
ici par un canal fort droit & fort large, ce qui
s’oppofe à la raifon & à l'expérience, par laquelle
nous remarquons que l’eau de ces fources eut
par différentes embouchures, & qu’elles croiiïent
du diminuent fuivant que la failon eft feche ou
jjluvieufe.
On remarque même que plus elles font abon
dant’es, plus elles font Talées; ce qui provient de
ce qu’ayant alors p'us de volume, de poids & de
vitdTe , elles frappent avec plus de violence &
émouflent avec plus de facilité les angles des finuo-
fités qu’e l ls parcourent, & entraînent auffi les particules
jufqu’où le niveau leur permet d’a:river.
Voilà ce qui nous reftoit à ajourer à cet article,
d’après lequel on aura, je crois, une con:
noiflance fuffifante de ce que c’efl que les fontaines
falantes , & les ufines qu’on appel-eja/r/zer.
- S alines d e '-Franche-C omté. Il y 'en a deux
donc l’abondance des fources, la qualité des eaux,
& le produit en f '1 font fort différons- La Jatine
de Montmorrot inférieure en tout à celle de Salins
3 n’a fur elle que l’avan âge de l’avoir précédée.
Mais détruite par le feu , ou abandonnée pour
quelqu’autre va Ton, elle a é*-é oubliée pendant
plufieuts fîècies, & .c’eft feulement vers le mil;eu
de celui-ci que l’on apenfé à la re ever. Au contraire,
depuis plus de douze cens ans que la fa-
line de Salins fubfîfte, elle a toujours été entretenue
avec un foin particulier , & a paru mériter
l ’attention de tous les fouverains à qui elle
a appartenu. Elle eft . beaucoup plus confidérable
que l ’autre, & c’eft par elle que nous commencerons
cet article.
Saline de Salins.
Elle eft divifée en deux parties que l’on dif-
t!ngue par grande & petite faline. I l y a une voûte
fouterreine de 206 p'eds de longueur, 7 pieds
cinq pouces de haut, & cinq pied de largeur ,
qui donne communication de l’une à l’autre ,
enforre qu’elles ne font enfemble qu’une feule
& même maifen. Elle eft fi tuée au centre de
Salins, dans une gorge fort é roite. Le rempart
la fépa:e de la rivière àe. Furieufe , & el’e eft
fermée par un mur du coté de la ville, à qui elle
-a donné la naiffance & le .nom. Car Salins a commence
par quelques habitations conftruîres pour
Je' ouvriers qui travailloient à la formation du
A L
Les eaux précieufes de cette faline en avôîènt
fait un domaine d’un grand revenu, & ce. fut un
de ceux que S. Sigifmond,-roi de Bourgogne;
donna au commencement du fixième fiècle, pour
doter le rronaftère d’Àgaune. Ce monaftère poiléda
dès-lors Salins en toute propriété jufju en £43 , que
Meinier, abbé d’Agaune, le donna en fief à AU
béric , comte de Bourgogne & de Mâco'n. Nous né
trouvons rien qui nous apprenne fi l’é:ablilfemert
de cette faline eft de beaucoup antérieur au fixième
fiècle. Strabon affure qu’on faifoit grand cas à
Rome des chairs falées dans le pays des Séquanois ;
mais cè pafiagc ne peut pas s’appliquer à la faline de
Salins plutôt qu’à celle de Lons-le-Saunier , qui eft
fùrement plus ancienne , & à laquelle par cette
raifon il femble mieux convenir.
La grande faline occupe un terrein irrégulier qui
a 143 toifes dans fa plus grande longueur du fepten-
trion au midi, & 50 toiles dans fa plus grande largeur
du levant au couchant. La petite Jatine placée
au feptentrion de \z grande\ & dans la même pofï-
tion , a 40 toifes de longueur & 25 de largeur.
Cette dernière renferme un puits appellé puits à
muire. Il eft à 66 pieds de profondeur, depuis la
voûte fupérieure jufqu’au fond du récipient qui reçoit
les eauxfalées, & il a 30 pieds de largeur, de
toutes faces, prefentant la forme d’un quarré. L’on
y defeend par un efcalier, & l ’on trouve au fond
deux belles fources falées, qui dans 24 heures pro-
duifent 160 muids, mefure de Paris. Il ÿ en a même
trois : 1ç, la bonne fource a dix-fept degrés.: 2°. le
fur croît a dix-huit degrés deux tiers : 30. le vieux
puifoir; mais cette'dernière fource n’a que deux
tiers de degrés. Auffi ne la réunit on avec les deux
premières- que lorfque l’on fait l’épreuve juridique
des eaux. C ’eft un ancien ufage qui n’en eft pas
plus raifonnable pour cela. Dès que l ’épreuve eft
fin:e , on renvoie le vieux puifoir dans le puits des
petites eaux.
L’eau claire, tranfparente, & à. 17 degrés, eft
conduite par un tuyau de bois, dans lé récipient
des eaux falées. Il eft à 5 pieds de diftancé; conf-
truit en pierre, & contient 47 muids. A coté de
ce récipient , il en eft un autre de la contenance
de '61 muids, dans lequel fe raffemblë-'t les eaux
de 4 fources une fois plus abondantes que les deux
premières; mais qui étant feulement à 3 degrés,
font pour cela nommées petites eaux. O11 en élève
une partie pour des ufages qui feront expliqués
dans la fuite.
En termes de faline, l ’on entend par degrés la
quantité de livres de fel renfermées dans cent livres
d’eau, c’eft-à-dire , que too liv. pefant d’eau des
deux premières fources qui font à 17 degrés■ , rendront
après l’évaporation , 17 liv. de fe l; & par
la même raifon , 100 liv* des quatre dernières
fources, ou petit s eaux à 5 degrés, n’en rendront
que 5 livres. La pinte de Paris des eaux à 17 degrés,
Contenait 48 pouces cubes , pèfe 35 onces £ ; 5c
celle des eaux à 5 degrés, pèfe 32 onces|.
On connoît le degré.des eaux , en réduifant à
ficcité, par le moyen du feu, une quantitéjd’e^u d’an
poids connu, & celui du fel formé donne le degré.
Sur cette opération ; on a établi une éprouvette qui
démontre d’abord la quantité de fel contenu danç
100 liv. pefant d’eau.
Cette éprouvette eft un cylindre d’étain , d argent
, ïfc. que l’on introduit perpendiculairement
dans un tube de même madère rempli de l’eau
qû’on veut éprouver. Au haut du cylindre font
gravées des lignes circulaires diftantes l ’une de
l ’autre, dans des* proportions déterminées par
l’épreuve du feu. Ce cylindre fe foutenant plus ou
moins dans l ’eau , fuivant qu’elle eft plus ou moins
falée, & par conféquent plus ou moins forte, en
défîgne les degrés , par le nombre des lignes qui
s’apperçoivent au-defïu$ du niveau de l’eau.
Il ne faut pas que l ’éprouvette foit en bois, parce
que le fel s’y imbibant, donneroit enfuite à l’eau un
degré de falure qu’elle.n’auroit pas. D ailleurs, le
bois fe gonflant ou fe refferrant, fuivant la féche-
refTe ou l’humidité de l’air, mettroit toujours un
obftacle à la juftefie deTopéiation.
L ’étain paroît préférable à l’argent, parce qu’il
ne fe charge pas de verd-de-gris ; & l’on doit toujours
-avoir foin de laver l’éprouvette avec de l ’eau
douce après qu’on s’en eft feryi, -autrement elle ceffe
d’être jufte.
Nous obferverons ici, qu’il n’y a que les matières
falines qui marquent à l’éprouvette ; parce^ que le
fel feul, pouvant fe placer dans les petits interfti-
ces qui font entre les globules de l ’eau, la rend
plus forte, plus difficile à céder, & s’y infinue
même jufqu’à une quantité allez confidérable, fans
la faire augmenter de volume ; mais l ’on auroit
beau charger une eau douce de‘boue, & d’autres
parties étiangères, fi on la met à l’éprouvette, le
cylindre reftera à la marque de l’eau douce, fans
indiquer le moindre degré de falure.
I l y avoit autrefois une ancienne éprouvette en
ufage à Salins., dont le degré étoit d’un tiers plus
foible que celui de la nouvelle dont nous venons
de parler, c’eft-à-dire qu’au lieu d’indiquer une livre
de fel renfermée dans ïoo liv; d’eau, il n’en indi-
quoit que les deux tiers d’une livre ; c ’eft à quoi il
faut faire attention, quand on lit quelques membres
ou procès-verbaux fur cet'e faline', & les officiers
qui font tous les mois la vifite des fpurces
pour en confia-er les dégrc s-, les, comptent encore
aujourd’hui fuivant l’ancien ufage.
La grande faline renferme deux puits dans lef-
quels il fe trouve beaucoup de fources, falées &
douces. Le premier eft appellé puits d amont ; & le
fécond , puits agray\ & quoique l’un & l’autre foient
défignés par le nom de puits, ils n’en ont point la
forme. Ce font de grandes & fpacieufes voûtes fou-
terreines bien-travaillées , & conflruites folidement.
Elles commencent au puits d’amont; on y defeend par
un e caliér en forme de rampe, compofé de^ 61
marches. On arrive fur un plancher de 21 pieds
de long, fur 15 pieds de large, fur lequel fe trouve
un grand nombre de fources de différens1 produits.
Elles font toutes fcparées , non par des peaux
de , boeufs, comme on le dit dans le dict. de commerce
, mais avec de la terre glaife préparée & battue ,
que l’on nomme conroi, & couverte par des trapes
que l ’on leve au befoin.
Les çïhq premières fources formées de différens
filets, Te réunifient dans le plus grand des deux ré-
cipiens, & y coulent fous les dénominations que
nous allons rapporter.
La première, dite As trois anciennes 3 eft à onze
degrés de falure.
La fécondé s’appelle le corps de -plomb ; elle eft
au même degré que les trois anciennes.
L a troifîènie ou la petite roue, eft à douze de*
grés.
L a quatrième eft nommée la nouvelle fource ; fes
eaux font à quatre degrés trois quarts.
La cinquième dite /et. troijième changeante, eft
à quatre degrés & demi.
Il y a deux prépofés pourvus d’office par le roi
pour veiller à i’entretien du àonroï qui fépare les
fources falées & douces , & conduit leurs eaux dans
lesbaflins qui leur font deftinés. Ils font auffi charges
d’accompagner lès officiers des falines, lorfqu’ils
y ont faire l’épreuve juridique des fources , d’y fui-
vre le montier de garde dans fa vifite hebdomadaire
, & d’y conduire les étrangers. O11 les nomme
condufteurs corroyeurs des fources. L ’un eft pour la
grande faline & l’autre pour la petite.
Il y a fept de ces fources qui par de petites rigoles
faites avec le conroi dont on vient de parler,
font amenées dans deux recipiens ménagés dans un
même baffin de bois attenant au plancher, & de
la contenance de 37 muids , 2 quarts, 58 pintes,
mefure de Salins. La pinte de Salins contient 64
pouces cubés j & il faut 240 pintes pour le muid»
La p:nte de Paris ne .contient que 48 pouces
cubes, & il en faut 288 pour le muids.
La différence du muid de Salins eft donc de 1^44
pouces cubes, dont il eft plus grand que le muid de
Paris, ou de 32 pintes mefure de Paris, qui ne
valent que 24 pintes mefure de Salins.
Ces fept fources fourniffent par demi heure 17
- quarts, 12 .pintes d’une eau à 10 degrés.
Les autres, à l’exception de deux nommées les
changeantes, n’étant quà :|f-2 degrés, ou'même
la plupart totalement douces, elles font raffem-
blécs dans un récipient voifin , de même nature que
le premier, & de la contenance de i j muids,
toujours mefure de Salins.
Les deux fources dites première & fécondé changeantes
y parce qu’elles ont fouvent varié, ainfî