
dans la terre fedlitzienne, quoiqu’il s’en forme suffi
dans la terrre calcaire,-& l’acide nitreux fe produit
plus volontiers dans la terre calcaire*
Enfin , dans chacune de ces trois terres expofées
long-temps à l’air putride, & notamment fur la fin
de la putréfaction dans des vaiffeaux où il n’entroit
d’air atmofphérique que celui qu’on y introduisit de
temps en temps, on y.a aulfi rencontré quelques
veftiges d’acide vitriolique. Ainfi les trois acides
minéraux fe trouvent formés dans cette opération de
la nature.
Toutes les époques de la putréfadion ne donnent
pas également un air propre à la nitrification, &
l ’époque favorable n’efl pas la même pour toutes
les fubftances putrefcibles. Il paroît que les matières
animales parenchimateufès valent mieux dans les
comtnencemens, & les matières excrémenteufes,
fur-tout l ’urine , dans les derniers temps de la putréfadion.
Le fang eft de toutes celle qui fournit le
plus abondamment & le plus long temps.
Ces différences ne tiennent-elles pas principalement
à la quantité d’air inflammable ou d’air phlogiftiqué
ou d’air fixe que donnent ces matières ? car
il eft bien certain, d’après les expériences & d’après
l'obfèrvation de ce qui fe pafle en grand dans les ni •
trières naturelles & artificielles, que c’eft l ’air,
somme tel, foit dégagé des corps putrefcibles, foit
pris d-e la maffe atmofphérique, mais toujours imprégné
d’un principe igné fpécifique qui fert à la
confedion «le l’acide nitreux*
Quoiqu'il ne puifle refter aucun doute fur ce
fa it, cependant pour le mettre dans tout fon jour ,
pour en connoître toutes les circonftances, enfin ,
pour favoir plus particulièrement quelles font les
efpèces d’air les plus propres à la nitrification, nous
avons cherché, difent MM. Thouvenel, à confirmer
les réfultats de nos expériences faites en petit ou
dans des appareils de vaiflèaux fermés , par d’autres
épreuves comparatives difpofées dans des maffes d’air
beaucoup plus confidérables, fenfiblement différentes
les unes des autres*
Nous avons donc expofé nos fubftances abforbantes
préparées :
i ° . A l’air atmofphérique des plaines cultivées,
& à celui des lieux très - élevés, incultes & '
inhabités.
i ° . A l’air des profondes excavations faîtes dans '
les mines, à celui de fimples folles fuperficielles 1
pratiquées dans les terres végétales, & recouvertes , ;
ainfi que dans les terreins marécageux*
A l ’air des étables, des caves, des latrines,
des cachots, des hôpitaux*
4°. Enfin, à l’air des cuves en fermentation vi-
Heufe, & à celui des foyers fans cefîè allumés avec
du charbon«
Dans toutes ces expériences qui ont duré fept I
huit mois à chaque reprife, étant abrités du foleil,
de la pluie, des filtrations, nous avons obtenu des
réfultats fort différens.
La nitrification a été plus marquée dans Pair des
> plaines, à la fùrface de la terre, que fur les endroits
élevés. Ellea fait encore de plus grands progrès dans
les foffes de terres végétales ; mais elle n’a nulle part
été plus fenfîble & plus abondante que dans les lieux
où Jl’air peu renouvellé, eft fans cefle imprégné
d’exhalaifons animales , & notamment dans les étables
, les latrines , les cachots, &c*
Par-tout ai leurs nous n’avons pas, ou prefquepas,
retiré de veftiges de nicre ; c’eft à-dire, dans les
excavations des mines, dans les folles des marais,
dans les caves très^-profondes, exemptes de toutes
filtrations & émanations corruptives , dans les foû-r
terrains des fortifications, & enfin dans l ’atmofphère
des cuves à bière fermentante, & dans celle des
foyers à charbons toujours brûlans.
Il eft donc bien démontré par toutes ces expériences
que l'air atmofphérique & l ’air émané des
corps putrefcibles, ont tout ce qu’il faut pour
fervirà la nitrification , pourvu qu’ils trouvent des
matières capables d’en abforber les matériaux, 8i
des circonftances propres à en favorifer la combi-
naifon*
L’acide nitreux, ni l ’acide marin ne fe forment
pas dans l ’atmofphère, & par telle ou telle confti-
tution d’air indépendamment de la préfeuce de telle
ou telle matière abforbante,
• En effet, dans toutes nos épreuves les matières
aîkalines n’ont jamais, été faturées que d’acide aéré
plus ou moins chargé du principe inflammab'e ; au
lieu que les vraies matières terreufes ' l ’ont été
d’acides nitreux &. marins en plus ou moins grande
quantité.
Une autre preuve encore de cette aiïèrtîon, c’ell
que ces deux acides volatils, lors même qu’ils font
lancés dans l ’atmofphère, n’y reftent pas en nature
d’acides ; puifque dans un laboratoire où nous avions
fouvenc tenu en évaporation l ’un & l’autre acide
pendant trois ou quatre mois , ces abforbans alka^
lins éc terreux qui n’étoient placés qu’à douze ou
quinze pieds du foyer de l ’évaporation , tant fur
le pavé qu’au plafond de cette pièce, ne s’en font
pas trouvés fenfiblement imprégnés*
II faut donc que ces acides dilparoifient dans
l’air, foit en fe détruifant, comme tous les corps
fûbtils portés à une extrême divifion, [foit en fe
combinant de nouveau, ou avec la terre toujours
exifiante & peut-être engendrée dans l ’atmofphère,
ou bien avec la mat ère du feu, celle de la lumière,
(rc,
Ou ne peut cependant pas douter qu’il ne fe
forme de l’acide nitreux dans l’almofphère, par-
ticuliérement dans les couches inférieures, qui
font toujours plus chargées des émanations réfol-
tantes de la décompofition des corps de la furface
de la terre, & dans lefquelles fe trouvent auffi plus
abondamment les matériaux inflammables & terreux
propres à la nitrification.
Une obfervation effentîelle , eft qu’il ne faut
point que l ’air de l’atmofphère foit apporté avec
rapidité. 11 vaut mieux qu’il foit à-peu-près ftag-
nant, pour que la combinai fon ait le temps de fe
faire. Une douce chaleur eft auffi néceffaire; car
le froid nuit à la nitrification , fans doute en arrêtant
la putréfadion.
Pour qu’il ne reftât aucun doute fur les réfultats
des opérations que l’on vient de voir, pour piouver
de plus en plus que l ’aie mépliit que .dégagé des
corps par la putréfadion & l’air atmofphérique
imprégné de ce gaz putride ou altéré par fon union
avec ie,principe inflammable réfultant des coips
pourriflàns, font, à l ’exclufion de tovit autre air
méphitique ou dégénéré, propres à la génération
des Tels nitreux, pour coiiftater que ceux-ci font
réellement des produits - nouveaux , q.u’ils ne
préexiftent pas, non plus que leurs matériaux immédiats
, dans les fubftances employées à leur
confection,'& que les abforbans terreux, chacun
fuivant leur degré d’aptitude, fourniffent, ainfi que
les airs indiqués , leur contingent à cette confedion
, on a cru encore devoir ajouter les expériences
fiiivantes.
Dans des appareils de ballons enfilés jufqu’au .
nombre de cinq à fix , on a introduit les divers
abforbans terreux & alkalins ci-deffus, chacun dans
un ballon féparé.
On a adapté ces files de ballons à de grandes ^
Cornues tubulées contenant des matières, ou en
putréfadion , ou en dift'llation, ou en effervef-
eense.1 On a eu foin de lutter parfaitement ces
appareils, & pour que l’air pût circuler fur toutes
les matières abforbantes , on a adapté à une des
tubulures du dernier ballon, un tube de verre
recourbé & plongé dans une jarre toujours pleine
d’eau. On a d’autres fois employé des ballons à
trois où quatre tubulures & autant de cornues,
afin d’introduire, ou à la fois, ou fiicceflivement,
plufieurs elpèces d’air pris de différens corps.
On a mis en effervefeence avec l’acide vitriolique
, la craie & la limaille de fer.
On a diftillé pour fubftances minérales de la
mine de fer fpathique , du marbre « de la houille
déjà préparée ; pour fubftances animales du fang
& de la corne de cerf j pour fubftances végétales,
du tartre, du bled & du charbon de bois.
On a pris pour mélange de putréfadion éminente
& éminemment aéré, celui de fang, d’urine,
.de viande hachée & de farine.
On a confervé ces appareils ainfi difpofés autant
de temps qu’on ' l’a jugé convenable ( depuis troig
jufqu’à fept mois) en ajoutant par intervalles aux
mélanges effervefeens ; en donnant auffi par intervalles
des coups de feu aux matières en diftilla-
tion ; enfin, en aidant par une chaleur habituelle
le dégagement d’air dans les matières en putréfadion.
Ces derniers feuls à l ’examen ont donné des
produits nitreux. La terre calcaire pute n'a jamais
manqué d’en donner depuis deux jufqu’à cinq
grains par once. La magnéfîe ne s’eft nitrifiée
que quelquefois, & plus foiblement que la craie«
Les autres terres, qui dans plufieurs des épreuves
précédentes ont montréquelque aptitude à la nitrification
, y ont été réfradaires dans celle-ci. Les
alkalis ne fe font point non plus nitrifiés, mais
feulement aérés.
I l n’y a donc que l ’air méphitique putride qui
foit propre à la nitrification. -
Il nous refle à découvrir quelle eft celle de fos
parties cdnft.’tuanres qui fournir à cette opération ;
car il contient de l’air fixe, de l ’air phlogiftiqué,
de l’air inflammable , & une portion d’air peu differente
de l'air atmofphérique : on a fait l ’expérience
fuivante.
Avant d’introduire cet air méphitique putride
dans les ballons on l’a fait palier à travers, i° . de
l’eau de chaux, z°. de l’alkali cauftique,, & 30. de
l’eau diftillée.
Dans les deux premiers cas il n’y a pas eu un
veftige de fel nitreux après un temps fiiffifant de
putréfadion.
Dans le troisième cas il y en a eu un peu , mais
moins que dans les épreuves avec l’air méphitique
non filtré par le moyen de l ’eau.
Il paroît donc , d’après ces expériences, que
l ’air fixe eft néceffaire à la génération du nitre :
qu’elle a conftamment lieu lorfque l’adion diflol-
vante de cet acide s’exerce fur certains abforbans
terreux. Mais on ne peut encore en conclure que
l ’autre portion d’air altéré & rendu méphitique ,
inflammable , ou phlogiftiqué , ne contribue auffi
pour quelque chofe à cette génération nitreufe.
Il s’agifioit encore de favoir fi l ’accès de l ’air
extérieur étoit néceffaire à la nitrification. Pour
cela on a fait les expériences fuivantes.
On a pris des cruches de grès à larges ouvertures
& de grands bocaux de verre qu’on a remplis de
matières en pleine putrefeehee. On les a couverts
de chapiteaux, les uns lutés , les autres non lûtes.
On a fait communiquer ces vaifleaux par le
moyen ’de tubes de verre dans des flacons contenant
de la craie, & des leffives aîkalines avec les précautions
ordinaires»