
met du fiel commun dans une cornue & qu’on le
chauffe, il en fort un peu d’acide marin , tant qli’il
contient encore de l'humidité-', & même qu’étant
humeâé de nouveau & diftillé de même , il fournit
eucore de l’acide .marin à la faveur de cette, humilité
, ont cru qu’on pou* roit enlever ainfî tout l’acidq
de ce f i l par l’intermède de l’eau feule : mais ils ont
été trompés par l’apparence ; cette petite quant’té
d’acide qu’on tire ainfî du f i l commun par des
humectations & diftillations réitérées , n’eft due
qu’auyè/à bafè terreufe qui lui eft uni, & auquel
ou peut en effet enlever une portion de fon acide
par cette méthode.
Ce f i l eft abfplumeht inaltérable par l ’aétion du
feu , même lorfqu’on le fait chauffer fortement
avec des matières inflammables, à caufe du peu de
difpôfîtion qu’a fon acide à Te combiner avec le
phlogiftique : cette vérité a été démontrée par les
expériences de M. Duhamel & de M. Margraff.
Quoiqu’il foit fixe au feu jufqu’à un certain point,
cependant loifqu’il éprouve un feu violent avec le
concours bien libre de.l’air, il s’exhale en vapeurs,
s’attache en fleurs blanches aux corps moins chauds
qù’-il trouve à fa rencontre. On a des . exemples de
cet effet dans certaines fontes de mines, où l ’on
ajoute du J il commun, & dans les fours de ver-
rëries," ou ce y*/, dont les loudes & ,potaffes contiennent
toujours une certaine quantité , & qui ne
peut entrer dans la vitrification, s’attache autour
des ouvroirs.
Nous^ne connoiflons que les acides vitrioliques*&
nitreux 3 & le fiel fi datif, qui puiffènt décompofer
le fiel commun en dégageant fon acide ;. car l ’ar-
fènic qui décompofe fi facilement & fi efficacement
le ni tiré , ri’a pas- la moindre a&ion fur le fiel, phénomène
dont la caufe mérite bien d’être cherchée-,
qui affurém.nt tient à une grande théorie.
Le.fié à commun eft de toutes les fubftances falmes
•que nous connoiftbns, la ;-plus néceffairé, & celle
dont d’ufkge- eft lesplus'étendu. Sans parler ici de
-l’emploi .particulier qu’on fait-dé fbn acide & de
fon alkali dans une. infinité d’opérations de la chy-
mie & des arrs ; fans parler de la grande utilité dont
il eft lui-même dans la-fonte des verres qu’il blanchit
& purifie’, quoiqu’il rfVntrp-point , oti plutôt
parce qu’il n’entre point dans leur combîriaîfbn ,
ainfî que l’a fait voir $L d’A n t i c Éc de la propriété
qu’il a de faciliter la'fonte & larprécipitation des
parties métalliques dès' minéraux dans lés efiais, &
de les recouvrir parfaitement, tout le monde-con-
noît l’ufage immenfV dont ce.fiel, eft dans les ali-
mens, dont par fa faveur agréable il rehaufie infiniment
le goût & l’agrcmpnt, quand il ne leur eft
mêlé qu’en quantité convenable.
Quoique ce foit là , fans contredit, un grand
avantage, ce n’eft certainement pas le ieùl qüe
4BOUS procure cette excellente fubftance faiine j elle
a de plus la propriété infiniment utile de fufpendrè
& d’empêcher la putréfaérion de prefque tous les
comeftibles, fans leur caufer d’altérat'on affez fen-
fible pour qu’ils ne puiffènt être employés comme
alimens , après avoir été préfervés de la putré-
f.-éfion par fon fe cours , même pendant un temps
affez long.
Toutes les’ autres matières falmes peuvent, à la
vérité, garantir dé la ‘corruption , comme le fiel
commun, & même plufîeurs d’entr’ elles beaucoup
plus efficacement que lui ; mais nous n’en connoif-
fons encore aucune autre, dont la faveur foit d’accord
comme la fienne avec celle des alimens, & qui
puiffe par conféquent lui être fubftituée dans un
tifag-’ auflî important que les falaifons.
Une circonftancé très remarquable dans la propriété
antiputride ; du fiel commun & de quelques
autres ,:s’eft. que l'a vertu de ce fiel varie à cet égard
d’une manière piefque inconcevable1, fuivaht les
proportions dans lefquelles on remploie j car il
paroît certain que ce même fiel qui, mêlé en grande
dofe avec les matières animales, les garantit fort
bien de la corruption, accélère. & bâte au contraire
beaucoup cette corruption, 1q;üqu’il n’eft employé
qu’en petite doie.
Sels cryfiallifables.
Nous nommons ainfî toutes les matières faiine«
.fufc.eptibles de cryftallifation : cette dénomination
eft oppofée à celle de fiels fluors, par laquelle on
défîgneies fubftances falines, qu’on, ne peux jamais
obtenir en forme concrète cryftaïlifée, telles que
les acides/ nitreux'& quelques autres..
11 y a tout lieu de croire néanmoins, qirà.Ia
rigueur il n’y a aucune fubftance faiine qui ne foit
effentitllemer t fufceptible ;de cryftallifation , &
qu’elles ne different à cet égaxd les. unes des autres
que du plus au m.oins :: car il. eft certain que plufîeurs
fiels tiès-déliqnefcens , .& dont je ne fâche
point qu’on ait obférvé> la cryftallifation., tels, par
exemple, que le fiel commun à ba£è calcaire,, peuvent
cependant prendre des formes foÜdës régulières,
par le refroidîffement de leur diffolutio».
très-fortement concentrée..
Sels d'abfinthe , de centaurée, : d'ofieille, &c,.
La dénomination de fiel jointe au nom propre de
quelque fubftance, a étéde tout temps fort ufîtée
pour dêfîgner des matières falines, de nature néanmoins
& d’efpèce fort différentes. On. l ’a donnée,
par exemple, à prefque tous les àïkalîs fixes retirés
des ceno'rts de diverfes matières végétales.
0 « a nommé fiel d’àbfînthV, de centau'ée, de
chardon bénit, &c. les matières- falines tirées pas
la lixiviation des Cendres de ces plantes ; mais ces
déaeminario.iis font impropres & abufives à tQU$
S E L S E L 5 0 ^
égards : car fl on dcfîgnepar laies alkalis fixes de |
ces plantes bien purifiées, comme il n’y a plus alors
-aucune différence entre les alkalis végétaux retires
des diverfes plantes,&'qu’ils ne forment tous qu’un
feul & même,a kali fixe , il eft inutile de les diftin- f
guer par le nom des plantes dont ils ont ete tires ;
& fi l’on entend par-là, lés fiels lixivîcls de ces
mêmes plantes, préparés *à la manière de Takemus,
quoiqu’il y ait des différences entr’eux . ils ont toujours
un caràâère dominant d’alkali fixe, qui ne
permet point de leur donner un nom qui n’ait aucun
rapport à ce caradère.
Ainfî les noms de fiel dé tartre , de fiel de fioüdç ^
qu’oiv donne aufli très-communément aux alkalis
de ces fubftances , font par la même raifbn ttes-
impropres : on doit les nommer, alkali du tartre _,
alkali de la fiouie.
Certains acides concrets , tels que le fiel eflen-
tiel d’ofeille, le tartre, &c. font auflî nommés fîm-
plenient fiel d'ofieille, &e. & c’eft: èncore abufîve-
ment, parce que ces noms ne donnent ■ aucune idée
de la nature-dé ces matières falines, & font capables
de les faire çdnfondre avec d’aülrës d’efpèce toute
différente : on devroit' les nommer toujours fiels
ejfimtiels, ou encore mieux acides concrets, d’ofèillë,
de tartre.
Les noms de fiel de corail,, de perles, d'yeux à é-
irévîîFe, rië'fbht pas plus exâds , à moins^qu’on ne
leur joigne l’épithè'te de fieràcêteux de corail'3 &c»
Car on peut combiner ces matières terreufes, aîvec
tout autre acide que celui du vinaigre, & albrson
aura des fiels de corail, de perles, &c. de tout àtir
tant de natures très-différentes qu’on pourra employer
d’acides , 8c qui n’auront cependant tous
qu’un feul & même nom*
Qu’on jufge après cela fî les .noms de fiel de quinquina,
de fiéne, d'oignons, .&c.>qifon a laiffé-donner
aux extraits fecs 4,e toutes, ces matières faits "par 3a méthode^ de M. le comte de Ta Garaye, neTont
pas abufîfs au dernier point.
commun^ de fiel commun à bafe calcaire, qu’on
retire du Schlot des falines deLorraine & deFranç-hc-
Comté, & dont on trouble exprès la cryftallifation
pour l’empêchcr de reffembier entièrement au pue
fiel de Giauber.
Le vrai fel d epfom eft tout different : fon acide
eft à la vérité le même que celqi du fiel de Gl^uber ;
mais fa b^fe n’eft: pas l ’alkali marin, c’eft une terre
abforbante. de nature particulière , qu’on nomme
magnifie : ce fiel eft purgatif & très-amer ; auflî le
nomme-t-on fiel cathartique amer y ç’eft le même que
. le Jel de lediitz.
Sel de cohcotar• !
• ■ C’eft une matière faiine blanche qu’on retire pae
là lixiviation du colcotar ; -cette matière eft dep-u
{ dufage , & n’a guère été examinée : il y a lieu de
: croire que c’eft quelque fubftance féiétineufe ou
alumineufe , qui fe trouve mêlée avec le vitriol %
: 8c\ provenant des pyrites dont on a retiré ce fel.
■ Sel d,e. duobus,
C’eft un fel neutre cotnpofé de l’acide vitriolique
combiné jufqu’au point de faturation avec l’alkali
du nitre.
Sels déliqueficens.
On appelle ainfî en général toutes les matière«
falines qu’on peut, abten.% en forme çoncre'e, par
cryftallifation ou déification, mais.qui, lorfqu’elles
font exp.bfees à l’air, en prennent l ’humidité , &
perdent leur forme concrète ou cryftallifée en (fi
réfolvant en liqueur à l’aide de cette humidité*-
jr Sel, de Giauber.. -
Le fiel ainfî nomriié, du nom du çhymifté qut
l ’a fait connoîtrei, eft un 'fel neutre- èorbpofé 'de
l’acide vitrioliqüe combiné jufqü’au point defatura-
tion avec l alkali marin.
Sels d'Angleterre , d'epfiom , de fiedlit£ , O'c,
Les noms des pays,où ont été T’abçrd connues ,
d1 où oiît été tirées d fféientes, fub'ftances falines
devenues d’ufage , ont été donnés auflî à ces matières
'(ali,fies, ‘de quelqué hatyre différënte qu’elles
fuflent d’ailleurs çn'tr'èîres ; ajnfî j par exemple T ph
appelle fe l d'Angleterre ‘un alkali volatil concret
hîen redifié tiré de la' foie} & même, à caufe cfe
l'ident’té & par extenfîon , bien des pharmaciens
donnent à préfent le même nom de fiel d'Angleterre
à l’alkali volatil concret tiré du fief ammoniac, foit
-par l ’alkali fixe, foit par la :craie.,. i.
Pareillement, on à’ donne le nom dé fieid'èpjo',
a un fiel dé Giauber mal cry ftallife, âcre , amer
$’hume<ftant fàuleraeùt , parce qu’il eft mêjé d®/”2
Ç ’a été en décompofant le fiel copimun par l’intermède
de l ’acidë vitriolique * pour en retirer par
jà diftillation l’acide-niarin fuinant,, que Giauber
a décoùyeçt cejpleL.Xfe réfîdu de cette, diftillation
lui a offert une marière fa'inë en maffë & non
Cryftallifée-, qu’i l 'a fait di flou dre dë'nsT’eau , &
dont ilia retiré -par évaporation 8c r.èfroidiflemène
un fiel- tfafifparsiifcoagulé en fès-heaux cryftaux.
Glaaber, émerv'eillé de Ta beauté de te fiel 8c des
propriétés: qu’il lui décoUvroit, lui adonne le nom
de -fon fiel admirable-, nom qui lui eft refte; mais
comme le temps diminué peu1 à peu le merveilleux
dés nouveautés ; on l’appelle Amplement à préfent
fe l de’.. Giauber* c i : -.
Cè fiél9 quôiqüe cempofé comme.îp tartre vitriolé
d’acidë Vitriplique 8i d’alkali fixe , en diffère à
............r ç P f t f Q q r '