peu fervi pour-
conferver des oifeaux dans leur entier. Tant,
qu’ils font dans cette, liqueur, leurs plumes n’offrent
pas les couleurs, foit éclatantes, £oit agréablement
variées qui leur font naturelles, 8c on ne
retrouve pas ces couleurs à l ’oifeau qui vient d’etre
tiré de l’eau-de-vie. D’ailleurs les barbes des
plumes font alors mal arrangées, & trop collées
les unes contre les autres. Sur ces premières apparences
on a jugé que cette liqueur altér'oit les
couleurs des plumes, & qu’on ne pouvoir plus
parvenir à faire reprendre à celles-ci, & à leurs
barbes, l’arrangement & le jeu qu’elles avoient
fur ranimai fec & vivant; mais des expériences
réitérées ont appris à M. de Réaumur que la
teinture des plumes eft à l’épreuve de l’eau-de-vie
la plus forte, & même de l’efprit-de-vin, &
qu’apres qu’on a fait fécher l’oifeau qui a voit été
mouillé par cette liqueur, on remet fes plumes
dans leur état naturel, & qu’on peut le faire
reparoître tel qu’il étoit pendant là vie.
i° . Pour conferver les oifeaux qu’on veut envoyer
, il n’y a donc qu’à Jes tèiiir dans l’eau-
de-vie ; plus elle, fera forte, meilleure elle
fera. Il eft d’ailleurs indifférent qu’elle loit de
vin , de grains , ou de fucre.
i ° . Ce qu’il y a de plus commode, eft d'avoir
deux barriis ; l’un deftiné à recevoir les grands
oifeaux, & un autre très-petit pour recevoir ceux
de taille au-deffous de la médiocre, Chaque barril
Ans 6* Métiers* Tom,
aura le trou de fou bondoia allez grand, ou 3
un de fes fonds un trou circulaire d’un affex
grand diamètre pour laiffer paffer le plus grand
oifeau qu’on y voudra faire entrer ; ce trou fera
fermé dans les temps ordinaires par un bouchot!
qui le remplira exactement. On peut- mettre les*
petits oifeaux dans des bocaux de verre ,. C'eft-a-
dire, dans ces bouteilles dont l’entree eft très-«
grande.
3°. A mefure qu'on recevra des oifeaux qu’oti
veut conferver , on examinera s’ils n ont point
des endroits enfanglantés ; on effuiera le fan g qui
y fera attaché, ou même on lavera ces^ endroits
avec un linge mouillé, jufqu’a ce qu ils. ne 1@
teignent plus.
4°, On doit fe propofer d’empêcher les plumes
de fe déranger & de fe chiffoner. Pour y parvenir,
on affujétira les ailes fur le ' corps par plufîeurs
tours, d’un fil ordinaire, ou dune petite ficelle,
ou d’un petit ruban. Les plumes du col font
celles qui fe dérangent le plus aifément > on les
confervera dans -leur direction naturelle en enveloppant
le col d’un mauvais linge qui fera retenu,
par plufîeurs tours de fil ; on pourroit envelopper
tout l’oifeau d’un pareil linge. Il ne reliera enfuit®
qu’à faire entrer î’oifeau dans le barril ou il ÿ.
aura allez, d’eau-de-vie pour le couvrir. On prendra
garde que les plumes de la queue y foient à
l’a ife, & qu’elles n’y foient pas pliée'.
5°. A mefure qu’on aura des oifeaux on les
fera ainfi entrer dans le barril, qu’on en remplira
d’autant qu’il en pourra contenir ; ils s y aflujeti-
■ ront mutuellement, & en feront- moins fatigues
pendant la route qu’ils pourront avoir- a faire pac
terre.
6à, Ce ne fera pas trop d’y mettre deux ou
trois oifeaux de la même efpèce * quandpn pourra
les avoir, & fur-tout d’y mettre un maie & une
femelle.
7°. On ne peut manquer d’être curieux de favofr-
le nom que porte chaque oifeau dans le pays où
il a été pris; on l’écrira avec de l’encre ordinaire
fur une bande de parchemin, qu on atta**i
chera avec un fil à une de fes pattes ; l’écriture
fe confervera dans l’eau-de-vie.
8b. Quand le barril fera plein , on arrêtera^
bien le bouchon ? & on prendra-, poux le rendre