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marque de M. Achard , eft plus fluide & plus atténuée
que dans Ion état naturel.
Cet effet paroît indiquer que la décompofition des
favons acides n’eft pas complète, & que i’huiie après
avoir été une fois bien combinée avec l’acide vitrio-
lique , en retient toujours une portion qui augmente
confidérabL ment la -confiftance. 11 en eit tout autrement
des favons alkalins > les alkalis en fe combinant
avec les huiles, leur enlèvent à ce qu’il paroît
une portion de leur acide, auquel elles doivent
leur deg'é de confiftance naturelle ; & lorlqu’on fé-
pare er. fuite cette huile de l’alkali, il ne leur rénd
point tout l’acide dont il s’étoit emparé; & delà
vient que l’huile féparée de ces favons eft plus fluide
qu'avant fa combinaifon.
Une autre obfervation générale fur la décom-
pofît on des (avons acides par les alkalis, & qui n’eft
pas.moins importante, c’eft que quand on fe fert
de ce moyen de décompofition , il faut avoir attention
de ne mettre de l ’aikali que la quantité qu’il en
faut pour la faturation de l ’acide, parce que le fur-
plus ne manque point de fe çpfnbin* r avec l’huile
féparée, & de former avec elle un favon aikalin ,
même beaucoup plus facilement que par les com-
binaifons directes & ordinaires. Auffi M. Acha d
remarque-t-il que la décompofition du favon acide
vitriolique d huile effentielle de térébenthine offre
*n moyen très-prompt & très-facile de fai1 e le favon
de Starkey fi long & fi difficile par la plupart des
procédés ordinaires ; il ne s’agit que d’ajouter à la
folution de.ce favon acide une plus grande quantité
d’alka'-i qu’il n’eft nécdîaire pour faturcr l’acide, &
de faire enfuite bouillir ce mélange : le favon de
Starkey fe trouve f it par ce moyen ,fuivant l’auteur,
dans-Tefpace de quelques minutes. La raifon de cet
effet cjui eft très-bien vu , c’eft que l ’alkali fixe
trouve dans cette opération l ’huile effentielle de'
térébenthine , au moment de fa réparation d’avec
l ’acide v trioliqué, dans- un état de divifîon infiniment
plus grande & plus parfaite que celle à laquelle
on peut parvenir par tout autre moyen.
On pourroit probablement tirer avantage de cette
même méthode , p^ur la compofitiôn des favons
acides, qui en général font plus difficiles £ faire
que les alkalins, non-feulement à caufe du danger)
d’altérer & de décompofer l’huile, mais encore par
la nature même de la combinaifon & de l’excès
d’acide qu’il paroît qu’il faut ajouter pour Ja bien
faire, du moins fuivant le procédé de M. Achard ;
car M. Cornette m’a affuré qu’il étoit parvenu à
faire ces favons avec beaucoup moins d’acide,
J’ai effayé la combinaifon de l’acide vitriolique
avec l’huile de lin , en ajoutant peu à peu l’acide
à l’huile , au lieu de mêler à différentes reprifes
l’huile à l’acide, comme le fait M. Achard ; &
jfiai remarqué qu’on fe rend bien maître de la corn-
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b’naifôn par ce moyen : cependant l'huile a été
beaucoup noircie , a acquis une confiftance de poix
très-ferme, avoit toujours un excès d’acide allez
confidérable, qui s’en féparoit en partie par de-
liquefcence ; & malgré cela, la combinaifon fa-
vonn. nfe m‘a paru imparfaite a fingulièrement en
ce qu’eile éto t beaucoup moins bien diffoluble par
l’eau que par l’efprit-de-vin : ce caraCtere me
paroît être d’ailleurs commun à tous les favons
acides, & même, quoique moins fenfiblement,
aux lavons alkalins.
Mais voici un moyen par lequel j’ai réuffi à faire
un favon d'huile d’olives & d’acide vitriolique , qui
m’a paru parfait ; c’a été de faire diffoudre du favon
ordinaire aikalin dans l’acide vitriolique, en proportionnant
les dofes de manière qu’il y eût tou- ■
jours un peu d’excès d’acide dans le mélange ;
j’ai effayé d’abord cette combinaifon avéc de l’acide
vitrioiique étendu de beaucoup d’eau pour tacher
que l ’huile fût le moins noircie & altérée qu’ih
feroit polfible ; mais quoiqu’il.y eût un excès d’acide
très-fenfible, l ’huile du favon s’eft féparée en partie
dans l’état d’une huile fluide très-blanche, très-
limpide , bien diffoluble dans l’efprit-de-vin , mais
indiffbluble dans l’eau ; en partie en matière hui-
leufe concrète, très - blanche , de la confiftance
de la gra'fle ,. bién diffoluble .dans l’efprit-de-vin ,
mais indiffoluï>le dans l’eau, & par conféquent
l’acide vitriolique affoibli n’avoit pu agir a’flez efficacement
fur l’huile du favon'pour la réduire en une
combinaifon favonneufe.
Il en a été tout autrement quand j’ai trituré du
favon aikalin d’huile d’olives avec de l’acide vitriolique
concentré j il en a réfulté une maffe d’une
couleur brunâtre à la vérité , mais qui contenait un
favon acide parfait. Pour l’avoir pur, je- l’ai fait
diffoudre dans de l ’efprit-de-vin, qui en a féparé
d’abord tout le fel de Glauber & le tartre vitriolé
qui s’etoient formés pendant l’opération; j’y âi
ajouté enfuite peu à peu & avéc précaution de l ’al-
kali fixe en liqueur, en tâchant d’approcher le plus
près poflible du point de faturation de l’excès d’acide;
cette ad dit on a fait précipiter une nouvelle
quantité de tarre vitriolé ; enfin j’ai filtré la liqueur
quia pafle t ès-tranfparente & d’utie couleur jaunâtre;
elle faifoit parla fécoufle des bulcs3ifez permanentes
& ayant les mêmes iris que les bulles du
favon aikalin ordinaire.
J’ai fait évaporer la liqueur à une chaleur de 3 ?
à 40 degrés du thermomètre de Réaumur ; à mefure
que la liqueur s’évaporoir, il fe formoit à fa furface
des gouttes jaunes t>anfparentes que j’ai prifes d’abord
pour de l’huile qui fe féparoit; mais par le re-
I froidiffement, cette matière d^apparence huileufe
I s’eft figée en une fu b fiance jaune de confiftance de
graiffe ou de fuif, ayant la faveur grade & rance
1 du layon ordinaire 3 l ’çfprit-de-Yin en faifoit une
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diffolution très-limpide, & l’eau une diffolution
blanche un peu laitefufe, fans qii’il s’y fit aucune
féparation, & qui évaporée à fîccité par une douce
chaleur, s’eft. épaiffie eii un favon de même nature
qu’avant fa diffolution par l’eau
Il réfulte de ces faits que par le procédé que j’ai
fu iv i, l’on parvient facilement à former un favon
acide parfait avec l’acide vitriolique & l’huile d’olives
; il y a lieu de croire que l’huile èft moins altérée
par cette méthode, que par fa combinaifon
direCte avec l’acide vitriolique concentré , quoique
dans la décompofition du favon ordinaire par cet
acide on apperqoive une légère odeur d acide fulfu-
.feux volatil. Ce favon acide fe préfente fous l'a forme
d’une huile fluide , lorfqu’011 fait evaporér la liqueur
fpiritueufe un peu acide , dans laquelle il eft.
d’abord diflbus, parce qu’il fe liquéfie à une très-
douce 'chaleur, & que l’efprit de vin acide aqueux
n’en peut tenir qu’une quantité déterminée en diffolution
; lorfqu’il y en a une certaine quantité de
raflemblée ainfi à la furface de cette liqueur, il ne
s’agit pour l’en féparer. très-facilement, que de la
laiffer figer par le refroi dffèmeut, & de faire écouler
la liqueur fur laquelle il nage. En le rediffoivant
enfuite dans l’eau, & faifant évapoier la diffolution
à une douce chahur, il s’épaiffit en un favon acide
blanc qui m’a paru avoir toutes les qualités qu’on,
peut defîrer dans un compofé de ceite nature.
Je ne doute pas qu’on ne puiffe parvenir à compo-
fer toutes. f.irtes d’autres favons acides, foit par
cette méthode , fo t par celle de MM. Achard &
Cornette , & mêmè à rendre les procédés plus (impies;
plus faciles & pius fùrs._ C’eft un travail
d’autant plus important à fuivre, que _ ces
fortes de combinaifons favonéufes femblent pouvoir
devenir'un nouveau genre de médicament
d’une grande efficacité, & exemptsd’inconvéniehs,
dans beaucoup"de maladies''chroniques, d’obftruc-
tions , d’engorgemens , de concrétions , fur-tout
dans celles fur le ( quelles le favon ordinaire n’a de
prife que jufqu’à ün certain point & pendant un cer-
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tain tenus, après lequel il ne produit plus aucun
effet.
Il paroît très-probable que dans ces cas, que les
médecins 11e rencontrent que trop fréquemment,
un favon acide fubftitué au favon aikalin, qui
n’agit plus, pourroit devenir très-efficace , & que
l’ulage alternatif de ces deux médicamens produt-
roit peut-être des effets qu’on attendroit en vain en
fe bornant à l’un des deux. C ’eft du moins ce que
femblent indiquer d’un maniéré très-fenfible un
grand nombre d’opérations chymiques, dans lesquelles
on voit que l’application fucceflive de deux
diffolvans de nature différente , & même oppofée ,
produit des diffolutions faciles que l’un ou l’autre
ne peut point faire, ou ne fait que difficilement éc
imparfaitement. J’ai publié un effet très-marqué de
cette efpece dans le journal des Savans, feptembre
1776 , fur- la diffolution des dépôts pierreux de
l ’urine , & l’on peut en voir un grand nombre d’autres
preuves danc une lettre remplie de recherches
& d’expériences des plus incçreflantes fut le même
objet „ que M. de Morvtau m’a fait l’honneur de
m’adrefler', & qui eft imprimée dans le même Journal
, février 1777. Comme les favons, quoiqu’ils
foient des diffolvans puiffans & aCtifs, 11'ont cependant
aucune cauftieité qui puiffe les rendre redou-
’ tables aux médecins les plus prudens ; on peut du
moins en faire des eflais fans aucune crainte ni danger
, ce qui n’eft pas un avantage médiocre en fait
de médicamens.
Mais indépendamment de cet ufage des (avons
acides, qui peut devenir de la plus grande impor*-
taiice, il eft prefque certain qu’ils en auront auffi
de très-effentiels dans beauceup d’arts & de manufactures,
A combien d’ufages n’emploie-t-on pas le
. favon ordinaire dans un grand nombre d’arts avec
des avantages balancés par-des inconvéniens que
n’auroient peut-être pas les favons acides ! Le tems
feul & l expérience feront connoître.tout ce qu’on
doit en attendre : car malgré ces premiers travaux ,
déjà étendus & fi bien commencés, cette matière
i n’eft encore en quelque forte qu’ébauchée. ( Extrait
I du Ditâ. de Chymie de M. Macquer, )
V O C A B U L A I R E .
. A lkaiï. Le (el alkaîi eft une fubftance âcre,
qui fe diffout dans l ’eau, & fermente vivement
avec lés acides.
A nses de la chaudière. On appelle ainfi les bords
dû chaudron des favonniers, qui font renverfés &
applatis comme le bord d’un chapeau.
tire la foude d’al-icante qui fertpour les manufactures
de verres & de favon.
Bourde , efpece de foude de moins bonne qua-,
lité que celle qui provient du kali.
Br a s s iN. On appelle ainfi la quantité de favon
qu’on cuit à la fois.
Bûche d’airain, Les fa v o Barille , herbe des Indes, de laquelle on re- n n ie r s appellent amÆ