
Pied de biche. C'eft un outil de fet qui porte
à fes deux bouts, comme la paune d’un marteau
refendue. Son ufage eft d’arracher les clous qui
attachent les cerceaux fur le jable des barriques.
File ou auge a piler le sucre, eft faite
dans un gros corps d’arbre de quatorze a quinze
pieds de long, & de deux pieds & demi d’é-
quarrifiage.
Ce corps d’arbre eft creufé comme pour faire
une auge. C ’eft dans cette àuge qu'on met ce
fucre qu’on veut pulvérilèr.
PilERIe , bâtiment ou l’on pile le £el eflentiel ;
du fucre.
Pilou a sucre, on appelle ainfi dans les fu-
creries des efpèces de grofiès mafles d’un bois dur
& pelant, emmanchés auffi de bois. La malle doit
avoir huit pouces ,de hauteur fur cinq de diamètre,
& le manche fix pieds de long. Ils fervent à piler
le fucre terré au fortir de l’étuve, & à le réduire
en cafionnade avant que de le mettre dans les barriques.
Piquer, n’eft autre chofe, en te rm e d e f u c r e r ie ,
que de démonceler à coups de pique , les matières
trop maftiquées dans le bac à fucre.
Piquer, eft auffi une opération par laquelle
on fait des trous d.ms toute l’éten lue de la terre
& qui en traverfent toute l’épaifieur. Plus on fait
de ces trous, plus la terre fe nettoie aifément-
Piqueux du bac-a-terre. C ’eft une pièce de
bois ronde, qui a environ 4 pouces de diamètre
6c 6 pieds de longueur : à 8 ou 9 pouces de fon
bout fupérieur, elle eft traverfée à angle droit
par un barreau de bois. On faifit cette traverfe ;
& on enfonce le piqufux dans la terre pour la
pénétrer d'eau.
P lamotter , e n te rm e d e ra fjin eu r , c’eft l’action
de tirer les pains des formés en les frappant
fur un bloc, pourvoir s’ils ne contiennent plus
de firop à leur tête; ce qui fe connoît quand
elle eft blanche quoique humide.
Alors on les remet fur leurs pots pendant quelques
jc-urs fans leur efquive, après avoir gratté
la te re des bords de la forme, & l avoir nettoyée
avec une brofle.
Mais ceux dont la tête eft encore un peu jaunâtre
du baffin 1 mélafle , par de grofiès p’è'es de bois
rondes ou équarr.’es , rangées paraLèièmenf à deux
ou trois pouces de dftance.
Planer une forme , ( terme de fucrerie ) c’çft
!a mettre fur fon pot , & la préparer à recevoir la
terre qui blanchit la cafibnnade.
Planter, les formes, en terme de Rafjineurf
eft l’a&ion de les arranger dans l’empli fur trois
files & de les appuyer les unes contre les autres
& de foutenir le dernier rang par de mauvaifes
formes de deux en deux, pour les empêcher de
tomber: elles font plantées la pointe en-bas, &
d’aplomb.
Planter le fucre, en termes de raffinerie, c’eft
l’aétion de drefiçr les formes fur les pots dans
les greniers, toutes à même hauteur, & le plus
d’aplomb qu’il eft poffib’e , afin que l ’eau de la
terre dont on couvre ces formes, filtre également
, font recouverts de leurs efquives, que l’on 1
rafraîchit, fi Pon juge qu’elle ne foit pas âffez J
humide pour chaftèr ce refte de firop qui colore la |
tête du pain. 1
Plancher d e la p u r g e r ie z il eft formé au-deffus l
à travers tout le pain.
Il femble que les formes & les pots étant faits
dans le même moule propre à chacun, cette
grande attention de planter à la même hauteur
fur-tout, feroit inutile, puifque les uns & les
autres devroient être également grands.
On répond à cela que malgré la juftefie des
moules, & les foins de l’ouvrier qui les fait, la
terre fe cuit & travaille plus ou moins, félonie
degré de chaleur qu’elle trouve dans le four qu’il eft
impoffible de chauffer également dans tous fes
coins.
On ne peut donc remédier à cette inégalité de
hauteur & de grandeur qui fe trouve dans les pots
& dans les formes* qu’en plantant les plus grands
. fur des petits, & les moindres fur de plus grands
afin de donner à l’un ce- que l’autre a de trop ,
le feul moyen de les rendre égaux.
On évite par là les malheurs qui pourroLnt
s’enfuivre de la mal-adrelfe des ouvriers qui font
obligés de travailler fans cefle au-deflus de ees
formes, & même fouvent de poufler en avant
fur elle des fceaux pleins de terre , quand il eft
queftion de couvrir.
Platine. On nomme la platine d’un moul’n à
fucre , une pièce de fer acéré, longue de fix pouces
& large de trois, fur le milieu de laquelle on
a pratiqué deux ou trois enfonoemens, pour recevoir
la pointe du pivot du grand rôle ; elle s’emboîte
dans ce qu’on appelle la table du moulin.
Poche aux écumes. C ’eft un fac de forte
toile de Guibray , qu’on met dans un panier ,
pour retirer le fiidre & le firop qui eft ‘ contenu
dans les écumes.
P O E L E S
Poeles. On appelle ainfi les braifiere* qu’on distribue
dans les atteliers lorfqu’il fait froid & humide.'
Poelettes , ce font de petits baffins de cuivre
difpofés devant les grandes chaudières, pour recevoir
ce qui s’en répand. Elles font au niveau du
plomb qui couvre le devant du fourneau.
Poinçons ou Primes. Ce font des broches faites
de bois dur , qui fervent à percer les têtes des
bâtardes & vergeoifes.
Pompe. Il faut avoir dans les raffineries des
pompes à incendie pour remédier aux accidens du.
feu.
Dans plùfieurs raffineries, on tire l ’eau du puits
avec une pompé.
Dans quelquesrunes on élève l ’eau de chaux de
même avec une pompe.
Prime, eft une efpece de poinçon dont les raffir
neurs fe fervent pour piefîer les pains & donner écoulement
aux firops. Il y a des p r im e s de bois dont
1 ufage regarde les vergeoifes feulement.
Propre , on nomme ainfi dans les fucr.ries des
îles françoifes • de l’Amérique, la féconde des fix
chaudières dans lefquelW on cuit le lue des cannes
a fucre; on l ’appelle de la ‘forte, parce que
le vefou eu fucre qu’on y met au fortir de la
première chaudière eft déjà purgé de fes plus
grofîes écumes ; outre que quand on travaille eti
fucre blanc, 011 y pafTe ce fuc dans des blanchets,
ou morceaux de draps blancs & propres.
Pucher , c’eft l’aâion de prendre avec le
pucheu la cuite par exemple, ou la clairée, de
la chaudière où l’une & l ’autre fe font faites,
pour les verfer dans des baffins. Tout ce qu’on
prend de cette manière, comme eau de chaux ,
eau, terre, &c, s’appelle pucher.
Pomper , en te rm e d e rafjineur , n’eft autre chofe
que l ’aâio-n de jetter avec le couteau en empalant
ou en mouvant, de la matière d'une forme qui eft
trop pleine dans une autre qui J’eft moins.
Porteur. Il eft fait avec deux membrures qui
font liées parallèlement llune à l’autre par des en-
tretoifes. Son ufage eft de mettre égouter les
pots de firop fur les chaudières.
Puchet ; c’eft un petit pucheux qui fert à vuide*
les chaudières de 1 empli.
Pucheux j c’eft: une grande cuiller de cuivre ea
timbale ou en calotte , de huit à neuf pouces de
diamètre , à laquelle eft rivée une douille de fer
qui reçoit un long manche de bois. Les pucheux
fervent à puifèr le fucre pour le verfêr dans la
dalle ou dans les baffins ; ou à jetter de l’eau dans
la fournaife.
Pots. Les pots des raffineries font faits de la
même terre que les formes : ils doivent avoir une
affiétre large, être renflés au collet, & fe rétrécir
pour former le goulot. Leur grandeur eft proportionnée
à celle des formes, les plus petits contiennent
trois chopines ; les plus grands vingt pintes.
Preuve, en te rm e d e rafjineur ~de f u c r e , n’eft
autre chofe que Défiai que le raffineur fait de la
cuite pour juger du degré de çuifibn qu’elle a acquis,
lui laifiet prendre celui qui lui eft nécefïaire , &
faire éteindre les feux quand elle y eft parvenue.
On le connoît par le moyen d’un filet de fuite que
le raffineur tire entre fes deux doigts en pompant
avec le premier doigt de cette matière bouillante
qu’il a fur fon pouce , & en tournant le dedans du
pouce en haut afin d’arrêter le fil.
Il faut que cela foit fait d’un feul coup-d’oeil;
•l’épreuve eft proprement le fecret du raffineur.
Effediv ement il n’y a que lui dans la raffinerie
qui ait cette connoiflance. Elle demande de la
capacité dans celui quila poflede. Il ne fuffit pas
d’avoir le coup d'oeil sûr ; il y a des temps fom-
bres.où .il devient inutile: alors c’eft par l’oreille
feule; c’eft au bruit du bouillon que le contremaître
eft obligé de prendre la p r eu v e ,
A n s £ M é t i e r s , T o m . V H ^
| Purger l e fu c r e , c’eft en oter toutes les immondices
, ou en faire couler les firops qui ne peuvent
pas fe grainer. Le fucre brut fe p u rg e dans des
barriques ; les caflonnades & les fucres blancs dans
des formes.
Purgerie ; o’eft un grand magafin peu élevé .
plus ou moins confidérable, fuivant la quantité;de
fucre que l’on fabrique dans une habitàtion-iucrerie.
On en voit de-cent à cent-vingt pieds de longueur
, . fur vingt-huit à trente pieds de largeur,
pouvant contenir feize à’ dix-huit cent formes de
fucre placées fur leurs pots ; ce bâtiment diot être
ifolé fblidem.ent bâti, & fuffifamment éclairé de
fenêtres qui puiflent fe fermer avec des contrevents.
On conftruif quelquefois à l ’une de ces extrémités
un'fôurneau de maçonnerie,' fur lequel font
montées deux chaudières de métal, fervanç à faire
cuire & à raffiner les firops provenant des pains- de
fucre que l’on a mis à égoutter, ainfi qu’on le
dira en fon, lieu.
Près de la pu rg er ie on éleve des appentis, efpèces
d’hangars foutenus par des poteaux , pour mettre à
couvert les canots ou grandes auges de bo;s fermant
à piler le fuçre ayant de l ’enfermçr dans des
futailles.
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