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Rejine tac arnaque, C’eft une fubffance réfîneufe
qui découle foit naturellement foit par inciflon dun
grr.nd & bel arbre nommé baumier, tacarnaque , ou
noram & qui a une refîemblance avec le peuplier.
11 porte des fruits cjui font arrondis, /& renferme
lin noyeau qui diffère peu de celui de la pèche.
^découlé naturellement de cet arbre une réfine
tantôt jaunâtre, tantôt verdâtre , un peu molle,
d’une odeur fuave qui approche de celle de l’ambre
gris & de là lavande , & qu’on recueille dans
des coques faites de fruits de cucurbite , c’eff ce
qu on appelle la tacamaque en coque , ou encouis,
ou fublime, & qui eff fort rare.
L efpece la plus commune eff en maffe ou en
grains jaunâtres ou verdâtres, parfemés de larmes
blanches. Son odeur eff pénétrante , & moins fuave
que celle de la première efpèce. Avant que lés
efpagnols l ’euffent apportée de la Nouvelle-Ef-
pagne, elle étoit inconnue.
Cette refîne eff vulnéraire , affringente, nervale.
On^ n en fait point ufage intérieurementmais
extérieurement en emplâtre.
Le bois de tacamaque eff odorant, on l ’emploie
dans le pays en planches, & dans la conftruc-
fion des navires.
La tacamaque de Plfle-Üourbon, & de l ’iffe de
Madagafcar eff verdâtre, & tout-à fait différente
de la précédente. Elle eff quelquefois en rofeaux;
elle a beaucoup de rapport avec la caragne, &
la refine élémi ; on la nomme baume verd.
5 Les efpagnols recueillent aufli, par le moyen
d une incilîon faite a l ’efpèçe de peuplier qu’on
nomme focot, ou faux tacamaca au Mexique, le
baume focot. Son odeur eff agréable. Il s’emploie
fur les plaies gangréneufês.
. Réfine de pin , galipot, ou poix ; voyez à l’article
Pin l ’art dè tirer de cet arbre fon fuc
rélîneux.
Réfine de lelawa ou vernis de la Chine.
L’arbre de vernis' de la Chine ne diffère de celui
qui croît aux ifles Moluques , au Japort des Chinois
qui ont vu l’un & l ’autre, qu-’en ce que celui
de la Chine a les feuilles & les fruits plus grands.
Celui des ifles Moluques a la grandeur & la forme
d’un mangier, manga; il s’élève à la hauteur de
à 30 pieds ; fon tronc a dix à douze pieds de
hauteur fur un pied à un pied & demi de diamètre,
& eff couronné par une cime hémifphéiique founée
par nombre de branches couites, épaifles, ferrées
étendues prefque horifontalement, dont les ramifications
font fouvept verticillées ou rayonnantes au
nombre de quatre à cinq plus menues, plus longues &
pendantes. L ’écorcç qui recouvre ces branches eff
cendrée-b rune , lifîe , unie comme un cuir lavé.
Leur bois eff allez folide & difficile à couper , corn-
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pofé d’un aubier blanc mêlé de noïf, & d’un brun
à centre fougueux.
Les branches font termirées par une panicule de
trente fleurs environ , petues, affez femblables à
celles du mangier, d’un blanc jaunâtre compofée
d’un calke à cinq feuilles, d’une corolle à cin<j
pétales, & de dix étamines rouges difpofées au-
deffous de l ’ovaire qui paroît polie fur un difque.
L’ovaire en muriflant devient une écorce fphé-
roide de deux à trois pouces de diamètre aplatie
obliquement, irrégulière, & relevée de groffes
nervures cendrées brunes, dont les unes font verti-
ca’ës & les autres honfontales ; cet ovaire ren-
feime une amande jaunâtre, folide, comme celle
de la châtaigne.
De tous les fruits qui nailîent fur chaque panicule
, il n’y en a que trois ou quatre qui parviennent
à maturité , & ils font pendants.
La belawa croît naturellement dansTifle Celebe
près d’Amboine, à Java & Baleya, dans les plaines
maritimes & dans d’autres lieux de l'Inde, autour
des grands fleuves; ce n’eft qu’au bout de dix ans,
& feulement lorfque cet arbre a acquis la groffeuc
d’un mangier ordinaire , qu’il commence à produire
fa réfine ou fon vernis ; & elle n’eft bien abondante
que dans le tems de la fleuraifon.
La belawa jette du lait de toutes Ce s parties, fojt
par les fentes naturelles à fon écorce , foit par les
bleffures qu’on y fait ; fon amande même en rend
une grande quantité.
Le lait du tronc & des branches eff contenu entre
le bois & le liber, ou l’écorce intérieure. A fa fortie
il eft d’abord d’un blanc fale, épais & vifqueux 5 en
fe.condenfant enfuite peu-à-peu, il devient d’un jaune
brun ; enfin , il fe fèche en une réfîne brune ou d’un
noir de poix, dure, luifante & friable comme le
maftic ou le fandarac.
Cette réfine ne fe trouve jamais en gros morceaux,
mais feu'emenc en petits grains, tant fur le tronc
que fur les mêmes branches.
Cette réfine lorfqu’elle n’eft encore qu’un lait,'
eft fi cauftique, que lorfqu’elie touche la peau elle
la brûle & l’ulcère vivement. Lorfqu’une fois ce
lait eft fec il n’a plus de mauvaife qualité , &
1 on peut boire fans danger dans les vafes qui en
font enduits ou verniffés.
Le bois de la belâwa eft folide & durable, $
les Japonois Temp'oient dans leur charpente. Mais
le piincipal ufage que l’on falfe de cet arbre, foit
à la Chine , foit aux ifles Moluques, eft d’en tiret
ce vernis fi renommé dont les habitans de la Chine,
du Tonkin & du Japon , enduifent leurs meubles
& leurs vafes. .
Cependant, fi Ton en croit Rumpbe, ce fuc naturel
ou cette réfine, n’eft pas en état d'être em-
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ployé d’abord comme vernis. Il y a plu fîéurs manières |
de le préparer; la première confifte apprendre poids
égaux de réfine & d’huile , ou trois parties de réfine
contre une d huile des fruits du Tangyhu , qui eft
un arbre de la Chine. Cette huile eft jaune
fafran, tranfparente, fèmblable à notre huile de
lin. On les cuit enfemble, & le vernis qui en
réfulte eft très-noir.
Lorfque lur une livre de réfine on met deux-
livres d’huile, le vernis qui en réfulte, après la
euiffon , eft jaune-brun ©u même jaune pâle, de
fi tranfparent qu’on voit au deffous les veines du
bois qu’on en a enduit.
Si dans la caiffon de ce mélange on y ajoute
du vermillon de poudre de noix de galle, ou de
toute autre couleur, les ouvrages qu’on recouvre
de ce vernis prennent cette couleur.
Les ouvrages verniffés, avec Tune ou l’autre de
ces trois préparations, fe mettent dans un lieu frais
& légèrement humide , pour y fécher lentement.
Le vernis a’nfi féché ne s’amolira jamais , à moins
qu’on n’y répande de l ’eau chaude qui feroit capable
de le diflbudre.
Pour conferver ce vernis cuit dans an état de
liquidité, & propre à être employé , il fuffit de l’enfermer
dans des cruches & de le couvrir d’une couche
d’eau. C’cft ainfi que les chinois en tranfportent tous
les ans une quantité confîdérable de Siam & de
Gambodje au Japon, où l’on vernit en noir tous
les beaux ouvrages appelles ouvrages de CAgue , qui
fe répandent 4e là dans le refte du monde. Yovez
l’article couleurs & vernis., tôm. II , p. 17.
Résine élastique. C ’eff une réfîne des plus fîngu-
lières,tant par l’ufage auquel on peut l’employer,
que par fa nature qu’on peut propofer en problème
aux plus habiles ch) milles.
Elle découle d’un arbre qui croît en Amérique.
Elle eft nommée par les indiens ma'inas , au fud-eft
de Quito , caoutchouc.
On fait qu’une des' propriétés effentielles des réfines,
eft d’être abfolument indiffblubles dans.
Teau, & de ne céder qu’à l’aétion de l’efprit-de-
vin plus ou moins continuée : cette propriété eft
prefque toujours accompagnée de l’inflexibilité &
de Tinextenfîbilité 5 elles n’ont communément
d’autre reffort que celui ,qu’ont prefque tous les
corps durs ; mais l ’efpèce fîngulière dont il eft
ici queftion, & fur laquelle M. de la Condamine
a donné des mémoires , ne le diffout point dans
Tefprit-de-vin ; elle a l’extenfîbilité du cuir, &
une très-forte élafticité.
Pour compléter fa fîngularité , rien ne reffèmble
moins à une ré fine , que cette matière quand on
la tire de l’arbre duquel elle fort.
M, de la Condamine, dit qu’on trouve un grand
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nombre de ces arbres dans les forêts de la province
des Emeraudes au nord de Quito. On les appelle
hévè.
Il en découle par la feule incifîon une liqueur
blanche comme du la it, qui fe durcit peu-à-peu
à l ’air.
Les habitans en font des flambeaux d’un pouce
& demi de diamètre fur deux pieds de longueur*
Ces flambeaux brûlent très-bien fans mèche &
donnent une clarté affez belle ; ils répandent en
brûlant une odeur qui n’eft pas défagréable : un
feul de ces flambeaux peut durer allumé environ
douze heures.
Dans la province de Quito, on enduit des toiles
de cette réfîne , & on s’en fert aux mêmes ouvrages
pour lefquels nous employons ici la toile cirée.
L’arbre d’où l’on tire cette réfîne, croît àuffi le
long des bords de la rivière des Amazones : les
Indiens en font des bottes d’une feule pièce qui
ne prennent point Teau , & qui, lorfqu’elles font
paffées à la fûmée, ont tout l’air d’un véritable
Cuir.
C’eft fans doute de cette même matière ou de
quelqu’autre fort analogue, que font faits ces
anneaux, dont quelques voyageurs ont rapporté
qu’on fait des bagues qui deviennent quand on veut
des bracelets, des colliers & même des ceintures,
quoi qu’il y ait peut-être un peu d’éxagératipn dans
ce dernier fait.
^ L’ufage que fait de cette réfine la nation des
Omaguas, fituée au milieu du continent de TAméti-
q u e , eft encore plus fingulier : ils en conftru’fent
des bouteilles en forme de poire , au gpulot def-
quelles ils attachent une canule de bois ; en les
preflant on en fait fortir par la canule la liqueur
qu’elle contiennent, & par ce moyen ces bouteilles
deviennent de véritables feringues.
Ce feroit chez eux une efpèce d’impoliteffe de
manquer à préfenter, avant le repas, à chacun
de ceux que .l’on a priés à manger , un pareil
inftrument rempli d’eau douce ; on ne manque pas
d’en faire ufage avant de fe mettre à table, dans
ledeflein d’avoir plus d’a'ppétir. Cette bizare coutume
a fait nommer par les Portugais de la colonie du
Para, l’arbre qui produit cette réfine pao de, xirïnga%
bois de feringue.
Cet arbre eft fort haut & très-droit ; il n’a qu’une
petite tête 8c nulle autre brançhe dans fa longueur ;
Les plus gros ont environ deux pieds de diamètre;
Sa feuille eft affez femblable à celle du manioc ;
Son fruit eft triangulaire & a quelque raport à
celui du palma chrifii. Il renferme trois femences,
dans chacune defquelles on trouve une amende.
Ces amandes érant pilées & bouillies dans l’eau,
donnent une huile cpaifle en forme de graille , de
laquelle les indiens fe fervent au le u de beurre