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parler. contient encore une petite quantité de fel
marin qu’on n'a pu féparer pendantla première purification
; pour l’en débarrafler entièrement on le
pur fie de nouveau de la maniéré fliivante.
On met une pareille quantité de deux mille livres
de ce falpêtre de deux cuites dans une chaudière,
obfervant les mêmes chofes qu’on vient de dire-, avec
cette différence feulement qu’on ne met que huit
onces de colle au lieu de douze. *
11 y a des raffineurs qui fe fervent de fel ammoniac ,
de blanc d’eeuf, d’alun, & de vinaigre dans leur
raffinage ; mais on a obfervé par nombre d’expé^
riences que la -colle d’Angleterre eft plus propre
à cet ufage que toute autre matière , & que d’ailleurs
le fel ammoniac pourrait devenir un ingrédient nui-
fîble dans certaines opérations de chynre, à caufe de 3a propriété .qu’il a de fe cryftallifèr avec le nitre,
& de s’enflammer avec lui lorfqu’on le fait fondre.
Comme il refte beaucoup d’eaux des raffinages 3
$t qu’elles font ordinairement chargées d’un cinquième
dç leur pefanreur de falpêtre, on les fa t
bouillir de nouveau pour en tirer le falpêtre qu'elles,
contiennent; ma;s celui qu’elles fournil! ent n’étant
pas au(Ti pur que celui de trois cuites, on le mêle
avec celui de deux cuites auquel il reffçmble par^-
fjitement.
L e Salpêtre de trois cuites, bien égouté & bien
féché, eft celui qui fert pour la fabrication de la
poudre : on le met dans des tonneaux, & on le foule
avec des mafles de fer.
L e falpêtre . paie en France les droits d?entrée à
raifon de io fols le cent pefant , & pour ceux de
lortie 4 livres, conformément au tarif de 166 4.
Les droits de la douane de Lyon font de 4 fols
5 deniers le quintal d’ancienne taxation, 6 fols
5 deniers de réappréciation , 8c n fols pour les
anciens quatre pour cent,
Il y a à Paris une communauté de Salpêtriers qui
prennent la qualité de Salj étriers du Roi pour la
Gonfeétion des falpêtres de France pour le ferviçe
de Sa Majefté.
Cette communauté n’a ni lettres-patentes d’é-
reétion en corps de jurande, ni ftatuts qui lui aient
été donnés par les Rois, ni apprentiffage., ni chef-
d’oeuvre , ni maîtrife. Chaque particulier qui veut
être reçu n'a beftfn que d’une commflîon qui lui eft
délivrée par le commiflaire général des poudres &
falpêtres du département de Paris, & qui doit être
gnregiftrée au Greffe du Bailliage de l’Artillerie.
Avant le milieu du dix feptième fiècle il n’avoit
point été queftion de réglement général qui fixât la
difcipline des Salpêtriers entre-e':x, & ceux qui
étoieat alors pourvus de commiffions fe conten-
tpleyt d’obferver affçz mpl les ordonnances aii-
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cïennes faites par les rois François I , Charles IX 58
Henri I V , fur le fait des poudres & falpêtres.
Ce défaut de difcipline qui eau (bit fouvent du
trouble & de la divifion. parmi eux, les ayant engagés
à convenir de quelques articles de réglements,
ils leur donnèrent le nom de fiatuts ; &
pour leur procurer plus d’authenticité , ils en requirent
l’en regiftrera ent au Greffe du Bailliage du
Château du Louvre, Artillerie, poudres & falpêtres
de France, ce qui fut exécuté le-11 du mois de
Mai 1658, du consentement du Procureur du Roi *
& de l ’ordonnance du Lieutçnat'itrÇénéral ^udif?
Bailliage.
Ces ftatuts confident en. vingt articles.
Par le premier, la communauté , pour tenir la
main à l ’exécution des anciennes ordonnances fur
le fait des falpêtres, & veiller à celle de çes nouveaux
réglements , établit un fyndic & quatre
maîtres & gardes qui , tous , doivent demeurer
deux ans en charge ; en forte néanmoins que
l’életffion du fÿndic ne fe fafle que tous les deux
ans , Sc que deux maîtres & gardes fqierit élus chaque
année à la place des deux ,plus anciens, les
uns & les autres en l’auditoire 8c pardevant le
Baîlli de l’Artillerie ou fon Lieutenant»
Le troifîème ordonne que de quinzaine en quin-»
zaine tous les falpêtres qui feront faits & fabriqués
par les falpêtriers, feront portés dans les magafins
du Roi & délivrés au commiflaire général, pour être
par lui payés..fuivant le prix qu’il en fixera propos
tionnellement à leur bonté 8c qualité.
Le quatrième article donne pouvoir aux fyndic &
gardes de vifiter les falpêtres, fourneaux , chaudières
, mefures à acheter les cendres, &c. & en cas
de défe&uofîté, de les faifir & conduire à l’Arfenal
de Paris, d’en dreffer leur procès-verbal, pour en
• être rapporté pardevant les officiers du Bailliage ,
les délinquants condamnés à l ’amende de huit livres
pariûs, & leuc commiflion révoquée.
. Le fîxième réglé le nombre des hommes que cha-?
que falpêtrier pourra envoyer à la recherche des
terres propres à fa'-re le falpêtre.
Les 7 , 8,9, 10, n & 18 articles contiennenâ
un réglement pour la fouille 5c l’enlèvement des
terres,
Dans, le treizième il efl ordonné que les cuviers
des attélîers feront tous d’une grandeur 8c hauteui
égale à la volonté du comqiiflaire général.
I l eft traire dans les 14 , 15 8c 16 du prix des
cendres qui (lira réglé tous les mois par les fyridic
& gardes, 8c des mefiires à les acheter , qui feront
étalonnées aux: armes de l ’artillerie,
Enfin , le vingtième 8c dernier contient attri-*
bution de toutes les conteftations au fujer defdits
flatuts £ la jqrifdi$iop du bailliage de fardllerie,
S A L
mais depuis, ces conteftations ont été du relïbrt de
la police.
Salpêtre naturel.
Il fe trouve du falpêtre naturel en plufieurs endroits
du royaume de Pégu 8c aux environs d’Agra,
dans des villages préfentement déferts ; on en trouve
aufli dans quelques campagnes le long du Volga ,
cette rivière lîfameufe, qui, api es avoir arrofé une
partie de la Mofcovie & du royaume d’Aftrakan,
va fe décharger dans la mer Cafpienne.
On tire dans ces pays du falpetre de trois fortes
de pierres , de noires, de jaunes 8c de blanches,
Le falpêtre qui vient des pierres noires pafle pour
être le meilleur, n’àyant pas befoin , comme les
deux autres, d’être purifié pour en faire la poudre
à canon.
Une autre forte de falpêtre naturel que l’on
trouve égaleinout dans ce pays-çi , eft celui qui
s’attache le long des vieilles murailles 3 & s’y forme
en cryftaux.
On l’appelle falpêtre de houjfage, Les anciens le
»ommoient aphronit.
Le falpêtre que l’on tire encore aujourd’hui des
Indes en fi grande quantité , fe trouve probablement
raffemb.é par la nature en plus grande mafîe,
& exige moins d’art & de travail que celui qu’on
fabrique en Europe.
Schelhaurmer aflure qu’en 1706 la flotte de la
compagnie des Indes en apporta, en Hollande,
i , 17 ƒ, 8.70 livres.
Si on en croit quelques voyageurs , les Indiens
n’emploient jamais de cendies dans leur fabrication;
- ce qui ann once un nitre tout forme à bafe
alkaline, pareil à celui que nous trouvons aufli ,.
mais moins abondamment , fous la forme d’une
efflorefcence cryftallinc,- 8c que l’on nomme nitre
de koujfage. On l’appaçoit à la furface des terres
en friche , comme du givre ou une neige légère.
• Les naturels du pays détrempent ces terres dans
des foffisoù ils attirent Peau; quand ils.la jugent
affez chargée , ils la transportent dans une autre
folle où ils la laiffint fe concentrer; ils la font
enfuite bouillir dans des chaudières, 8c la mettent
dans des pots de te-re où fe forment-les cryftaux.
Il n'y -a pas long-temps que M. Dombcy a ob-
fetvé fur les cotes de la mer-Pacifique, près de
Lima, fur les terres qui fervent de pâturage, 8c
qui n i • produifent que des graminées, une grande
quantité de-falpêve que l'on dut oit pu ramajfer avec
La pelle. Ce .natu'a’ifte remarque à ce fujec qu’il ne
pleut jamais à Lima.
M. Talbot Diilon rapporte dans fon voyage
d’Efpag'ne , que le tiers de toutes les tej.es , 8c
A/ts G’ Métiers. Tome VII.
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dans les provinces méridionales, toute la pouffière
des chemins contiennet du falpêtre tout formé ; que
pour l ’obtenir , les habitans labourent la tetre
près des villages deux ou trois fois pendant l’hiver
8c dans le pr neemps ; qu’au mois d'août ils la mettent
en tas de vingt ou trente pieds de haut ; qu’ils
en rempliflènt enfuite une rangée de vaiffeaux de
forme conique 8c percés au fond , dont ils couvrent
l’ouverture avec de l ’herbe, afin que Peau qu’ils
y verfènt filtre plus lentement, qu’ils font évaporer
ces leffives dans des chaudières, 8c les placent dans
des baquets pour la cryftsllifation, après qu’ils en
ont féparé environ de fel commun précipité
pendant l’ébullition ; quelquefois ils couvrent leurs
vafes coniques d’un peu de cendres , mais le plus
fouyent ils n’en emploient point; ce qui fait dire à
ce voyageur, ainfî qu’à M. Bovles, que PEfpagne
feue pourroit fournir le falpêtre à tout P univers
fans le feeours d’aucun alkaü.
Le nitre une fois formé, étant en état de réfifter
à la décompofition tout aufli bien que le fel commun,
il femble qu’il devroit s’en trouver plus fréquemment
1 8c même affez abondamment, dans les
eaux qui ont lavé & traverfé des terres falpêtrées ;
la vérité eft cependant que jufqu’à préfent ce fel
ne s’y eft rencontré qu’en très-petite quantité.
M. Scopoîi, dans fes notes, fur le di&ionnaire de
M. Macquer, article N it r e , cre une fontaine
fituée au pied de la montagne fur laquelle eft: bâti
le château de Bu de en Hongrie, qui jette par heure
cent livres de nitre tout formé. Quand ce fait qui
n’eft encore connu que par l ’analyfe que l’on a
publiée de ces eaux , feroit parfaitement vérifié, ce
phénomène unique ne fuffiroit pas pour démentir
Pobfrvaton générale.
Le nitre que l’on fabrique en France, fe tire des
i terres que l ’on cherche dans les lieux couverts,
un peu humides, voifîns de l’habitation des hommes
8c des animaux, où l ’on juge que le nitre a pu fe
• former, 8c fur-tout qu’il n’a pu être rédifions 8c
entraîné par les eaux.
Quand il eft un peu abondant, il s’annonce toujours
par une légère efflorefcence. On reconnoic
aufli les terres fajpêtrées à la faveur falée ftaîche
qu’elles font fur la langue.
Les mafles calcaires, poreufes 8c peu compares
fe chargent volontiers de ce fel ; M. le duc de la
Rochefoucauft l’a trouvé dans les montagnes de
craie de la Rocheguyon, entre Mantes & Vernon,
mais feulement dans les cavités ou à la fuiface ;
il s’eft aflitré que l'intérieur qui n’avoit pas été
expofé aux impreffions de l’air n’en contenoit
point.
Indépendamment de ces matières, où Ton abandonne
à la nature la formation du falpêtre., l’art
cherche aufli à en augmenter la. production, en