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Racide de la diffolution métallique IV combine, St
forme un autre fe l neutre avec Falkali du Jet arfe-
nical : ainfî ce font là de ees décompositions mutuelles
dans lelquelles il fe fait deux décompofî-
sâcms & deux combinaifous nouvelles.
Les ufiges du fe l arfenical ne font point encore
Bien déterminés : cependant, comme il paroit par
celles de fes propriétés qu’on vient d’expofer, que
J’arfenic y eft combiné allez étroitement avecl’aika i
fixe, il y a lieu de croire que ce fel pourrait être
employé utilement : i° . pour faire le régule d’ar-
feuic : 1*. pour combiner commodément l’arfenic
avec les matières métalliques : 50; dans la combination
de plufîeuçs çryftaux & vitrifications : 40. comme
les acides minéraux les plus eorrofifs forment des
fels très-doux, lorfqu’ils font combinés jufqu’au
point de faturation avec des alkalis, on ferait
tenté de croire que farfeniè complètement faturé
par un alkali fixe comme il Feft dans le fel neutre
arfenical, pourront de même former un fel très-
doux qui aurait peut-être de grandes vertus en médecine
; mais le nom fehi de l’arfenic eft fi effrayant,
& à fi jufte titre, qu'il n’y a pas lieu de croire qu’on
foit jamais tenté de faire l ’efrâi d’un, fe! de cette
nature ; il fera t au moins bien eflentiel, fi quelqu’un
avoit cette idée , qu’il le fur préalablement
bien affûté de fes effets par de très-nombrepfes &
xrccrlongu.es épreuves fur des animaux.
Il y a lieu de croire aufli que ce fel peut fervir
8c même s'emploie utilement dans plusieurs arts, &
pour différantes manufactures.
Sels polycref.es.
L e nom de polycrefte fe donne aux çhofes qui
ont plufîeurs ufages : ainfî les chymiftes difent qu’un
fourneau eft polycrefte, quand il eft conftruit de
inamère qu’on y peut faire plufîeurs opérations de
d*fférens genres.
Far la même raifon , ceux qui ont mis en vogue
certains fels de leur invention, n’ont pas manque de,
les nommer polycreftes, parce qu’ils les annonçoient
toujours comme propres à guérir beaucoup de maladies;
de là font venus les noms de fel polycrefte de
Glafer, lequel eft un tartre vitriolé fait par la dé -
tonnation du nitre avec lefoufre , de fel polycrefte!
de la Rochelîe ou de faignette, qui eft un fel tarta-
«£ux, ou tartre foluble à bafe d’alkali marin,,
Sels falés,
Ceft un des noms qu’on a donnés aux fels neu-
yps # fur - tout à ceux qu’on regardoit autrefois
uniquement comme tels, à caufë de leur faveur
talée plus ou moins approchante de celle du fel
lommui), le plus anciçruicmeflî connu de tous les
fiewtrey,
Sel fédatif.
Ce fel eft une febftance faline concrète & ctyfe
flallifée qu’on retire du borax par l’intermède des
acides. Cette mat ère , quoique faifant fon&ion
d’a ide dans le borax, & faturant parfaitement fon
alkali, n’a cependant point la faveur acide , ni la
propriété de rougir les teintures de violettes & de
toui nefol, comme le font les acides proprement
dits,
l e fel fédat’f a peu de faveur & de diffolubilite
dans l’eau, il eft lui-même une efrèce de fel neutre
qui a feulement quelques propriétés qui lui font
communes avec K s acides, ainfî que nous le verrons
cj-après* '
On peut retirer le fel fédatif du borax par fiibli-
matii'n ou par fimple cryftallifation. Le procédé le
plus ufité pour obtenir ce fel par fublimation, eft
celui qui a été publié par Homberg, le premier quï
ait fait connoître ce fel aux chymiftes.
Ce procédé confîfte à mêler du vitriol martial oh
quoique acide libre avec du borax, à les diffoudre,
à filtrer, éyaporer la liqueur jufqu’à pellicule; ou!
met en'.uite cette liqueur dans un petit alambic de
verre, & on procède à la fublimarion jufqu’à ce
qu’il ne refte plus qu’une matière sèche dans la
cucurbite.
Pendant cette opération la liqueur paffe dans le
récipient, mais l ’inrérieur du chapiteau fe garnit
d’une matière faline cryftallifée en petites lames
très-minces » trèî-brillantes & très-légères ; c’eft le
fel fédatif : on délute alors le chapiteau, on ramaffe
avec une plume le fel qu’il contient, on reverfefuc
la matière sèche de la cucurbite les dernières por-*
dons de liqueur qui ont paffé dans le récipient, &
l’on procède à une nouvelle fublimation comme la
première fois en diftillant toujours jufqu’à fîccité :
on réitère encore ces opérations plufîeurs fois de
la même manière jufqu’à ce qu’on s’apperçoiyç
qu’il ne fe fublime plus rien.
Pour obtenir le fe l fédatif par fîmple cryftallifation,
on fa 't diffoudre la quantité qu’on jugé p
propos de borax. daDs une fuffifante quantité d’eav*
bien ,chaude. Après avoir filtré cette diffpludon,
on y mêle celui des trois acides minéraux qu?on
jugea propos, car cela eft abfolument indifférent,
en obfervane d’ajouter l’açide à plufîeurs reprifes,
jufqu’a ce qu’on foit atdvé au point de faturadon^
& même avec un peu d’excèç d’acide, fuivant le
procédé de M, Baumé.
Op lailfe enfeîte les liqueurs en repos, & pas
le refroidiflemçnt il s’.y forme une g-ande quan^
tité' de petite çryftaux en lamines brillant s ; ont
les recueille, on les lave ^vec un peu d’eay pure
très-froide , & çn les fait exaft ment égoutter fur
1 du papier gris ; o’.eft le fe l fé^ tif P^r
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^iofl'î ïl eft très-beau Sc trcs-brillant, mais il eft
un peu moins léger que celui qu’on prépare par
la fublimadon : ce dernier eft fi léger, qu’un gros
fuffit pour emplir un allez grand bocal.
Les acides, (oit celui du vitriol, foit les autres
acides libres qu’on peut employer pour obtenir le
fel fédatif par fublimation ou par fîmple cryfîal-
Jifadon ; ne fon t, comme on Fa dit à l’article
borax, d’après la découverte de M. Bâton,,que dégager
ce fel d’avec Taikali marin , avec lequel il
ferme le borax ; aufli ce fe l lorfqu’il eft bien préparé
, ne participe-t-il en aucune manière de la
nature de l'acide par l’intermede duquel il a été
dégagé.
Le fe l fédatif par la feblîmation, & celui par
la cryftallifation, ne different non plus effcntielle-
xnent en rien l ’un de l ’autre ; les çryftaux ou les lamines
de cc fel font fîmplemenc plus féparés & plus
ifolés quand il eft fublimé que quand il eft cryf-
tahifé dans la liqueur.
Ce fe l, quoique fûceptible de s’élever dans la
fublimation, ne doit pas être regardé pour cela
comme volatil : car il ne s’élève ainfî, luivant
l ’obfervation de feu M. Rouelle, qu’à la faveur
de l’eau de fa criftallifation.
Il eft certain en effet, que quand une fois II 1a
perdue par la déification, le feu le plus violent eft
incapable de l’elever en vapeurs, il y refte fixe
& fe fond en une matière vitriforme comme le
borax.
Cette efpèce de verre de fe l fédatif conferve entièrement
fon caradère falin , & même quoiqu’il
foit très-beau & très-cryftallin, ce n'eft que du fe l
fédatif privé de toute humidité & fondu; il eft
fûfceptible de fe diffoudre en entier dans l ’eau &
peut enfeite fe cryftallifer ou fe fublimer de nouveau
en fe l fédatif abfolument tel qu’il étoit
d’abord.
L e fel fédatif demande beaucoup d’eau, pour fe
diffolution , & fe diffout en bien plus grande quan-
tiré dans l’eau bouillante que dans l ’eau froide :
aufli fe criftalife-t-il très-bien par le feul refroi-
diffement, quoiqu’il puiffe fe cryftalifer aufli parla
feule évaporation.
M. Baumé a fait une obferyation intéreffante
fur cette manière de dégager & de faire criftalll-
fer facilement le f l fédatif, c’eft qu il faut avoir
attention lotfqu’on mêle l’àcide dans la diffolu-
tion du borax , d?en ajouter toujours un peu par-
delà le jufte point de feturation; il a remarqué
que, lorfqu’il n'y a pas affez d’acide pour décom-
pofer touc le b >rax, pu même que lorfqu’il n’y
en a que !a jufte quantité néceffaire pour le dé-
compofer en entier, le Jel fédatif refte embar-
raffé & confondu avec les autres matières feiines
soutenues dans la liqueur, & qu’en conféquence
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l a c r y f t a l l i f a t i o n q u i d o i t Réparer c e s fels le s u n s
d e s a u t r e s , f e f a i t m a l .
O n e f t e x em p t d e c e t in c o n v é n i e n t p a r l e
m o y e n d u p e t i t e x c è s d ’ a c id e q u ’ i l p r o p o fe : i l
e f t v r a i q u ’ a lo r s l e f e l f é d a t i f f e c r i f t a i l i f e d a n s
u n e l iq u e u r a c id e ; m a ie c om m e c c f e l a , p a r
r a p p o r t à l a c r y f t a l l i f a t i o n , to u t e s l e s p r o p r ié t é s
d ’ un f e l n e u t r e , i l p e u t ê t r e e x a c t em e n t d é p o u i l l é
d e c e t e x c è s d ’a c i d e , q u i n e l u i e f t p a s c om b in é
p a r l e m o y e n d e l ’ é g o u t em e n t & d e l ’im b i b i t i o n ,
fu iv a n t l e s p r in c ip e s d e M . B a u m é .
L ’ a c i d e q u e F o n m ê le d an s l a d i f f o lu t ie n c h a u d e
d u b o r a x , d é c o m p o f e l e b o r a x , f e fe tu r e d e fo n
a l k a l i , & d é g a g e to u t d e fu ite l e f e l f é d a t i f e n
u n i n f t a n t , q u o iq u e to u t c e l a f e f a f f e fa n s a u c u n e
e f f e r v e f e e n c e , a t t e n d u q u e F a l k a l i m in é r a l q u i e ft
d a n s l e b o r a x * n e c o n t ie n t p o in t d e g a s .
L e f e l f é d a t i f n e f e c r y f t a l l i f e p o in t a u f l i - t ô t q u ’ i l
e f t d é g a g é ; q u o iq u e l a l iq u e u r f o i t a u p o in t d e
c r iy f t a l l i f a t io n l o r fq u ’ o n n’ a m i s , c om m e c e l a f e
d o i t , q u e l a ju fte q u a n t i t é d ’e a u n é c e f f a i r e p o u r
l a d i f f o lu t io n d u b o r a x : m a is c ’ e f t l a c h a le u r qu£
e n e ft c a u f e ; c a r à m e fu r e q u e l a liq u e u r fe r e f
r o i d i t , o n a p p e r ç o i t b i e n t ô t u n e b o n n e q u a n t i t é
d e ç r y f t a u x .
O n a p u v o i r p a r c e q u e n o u s a v o n s d é jà d î t
d e s p r o p r ié té s d u f e l f é d a t i f q u i ré f t fte a u fe u j u f q
u ’ à f e v i t r i f i e r fa n s r e c e v o i r d ’a i lle u r s a u c u n e
a l t é r a t io n , q u e c ’ e ft u n c om p o fé f a l in d o n t l e s p r in c
ip e s f o n t t r è s - é t r o i t em e n t u n is & t r è s d i f f i c i l e s à
f é p a r e r .
C e t t e v é r i t é a é t é m i f e d a n s l e p lu s g r a n d jo u r *
p a r le s e x p é r ie n c e s n om b r e u fe s & r r è s - e x a d e s q u e
M . B o u r d e l in a f a i t e s f u r c e t t e m a d è r e , & q u ’ o n
t r o u v e d a n s l e s m ém o i r e s d e l’ a c a d ém ie p o u r l e s
a n n é e s 1753 & 175S* /
I l r é fu l t e d e s t r a v a u x d e M . B o u r d e l in , q u e l e
f e l f e d a t i f r é f îfte à to u s le s a g e n s l e s p lu s p u i f lâ n s
qu ’ o n p u i f f e em p lo y e r p o u r d é c om p o f e r l e s fe b f t a n c e s
fa lin è s - . C ’ e ft in u t i lem e n t q u ’ i l a t r a i t é c e l l e - c i
a v e c d e s m a t iè r e s in f lam m a b le s , a v e c l e fo u f r e
a v e c l e s a c id e s m in é r a u x l ib r e s o u e n g a g é s d a n s
d e s b a fe s m é t a l l iq u e s , a v e c l ’e fp r i t - d e - v in , l e f e l
f é d a t i f a r é f ifté à to u te s c e s é p r e u v e s , & e n e ft
to u jo u r s io r t i a b f e lu m e n t in t a d & inaltéré. M . Bour-
de lin a fe u lem e n t e n t r e v u u n e m a t iè r e in f l am m a b l e
& u n p e u d’ a c i d e m a r in d an s c e f e l ; l a p r em iè r e p a r
' l ’o d e u r d ’ a c id e fu l fu r e u x q u i l a c om m u n iq u é e à l ’ ac
id e v i t ro i i q u e , & l e f é c o n d p a r l e p r é c ip i t é b l a n c
q u ’ a o c c a f îo n n é d a n s l a d i f f o lu t io n d e m e r c u r e J a
l iq u e u r r e t i r é e d e l a d i f t i l la t io n d e m é l a n g e d e c e
f e l a v e c d e l a p o u d r e d e c h a r b o n . M a is M . B o u r -
delin e ft t r o p é c l a i r é p o u r a f fu r .T l a d e r n ie r e p r o -
p o f î t io n d ’ u n e m a n ié r é p o f î t i v e ; i l c o n v i e n t au c o n t
r a i r e a v e c to u s Jes c h y m i f t e s , q u e n o u s n e c o n n o i f -
fo n s .p as e n c o r e l a v r a ie n a tu r e d u f e l f é d a t i f fa utw
d ’ a v o i r p u l e d é c o m p o f e r .