
verfellement reçu, que l’humidité fait rouiller les
métaux ; & il eft certain que cette relation de Ligon
doit avoir paru à tous ceux qui l’ont lu e , une
preuve inconteftable de "cette-opinion reçue.
Par la raifon contraire1 dans les pays qui environnent
la baie dé Hudfon , ies métaux y font
moins fufceptibles de rouille que par-tout ailleurs;,
en a obfervé la même chofe en Ruffie, & fans
doute que la féèhereffe de l’air de ce pays en eft
la caufe*
a Cependant quoique les métaux fe rouillent dans
l ’île de Barbade par l ’humidité de l'air, & qu’ils
font prefèrves de la rouille en Ruflie par la fe-
chereffe de cet élément, on peut douter que l ’i dée
générale de l’humidité foit feule fuffifante
pour rendre raifon -de tous les phénomènes qui
accompagnent ordinairement la rouille.
H eft tres-certam que l’air des pays qui environnent
la baie d’Hudfon eft plutôt humide que fec ;
car les brouillards continuels qui y régnent font
plus que fuffifans pour y prouver que l ’air y doit
être humide dans un degré très-confidérable ; &
toutefois les métaux ne s’y rouillent pas comme
dans d’autres endroits.
Ne pourroit-on pas conclure de-là que l’humidité
feule, n’eft point la caufe de la rouil e 3 quoiqu’il
foit vrai d’un autre côté que celle-ci ne fe
trouve jamais , ou que rarement fans humidité.
En examinant avec attention la rouillé , on
trouve que c’eft une folution des particules fu-
perficielles du métal fur lequel elle fe forme ,
caufée par quelque diffolvant fluide : mais il ne
s’enfuit pas de là que tous les fluides indifféremment
puiffènt caufer de la rouille , ou te qui revient
au même, ronger & difloudre les particules
fuperficieiles du métal : nousfavons, par exemple,
que l’huile , loin d’avoir cette propriété, fert plutôt
à confèrver les métaux contre la rouille.
Or en réfléçhiflant davantage fur ce fujet, & en
examinant d’où vient que l’huile & généralement
toute forte d’onguent & de graiffe fait cet effet fur
les métaux ; on eft porté à penfer que l ’huile con-
ferve les métaux en les garantiffant contre certaines
particules contenues dans les fluides aqueux
qui caufent précifément la rouille ; & que Ces particules
ne font autre chofe que des Tels acides.
Ce fentîment paroît d’autant plus vraifemblablë,
qu’il eft certain que les folutions de tous les métaux
fe font par les diflolvans acides, comme nous le'
voyons confirmé tous les jours par la manière ordinaire
de faire du blanc de plomb 4 qui n’eft autre
chofe qu’u*e rouille bu folution de ce métal caufée
par le vinaigre.
Nous apprenons par là que l’huile eonferve les
métaux, par la qualité connue qu’elle a d’envelopper
les Tels acides.
Ii paroîtroit donc que ce n’eft pas proprement
l’humidité , mais plutôt un certain diffolvant fluide
répandu dans l’air qui caufe la rouille ; car quoique
l’air foit un fluide , 8c qu’il s gifle Couvent fur la
furface des métaux, en les fai ànt rouiller , nous
ne devons pas croire qu’il agit, ainfi Amplement
comme fluide * puifqu’en ce cas l’air devroit caufer
par-tout le même effet, & les métaux^devroient fè
rouiller en Ruffie auffi-bien que par-tout ailleurs
pioche la ligne équinoxiale.
L’air ne peut pas nen plus produire cet effet,
comme étant chargé de pai ticules aqueufes quoiqu’on
le craie communément. Si cela étoic , l'air humide
devroit caufer le 1 même effet, dans la baie de
Hudfon, que fur les côtes de l ille de Barbade.
Difons donc plutôt que lorfqne les parties aqueu;es
qui flottent dans ha;r font chargées de f ls acides,
elles caufent alors la rouille 8c non autrement.
Nous voyons par là que les métaux deviennent
-à cet égard une efpèce d’eflai ou dépieuve pour
la qualité de l’air ; puifque par l’action que l ’air
fait fur eux , ils font connoîtie s’ils font chargés
de certains fels ou non.
Il eft encore poflible que la chaleur de l’a:r agiffè
en quelque façon fur Jes métaux, princi alement
fur leurs furfaces, en ouvrant leurs porcs, & en
les difpofant par là à admettre une plus grande
quantité de cët efprït acide de fel élevé dans
Tatmofphèie par la force des rayons du foleil.
Enfin fuivant l’opinion des plus habiles chi-
miftf$, la rouille eft vra ment la terre du fer dé-
compofé par l’action de l’air & de l’eau.
On peut aufli donner le nom de rrui/le à la
terre de tous les autres métaux qui font fiifceptibles
d’une pareille décompofîtion, tels que le cuivre ,
& en général toutes les matières métalliques 3 à
l’exception des métaux parfaits. Airifî le verd-de-
gris, par exemple , peut très-bien fe nommer
rouille de cuivre.
L’efpèce de cérufe qui fe forme fur le plomb
expofé à l’air humide, peut fè nommer de même
rouille de plomb.
Boerhaave aflure avoir vu des barres de fer tellement
rongées par l ’air, qu’on les pouvoit mettre
en poudre fous les doigts.
M. Boyle rapporte que dans les régions méridionales
de l’Angleterre les canons fe rouillent
fî promptement, qu’au bout de quelques années,
qu’ils font reliés expofés à l ’a ir, on en enleve
une quantité confidérable de crocus de murs ou
de rouille•
Acofta ajoute que dans le Pérou l ’air difloud le
plomb, & le rend beaucoup plus lourd.
Procédé pour garantir Vacier de là rouille«
Chauffez fortement l’acier, fcns l’approcher trop
près des charbons , en l’approchant par degrés.
Ayez foin qu’il foit allez chaud pour qu’on
ne puifïe pas le tenir ou le toucher fans
étie brûlé. Alors frottez-le légèrement de cire
pure , enfuite rapprochez-ie du feu pour le fécher
& efiiiyez-le avec up morceau de ferge ou de
drap.
Huile de cacao,
L’huile de cacao eft de toutes les huiles la plus
propre pour empêcher les armes de rouiller, parce-
qu’elle contient moins d’eau que routes les autres
huiles dont on fe fert ordinairement pour cela.