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figure des broches, & de la manière dont on les
pafe.
Pour la forure en fleur de lys, qui eft regardée
comme une des plus difficiles, on forme d’abord
quatre trous ronds, di^ofés aux quatre coins d’un,
quarré dont U centré de la tige occupe le milieu;
Je trou le plus éloigné du paneton fe transforme
enfuite en celui qui repréfente le fleuron du milieu
de la fleur de lys , ou, en terme de lart, la
lippe.
On y parvient avec des broches en lofange.
Deux des autres trous deviennent les ailerons ;
on fait palier dans chacun fueceffivement, des
broches évidées dans leur longueur ; enfin on fait
le pied de la fleur avec un autre foret.
L a manière de forer les canons eft la même; un
CTrand ouvrage eft encore celui de travailler les
broches qui doivent en occuper le centre > on le
fait avec la lime.
11 nous refte à préfent à voir comment on fend
les clefs, c’ eft-à-dire , comment on taille leurs
rouets, rateaux, pertuis & aux garnitures.
Lorfque les clefs méritent qu’on prenne beaucoup
de précautions , avant que de commencer à
les fendre , on trace avec une pointe appcllée auffi
pointe a tracer, des traits qui marquent la longueur
& la figure de chaque fente : quelques-uns noir-
ciflent auparavant le paneton avec du noir de
fumée.
Elles le taillent avec deux fortes d’outils ; toutes
celles qui fe terminent à une des faces du paneton
, & qui font droites, comme les rateaux, bou-
terolles , rouets Amples 3 fe fendent avec une lime
que fon ufage fait nommer lime fendante.
Pour les autres entailles, comme les bras d’une
pleine croix, le fût d'un vilebrequin , & toutes
autres qni ne vont pas fe terminer en ligne droite
fur une des faces du paneton , elles s’ouvrent avec
des burins , & s’achèvent avec des limes fines.
Les garnitures étant tracées , on met le paneton
de la clef dans des tenailles faites comme les
tenailles à vis ; elles n’en diffèrent que parce que
leurs branches s'approchent l’une de l'autre par
leur reffort.
On les nomme de ferre-panetons,
On gêne le ferre-paneton entre les mâchores
d’un étau : api es quoi on commence par fendre les
entailles droites qui fe terminent à une des faces
du paneton ; car c’eft toujours par celles-ci qu’on
commence, & n’importe par laquelle.
La lime avec laquelle on les taille, porterait
avec plus de raifon le nom de feie , c’eft une vraie
feie à mai’i : les ferruriers les font eux-mêqjes,
& .d’un excellent acier; les dents font peu dé-
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voyées ; la lime fe termine par une queue qui s’etw
gage dans un manche de bois.
Mais afin que cette feie ou lime mince ait affez
de force , on la garnit d’un doffier ; ce doffier eft
une pièce de fer à çouüffe avec un manche, auffi
longue en-dehors que la feie.
Le dos de "la feie ou lime s’engage dans cette
couliffe.
La manière de fe fervir de cet outil n’a rien de
particulier ren peu de coups il taille une dés fentes
; une feie ordinaire ne fend guère plus vite le
bois.
Au Heu de cette feie ou lime, d’autres fe fervent
d’une vraie lime, qui eft taillée fur 1 $ côtés
& jufqu’au tranchant, mais fenjblable dans tout le
refte à la feie précédente.
Cette fécondé lime eft plus propre à agrandir
les fentes déjà ’ouvertes, qu’à les tailler : les bons
fe r ru r ie r s ne s’en fervent qu’à cet ufage.
J3n voit bien que les fentes de la féconde ef-
pèce ne peuvent s’ouvrir avec les feies, précédent
tes ; on a recours au burin , on le pouffe à la main,
& quelquefois on frappe deffus avec le marteau.
On drefîè , on applanît les mêmes fentes aveCÎ
le burin ou avec des limes très-fines.
Comme les clefs, en tournant dans les ferrures ^
décrivent des cercles , chaque entaille devroic
être renfermée entre des arcs de cercles qui euf-
fent pour rayons, l’un la ciidance du centre de la
tige au commencement de l’entaille, & l’autre la
diftance du centre de la clef à l ’autre bord de l ’entaille
j-mais on fe contente de léur donner de là
courbure, fans trop regarder laquelle, & encore
ne le fait-on que pour les ferrures de prix.-
Enfin , on achève de façonner la cle f avec des
limes de différentes figures pour fes différentes parties
; on lime l’anneau en-dedans avec une queue
de rat, & en-dehors avec une lime carrelettê, 8c
de même les autres parties. On la polit avecqies
limes plus fines, ou avec un bruniffoir.
Quand elle eft bien limée, ori jie la ferre plus
dans l’étau qu’avec dos tenailles de bois.
D e s d iffe r en te s f o r t e s d e g a rn itu r es .
Nous avons fait remarquer que la principale force
des ferrures leur vient de leurs garnitures, c’eft
ce qui les caia&èrffe , qui met une véritable différence
entr’elies, les Amples loquets & les verroux
à reftbrt.
Comme elles font ce qu’il y a de plus important
dans les ferrures, elles font auffi ce qu’il y a
de plus difficile à faire ; il faut être habile ouvrier
pour contourner de certaines façons de pièces
de fer minces fàus les caffer quelque part.
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Auffi ne fauroit-on employee du fer trop doux
pour cette efpéce d’ouvrage.
Nous regarderons à préfent les ferrures comme
réduites fous deux genres : favoir, fous celui de
ferrures à clef forée ou ferrures à broche, & fous
celui de ferrures befnardes, & cela parce que ce
dernier a des efpèces de garnitures qui ne font pas
propres à l ’autre.
Nous commencerons par celles du premier.
D e s f e r ru r e s f o r é e s
Toutes les garnitures des ferrures à clefs forées,
font ou des rouets, ou des bouterolles, ou des
planches foncées, ou des rateaux.
On trouve dans une.ferruretantôt les unes ,
tantôt les autres ; & quelquefois on les trouve toutes
enfèmble.
Les unes' & les autres peuvent être contournées
de prefque autant de -figures différentes que l’ouvrier
en peut imaginer ; il y en a pourtant certaines
qu’on eft plus en ufage de leur donner; nous
choiftrons des plus Amples, & des plus difficiles de
:elles-ci, autint qu’il en fera néçeffaire, pour donner
une idée,de la façon dont les autres peuvent
être forgées,.
■ Comme on a donné les mêmes noms aux entailles
de.la clef & aux garnitures de la ferrure, nos
expreffions pourraient en être quelquefois équivoques
, A nous n'avemffions défquelles nous voulons ;
parler,
Auffi aurons-nous foin d’ajouter quelquefois le
mot de f e r r u r e , ou de c l e f y félon que nous voudrons
faire -entendre que nous parlons de la clef,
ou de la ferrure. Par exemple, quand nous dirons 1
le rouet de la c l e f , nous déAgnerons l ’entaille faite 1
dans la clef ; & quand nous dirons le rou et d e la \
ferrure y nous déAgnerons là pièce de la ferrure qui j
paffe dans l ’entaille ou rouet de la clef.
D e s rouets J im p le s & b o u te r o lle s .
Les rouets Amples des ferrures font des lames de
fer roulées , qui ns forment pour l ’ordinaire qu’une
portion de cylindre creux.
a Quand le rouet de la cle f eft entaillé dans le
coté du paneton le plus proche de l’anneau , le
rouet de la ferrure eft attaché contre le foricet ou
la couverture , & par conféquent il ne peut avoir
que par;ïe de la furface d’un cylindre ; il doit au
moins lui manquer tout ce qui eft néceiïàmPpour
laifièr libre le mufeau de la clef.
Lorfque le rouet eft taillé dans le côté du paneton
le plus proche du bout, alors le rouet de la
ferrure eft attaché contre le palâtre , & il pourroit
avoir toute la circonférence du cylindre.
A r t s & M é t i e r s . T om e V U .
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Mais fôuvent on ne la lui donne pas, pour épargner
le travail.
La bouterolle de la cle f nè diffère du dernier
rouet que parce qu’elle eft plus proche de la tige ;
car on appelle ainft l'entaille qui la fépare du paneton.
Comme la bouterolle de la ferrure a peu de diamètre,
on lui donne pour T ordinaire toute la circonférence
du cylindre,
- AinAT es rouets & les bouterolles font toujours
des cylindres ou des parties de cyl ndres creux ,
qui ont pour hauteur la profondeur de 1< ntail'e de
la cle f, & pour diamètre deux foi-, la diftance du
centre de la rge à l'entaille. Ils ont as plus deux
pieds diamétralement oppofes ; c’eft-à-dire , deux
petites parties qui excèdent le refte, & qui fe rivent
dans le foncet, ou dans le palâtre, félon la
place du rouet.
On, fa’t communément les uns & les autres d’une
piece de fer forgée mince, qu’on appelle & que
nous appellerons fer a rouet.
La largeur de ce fe bande doit être égale à la
hauteur du rouer, & fa longueur doit fournir la
circonférence,
Auffi nommerons nous fouvent hauteur du fer a
rouet fa largeur j & longueur du rouet, une longueur
égale à fa circonférence.
Ce ne feroit pas un ouvrage poffible à un géomètre,
que de prendre fur le fer à rouet une longueur
égale à la circonférence ou à partie de la
circonférence que doit avoir le rouet ; ma:s la chofe
eft Ample pour le ferrurier qui n’a pas à y regarder
de A près.
Pour les rouets communs, il ne s’agit que de
mefurer une longueur égale à une demi-circonférence
j depuis le milieu d un des pieds jufqu’au
milieu de l’autre.
Pour le faire, une des méthodes eft de marquer
pré-ifément la place d’un pied; de pofer, aut.nt
exactement que l’oeil en peut juger, le centre de
la tige vis-à vis le milieu de ce pied, & de marquer
avec un trait l’endroit où eft l’entaille de la
clef ; fur ce trait , on applique la tige de la c le f,
& ainft de fuite on prend trois' fois la diftance du
centre de la tige à l ’enta'lle, ou, A l’on veut . >
on les prend avec un compas.
A cette longueur on ajoute environ une treizième
ou quatorzième partie , & là doit fe trouver le milieu
du fécond pied, qu’on marque fur le fer à
rouet; c’eft-à-dire, qü’on fuppofe ici que la demi-
circonférence eft égale à trois rayons, & un peu plus,
à caufe q,u’on retiaint un peu le fer en le tournant.
L ’autre méthode auffi Ample & très - ordinaire „
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