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On a f j't l'épreuve d’en mettre au-devant > mais
ils ne fe cha-geoiént que de fe l , parce tjue le feu
étant plus violent en cet endroit, & l'eau plus agitée
par les bouillons, 1 écume étoit chaffee à l'arrière,
comme il arrive à un pot-au feu.
L ’aug? lot eft à demeure appuyé fur le fond de
la poeve , ÿt le mouvement de l’eau y porte
les crades, qui eu fuite n’en sortent plus par l’effet
de la compofitiou de cet initrument.
C eft une platine de fer dont les bords font repliés
de quatre pouces de haut ; le fond en eft
plat, & peut avoir dix huit pouces de long fur dix
de large.
Ce qui eft une fois jette dans ce réduit, ne recevant
plus d agitation par les bouillons, y refie
ju^qu a ce qu’on l’ôte ; il a à cet effet une queue,
ou plutôt une main de fer d’environ deux pieds
de long*
On le retire ordinairement, quand les dernières
chaudes du fôccage font données.
Les fîx jours d’intervalle d une abattue à l ’autre,
font employés non-feulement aux dÆrentes opérations
dont nous venons de parler, mais ils font
encore néceifaires à laüîèr i epofèr la poêle, à la
viüter , à y réparer les crévafles & le dommage que
le feu peut y avoir caufés, à l*écai 1er, & à la préparer
à une autre abattue.
L ’ abattue finie , les maîtres, les falineurs aidés
des focqueurs & des fujets, étanconnent la poêle
par-d flous, la détachent dès crocs qui la fou-
tîennent, ôtent les bourbons, à l ’exception de trois, -
la nettoyeur, & en tirent les crafîes : ce trava 1
s’appelle focquement des poë es.
L ’écaillage fuit le focquement. On commence
par échauffer la poë e à fec , afin qu’elle réfifte ,
fans fe fendre, à Ja violence des coups qu il eft
néceffàire de lui donner pour brifèr & détacher
les écai les qui font extrêmement adhérentes , &
ont quelquefois deux pouce« d’épaifleur. L e tout
s’enlève ordinairement en trois quarts-d’heure de
temps ; mais il ne faut pas moins de trente ouvriers
qui frappent tout-à-la-fois en divers endroits , à
grands coups de maffues de fer. Cependant il y a
des écailles fi opiniâtres, qu’il faut les enlever au
cifeau.
Les maréchaux raflurent enfuice les doux étonnés
, en remettent d-s neufs où il eft néceffàire
& des pièces aux endroits défeéèueux.
Ces réparations faites, le direâeur, les contrôleurs
des bancs, & ceux des,cuites, en font Ja
»ifite , & vérifient le travail des maréchaux.
Voyons maintenant ce qu'une poêle en. feu peut
produire de fe l, & à combien le muid revient au
fermier.
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La poêle s’évalue à 240 muids par abattue; l’abattue
eft de 18 tours, 5c le tour de 24 heures:
donc la poêle fait 20 abattues par an, & fou produit
annuel eft de 4800 muids»
Mais il y a des acadens. Le froid , les vents, la
vétufté d*s poêles 5c les 'ours en ont. Les premiers
font toujours moins abondans, & re donnent ordinairement
qne 12 à 13 muids : les ptemiers de
tous n’en donnent que quatre au plus, foit parce
que la poêle n’eft pas échauffée, foit parce que
les gouttières ne font pas encore étanchées ; du
cinquième au quatorzième, il fi- fait 1 5 à 16 muifts ;
les derniers en donnant moins, parce que Fée a il !e
de la poêle qui eft alors forte & ép?ifle, affoiblic
l ’affion du feu : ce qui, bien combiné, réduit l’abattue
à n o muids, 6c le produit annuel de- la
poêle â 4400; fur quoi deduifant le déchet à raifon
de 7 à 8 pour § , on peut affiner que la faline qui
travaille à trois poêles bien foutenues, fabriquera-
par an douze mille trois à quatre cens muids. de fel*
Ma:s les dépenfes en bois en réparations, en
poêles, poêlons, 5cc. fe montent à 3 25 369. 2. 7.
ce qui, dvifé par 27654, quantité de muids du
fel fabriqués pendant les années 1727. & 8 , de
même que 325369. 2. 7 . font les dépenfes de ces
deux années , donne le irtud de fel à n 1. j f,
3 d. ( au refte, tout a bi n changé de prix depuis
le temps que ces calculs ont été' faits,);
La chevre^ eft une efpèce d’échaffaudage compofé
de deux pièce« de bois de fix pieds de longueur,
ltees par deux ’bain s d’environ cinq pieds, p:o£é;es
furies bourbons qui fe trouvent au milieu de la.
poêle. .Cet échaffaud a une pente très - droite ,.
Ôc forme un talu griffant fur lequel eft pofée une
chie foutenue à fbn extrémité par un. pivot haut
de huit pouces, qui lui. donne moins de pente
qu’à l ’cchafFaud.
LorfijuM eft queftion de procéder à la brifée ,
le contrôleur d s. cuittes, celui qui eft de femaine
pour ouvrir fis bancs, fis ouvriers de la brigade
fe raffembleit: on ouvre les bancs-, & alors un
des ouvriers détache la (angle qui fourienc la
chèvre , ôte les rouleaux, & faifant fa mer !e pivot
d un coup de mafftre , donne un mouvement à la?
chèvre qui coule par fon propre poids, & fe rcu-
verfe fur le f u i du banc.
Cette opération fi: fait en même temps des deux
côtés de la poêle qui eft chargée de deux chevres
égal s..
Le fel demeure dans les bancs pendant dix-huit
jours, au bout defqueis ou le porte dans les maga-
fins, & ce n’eft que iorfqu’il y eft, que les contrôleurs
s’en chargent en recette.
Ce relèvement fe fait dans des efpèces de hottes
de lapins, appellées tandelins , qui font étalonnées
fur la inefure de deux vaxels. j
S A L s A L i 2 S
Cet étalonnage n’eft pas juridique ; il n’éïî que
pour l’intérieur de la Jaline, Mais le vaxel étoit
étalonné juridiquement en préfence des officiers de
M. le duc de Lorraine, à Bar, où la matrice eft
dépofée.
Le vaxel eft a peu-près de la figure d’un muid
en largeur, mais il a moitié moins de profondeur.
11 contient environ 41 livres de fel : ce qui fait
autour de 650 livres par muid , fel de magaftn ;
car celui des bancs eft plus léger, n’ayant point
encore acquis font dépôt.
Droits des quatre francs deux gros. Ce droit fe
levoit fur tous les fels qui fortent de 4a faline, pour
le fourniflement des magalîns , tant du département
de Metz , que de celui de la faline, à raifon de
quatre francs deux gros pour chacun muid de fel.
Il n’étoit point exigible fur les fels deftinés pour
les greniers de Metz & Verdun, pour la gabelle
d’Alface & fur ceux qui le délivrent en vente
étrangère»,
L'emlauchure, c’eft le fourniflement général des
uftenùles néceffaires pour le chargement des fels,
l ’enfretien des poêles, &c. les d.penfes de réparation
des murs, des fourneaux , des at.-es , fourniture
de bourbons, claies , chevres, vaxels, &c.
Les fondions principales du diredeur-receveur,
font de régir la faline , de recevoir les foumiflions
pourries traites à faire, en Fabien ce des fermiers,
ou de renouveller pour les voitures des fels, faire
exploiter les bois affedés à la faline, & tenir la
main à ce que les employés faflent leurs devoirs,
diftribuer le fel pour les entrepôts, &c.
Il y a des contrôleurs des bancs, contrôleurs
des cuites»
Les veintres font au nombre de quatre : deux ré-
fident à la faline , les autres au-dehors. Ils ont inf-
pedion fur les ouvriers boquillons, qu’ils mettent
en nombre fuffilant dans les coupes, & qu’ils
éveillent.
Il y a des portiers.
Sel en pain. Les rois de France & d’Efpagne,
devenus fucceflivement poffèffeurs de la Franche-
Comté, ont confervé l’ufage & les différentes formes
du fel en pain. Il s’en fabrique de neuf fortes ,
dont huit pour la province , & une pour le canton
de Fr.bou'g.
Gros fe l d3ordinaire. Ce pain pèfe 3 livres 8 onces,
ce qui fait pour la charge , compofée de 48 pains,
168 livres. Sa forme elt ronde & un peu creufê
dans le milieu ; il eft deffiné aux communautés du
bailliage d’Amant, à la ville & partie du bailliage
de Salins.
\ Petit fe l d*ordinaire. Ce pain pèfe environ deux
livres & demie, & la charge de 120 livres. Il eft
marqué de deux cercles qui régnent au tour. Il
eft deftiné aux communautés du bailliage d’Aval#
Petit fe l de pofle d'ordinaire , pèfe communément
deux livres dix onces , & par conféqueiit la charge
eft de 116 livres/C’eft à l’ufage des communautés
du bailliage de Salins.
Sel roture , ou £ extraordinaire, marchand dans
toute la province, & deftiné à fubvenir aux befbins
de ceux qui n’ont pas affez de fel d’ordinaire, doit
pef. r 3 livres, & la charge i44*Sa figure eft ooinme
celle du gros fel d’ordinaire, il n’en diffère que
par le poids.
Sel marque de redevance. La diflributîon s’en
fait fuivant l’état du roi, aux parties qui y font"
employées. Il doit peffir deux livres & demie, &
fa charge 120 livres. Sa forme eft celle du fel de
pofte.
Sel rofère de redevance. 11 fe délivre pareillement-
en confequence de l ’état du roi ; le pain pèfe j
livres f , & la charge 144.
Gros Jalé de la grande faline , a huit pour charge.
Ces gros falés font affeétés aux propriétaires d’états
de la grande faline, & aux cours fupérienres de
Comté. Chacun de ces falés doit pefer 12 livres f ,
figuré comme le moule de la forme d’un chapeau.
Gros falé de la grande faline a 12 pour charge.
Même deftination que ceux à huit pour charge, dont'
ils ne diffèrent que de groffèur & de poids; pefe
8 livres chacun»
Solde Fribourg, fe délivre au cariton de Fribourg,
en exécution d’un traité du roi. Il reffemble au gros-
fel d’ordinaire ; pèfe chacun 2 livres 6 onces.
Salines de Bèxvieux et d'A igle appartenantes
au canton de Berne, & celle de Moutiers c/z Ta~
rentaife, pays de Savoie, appartenante à fa majefie-
le roi de Sardaigne, ou i l y a■ des galeres, ou bâti~-
mens de graduation,
La graduation eft une opération par laquelle on«
fait évaporer par le moyen de l ’air & fans le fecours
du feu, plufieurs parties douces de l’eau faire, en
Fèlevant plufîeurs fois au haut d’un b ârime n t conflru it’
à cet effet, par le moyen de plufieurs corps de pompes
qu’une eau courarte met en mouvement, & la-
faifant retomber autant de fois de 20 à 25 pieds de
haut fur plufieurs étages de fafeines; d’où il réfulte
une grande diminution dans la corfômmation du bois,
& dans les autres dépenfes relatives à la fabrication
du fel.
Plus la conftruâion des bâtimens deftinés à la
graduation eft parfaite , plus les différentes économies
font fenfibles & utiles. Pour déterminer avec
certitude l’étendue des bâtimens néceffair. s à graduer
l’eau d’une fource falée, il en faut confioiue avec
preoifion le degré de faluie.