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nombre. Dans les tems modernes, le mal allant
en s’aggravant , on a cherché une mefure unique
-, tantôt en prenant" une tierce de degré, d’un
méridien terre dre , ( Mouton ) ; tantôt en adoptant
le pendule à fécondés. ( Bouguer ) j ou une
de fes partie*, ( la Condamine ) 3 tantôt en choi-
fiffint le pied d’Egypte , qui eft la demie-coudée
du nilomètre, ( Pauâon ) ; tantôt en préférant
Ja billionième partie d un g:and cercle terreftre,
( Co lignon ).......... ; on a profité de la leéture
réfléchie, des ouvrages de ces auteurs , fans pouvoir
adopter leurs conclufions.
Les mefures ont befoin d’une très-grande réforme;
on a eu beau rationner fur leur multitude
abufîve , on n’y a point remédié, parce que cette
réforme dépend , de l’intervention des loix : tout
effort f r a inutile en pareil cas , fi la puiflance
légiflative, que nous invoquons, ne l’appuye pas.
En s’occupant de cet objet important, on ne fera
pas à l’abri des contrad Liions, quoiqu’elles ne
puiffent être dirigées, que par des vues d’un
intérêt chimérique ou irijuffe ; mais la logique
des pallions, vacillant dans ces confiiqûences, ne
remportera pas fur la confiance de la vérité. Pre(-
que tous les obflacles qu’on pourroit oppofer a
cette réforme, feroient furraontés par une^table
du rapport des mefures nouvelles aux anciennes;
& les autres difficultés s’applaniroicnt fans beaucoup
de peine : d’un autre côté , l’entreprife eft
laborieufè ; c’eft un champ hériffé d'épln;s , mais
l ’on peut le défricher, & des épines entrelacées de
ronces ae doivent pas rebuter.
Après avoir découvert la longueur élémentaire
& invariable du pied qui eft la bafe de cet ouvrage
, on a indiqué des multiples -relatifs à divers
ufages , comme font les aunes , les braffes ,
les perches, &c. On a déduit enfuite de ce module
primitif les mefures de capacités , comme
Vamphore, qui eft le cube de ce pied , d’où l’on
a compofé la capacité des tonneaux ; on a examiné
les mot fs de leur forme; on a donné une méthode
pour les jauger , & l ’on a dreffé une table de leurs
dimenfions, laquelle, fans être indifférente aux
autres hommes , peut devenir indifpenfable pour
divers arti'àns. On a auffi égalé le , minot des
graines à la cubature du pied original ; on a donné
la forme la plus avantngeufe au boiffeau ; & pour
faciliter la pratique , on a conftruit une table des
fubdivifions du minot.
A l ’égard des poids , on a pris pour archétype
une amphore d'eau pure de pluie ; il étoit .convenable.
, & il a paru même néceffaire , que cette
iolidité contînt un nombre cube de livres ou pondes
; on a choifi le nombre- 64 ; il n’y. en a
point de plus commode dans ce cas ; ce nombre
fut jugé de même , & employé comme t e l , par
l ’homme de génie, qui fut enrichir le compas de
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proportion des lignes qui contiennent les plans &
les folides ; il l’a employé dans les plans , parce
que 64 eft le quarré de 8 , dans les folides,
parce que 64 eft le cube de 4. L ’once , la drachme
, le fçrupule.. . . . . . . du ponde , descendent
progreffivement par 8 , non - feulement
parce que dans plufîeurs pays, le marc eonfîdéré
comme un tout, contient 8 onces; l’once, 8 gros
ou drachmes, &c. Mais parce que 8 eft un cube,
& que fes fubdivifions étant des branches d’un
même arbre , doivent fe reffembler. On a inféré
dans cet ouvrage une table du ponde & de fes
parties , exprimées en poids de marc, afin de faciliter
la comparaifon de ces poids : on a auffi placé
dans une table le- dimenfions du ponde, & de fes
fubdivifions en cubes & en fphères , compofés de
cuivre de Suède ; puis on en a déduit d’autres
figures de ces poids.
Après cela , on a uni intimement les monnoies
aux poids, Si l’on fuivoit à l ’avenir les principes
fimples qu’on y établit , on auroit la liaifon des
monnoies, des poids , des capacités , tant en graines
qu’en liquides , & des longueurs , peut-être
la plus parfaite qui puifle exifter. Enfin , on a
examiné & difeuté les qualités que chaque mefure
devroit avoir.
L ’uniformité dans les poids & mefures a été
réalifée chez differentès nations. En Angleterre ,
au commencement du 12?-fîècle , fous Henri I ,
tous les poids & mefures furent abrogés, & égalés
enfuite à ceux de Londres , excepté deux poids
qu’on y a confervé : on ignore pourquoi ; favoir,
la livre de Troy, qui eft de douze onces-, &
la livre du-aver-poids , qui en a feize ; cette
dernière livre eft les de celle de Paris j mais
l ’once ater-du-poids n'eft que les de celle de
Troy : on pouvoit pefer toutes fortes de marchan-
difes avec un feul poids. Malgré les imperfe&ions
de ces mefifres , la grande Charte a produit cet
avantage , qu’on peut fe livrer au commerce en
Angleterre avec plus de facilité & moins de rifque
qu’ailleurs où ces mefures font très-variées. En
Danemarck , en Suède, & encore chez d’autres
nations , les poids & mefures ont été réduits à
l’uniformité d’une manière affez imparfaite , &
relative aux lumières de ces temps-là , mais qui
montroit alors dans ces pays la néceffité de cette
réforme ; elle eft defirée en France depuis longtemps
par tous ceux qui n’ont point d’intérêt à
y voir la confufion fubftîtuée à l’ordre.
Il n’y a point de mefures itinéraires fixes dans
ce royaume 3 cela eft embarrafïànt , sur-tout pour
les voyageurs , de même que le d clore! re qui règne
entre les. autres -mefures , parce qu’il y en a une
multitude 4e toute efpèce ,• tandis qu’il n’en fau-
droit qu’une de chaque genre : tous les cantons
ont les leurs , -femblent à cet égard ne pas être
de la même nation ; ces cantons font, en quelque
forte , privés par-là des avantages de la fociété
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en général. Cette multiplicité-de mefures eft une P
produ&ioTi où la raifon n’a eu nulle part, ou bien :
elle auroit été en délire. Combien d’i"jaMices
eommifes à ce fujet ? ces embarras caufent fré- i
quemment de vives conteftarions, qui dégénèrent
la plupart en procès ruineux.
La nation françoifo sera bientôt affranchie de |
cette quantité d’entrave'' , d’abus , de tromperies i
& de défordres , qui dérivent de la variété des
mefures ; cette rédudion mérite l’attention de !
tous ceux qui défirent l’avantage commun ; chaque
peuple y a intérêt : fi elle eft appuyée fur les
principes les plus sûrs & les plus inaltérables , .
c’eft un préfent digne d’être offert à toutes les j
nations.
Qu’il n’y ait par-tout qu’un poids & qu’une j
mefure pour chaque genre de chofès à évaluer,
& qu’ils foient rendus uniformes, les avantages , ■
pour les hommes de. toutes profeflions , feroient
immenfes. L ’extindion des abus qui réfultent de
leur variété feroient une des fourbes delà félicité j
publique. On fort du defpotifme & de la barbarie
où l ’on gémiffoit; on defîre en outre de voir bri- j
fer les fers de l'aflerviffement aux mefures variées, j
En vue de l’avantage public , l ’affehiblée nationale
en décrétera l’uniformité , & le roi y donnera
fa fandion. Par ce moyen les repréfenrans de
la nation travailleront efficacement au bien général
des peuples , & le prince acquerra de nouveaux
droits à la reconnoiffance publique ; il fe
couvrira d’une gloire nouvelle par fon concours à
cette fage inftitution : comme les Ofiris , les
PhidoHS , il fera immortel , & toujours chere à
la mémoire des peuples , qui , en jouiffant perpétuellement
de fes bienfaits , ne cefferont de le
bénir,
Olfervations préliminaires.
Le foleil donna d’abord les jours aux habitans j
de la terre 5 la lune fervit enfuite aux premiers j
hommes à régler les mois & l’année lunaire , la- j
quelle eft encore en ulage dans plufîeurs régions. J
Jules Céfar régla Tannée folaire; il la fit de $.6 y jours
'& ? ; elle étoit trop longue d’environ la 119e par- !
tie d’ un jour. Le pape Grégoire XIII réforma le
calendrier : l’année folaire Grégorienne, ramène Jes ;
fàifons dans les mêmes mois, 6c règle , entr'antres
objets très- importans , les travaux agraires d’une .
manière fîmple..
On eft- folliçité de recourir aux aftres pour régler !
auffi les mefures en longueur . & par leur moyen !
celles de capacité. Les jours, les mois & les années , ;
dont les aftr'es nous ont fait préfent, font des temps, i
& le temps eft un des produifans de l’efpace ; un j
autre eft la vîteffe. On ne fera p^s ufage de la force J
ou puifiante qui imprima le mouvement aux affres ; j
cette puiffance a pour caufe la volonté de l ’E.ire-
Suprême ; les deux autres produifans de l ’efpace,
feront fuffifons. [
La lune , par des liens élaftiques, eft enchaînée
a la terre , autour -de laquelle elle tourne 3 la terre
eft auffi attachée par de f mbl foies liens au-foleil,
dont la diiîance varie , de la fin de décembre à la
fin de juin, a-peu-près dans le rapport, de 117 a
l ü 3 elle tourne fur elle-même en-^4 heures , par
rapport au foleil, & elle fait le tour de Ion orbite
dans un an.
Les mouvemens des autres planètes n’ont que
des rapports fort éloignés avec! la terre, fpéciale-
ment dans la détermiration d’une mefure linéaire,
par des moyens àltronomico - gêodéfîques. Cette
mefu-e, s’il le peut, ne doit pas êtie fort grande ,
ni tiès-petite , afin qu’elle foit d’un ufage civil &
journalier. Dans cette recherche „ il convient de
prendre la terre pour centre.
Mercure , Vénus , Mars , Jupiter , Saturne 81
Herfchel, fe meuvent fort irrégulicrement autour
de la terre ; leurs Hâtions , leurs mou\emens di-
r-eds & rétrogrades femblent être une raifon d’ex-
clufîon : en outre l ’utilité apparente du mouvement
de ces planètes pour la terre , n’eft pas fort
fenfible, excepté quelques paffages fort rares, de
Mercure & de Vénus au-devant du Soleil, excepté
les édipfes des fàtellites de Jupiter , phénomènes
que lès aftronomes obfervateurs mêmes ne peuvent
voir qu’avec de bons télefeopes ; excepté c e la ,
l’exiftence de ces planètes eft prefque nulle pour
la plupart des hommes;, ce feroit donc multiplifier
vainement les ôbftacles , que d’admettre ces planètes
dâns Cette queftion , d'auiant plus que là multitude
de tous ces mobiles , . rendroit la mefure
qu’on en extrairoit d’une petiteffe extrême , &
pat .conféquent inutile.
Mais parmi les aftres, la fixité des étoiles , &
l’éclat dont brillent plufîeurs d’entr’elles, doivent
les faire admettre dans cette recherche. Des milliers
d’hommes ne connoiffent guère que fur parole
i’exiftence des autres planètes, exeepté Vénus qu’ils
prennent pour une étoile , lorfque vers la naifiance
de l’au ro re o u le foir dans le déclin du crépuscule
, elle répand une lumière allez vive fur la
terre ; les autres planètes n’ exiftent pas pour eux ;
mais il n’y a point d’homme qui ne connoiffe quelques
étoiles , & plufîeurs savent même, fuivant
la faifon , conclure de leur pofîtion , à-peu-près,
l’heure durant la nuit.
On ne confidérera donc ici que trois corps, le
foleil , la lune & une étoile. On fuppofera que ces
corps décrivent l'équateur par leurs mouvemens
diurne« moyens ; l’équateur terreftre recevant
leur lumière , fera le ftadium , fur lequel on fup-
pofeia qu’ls exécutent leurs courfes : à chaque
révolution il y aura un inftant où ces couriers agiles
enverront, fur chaque point de l’équateur terreftre,
leur lumière fous la même incidence, foit perpendiculaire
5 feu oblique.