
S U P P L É M E N T
A l ’art de tirer la S o u d e du Varec & autres plantes.
O N comprend fous le nom fefpèces de plantes marines qui cdreo ifvfaernetc fuprl ulfeise urors
ï lcihèerse mene ndt ifffuérre nlse se ncdôrtoéist s ddee llaa mNoerr m, a&n dipea.r tiCceus
plantes font du genre des fucus.
On fait les difficultés qu’il y a à bien déterminer
la nature 8c les qualités des différentes ftibf-
tances dont font compofées les foudes, à c'aule du
grand nombre de ces matières & de la combinaifon
qui fe fait entre celle qu’on fait éprouver à la
fou:1e , pour lui donner la folidité que l ’on exige
dans le commerce; les expériences que M. Manquer
a faites avec M. Poulletier de la Salle, fervi-
ront de preuves de cette difficulté.
Quoique plufieurs chimiftes, dit* M. Macquer,
aient déjà publié des recherches fur cetre matière, p&l éqtéuse ,l ejse ncôrotriess nféoainenmto binise nq ué’leolilgensé epso du’rêrtornet cpormo,
çduur evra rqeuce;l qjuee sv aciosn lneos ifrfaapnpceosr tneor uAvemllpelse mfuern lta & fo fuadnes ■ eonn t fapirréec éddeé ecso. m.para’fon avec les ànalyfës qui'les
Le va.rec defféché au point qu’on l’emploie fur
les côt.es de Norman lie pour le brûler & en faire
}a foude , a une odeur marine affez forte; Es plantes
dont’ il eff compofé font de couleur brunefon-
cée, & ont un tranfpatènt fauve, à-peu-près com- ;
me de la corne.
Quelques-unes de ces mêmes plantes font de
couleur jaune un peu plus claire, ô£ ont la même
tranfparence. Toutes ces herbes fiches ont beaucoup
de foup le ffe& fe laiffent plier dans tous les
fiens, fans fe calfer; il faut même faire des efforts i
affez grands pour les déchirer & pour les rompre, j
En pofant la langue deffus, on y apperçoit une fa- i
veur de fel marin très-fenfîble. La plupart des]
feuilles & des tiges font parfemées de pointfblancs
en forme d’effiorefcence. Cette matière blanche
a une faveur falée plus fenfîble 8c Ce diffout dans
l’eau.
Nous avons fait tremper une once de ce varec
defféché , dans de l’eau de rivière. Au bout de
quinze heures, il ayoit repris tout fon port & fa
fraîcheur naturelle.
Cette once de varec tirée de l’eau , égoutt'e
dans un tamis pendant deux heures, & enfu te
effuyée dans un linge fec, pefoit deux onces. &
demie.
Une pinte d’eau dans laquelle nous avions fait
tremper à froid quatre onces de varec fec pendant
vingt-quatre heures, le thermomètre étant a huit
degrés au-deffus de la glace, a pris une couleur
fauve très-forte & une faveur un p;u falée, avec
celle de la plante, ainfi que fon odeur, qui font
fades & marécageufe«. Nous avons effayé; de filtrer
cette infufîon par le papier gris ; mais après
que le quart environ de la liqueur a eu pané avec
peine & lenteur, la filtration a celle prefque entièrement,
& le fibre s’ étant crevé y nous avons
pafle cette liqueur à travers une étamine double.
Elle a été mife enfuite à évaporer au bain de labié
dans une jatte de porcelaine à une chaleur douce.
L’évaporation étant déjà allez avancée, il s’eft
formé a' la lutface de la liqueur une pellicule fa-
line. ,Comme nous n’attendions que du fel marin
de cette opération., nous l’avons laiffé aller prefque
jufqu’à fîccité. La liqueur étoit alors très roulfe;
elle avoit une faveur falée, & étoit remplie de
cryftaux infiniment petits & informes.
Nous avons enlevé tout ce qu’il y avoit dans la
jatte, & nous l ’avons réduit en charbon dans une
cuiller de fer. Ce charbon avoit une favéur très-
falée^Tl a été leflivé avec de l’eau pure qui a été
filtrée & évaporée au bain de labié dans une cap-
lule de verre; cette liqueur étoic blanche & clatre.
Par l ’évaporation jufqu’à fîccité, nous avons obtenu
un gros de fel très-flanc informe, dans lequel
nous avons pourtant diftingué de petits cubes de
| lel marin ; il avoit aufli la faveur du fel de mer,
| mais altéré par "un peu d’amertume.
Ce te fimple infufîon du varec n’ayant fourni
que très-peu de produits, 8c prefque uniquement
le fel marin dont il étoit enduit, nous avons voulu
voir l ’effit d’une tr>s-forte décoftion. Pour cela
nous avons-bien lavé à plufieurs grandes eaux ti.è-
des huit onces de varec bien fec,' pour emporter
fôn enduit extérieur de fel. 11 n’avoit plus après
ce lavage aucune faveur falée fenfîble. Nous 1 a-
vons fait bouillir à gros bouillons pendant huit
, heures dans feize pintes d’eau de rivière.
L’eau de cette décoétton avoit une odeur de
poiffon qui n’étoit point* défagréable ; fa couleur
étoic tiès-brune , rougeâtre , prefque noire ; fa faveur
écoit la même que celle dur varec lavé, c’eft-
à-dire fade , fans aucun mélange d’amer > d’âcre,
ni de falé. Là liqueur étoit coulante & affez limpide,
n’ayant rien d’épais, ni de mucilagineux.
Cette liqueur a été évaporée à une douce chaleur
du bain de fable dans une jatte de porcelaine;
elle $?eft épaiffie peu-à-peu en un extrait d’un brun
noir prefque fans favéur 8c couvelt d’une peau. Ce
qui eff remarquable eft que , quoique le varec frais
«u tiempé dans l ’eau paioiffè très-mucilagineux
au toucher, fon extrait, lors même qu’il a été
réduit prefque à rien, car il en avoit très-peu, n’avoit
nulle confîftance mucilagineufe. Nous l’avons
évaporé jufqu’à fîccité, toujours fur un bain de fable
d’une très-douce chaleur. Il s’eft defféché parfaitement
bien, n’a formé qu’un enduit fur la jatte :
cët enduit s’en eft: détaché facilement en écailles
noires très-frag les ; il avoit alors une,faveur de fel
marin affez fenfîble.
Ma s fur les charbons ardens, il ne s’en eft exhalé
qu’une petite quantité de fumée d’une odeur
de poiffon grillé , & fur tout d’écreviffes de mer,
après quoi il a brûlé fans flamme fenfîble comme
un charbon ; fa cendre avoit une laveur peu falée,
point fenfîblement alkaline & affez amère : cet extrait
eft refté feC & ne s’eft point humedé à l’air;
il s’eff diffous néanmoins facilement dans l’eau 8c
eft rîclevenu fcmblable à là décoétion.
L ’alkali fixe en liqueur, mêlé dans cette décoction,
n’y a produit aucun changement. Les acides
au contraire, fans y faire aucune effèrvelcence, y
ont occafîonné un dépôt brun-rougeâtre, ont éclairci
la liqueur & diminué.confidérablemenr de l’inten-
fité de fa çpuleur.'
A l’égard du varec qui avoit fubi cetre forte &
longue ebulftien, il n’en avoit éprouvé prefque
aucun changement; il n’étoit que fort peu ramolli,
il étoic très-coriace fous la dent , avoit confia vé
toute fa forme, & paroiffoit aufli gluant & muci-
lagineux au toucher qu’avant fa décodion.
Les expériences que je viens de rapporter indiquent
affez que l’eau ne peut extraire qu’une fort
peti e quantité des principes prochains du varec,
& qu’elle n’eft point leur vrai diflblvant.
Il faut en effet que les principes des niantes qui ,
comme celles-ci, naiffent & végètent prefque tou- .
jours fubmergées par l ’eau , -foient combinés de :
manière que cet élément ne püiffe les d ffoudre ,
puifqu’autrement leurs principes leur étant conti- i
"nuéllem nt enlevés par l’eau qui les baigne, elles
feraient toujours dans un épuilement qui nè leur
^permettrait ni dé croître , ni même de vivre.
Il aurait été à propos fans doute d’examiner par
d’autres expérLn es c^s premiers produits de l ’a-
nalyfedu varec, & même de tenter d’autres moyens
pour reconnoître les principes qu’on en pourrait
tirer fans combuffion , & nous nous propofons de
revenir fur cette analyfè par la fuite ; mais comme
notre objet principal étoit de reconnoître les fubf-
tances qui rèftent dans la foude ou dans les cendres
du varec, nous nous fommes occupas des expériences
luiyames.
Nous avons fait brûler à Fa:r libre fous une
grande cheminée, douzejivres quatre onces de va-i
rec defféché tel que l’on brûle fur les côtes de
Normandie ; cette combuffion s’efl faite avec une
fumée fort épaiffe & fort abondante , fur-tout dans
le commencement, & a duré fept à huit heures, en
ylcomprenant l ’incinération lente de la matière char-
borinmfe , dont il y a eu malgré cela quelques portions
qui n’étoient pas entièrement brûlées.
La cendre qui en a réfuite pefoit deux livres dix
onces; il y a eu par confisquent un déchet de fept
livres dix orfeef? Cette cendre expofée à l'air pendant
dix-neuf jours dans l’hiver 8c dans un lieu
qui n’eft pas très^fec, n’a eonira&é aucune humidité
fenfîble. Sa favéur étoit falée, mais fans
âcreté.
Nous avons leflivé une livre dix onces de çes
èendres avec quatre pintes d’eau froide; cette lef-
fîve filtrée étoit claire & fans couleur ; elle avo:t
une favéur falée qui laiffoit dé I amertume. Elle a
été -foumife. à l'évaporation dans une terrine de
grès à une chaleur modérée du ba'n de fable.
Cette évaporation continuée jufqu’à la fin, mais
interrompue à différentes reprifes , a fourni plufieurs
efpèces de matières faillies, partie en cryftaux,
partie en pellicules, partie en inciuftations
au bord de la liqueur 8c aux parois du vafe.
Je.fuis, forcé, pour ne point trop ctend e cet
article , de fupprimer ici les détails d’un fort grand
nombre d’expériences que nous avons faices pour
parvenir à féparer les' différentes matières faiines
quef nous avons obtenues, & ‘ à déterminer leur
nature & leurs proportions refpe&ive*. Je dirai
feulement que, quoique nous ayons interrompu
l’évaporation à quatre reprifës, pour féparer â
chaque fois les fel$ qui fe formoient, & que nous
ayons fait fur chacune de ces quatre levées de cryfi
taux toutes les épreuves que la chymie indique pour
reconnoître la nature des fels, nous n’avons pu
parvenir à dès féparàtions exa&ês /m à déterminer
au jufffe ]a proportion des différens fels. Ainfi nous
ne donnons réfuhats fuiyans que comme de
fîmples approximations.
Nous' h’avons'- point pèle les premiers cryftaux