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Au refte, toutes les matières réfîneufes n’ont point
encore été examinées dans le détail & avec les attentions
qu'elles méritent. Il eft vraifemblable que fi
l'on en faifoic un examen bien filivi & bien complet ,
on en trouÿe'Toi't plufieurs analogues à la çopale ,
& d'autres qiu, provenant des deux efpèces d’huiles
dont nous venons de parler , mêlées Sc évaporées
enfcmble , paruciperoient en même tems de la nature
des deux efpèces de réfines qùi en réfui tent ; enforte
qu’elles feroient à ces deux fortes de refînes , ce que
les gommes-refînes font aux gommes & aux réfines.
Le fuccin & les autres bitumes folides , qui font
auflr des matières huileufes concrètes, indiffolubles.
dans l’eiprit de vin , & dont l’origine eft manifefte-
m<nt végétale , neifopt vraifemblablement que des
huiles non volatiles , ainfî épaifCes & durcies par
vétufté ou par la icombipaifon intime avec , des.
acides minéraux.
Les réfines n’étant que des bitumes épaiffis, fe rè-
cueillenc de même que les baumes fur les arbres ou
plantes dont elles ont exfudé.
Il y en a cependant plufieurs qu’on obtient par le
travail de Tait: telle eft la poix noire ou gàudron
qu’on retire en la. fai fan t fondre & exfuder de force,
à l’aide du feu & de la chaleur, des pins , fapins &
autres beis de même efpèce qui en font tout remplis :
telles font auffi les réfines de- jalap , de feammonée,
de curbir, qu’on retire de ces végétaux pour l’ufage
de la médecine, en les diiTolvant dans le végétal
même bien fec, par le moyen de l’efprit de vin ,
dont on les fépaie enfuite par l’intermede de l’eau,
dans laquelle on étend beaucoup cet efprit de vin
chargé de refîne.
Les; réfines font employées dans plufieurs arts,
& font propres à beaucoup.d'ufages. Les réfines qui
font très-communes fervent à faire des flambeaux,
& à gaudrooner les navires & les bateaux; celles
qui font belles & Iranfparrntes^entrent dans la cora-
pofition des vernis. -
' Il y en a un très-grand nombre dont on fe fert
en médecine, foit à l’e:xtérieur, comme celles qui
entrent dans les ongiiens & emplâtres, foit à
l ’intérieur, comme les refînes de feammonée,
de jalap , de turbit, qui font purgatives : d’autres
dont l’odeur eft très-agréable, telles que le benjoin
& le ftorax, qui font employées dans les parfums.
( D i Et. de Ckim. )
Réfine \animé. I l y a. deux fortes de réfine animé
; l ’une d’orient , l’autre d’occident. Ges 'deux
efpè.ces font quelquefois- appellées gomme animé,
mais 'c ’eft fort improprement, pùifque ces ,fubf-
tances font très-inflanimàbles , & par conféquent
de viaies réjînes*.’ ! ,
•La réfifie ànifné^d1orient’ a quelque refîem^larrce
avec la myrrhe ‘r elle arépand une odeur fuave quand
oii la. brûleo
R E S
On l’apportoit autrefois de l ’Ethiopie : elle e$
trèsjrare préfentement : on lui fubftitue celle
d’occident,
r La réfine animé d1occident que l’on nomme auffi
la.i, réfine de courbaril} ou le joiicacica. des bré-
fîlois, eft d’un bleu citrin , folide, tranfparent,
d’une odeur douce, agréable, & fe confume facilement,
étant mife fur les charbons. C’eft a tort
que l ’on a dit qu’elle n’eft point foluble dans les.
efprits ardens, non plus qùe dans les huiles eflen-
tielles, ni dans les graffes..
Cette refîne reflemble tellement à la refînecopal y
qu’il eft difficile de les diftinguer , & l’on peut
même , au moyen d’un procédé particulier, les
employer également dans les vernis tranfparens.
O n ,tire cette refîne de la Nouvelle-Ëfpagne >
des ifles de l ’Amérique & du Bréfîl. M. de Pré-;
fontaine rapporte que les Indiens s’en fervent
pour ye.rnir les vafes qui ne doiyent pas être ex-
pofés au feu. Ils la paffent dans un bois mou qui
leur fert de flambeau.
Cette refîne découle d’un vieux arbre connu en
Amérique fous le nom de courbaril.
Cet arbre, qui croît auffi en Afrique > notamment
for les bords de la rivière de Gambie, & ’ aux
environs, eft un des plus grands & .des plus utiles
du pays. Son bois eft dur, fufcep.tible du poli ,
rougeâtre ., & excellent pour toute fortes d’ouvrages
, principalement pour la fabrique des rouleaux
qu’on emploie dans les moulins à focre.
Les planches qu’on en tire peuvent porter juf-
qu’à dix-huît pouces de large. On en fait de
trèfc-beâux meubles.
Les feuilles de cef arbre font femblables à celles
du laurier, attachées deux à deux à chaque queue;
elles font tranfparentes ; & paroiflent percées de
trous comme .celle du mille-pertuis. Ses fleurs font
légumineufes, tirant for le pourpre , & ramafïées
en pyramide. Le fruit eft une gouflè longue, d’environ
un pied , couverte d’une écorce aflez fem-
blable à celle de la châtaigne, remplie de petites
fibres réunies par paquets , & parfemée de farine
jaunâtre, d’un goût aigrelet & peu agréable.
Ces filandres: recouvrent plufieurs noyaux rtrès-
durs , de la figure & de la grofleur de nos fèves
dé marais. Les nègres recueillent ces fruits, avec
emprefîement, pour Êen.faire une çfpèce-, de ..pain
qui eft plus beau que. bon.
Les gens du pays prétendent : que la fumiga-'
tion de .cette H fine -eft "èmplôÿée efficacement
pour guérir-les - maux de tête ou desautres parties
du corps mtta'quées du 'froid. On dit auffi que
cette ï mêmseu refîné 3 diflbute • dans- 'de■ Bhuile‘ , ou
de r.efprit-deî-vi'n , eft falutake pour la 1 goutte &
les nialadiesi de nerfs,. : i
r e s
II faut :obïerver que la réfîne^ animé ne fournit
pas d’huile effentielledans la diftillation avec 1 eau,
à moins qu’on èn mette à la fois une grande
quantité en expérience. Cette réfine f i meme
beaucoup de peine à fe difloudre dans^ 1 efprit-de-
vin tant qu’elle eft pure, mais à laide d autres
focs réfîneux , elle y devient plus difloluble.
L ’eau n’en tire qu’une couleur foible, & qui,
au rapport de M. Cartheufer, ne vient que de ce
que ce menftrue a détaché quelque portion de
matière réfîneufe pendant la digeftion ; auffi ne
fait-il pas difficulté de ranger cette fobftance au
nombre des' réfînes les plus pures. ( Dici, d'Hifi,
Nat, | ( t < ' .
Rèfine. de cèdre. Elle eft aflez femblable à du
galipot par fa forme grenue & friable, & par là
couleur jaunâtre. On appelle cedria celle qui eft
en petits grains & qui découle fans incifîons.
On donne le nom de réfîne de cedre à celle qui eft
flalaéfciquej & qui fort de l’arbre quand on y a fait'
des. incifîons. Elle a une odeur aflez agréable.
Mais ces véritables refînes font rares en France :
on leur fubftitue fouvent.le galipot,
Réfîne cop al. On la nomme improprement gomme
co-pal. Ç ’eft line réfîne dure, luifante , tranfparante,
& de couleur citrine, odorante , mais moins que la
refine animé,
La réfîne copal découle ou naturellement, ou
par fcarification d’un grand" arbre qui croît à la
nouvelle El’pagne , dont les feuilles font femblables
pour la figure à celles du chêne ; le fruit en eft
arrondi, & de couleur pourpre ; on le nomme Copal-
liféra. Cétte réfîne a une odeur très-forte quand on
la brûle.
Les américains avoîent coutume de brûler ce
parfum en l’honneur de leurs dieux , & ils firent
la même chofe à l’égard des premiers conquérans
de l’Amérique, qu’ils eurent la faiblefle pendant
quelque temps de regarder comme des dieux.
On emploie principalement cette réfîne pour les
vernis : on en fait un grand commerce à Nantes & à
la Rochelle.
La copale orientale/eft fort rare en Europe. Bien
des naturaliftes croient que la çopale ordinaire eft
la première matière, du fuccin , apparemment à
caufo des reflemblances qu’a la réfine côpal avec
le fuccin : elle a en effet la couleur, la belle
tranfparence, la dureté & l ’indiflolubilité totale
dans l’efprit-de-vin qu’on obferve dans le fuccin.
' Réfîne élémi. C’eft une fobftance totalement inflammable
dont on diftingue deux; fortes dans les
boutiques où elles font connues fous, le nom impro-
prè de gomme élémi ; l ’une vraie qui vient d’Ethio--'
pie, & l’autre, bâtarde qui vient d’Amérique.
L a vraie réfine, élémi eû jaunâtre ou d’un blanc
R E S p
qui tire un peu fur le verd , folide extérieurement >
fans être abfolument Fèche fouvent molle &
gluante,formée en morceaux cylindriques du poids
de deux livres, d’une odeur forte de fenouil, peu
agréable : ces morceaux font communément enveloppés
de grandes feuilles de palmier ou de canne
d’Inde , elpèce de rofeau.
On prétend que l’arbre d’où elle découle eft une
forte d’olivier fauvage de moyenne hauteur, dont
les feuilles font longues & étroites, de couleur
verte-blanchâtre argentée : fa fleur eft rouge, &
fon fruit reflemble à l’olive ; on trouve cet arbre
en Egypte & dans l’Ethiopie.
U élémi d? Amérique eft une réfîne blanche-jaunâtre
, tranfparente , reflemblant à la réfîne du pin:
fà confîftance eft ordinairement molle , grafle &
gluante 3 elle devient avec le temps très-friable :
on la trouve très-communément dans les boutiques:
on l ’apporte du Bréfîl, de la Nouvelle-Efpagne &
des ifles de l’Amérique.
Elle découle d’un arbre que les bréfilois appellent
icicariba, & qui eft haut comme un hêtre : foti
tronc eft médiocrement gros ; fon écorce eft unie 8c
grife; fes feuilles-font femblables à celles du poirier:
les étamines des fleurs font jaunâtres , les fruits
font de la grofleur & figure d’une olive , & de la
couleur d’une grenade : la pulpe de ees fruits a la
même odeur que la réfine élémi. Si l’on fait une-
incifîon à l’écorce, il en découle, pendant Ja
nuit, une réfine verdâtre très-odorante * qui font
i’anis nouvellement écrafé , & que l’on peut recueillir
: le lendemain elle a la confîftance de la
manne, & elle fe manie aifément.
Il foffit de prefler l’écorce des différentes parties
de cet arbre, pour qu’il en forte auffi tôt une odeur
vives.
Il faut cependant convenir que prefque toute la
réfîne élémi qui nous vient d’Amérique,, eft cétte
réfîne appelée improprement gomme de gommier.
L ’une & l ’autre réfîne élémi font fondantes , dé-
terfîves & calmantes.: .
Les différentes odeurs , couleurs, & confîftances
qu’on remarque dans les diverfes réfines élémi font
foupconner que la plupart d’entr’elles font adulte-
térées dansle.pays au moyen 4’autres refînes jaunes,
grisâtres, plus pu moins odorantes, peut etre
même avec le galipot. C ’eft la raifon pourquoi elle*
font moins odorantes & leurs vertus bien inférieures»
Elles fe diflblvent dans l’huile.
Réfine olampi. Sous ce nom, dit M. Bomare, l’ôn
nous à 1 envoyé plufieurs fois de l’Amérique une
réfîne jaunâtre , grumeièufe., dure , friable, quelquefois
tranfparente , quelquefois blanchâtre, un
peu opaque , ayant beaucoup de rapport avec les
réfînes animé, copal 8c courbaril.