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SAULES, MARCEAUX ET OSIERS.
( Art des )
JL E faute eft un arbre qui fe trouve dans toute I
l ’Europe, même dans la partie la plus feptentrio-
nale de la Laponie. Le faute, le bouleau & le pin,
l'ont les ’derniers arbres qu’on rencontre en pénétrant
dans les climats glacés du nord.
Aucun arbre n’a dans fes efpèces, qui font fort
nombreufcs, autant de variations que le faute 3 en
ce qui concerne la ftature. On connoit des fautes de
toutes grandeurs depuis un pouce de hauteur juT-
qu’à plus de foixante pieds.
Il y a dès fautes blancs, noirs, jaunes, verds &
rouges.
U fe trouve d’ailleurs tant de différences dans la
forme & 'la couleur des feuilles, que toute la dcf-
eription que l ’on peut faire en général de ces arbres
fe réduit à ce qu’ils portent des fleurs femelles fur
.diftêiens individus.
Les chatons qui font blancs , rouges, jaunes ou
bleuâtres , félon les efpèces de fautes , s’épanouif-
fent au mois d’avril d’ans les climats tempérés, &
les graines qui ont été -fécondes murifl’ent & fe dif-
perfcnt dans le mois de juin,
Il feroit immenfe d’entrer dans des détails fur
chaque efpèce de faute dont on connoit plus de
foixante fortes. Mais il fuffira d’en traiter , pour
l ’objet des arts, fous trois différences qui les diftin-
guent aflèz efîèntiellement.
Nous diftinguerons les fautes, les mareeaux les
pficrs.
Des fautes.
"Les fautes font les efpèces de ce genre qui prennent
le plus de hauteur. Ils fe plaifent dans les lieux
bas, & fur le bord des eaux ; mais ii ne faut pas que
leurs racines f ient tout.à fait dans l’eau, -
Ces arbres fe multiplient de plançons de la grof-
fêur du poignet & de la hauteur de huit ou dix
pieds : on les place dans des trous de la profondeur
d’environ deux pieds, & à cinq ou fix de diftance,
après qu’on a formé ces trous à coups de maillet
avec un p:eu armé de fer. Comme le plancon ne
remplit pis le trou exactement, on achevé ’ de le
remplir avec de la terre meuble qui facilite I&
reprife.
Cette plantation fe fait au printemps, immédiat
tement après les gelées. Nul autre foin enfuit©
que de l ’élaguer les deux premières années.
Comme l’objet d’une telle plantation eft de fe
procurer des perches & des échalas, on étête les
fautes tous les trois ou quatre ans à la fortie de
l’hiver.
Il faut avoir foin de couper les perches le plus
près de la tête de l’arbre qu’il eft pofïible , afin
d empecher qu’il ne s’y forme des abreuvoirs qui
accourcilfent beaucoup la durée de l’arbre.
Le faute croit très-promptement, mais pas encore
auffi vite que le marceau. Il s’élève à foixante ou
foixante-dix pieds, mais il ne profite guère que
pendant vingt-cinq ans. •
Quelque miférable que fbit le faute par la petite
qualité de fon bois, les anciens Teftimoient aflèz
que de le mettre au troifième rang des arbres utiles
relativement au profit qu’on retire des biens de
campagne.
Le bois de faute eft blanc, gras , rebours & fort
tendre. Les troncs gros & fains de cet arbre peu-'
vent fervir à faire des planches que l’on emploie
pomme celles du tilleul & du peuplier. Ma:s quand
les fautes font creux & pourris dans le coeur, on les
coupe par tronçons qui font un bois de chauffage
paflablè , .après les avoir laiffés fécher pendant fix
mois.
Les arbres qui font têtards donnent des brioches
que l’on coupe tous les trois ou quatre ans, & qui
fervent à faire des perches ou des échala*, On les
pèle dans le temps de la sève, & on Ls laide fécher
pendant un an à l’abri, pour leur donner un peu
plus de durée.
Les fculpteurs font quelque ufage du bô’is de faute %
les peintres & les graveurs en tirent quelq..es fer-
viees pour tracer lèurs efquifïès : les orfèvres pour
polir l’or & l ’argent : & les g falpêtriers pour la
poudre à canon. On peut s'en fervir auffi pour aigui**
fer les outils tranchans.
Ce
S K U
’Ce M polifrï eft excellent pour la culture de
Sqjuelques plantes & arbrifleaux qui ne peuvent végéter
que dans une terre fraîche dénuée de force & de
fubftance ; & les feuilles de l’arbre trempées dans .
l ’eau & répandues dan$ la chambre d’un malade,
$a rafraîchifîent l’air d’une façon fîngulière.
Des Mareeaux.
Le marceau ne s’élève qu’à vingt-cinq ou trente/
p’eds, Il diffère des fautes & des ofiers par fa feuille
qui eft beaucoup plus largo.
Cet arbre eft de la nature des amphibies ; il fe
plaît dans les lieux bas & ^umides, & il ne réuffit
pas moins bien dans les terreins élevés, où il ne
jCraint que le fable vif & la craie pure.
De toutes les efpèces de fautes, c’eft celle qui
peut le mieux fe paifer d’humidité, & c’eft peut-
être de tous les arbres celui qui vient le plus vite,
qui fe multiplie le plus aifément, qui fournie le
plus-de bois, & qu’on peut .couper le plus fouvent.
On dit communément en Angleterre, qu’on achète
le cheval avec le marceaii, avant qu’on puiflè
acheter la Telle avec le chêne.
On peut multiplier le marceau de fémence, &
mêjne c’eft uu .excellent moyen pour favorifer les
femis de chêne , d’autres arbres du premier ordre,
parce quvil abrite les jeunes plants pendant l ’hiver ,
& qu’il entretient la fraîcheur du terrein pendant
l ’été*
I l faut faire cueillir les graines du marceau au
mois de juin , qui eft à-peu-près le temps de leur
maturité , & les faire répandre tout Amplement fur
la terre qu’on veut mettre en bois, fans aucune culture
préalable, ni même fans rien ôter des herbes ni
des buiflons qui peuvent s’y trouver,
U eft vrai que pour semer de cette façon avec
quelque fuccès, il ne faut pas ménager la graine.
11 faut dès que la graine eft mûre > la battre dans
de l’eau pour la déraciner du duvet, & la faner dans
une terre fraîche , en la couvrant feulement d’une
ligne d’épaiflèur de terreau tamifé. Qu’on découpe
de la moufle par défi us, & qu’on arrofetous lesjours,
elle lèvera allez bien au bout de trois femaines ; &
les arbres obtenus par ce moyen deviaipent fuper-
bes de s’élèvent à une hauteur étonnante.
Une autre manière de le multiplier , c’eft de
prendre des boutures de cet arbre, d’environ un
pied & demi de longueur, que l’on pjque diagonale-
ment en terre , & fi profondément, que le deflus fie
la boutur.e fe trouve, s’ij eft poffiblp, au niveau du
jTol* ~
Le bois de trois ou quatre ans eft le wiçUlçur
fiéti Ct Métiers; Terne V i f
SAU* f i j |
pou? femplir cet objet, le bois de deux ans eft enJ,
core pafiable, mais celui d’un an eft de la moindre
qualité. Cette opération, fe peut faire pendaut tout
l ’h iver, quand il ne. gèle pas & que la terre eft:
meuble.
On peut couper le marcêaû tous les quatre ou
cinq ans, & fa couche dure ordinairement cinquante
ans, pourvu qu’on ait foin de le couper rè$-terre, en
talut & fort uniment.
Cet arbre eft excellent pour garnir un tailli, & il
croît à merveille parmi les chênes , les châtaigniers 4
les charmes, &c.
Le bois du .marceau fert à faire des cercles, des
perches & des échalas. Il eft auffi très-propre à faire
du charbon qui s'enflamme aifèment , & que l ’on'
emploie daqi- la compofitîon de la poudre à canon«
Des ofer s.
Sous le nom d’ofiers on doit entendre toutes les
efpèces de petits fautes qui croiflent le long des:
rivières, & qui peuvenr fervir aux ouvrages de.
vannerie.-
On en connoît de plus de douze fortes, mais i l
n’y en a que quatre dont on fèfle cas , qui font Te
rouge > 1 e noir9 le ver que quelques g ns appellen t
le blanc, & le jaune ou doré. Le grand profit qu’on
peut retirer de ces arbrifleaux doit engag;r a les
, cultiver.
On trouve dans le journal économique , mois de
mai 17$8, un mémoire intérçflant à ce fujet. Il
paroît que l’auteur a écrit d’après fon expériênce &
qu’il a vu avec intelligence. Voici en fubflançe ce
qu’il dit dés différents ofiers.
Cet arbrifleau fe plaît dans prefque toutes fortes:
de terreins , pourvu qu’ils foient un. peu argilleux ,
& que le fonds en foit bon. Il fe plaît fur-tout le
long des rivières, dont Ls bords font peu élevés.
On peut le multiplier, ou de bouture qui eft la
façon la plus u f ité e o u de femence qui eft la
' meilleure méthode , parce que les ofiers venus de
graines , s’enracinent plus profondément^ & font de.
plus longue durée que ceux élevés de bouture.
Voici la manière de Ls femer. Après avoir mis
le terrein en bonne culture, on y fû t des filions
à qua’re pieds de difLnce les uns. de<* autres, &
on y sème au mois de mars la graine d’ofîcr, que
l’on recouvre de deux pouces de tçrre fort menue, 8$
qui lève bia^tôt après.
Cette première année exige des foins, qui font
de %rcler fouvent, défaire deux labours, & de