
6^ R H Ü
Fdljîfication,
Il fe trouve dans le commerce une très-grande
quantité de cette réfine qui a été préparée chez
l ’étranger ; mais il faut s’en défier. Ces réfines,
dit M. Baume, font pour l’ordinaire falfifiées avec
de la poix-réfine, ou avec d’autres fubftances ré-
fineufes de vil prix qui ne font point purgatives.
D’autres mêlent avec cette prétendu« réfine de
jalap, de la gomme-gutte, ou d’autres purgatifs
violents & dangereux, «
N E R P R U K.
L e nerprun eft un arbrifleau qui fe trouve communément
dans les haies des pays tempérés de
FEurope.,11 peut s’élever à dix-huit ou vingt pieds^
mais ordinairement on ne le voit que fous la figure
d’un-buifion de dix ou douze pieds de hauteur.
Cet arbrifleau fait rarement de lui-même une tige
un peu droite ; il le garnit de quantité de rameaux
qui s’écartent, fe croifent, & prennent une forme
irrégulière. Ses branches font garnies de quelques
épines, aflez fomblables à celles du poirier fauvage.
Sa feuille eft aflez petite, unie, luifante, légèrement
dentelée & d’un verd brun. Sa fleur qui paroît au
mois de juin eft: petite, d’une couleur herbacée
qui n’a nulle apparence.
L e fruit qui la remplace eft une baie molle de
la groflèur d’un poids , remplie d’un fuc noir,
verdâtre, quLcontient en même tems plufieurs1 fe-
mences, elles font en maturité au commencement
de l’automne.
Çet arbrifleau eft âgrefte 8c très-robufte il fe
plaît dans une terre franche & grafle ; il aime l’ombre,
l'humidité & le voifînage des eaux : cependant on
peut lp faire venir par-tout
S» on veut le multiplier , le plus court fera d'en
femer la graine au moment de la maturité ; elle
lèvera au printems, & les jeunes plantes feront en
état d’être;, tranlplantées l’automne fuivant. On n’en
fait nul ulage pour l’agrément, il n'eft propre qu’à
faire des haies qui le garnilfent bien & aflez promptement.
Son feuillage eft affez jpli ; les inférés
ne s'y attachent point.
Les baies de nerprun font de quelqu’utilité ; les
oïlêaux s’en nourriflent par préférence , & ne les laif-
ent pas long-tems lur l ’arbrilfeau. Elles font très-puPr
gatives ; on en fait un fyrop qui pft d’ungrand ufage
en médecine.
Les baies du nerprnn font aufli de quelque ref-
■ fource dans les arts : on en fait une couleur qup
fon nomme verd de vejfîe, qui fort aux peintres &
aux enlumineurs,
huis de nerprup eft excellent pour faire dçs
R H U
échalas ; ils font d’une aufti longue durée que oeux'
que l’on fait de bois de chêne.
Il y a plusieurs autres efpèçes de nerprun;, mais
l’efpèce commune que l’on vient de décrire, eft la
plus-utile à eaufe de fa propriété, de fes baies, &
de leur ulage falutaire.
Les payfans qui vendent ou apportent les baies
de nerprun y mêlent quelquefois, lorsqu’elles font
rares , le fruit des épines que l’on nomme prunelles %
ce qui produit une grande différence entre ces deux
fruits, l’un étant purgatif & l’autre aftringent ; mais,
on peut reconnoître facilement cette fraude en
écralant quelques-uns de ces fruits. Ceux de
nerprun font remplis de plufieurs femerices ; des
prunelles au contraire ne contiennent qu’un petit
noyau,
[S C A M M O N É E.
La feammonée eft une lubftance réfîneufe , gom-
meufo & cathartique.
On en trouve de deux fortes dans le commerce,
favoi? la feammonée d'Alep , ou de Saint-Jean
d'Açre , & celle de Smyrne.
La feammonée d’Alep eft un fuc concret, léger,
fongueux j friable. L'brfqu’on la brife , elle
eft d’un gris noirâtre & brillant. Quand , on la
manie dans les doigts, elle fe change en une
poudre blanchâtre ou grife. Elle a un goût amer ,
avec une certaine acrimonie, & fon'odeur eft
puante. On l’apporte d’Alep , qui eft l’endroit où- on
la recueille.
l a feammonée de Smyrne eft noire, plus cpm-
pafte & plus puante que celle d’Alep. On l ’apporte
à Smyrne d’une ville de Galatie, appelée préfonte-
ment Cuté y & de la ville de Cogni dans la province
de Licaonieou de Çappadoce,près du Mont Tauris,
où l’on en fait une récolte abondante. On préfère la.
feammonée d’Alep;
On doit la choifir brillante, facile à rompre &
très-aifée à réduire en poudre , qui ne brûle pas
fortement la langue; qui étant brifée 8c mêlée avec
de la falive ou avec quelqu’autre liqueur, devient
blanche & laiteufe. On rejette celle qui eft brûlée ,
noire, pefante, remplie de grains de fable ; de petites
pierres ou d’autres corps hétérogènes:
M, Tpnrnefort penche à croire que la feammonée
qui eft dans le commerce, vient de plantes
^u mpins de différentes efpèçes , fi elles ne font
pas différentes pour le genre. J1 juge que celle de
Syrie & d’Alep vient de la plante appellée feam-
monia folio glabro , feammonée. à feuilles lifles ; &
celle de Smyrne de la plante appellée feammonèa
fol}o hirfuto , feammonée à feuilles velues. •
M. Shevard, conful anglois , qui a demeuré à
Smyrnç pendant treize ans , prétend qu’on ne tire
plus
R H U
plus le fuc de la feammonée à feuilles velues, p9«**
ce que. celle à feuilles lifles croît en fi grande
abondance, que cette plante fuffit feule pour préparer
toute lu feammonée dont on fe. fort. On
choifit fur-tout, d it-il, celle qui croît fur le penchant
de la montagne- qui eft au-deffous de la
forterefle de Smyrne.
On découvre la racine en écartant un peu la
terre, on la coupe & on met fous Fincifion des
coquilles d-e moule pour recevoir le fuc laiteux
qui .en, découlej/& que l’on fait fécher pour le
conïerver.
Cet teflea m mon é e ainfi récoltée, eft refervéepour
les habitaus du pays, & l’on n’en donne aux étrangers
que par préfent; elle eft. à demi tranfparente,
blanche ,' jaunâtre , & fans aucune mauvaife
odeur. |
Voici les d;fférentes manières de recueillir les
feamajonées du commerce, & ce qui en varie le«
formes & les couleurs.
On coupe la tête, de la racine; on fe fert d’un
couteau pour y faire un creux hémifphérique , afin
que le fuc s’y rende, & on -le ramafle enfùite avec
des .coquilles.
D’autres font des creux dans la terre; ils y
mettent des feuilles'de noyer fur''lefquelles le
fuc tombe, & on le retire lprfqu’il eft fec.
Ou l’on coupe la partie de la racine qui s’ élève
au-deflus de la-terre , & elle donne tous les jours
un fuc que l’on ramafle pour le faire fécher. On
arrache enfuite toute la racine , & après l’avoir
coupée par tranches. on en exprime un fuc laiteux
que l’on fait fécher • à un feu doux ou au
foleil. On en fait quelquefois des paftillés fur lefquelles
on imprime un Cachet ; leur couleur eft
grisâtre & fouvent brunâtre.
Enfin quelques-uns tirent le fuc des feuilles des
tiges & des racines pilées, piiis font deffécher
ce .fuc, & en font de petites mafles d’un noir
- verdâtre, & d'une mauvaife odeur.
Il faut fe méfier d’une feammonée bâtarde , ou
inférieure, qui n’eft qu’un compofé de fucs de
différentes plantes laiteufes , incorporés avec de la
cendre, du jalap , de la poix-réfine , de la gomme-
gutte , & autres ingrédiens hétérogènes.
S É N É . .
On trouve dans le. commerce deux efpèçes de
follicules de f. né. Celles qui viennent du Levant
■ font les meilleures, ''elles font larges, & leurs
femences font applàties.
Les autres viennent de Moka ; elles font étroites,
Arts & Métiers. Tom, y i l t
R H Ü
petites, contournées, & leurs fémences forment
une éminence confidérable. Ces dernières follicules
font à vil prix , mais peu purgatives.
Depuis quelques années on a mis dans le commerce
une troifîème efpèce de follicules de couleur
jaune clair, qui font moins eftimées que celles
du Levant.
Les feuilles ou follicules de féné qui nous
viennent en balles du Levant, fe recueillent fur
Un arbrifleau que l’on nomme féné d‘Alexandrie.
Il croît à ■ la hauteur de deux ooudées ; fes tiges
font ligneufes & fe partagent en deux rameaux
plians , d’où; forcent alternativement deux queues
grêles,d’une palme & plus de longueur, fur lefquelles
naiffent aflez près les unes des autres, quatre,
cinq, ou fix paires de feuilles, nulle feuille impaire
ne terminant ces conjugaifons. Ces feuilles
font d’un verd clair.
Les fleurs de féné viennent en grand nombre
au haut des rameaux, elles font en rofé jaune,
parfemées de veines purpurines.
Aux fleurs fuccèdent des goufles plates, le plus
fouvent recourbées, compofées de deux membranes
ôblongues, lifles, applaties, d’un verd brun, au
milieu defquelles font mêlées fur une même ligne
plufieurs graines femblables a des grains de rai-
fin. Ce font-ces goufles qu’ on nomme follicules
de féné»
On cultive cette plante dans la Perfe', la Syrie,-
l’Arabie, d’où on l’apporte en Egypte & à
Alexandrie.
Il y a , comme 110ns l’avons d it, dans le commerce
plufieurs fortes de féné , favoir celui
d’Alexandrie ou de Seyde, ou de la Pdite3 ainft
appellé a eaufe de l’impôt qué le grand firigneur 4
mis fur cette feuille , & celui de Tripoli , dont
les .feuilles font moins pointues , • & dons les vertu?
font inférieures à celles du premier.
Le féné de Moka eft encore moins eftimé.
Il y a encore une efpèeè de féné bâtard donc
les feuilles font d’un arbrifleau qui croît'1 naturellement
dans la plupart des contrées méridionales
de. l’Europe , aux. lieux 'montagneux 8c fombres,
dans lès bois &c., & qu’on cultive dans les jardins
pour Tornement. Il jette du pied plufieurs tiges
dont l ’écorce eft grife fur le vieux, bois, & verte
fur les jeunes rameaux.
Ses feuilles, font rangées fur une côte cinq à
cinq, quelquefois fept a ffept, & fouvent neuf à
neuf ; elles font moins grandes que celles du ba-
gnaudier ; fort amères , mais moins purgatives quq
I celles du vrai féné,
1