
Bien des perfonnes font ufage du fagou dans
la foupe, comme du r iz , ou de l ’orge, ou du
vermicelle.
Cette pâte de l’Inde a été connue en Angleterre,
avant que de l’être en France.
Elle augmente confidérablement de volume
dans le bouillon : elle devient tranfparehte, cuite
dans le lait & le fùcre. Elle forme un aliment
allez agréable, mais bien peu nourrifTant. Seba le
recommande comme la première nourriture utile
aux enfans. C ’eft une nourriture faine pour les
vieillards.
Pour faire ufage du fagou tranfporté en Europe,
i l faut d’abord l’époudrer & l ’éplucher comme on
épluche des lentilles, en choifîffant les grains les
plus gros & les plus blancs, Enfuite on, le lave
dans de l’eau qui foit riede feulement : lï l ’eau
étoit trop chaude, elle amoliroit la furface des
grains de fagou, & la pouflière s’y collerait.
Les feuilles du palmier - fagou , font chargées
d’une efpèce de duvet, dont les infulaires font des
étoffes. Les feuilles fervent à couvrir les maifons ;
leurs nervüres tiennent lieu de chanvre, pour faire
des cordes : on tire aufli de cet arbre une liqueur
allez agréable. Tout eft donc utile dans le landan, ou
fagoutier.
S A L E P OU S A L O P.
L e falep, eft une racine ou bulbe gomcneufe,
blanchâtre, un peuroulsâtre, & demi iranfpàrente
qui eft fort en ufage chez les turcs S pour rétablir
les forces épuifées.
C ’eft la bulbe d#uhe efpèce d'orchis ou fâtyrion,
que les orientaux ont l’art de préparer mieux que
toute autre nation.
On choifît la plus belles bulbes d’orchis dans
le temps que la plante commence à fleurir, on
en ôte. la peau ou écorce ; & l ’on jette ces bulbes
dans l ’eau froide où elles féjournent pendant quel-*
ques heures enfuite on les fait cuire dans une
fuffifante quantité d’eau, puis on les fait égoutter ;
après quoi on les enfile avec du fil de coton pour
les faire fécher à l’air : on choifît pour cette pré?
paration un temps fec&'chaud.
Elles deviennent tranfparentes, très-dures, ref-
femblant à des morceaux de gomme adragant. On
peut les conferver faines tant qu’on voudra, pourvu
qu’on les tienne dans un lieu fsc; au lieu que les
racines qu’on a fait fécher fans cette préparation ,
s’hume&ent & fe moifîffènt pour peu que. le temps
foit pluvieux, plufîeurs jours.
Lorfque ces racines font ainfî préparées, on
peut les réduire en poudre aulfi fine qu’on veut r
on en prend le poids de vingt-quatre grains qu’on
hume&e peir-à-peu d’eau bouillante ; la poudre,
s’y fond entièrement, & forme un mucilage ou
une efpèce de gelée qu’on peut étendre par ébullition
dans une chopine ou trois demi-feptiers, c’eft-
à-dire, une livre & demie d’eau. On eft le maître
de rendre cette boiffon plus agréable, en y jettant
du fùcre & quelques légers aromates.
M. Geoffroi dit que fi l’on évapore fur des
afliettes de fayence l ’eau dans laquelle on a fait
cuire ces racines, il y refte un extrait vifqueux
dont l ’odeur mélangée eft la même que celle d’une
prairie en fleurs quand on pafle au-defîous du vent:
on peut aufli la comparer à celle du méliiot.
SALINES, MARAIS SALANS, ET FONTAINES SALANTES.
( Art & travaux des )
L
fel.
e s fuîmes font les ufînes où
M a r a i s S a l
l’on fabrique le
AMS.
Pour la conftruâion de ces fortes d’éd:fjces, il
faut une terre argilleufe , ou une terre giaife qui
ne foit -nullement pierreufe.
Si le fond de cette terre tire fur le blanc, elle
fera le fel blanc : ce fel eft propre à la falière.
Les efpagnols & les bafques l’enlèvent.
Si le fond fe trouve rougeâtre, le fel tirera fur
la,même couleur; mais le fond du terreîn fera
plus ferme ; il eft propre pour le commerce de
la mer Baltique.
Si le fel eft verd, c’eft qu’il vient d’un terreîn
verdâtre ; il eft propre à la falaifon de la morue,
du hareng & de toutes fortes de viandes.
Le fel gris, que l ’on nomme fe l commun, eft le
même fel que le verdâtre , mais il eft plus chargé
de vafeL '
Il faut toujours tâcher d’établir fes maraisL en
un lieu autant uni que faire fe pourra, & veiller
à ce que les levées que l’on fera du côté de la
mer, empêchent l’eau de paffer delTùs : il eft très-
important de faire cette obfervation avant que
de conftruire les marais, fur-tout ceux qui font
au bord de la mer, les autres n’en ont pas be-
foin.
Lorfque l’on a trouvé le terreîn, comme on le
defire, il faut obferver de fîtuer autant qu’il eft
pôffible , les marais, de manière -à recevoir les
vents du nord-eft & un peu du nord-oueft. Car
les vents les plus utiles font depuis le nord-ôueft,
pàflant par le nord jufqu’à l’eft-nord : les autres
vents font trop mous pour faire faler; il ne faut
pas ignorer qu’un vent fort & un air chaud font
faler avec promptitude.
Pour conftruire un marais, l ’on choifît la faifon
de l’hiver; alors les laboureurs font moins occupés,
leurs terres font enfemencées; maison peut
les conftruire en tout, temps , lorfque l ’on a des
ouvriers.
Il eft à propos d’avoir un entrepreneur dont le
•prix fe règle par l ’étendue 'du marais ;Veft l’entrepreneur
qui paye fes ouvriers, à moins qu’un particulier
ne fît travailler à la journée.
Pour la conduite du marais il faut un homme
entendu à la planimétrie, & qui ait la connoiiïance
du flux & reflux de la mer, afin de faire creufer
le jas , & de pofer la vareigne ; ces deux points
importent beaucoup à ce qu’un marais ne puifle
manquer d’eau en aucun temps; c’eft en quoi la
plus .grande partie des marais de la faline de
Marenne peche , faute d’expériences de conftruc-
teurSi
Il ferait à fouhaiter que tous les maîtres de marais
fuftent au fait de l’ârpenfagë, & c’ eft ce qui
n’eft pas; ils fe contentent pour la plupart de me*
furet le tour d’une terre , & d’en prendre le
quart, qu’ils multiplient. par le même nombre
pour avoir le quarré : cette méthode peut paiïer
pour les rerreins quarrés, mais elle devient in-,
fuffifante quand la terre a plufîeurs angles rentrai!
On fent combien il eft important que celui qui a
la conduite de l’ouvrage, cônnoilfe le local du
marais par pratique.
Chaque marais devrait avoir fon jas â lut feul
pour plus grande commodité ; on peut cependant
les .accoupler , comme il paraît fur notre plan ,
& iur celui de la prife du marais de Chatellars ;
le marais en ferait toujours mieux , les fauniers
feraient moins pareffeux à fermer la vareigne-ou
éclufe, & ne fe remettraient pas de ce foin les
uns aux autres, ce qui fait que bien fouyentle marais
manque d’eau.
Il faut que Ja foie du jas ne foit élevée que de
fîx pouces au plus*, au-deflùs du maure de l’eau ;
pair ce moyen, lors-même que l’eau monte le
moins , le marais ne peut en manquer ; il ne faut
prendre que deux pieds d’eau au plus, quoiqu’on
en puifle prendre 'jufqu’à fîx dans la plus forte-
maline, ou au, plus gros de l ’eau; voilà fur quoi
on doit fe régler.
Pour ’la vareigne , elle aurait huit pied de haut
fur deux de large, qu’il ne faudrait pas de portillons
, quoique les fauniers. en demandent toujours;
ce portillon eft fujét à. bien des inconvé-*
niens ; le faunier fe fiant fur ce que le portillon
doit fe refermer de lui-même quand la mer
fe retîte, ne veille pas à fon éclufe ; cependant