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1« portillon s’engage, le jas fe vuide & devient J
horç d’état de faler, fi c’eft fur la fin de la rna-
line ; lorfque la maline d’après vient, le faunier
prend de l’eau de tous les cotés, cette çxw eft
froide, elle couvre le marais qui par conféquent
devient bien fouvent hors d’état de filer de plus ,
d’un mois & par delà; s’il avoit la précaution de
mettre l’eau peu-à-peu , il ne totnberoit jamais
dans cet inconvénient, le marais ne fe refroi-^
diroit pas«
Enfuite on fait les conches à même niveau , &
on place les gourmas entre les conches & le jas,
comme il eft figuré A & au plan à la lettre P.
P L , 7 & / I des marais Salants, voyt^ tom. IV.
des gravures & l’explication fuivie de ces planches
ci-après.
Le gourmas eft une pièce de bois percée d’un
bout à l ’autre , à laquellè on met un tampon du [
côté des conches ; on l’ôte pour faire couvrir l’eau
du jas aux conches avec vivacité ; mais quand il
y a y ou 6 pom«s d’eau fur les conches, on le
remet pour fe fervir enfuite des trous, qui font
defliis le gourmas au nombre de 4 à ƒ , d’un pouce
de diamettre.
? L e gourma* eft Ions l’eau au niveau de la folle,
4u jas, & des conches ; on le referme avec des
chevilles; quand le faunier prend de l’eau des
conches pour entrenir les conchées & le maure,
il ouvre une ou deux chevilles , & quelquefois
les quatre, pour que l ’eau vienne moins vite que
par fa voie ordinaire , & par conféquent elle refroidit
moins l ’eau des conches.
Le maure eft un petit canal d’un pie environ de
largeur, marqué par la lettre S ; il fait le tour du
marais, un pouce plus bas que les conches; lorf-
qu’il eft au bout, il eutre dans la table marquée
-2}, & paffe par divers pertuis marqués dd;
Je pertuis eft un morceau de planche percé de
plufieurs trous, qui font bouchés avec des chevilles,
pour ménager l ’eau péceffaire da' s les tables
qui ont au plus z pouces à' z poucés £ d’eau ; de
la table il va au muant jflarqué F , où il conferve
la même hauteur d’eau ; du muant il entre par
- l ’en droit marqué O dans le braffour défigné par les
lignes ponduées.
On fait au bout du brafîour, avec la chef
ville F , qui a un pié de long fur huit lignes
de diamètre 9 des petits trous entre deux terres
marqués e..v e, e, au plan; c’eft par ces trous
que l’on fait entrer un pouce d’eau au plus dans
les aires pour faire le fel ; l ’air.e eft de deux pouces
plus bas que le braflbu? & le muant; quand on
voit qu’il y a afie?. d’eau dans les aires pour fajire
le fel-, on referme les trous , en frottant le dedans
du, braffour avec une pelle marquée T ? on
ébiige les terrçs de, f© approcher de boucher
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ln fuperfîcîe du trou, pour qu'il n’entre plus d'eau«
& lé trou refte fait.
Ifn bon marais doit avoir pour le muant 3*
à 33 pieds de largeur; la longueur n’eft pas fixe;
les tables avec j>e! maure 30 pieds. On met quelquefois
une vellë marquée H aux deux tiers de
largeur du marais, & un tiers du côté des boiles
ou maures.
Les aires ont 18 à s 9 pieds de longueur, fur
autant de largeur; elles font inégales aux croi-
furçs de la vie marquée G , qui a 4 ou 5 pieds
de longueur.
Les velles dés deux côtés des aires font de 18
pouces , & en dedans de 17 pieds.
Ce font les beaux marais qui font faits fur ces
proportions.
Les aires des croifûres qui font les chemins
de trav^rfe qui fervent à porter le fel fur la boffe,
font plus petites., attendu que leur largeur eft prife
fur les air-, s les plus prqches de ce^ mêmes croi-
fures. Cet inconvénient fe pourroit corriger fi on
vouloit y prêter attention : il y a de largeur 180
pieds. Celui des marais de Chatelars a dans fbn
milieu 116 pieds de large, & au bout lê z ; c’eft
pourquoi il ne peut avoir que trois rangs d’aires,
encore eft-il gêné pour fes vivres. Sa longueur eft
de 155 toifes.
Quand on fait des marais, la longueur n’eij
pas” déterminée, 011 fe conforme an tirrein ;
obfervant cependant que le plus long eft le
meilleur.
Dans lçs anciens marais les jas n’ont pas de
proportion , mais la grandeur de celui-ci eft proportionnée
au nombre de livres de marais : il a
19'toifès. Les terres d’un jas de cette grandeur
font commodes à faire à caufe du char oi ; l ’étendue
n’en étant pas confidérable, rend le tranfport
des terres facile.
Les bolfes entre jas & marais ont 8.toifes; elles
feroient meilleures à iz & même à 1.6, comme
celles d’entre les deux ja s, qui ont toifes,&
demie. La longueur s’en fait aufîi à proportion du
marais.
Les conches qui répondent aux jas par les gourmas
marqués P f. r uni partie du marais mvc en
granl pour que l’on voie mi- ux le cour- des eaux
qui entrent du même jas, dans chaque gourmas ;
ces conches, dis-je, font.féparées par une petite
vellé au milieu , qui fait' que quoique la vareigne
foif commune aux deux jas , & que les jas aient
communication l’un dans l ’autre, les couches font
féparées, elles, opt leurs eaux, à part.
Ces'conches ont ï 8î pieds de largeur, mais
elles ont fur le côté du marais une petite conche de
fix toiGes de ls.rge 5 ’a longueur en eft indéterminée
au-moins
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««-moins pour les marais que l’on voudront conf-
truire, car le jas, le marais & les conches qui
font fur ce plan font voir ce que l’on peut faire
de livres de marais fur un terrent de 64362. toifes
quarréës, dont 5100 font le journal.
Les marais faits fuivant ce plan , tant les marais
réguliers que ceux qui ne le font pâs, font enfemble
58 livres^une aire, favoir zo carreaux à la livre;
chaque livre a fur les vivres du marais à proportion
comme, fur les bofFes, tables, muants,
conches, jas & farretieres, s’il s’en rencontre aux
propriétés du marais.
Il faut obferver que beaucoup de jas fervent
à plufieurs marais; ils ont un nombre d’éclufes :
éelui qu’on nomme ja s de l'épée, qui eft devenu
gaz., ou perdu , -avoit, lôrfqu’il fervoit, 13 va-
raignesjil fourriifïbit près de zoo livres de marais;
il n’étoit pas meilleur pour cela.
Les marais fe mettent au côy au mois de mars.
Pdur vuider les eaux par le coy, lettre K & H ,
on obferve de boucher les conduits des tables
pour qu’elles ne vuident pas; on largue , ou vuide
l’eau du muant, enfuite avec le boguet P , on
commence à nettoyer celles des aires qui font au
haut du marais , & l ’on renvoie l’eau au muant, pour
qu’il vuide toujours au coy : c ’eft ce que l ’on
appelle limer un marais.
Quant les aires font nettoyées, on en fait
autant au muant; enfuite pour faire palier les
eaux des tables au muant & par les braflours,
on garnit les aires pour qu’elles ne sèchent pa$ ;
trop.
On nettoye les tables, on fait venir l’eau des
conches par le maure qui fe rend aux tables, &
le marais eft prêt à faler.
Le faunier devroit aufti nettoyer les conches,
les eaux en fèroient plus nettes.
On jette les boues fur les boffes avec un boguet
S ; il commence quelquefois à faler au mois
de mai, mais ç’eft ordinairement au mois de
juin, ce qui dure jüfqu à la fin de feptembre ,
quelquefois même jufqu’au 10 ou au ij odobre,
mais cela eft rare.
Dans toutes les malines qui font ordinairement
au .plein & au renouvellement de la lune on
fe fert du gros de là ftier, qui eft environ trois
jours avant ou après le plein , pour recevoir de
l ’eaa; les malines qui font faites de façon que
les marées font à troîs pieds & demi au-deflus du
maure de l’eau , manquent ordinairement au mois
de juillet, tant par la faure des fauniers, que par
la mauvaife conftrudion des jas.
On connoît que le fèl fè forme quand l ’eau
rougit; c ’eft en cet état qu’étant réchauffé par le
üçlcil&par lè v en t, ibfë crème de j^épàiflèur du
Arts & Métiers, Tome V i l,
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verre .• alors on le cafte, il va au fond, & c’eft ce
qu’on nomme le brdfer. ■; il s’y forme en grains gros
comme des pois, pour lors on l’approche de la
vie G avec le rouable qui fert à nettoyer le marais
; enfuite on prend i’outil Q , qui fe nomme le
f e r v i o n : il ne diffère du rouable qu’en ce qu’i' eft
un peu plus penché, & qu’il a !e manche plus
court. On s’en fert pour mettre le fel en pile
fur la vie ; & loîfque le marais, eft tiré d’un bout,
à l ’autre, on le ,porte fur les, piles ou pilots faits
en cône; il y a au fit des piles qui font .ovales
par le pied , & qui vont eh diminuant par le
1 haut , telles qu’on les voit au côté du cartou che
où je repréfente les charrois ; ces piles fe nomment
v a c h e s d e f e l . ' _
A mefure qu’on tiré le fel fur la vie,-on garnit
les aires de nouvelle eau, pour la préparer à
faler.
Quand un mârais commence à faler, il né
i donne du fel que tous les huit jours ; & lorf-
; qu’il s'échauffe , on en tire deux & trois fois
par femaine : il s’en eft vu même , mais cela eft
rare, d’où l ’on en tiroit tous les jours.
Il eft bon d’obferver que quand un marais eft en
train de faler, ou trop échauffé à faler, & qu'ii
pafle des nuages qui donnent un brouillard un
peu fort; le marais en fale beaucoup plus, parce
qu'il anime la foie du marais ; & quand il né
mouille pas, on rafraîchit Je marais par les faux
gourmas marqués h fur le plan ; ce qui empêche que
l ’eau dans fa courfe ne fe refroidiflè ; on abrégé en
outre fon chemin par des petLs canaux qui viennent
de la table au muant, dont un eft marqué g g »
ils font rangés de diftance en diftance , comme
ceux que l ’on nomme faux gourmas : je n’en aï
marque que quelques-uns, pour éviter la quantité
des lettres répétées; j’ai fait de même pour lés
braflours marqués O , & j’ai feulement pondue
les autres pour faire connoître les peti s canaux
qui fervent à faire entrer l’eau dadis ceux qü’on
nomme porte-eau de la table.
On fait au muant comme on a fait aux aires,
«vec le piquet & la palette j pour mettre le fel
fur la pille; on fe fert pour cela d’un faç garni de
paille ; on le nomme bourreau Y. Un homme le
met fur fes épaules ; un fécond tenant deux.morceaux
de bois ou de planche, nommés fcaugeoire%
? longs de 8 pouces , fur vz de large, avec une poi-
| gnéé figure b b , s’en fert pour emplir le panier
! X , & le inet Tàr le dos de celui qui a le fac;
! celui-ci court toujours, & monte fur la pile.
Quand il fale beaucoup, ces gens font tour*
mentés par un mal <pai leur vient aux pieds, &
que l’on nomme f é a u n e ïo n s ; mais il ri’eft pas
dangereux, quoiqu’il caufe de vives douleurs•$
il leu# furvient encore des çrevaffes en divers en*
, droits des mains,.