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» marquer . on a donné peu de hauteur à ces
» noeuds, afin de n’être pas obligé de tailler une
» trop grande mortaife dans la porte. »
Comme M. de Réaumur a beaucoup travaillé fur
l’adouciiïement du fer fondu , il a été engagé a
examiner avec attention ces belles pentuies qui ont
toujours palTé pour avoir été fondues, & qui fè
trouvent être d’un f<-r doux.
* Les pentures dont M. de Réaumur vient de parler,
font donc très-chargées d’ornemens, plus remarquables
parce qu’elles font difficiles à exécuter, que
par le bon goût ; on peut même dire que ces orne-
mens font déplacés & poftiches.
Une grande partie de la difficulté de l’exécution
auroit été fauve e , fi le ferrurier avoit mis ces trois
fortes pentures en-dedans de l ’ég'ife , & qu’il eût
couvert le dehors de la porte d’une dentelle de
ferrurerie, qu’on auroit pu faire d’un meilleur goût
que le nombre infini d’enroulemens qu’on voit fur
^es portes.
Mais dans ees temps, où le goût gothique régnoit,
il fembloit que les ouvrages étoient d’autant plus
beaux qu’ils étoient plus difficiles à exécuter.
Au moins en réfultoit-il -qu’il le formoit d’habiles
ouvriers qui auroient exécuté avec facilité
des ouvrages de meilleur goût.
C ’eft ce qu’on peut dire de plus avantageux pour
les ouvrages gothiques.
Je reviens à mon fujet, & je dis que, comme il
•n’eft pas probable qu’on retombe dans ce mauvais
goût, les pentures font des ouvrages fur lefquels il :
n’y a pas beaucoup de préceptes à donner pour la ;
façon de les forger : tout le travail le réduit, comme
on l’a déjà vu, à étirer une barre, à enrouler un
des bouts fur un mandrin, à percer des t ous tout
du long de la barre pour recevoir les clous qui
doivent l’attacher.
Lorfque le noeud eft fait, on en foude le bout
avec le corps de la penture fur l ’arête de
l'enclume.
Il y a des efpèces de paumelles, ou le noeud eft
d’une pièce rapportée fur l’équerre qui fortifie
l ’affemblage du bâti de menuiferie.
On n’en fait ufage que pour des portes battantes
très-légères & garnies d'étoffe.
Pour donner aux paumelles une figure en S , on
fend la pièce de fer , & on écarte l ’une de l ’autre
les parties fendues. Il
Il y a des façons plus compofées de ferrer., ou de
pendre les portes; on les emploie dans les apparte-
incns : mais avant que d’en parler , il faut dire
qnelque chofe des gonds qui entrent dans les
pentures.
S E R
Les gonds confiftent en un morceau de fer qui
doit s’attacher par un bout dans’ l’embrafure ces
portes, & porter à l’autre bout une cheville ou
■ goujon qui entre dans le noeud d’une penture.
Comme les gonds doivent être attachés, ou à de
la maçonnerie, ou à du bois, on les termine, au bout
qui fait leur attache , ou par un fce’lement ou par
une pointe, ou par une patte à l’égard de la tige ;
on la f.iit le plus fouvent droitp, & quelquèfois
coudée.
La plus fîmple manière de faire les gonds, foie
en bois foit en fcellement, eft de prendre la cheville
qu’011 nomme le mamelon dans là même pièce
dont eft fait le corps du gond , en refoulant un peu
le bout du barreau pour donner du corps au mamelon
, & le courbant enfuite à l’équerre.
Ces gonds font le moins chers & auffi le moins
bons , la petite att irion qu’ils exigent eft , par le
refoulement dont nous avons parlé , de laiffer le
fir plus renflé qu’ailleurs à l’endroit où doit être
l ’aügle faiilant du gond.
Sans cette précaution, l’angle,feroit arrondi,
& le mamelon ne feroit pas bien ajufté au bout du
corps du gond > ce qui arrive fréquemment à ces
fortes de gonds.
Les gonds font beaucoup mieux faits quand on
rapporte le mamelon , comme nous allons l'expliquer
: mais cela fe fait de deux façons différentes
, une pour les gonds à fcellement, &.l’autre
pour les gonds en bois-.
Pour les gonds à fcellement, on perce à chaud
d’outre en outre avec un poinçon & un mandrin
le bout du corps du gond où doit être le mamelon
& on les foude principalement en rivant à chaud
l’exrrémité du mamelon qui excède en-deffous le
corps du gond ; car fi l'on frappoit fur le noeud,
il s’étendroit& le fouderoit mal avec le mamelon.
Comme en perçant le noeud du gond avec un
mandrin, on a étendu le fer en cet endroit, il
s’enfuit que le fer faillit tout autour du- mamelon
, & cef-e faillie forme un point d’appui ‘à l ’endroit
où doit repofer le noeud de la penture. Quelques
coups de marteau donnés quand on perce
le trou, ou fur le mandrin, oü quand on rapporte
le mamelon, arrondi fient cette partie.
Comme les gonds en bois font plus foibles que
les aütres, & comme ils fe terminent fouvent
en pointe, on courroit rifque de les fendre G on.
les perçoit comme les autres : c’eft pourquoi on y
apporte plus de ménagement.
On applatit & on arrondit le bout où doit être
le mamelon ; on y forme un noeud, à-peu-près
comme celui des pentures ; & qnand le mamelon
a été mis dans ce noeud, on foude les deux pièces
enfemble.
S E R
Je reviens aux autres efpèces de ferrures qu’on
emploie pour pendre les portes.
. Ce qu’on nomme des fiches diffère des pentures
& des paumelles en cè que leur attache eft dans le
bois, au Heu que les autres font appliquées defiùs
la m enuiferie. .
Certame partie de la fiche peut être regardée
comme un tenon qui entre dans le bâti de bois ;
elles y font en quelque façon fichées , ce qui probablement
les a fait appeler des fiches.
Quoique cette ferrure convienne aux portes lé gères,
on ne laifle pas d’en mettre aux grandes
portes cochères, principalement aux poutis ou guichets;
mais ces' ferrures font toujours deftinées
pour les portes de menuiferies propres &. ornées
de panneaux , auxquelles il feroit défagréable de
voir les moulures coupées par des bandes de fer.
La partie des fiches qui entre dans le bois fe
nomme M aileron, celle qui eft en-dehors & qui
eft analogue aux noeuds des pentures, eft nommée
la boît e.
Dans certaines fiche? qu’on nomme a vafe, cette
boîte , plus allongée que le noeud, eft terminée
d’un côté par un petit ornement qu’on appelle le
vafe , parce qu’il en a ordinairement la figure.
La boîte de la fiche à vafe reçoit un gond
comme les noeuds des pentures; ce gond eft
ajufté à une partie qui eft entièrement femblable
a la boîte, qui porte comme elle un aileron qui
fert à arrêter ce gond dans le chambranle, comme
l ’aileron de la boite l ’eft dans le montant de la
porte.
Il y a des fiches qui ne portent point de gond ,
on lès appelle des fiches h noeuds, ou quand elles
font très-greffes, fiches a chapelet ; ce font de
vraies charnières ; -qui au lieu de boîte ont d ux ou
un plus grand nombre de noeuds; la diftance d’un
noeud à l’autre eft égale à la longueur du noeud 4
meme; c’eft une boîte qui a été pour ainfi dire
coupée en plu fleurs parties.
On emploie enfemble deux pareilles fiches, 1
dont l ’une a un noeud moins que l’autre; les noeuds
de celle-ci font reçus entre le ; noeuds de celle-là , à
la manière des charnons d’une charnière ordinaite,
& ori les retient enfemble par line broche qui
enfilé tous les noeuds : on voit de ces fiches aux
volets > brîfés | ainfi qu’aux poutis des portes
cochères.
Pour les poutis des portes cochères, les chape- ;
lers font faits , comme nous l ’avons d it , d’autant
de pièces détachées qu’il y a de noeuds tout-à-fait
fetnblables , qui font embrochés par un fort'1 boulon;
pour les croifées, les . portes d’armoires ou les
volée;, les fiches à noeuds ont une aîle commune
% toutes.
SE R 41 ?
On nomm e fiches coudées celles dont les ailerons
font pliés en équerre ;.on les emploie dans certaines
difpofi rions de portes d’armoires.
Une autre forte de ferrure moyenne entre les
paumelles & les fiches, eft ce qu'on nomme les
couplets , ‘ ils s’aflembJent à charnières comme les
fiches à noeud , & iis s'attachent fur ie bois cornue
les paumelles.
Ils peuvent auflî fervir à... des volets brifés ou
non; mais on ne les emploie jamais, que pour des
ouvrages de menuiferie légers, & qui ne font pas
faits avec beaucoup de foin.
Pour la fermeture des boutiques , on emploi»
quelquefois des pentures brifées par des noeuds qui
forment des couplets.
On donne le nom de briquet à une efpèce de
couplet qui ne fauroic fe plier que d’un côté, &
qui a deux noeuds, deux parties en faillie, qui
empêchent qu’on ne le plie des deux côtés
oppofés.
On les applique par le côte oppofé au noeud.
Les noeuds n’entrent point - l ’un dans l ’autre;
mais il y a une pièce qui forme deux noeuds, &
qui au moyen de deux broches, complette la
charnière.
Les tables à manger, qui ne fe plient que d’un
côté , font ordinairement aftemblées par des
briquets.
On peut fans doute varier ces efpèces de ferrure;
mais.' les exemples que nous venons de donner
fuffifent pour jetter du jour lur les ferrures donc
nous ne parlons point.
Il nous r.-fte à expliquer la façon de faire les
fiches ; elle eft plus recherchée & plus induftrieufe
que celle des pentures.
Pour faire-une fiche à boîte, on prend un morceau
de tôle force ; on le coupe de la largeur que
doit avoir la fiche-, non compris le vafe , & on lui
d^nne afiez de longueur pour qu’étant pliée en deux ,
elle fournifie la boîte & les deux pièces qui doivent
former F aileron. -
On plie cette tôle fur un tas ou fur une bigorne,
& on forme une gouttière au milieu de la pièce
qui doit faire la boîte; en mettant un mandrin
dans cette gouttière^, on rapproche les deux parties
qui doivent faire l’aiieron; au moyen du mandrin
ce rapprochement forme la boîte, & on fait l’aiieron
en foudant l ’un à l’autre les deux morceaux de
tôle qui' excèdent le cylindre creux ou la boîte.
Pour des ouvrages très-recherchés, on prend la
boîte, l’aileron & le vafe dans un même morceau,
& on perce la boîte au foret comme on fe-oit une
cle f; mais ces fiches exigent beaucoup de travail,