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La même expérience faite de ta même manière,
un jour que le thermomètre étoit à douze degrés
vers le tempér é , il m’a fallu cinquante onces d'eau
pour une livre du même falpêtre.
Ainfile falpêtre, dans un temps de gelée, exige
environ huit fois fon poids d'eau pour être tenu en
diflolution; & par un temps tempéré, il ne lui en
faut que trois fois fon poids.
Ayant fuivi ce travail en hiver feulement, je
n’ai pu efîàyer qu’à ces deux termes; j’ignore ce
qu’il faudroit d’eau dans les grandes chaleurs. M.
Petit prétend qu’alors vingt-quatre livres d’eau tiennent
dix livres de falpêtre difloutes. Je le croirois
aflez, vu les épreuves précédentes qui fe rappro-
chent fort des fiennes.
Au refie , comme le degré de froid où le falpêtre
tient l’eau dans les plus grandes chaleurs, admet
néceflàirement peu de variations entre ce terme
9c celui du tempéré, 8c que d’ailleurs il ne peut
être quefiion que d’à-peu-près dans des opérations
de cette nature, la connoiflance de ce qui arrive
vers le tempéré, fuffit pour éclairer ces opérations
dans dos temps de chaleur plus marqués.
Enfin nous en avons alTez pour conclure avec
•ertitude :
Concluions tirées de ces expériences,
i®. Que toute diflolution de falpêtre, où la quantité
de falpêtre excédera par le tempéré le tiers , &
j>ar la gelée la huitième partie du poids de l’eau,
donnera des crifiaux à proportion dç cet excès.
*°. Qu’une diflolution de falpêtre, pour fournir
des crifiaux, n’a befoin que du refroidifiement de
l ’atmofphère , &. que la quantité de crifiaux dépendra
du degré de ce refroidiiïèment. -
3°. Qu’il faudra porter la rédudîon beaucoup
plps loin par un temps de gelée que par un temps
chaud , pour obtenir une criftallifarion convenable ;
fi l ’on opère fur une cuite compofée de diflolution à
froid , te'les que font les eaux des cuites, que cettg
différence fera de huit à trois.
4°. Que ce fera le contraire fi on opère fur
ui)e diflolution de falpêtre faite par le fecours du
fep.
Les expériences précédentes, 8c pelles que j’ai
faites depuis , m’ont encore appris que plus le falpêtre
étoit pur, plus il falloit d’eau pour le difl-
fbttdre, & plus cette difTolution étoit longue. Nous -
avons vu au contraire que plus le fel marin étoit
chargé de matières terreufes & bitumineufes, plus fà
diflolution exigeoit de temps & d’eau.
J ’imagine que cette propriété fîngulière du falpêtre
vient de ce que l’eau agit dans la diflolution
de ce fel, moins par les parties propres qu’elle introduit
entre les molécules du falpêtre, comme elle
SAE
fait dans la diflolution du fel marin, qîte p'àf les
parties du feu, qui font indépendantes de fa nature *
mais qui conftituent fâ fluidité & le degré de chaleur
dont elle jouit jufqu’au terme exclufîvement ou
elle devient glace.
O r , il eft évident qu’à mefiire qu’ellé communia
que au falpêtre ces parties de feu, elle doit fe ren
fioidir & perdre ainfî beaucoup de fon a dion. Mais
comme plus un Tel efi pur, plus il jouît de fes pro-i‘
priétés, il fuit que la falpêtre ayant la propriété de
refroidir l ’eau, plus il fera pur, plus il la refroidira ;
plus il émouflèra fon adion diflolvante , plus il
faudra de temps & d’eau pour que la diflolution s’ac-3,
complifle.
Cette réflexion conduiroit à envifàger la difloluH
tion du falpêtre, non comme une diflolution, mais
comme une vra e fufion Je hararde cette idée que
je crois neuve, mais je fens que fi elle eft admiflible,
elle auroic befoin d’être appuyée de, beaucoup d’expériences
que je n’ai pas faites, vu l’obligation que
je m’étois impofée de me refufer pour le moment à
tout ce qui ne paroiflbit conduire qu’à des idées
théoriques.
De la régularité des crifiaux du falpêtre,
J’ai aufli conftamment éprouvé, à l’égard de la
criftallifatfon du falpêtre , que les crifiaux étoient
d’autant plus réguliers , que la criftallifation fe
faifoit danà une plus grande quantité d’eau, pourvu
que le refrôidiflemenffe fît aufli avec une certaine,
lenteur.
Chaque fois qu’il ne reftoit pas dans le centre du
pain une certaine quantité d’eau , la criftallifarion
étoic en malle , & n’avoit pas une figure déterminée.
Ce défaut, pouffe au denver’période , tel qu’il elf
dans le criftal minéral, ne laifle plus d’idée de
criflallifation ; c’eft une vraie congélation , une
fonte refroidie, femblable à celle des mécaux, à
la différence que la fonte des métaux préfnte uni
arrangement déterminé dans fes parties, fl le re-<
fro’diflement s’eft fait très-lentement ; au lieu que
le falpêtre , ainfî que je l’ai éprouvé , n’en offre au-<
cun, lorfqu’il a manqué d’eau à l’infiant de fon re-4
froidiffement, avec quelque lenteur que ce refroi-t
diflemçnt fe foit fait.
Ce feroit de même en vain que l’eàu exifieroit
en quanti'é fuffifante dans la diflolution , au moment
qu’elle criftallifè , fi le refroidiflèment ne
fe faifoit avec une certaine lenteur, qui donnât le
temps aux molécules primitives du falpêtre de s’appliquer
les unes fur les autres par les faces conve--
nables, pour former ces affemblages réguliers qu’on
appelle crifiaux ^ & dont la figure eft certainement
fondée fur la forme de molécules primitives, puif->
que chaque fel, neutre a fa criftallifarion particulière«
Aufli, lorfque la diflolution ayant une quantité
d’eau
s a L
d’eau qui âuroît fuffi pour former üiië béllè criftal- i
lifation, a été refroidie fubitement, je ii’ai'eu qu’un
précipité , au lieu d’unë criftallifition.
De quoi dépend la grofieur dés crfiaux du falpêtre.
Lg$ crifiaux peuvênt erre réguliers quoique pé-
tits. Leur gfoflèur ou leur p efi telle dépend à la fois
& de la quantité du falpêtre fur laquelle la criftal
lifat'on s’opère, & de la quantité d’eau fuperflue à
cette criflallifation.
Ainfî, toutes chofes égales d’ailleurs, vingt livres
de falpêtre diffous donnent toujours de plus gros
crifiaux que quinze livres du même falpêtre diffous
dans Je même vafe ; & vingt livres de falpêtre fourniront
aufli .de plus gros crifiaux, en criflallifant
dans quarante livres d’eàü, que s’ils ctiftalli (oient
dans vingt livres d’eaù.
J’imagine que le refroidiffement fe fâifant plus
lentement fur des maffes plus confîdérables, donne
plus de temps aux molécules de s’appliquer par les
faces les plus convenables les unes fur les autres;
& l’attradion qui fait mouvoir ces molécules, &
qui, dans, cette occafion, a à vaincre la force de la
pêfanteur , agit avec d’aut tnt plus de faci ité , que
le milieu eft moins rapproché.
Au refie , comme cet objet n’a point de rapport
marqué _ avec la perfedion du ialpêtré, je l’ai
négligé :. je crains même de m’y être trop arrê-
ré ici.
Le falpêtre qui criftallifè par un temps tempéré ou
par un temps chaud, donne dé pus gro$ cr iftauX que
s’il criftall Toit pai un temps de gel: ë àŸëc là même
quantité d’eau, & cela par la raifon que la même
maffe d’eau qui tient une certaine portion de falpêtre
diflbute par le tempéré, laiflaiit criftallifer environ
les deux tiers de cette portion de falpêtre lorfque
le temps eft à la gelée, fournira une plus grande
quantité d’eau fuperflue à la criftallifarion par le
tempéré que par le froid»
De la limpidité des crifiaux de falpêtre.
Les crifiaux de falpêtre peuvent être réguliers, &
n’être pas tranfparens. Leur transparence ne dépend
alors que de la pureté de la diflolution qui lés a
fournis. Si cette diflolution: eft ternie par des matières
graffes , les crifiaux feront jaunes-, parce que
telle eft la couleur de ces matières ; pure de gràifles,
mais chargée de fél marin , de manière à ce qu’il
s’en foit criftallifè une certaine quantité dans le
corps du falpêtre ; les crifiaux. feront blanchâtres &
farineux.
Ils feront farineux, parce qu’ étant formés de fels
de différente nature, ils aur-ônt peu- de liai-en.; ils
feront blanchâtres, parce que, l ’ifttefppfitiett ,dë$
Arts & Métiers. Tome KÏI.
8 A L •
criftaïrk de TT marin troublerà la trarTparene de
ceux du falpêtre.
. Enfin, fi la criftaîli'a-ion eft bien pure..de matièresétrangères
au faîpctré , les crifiaux feront
très-trânfpar'ns , & âbfplument couleur d’eau; &
c’eft un des lignes des ïhàins équivoques auxquels
on peut teconnoître la pureté du Llpêt e. Celui de»
Indes, qui ne tient point.ou très-peu de fel marin ,
en comparai'on du falpêtre ordimire, & qu'un feuT
raffinage , quoique mal fait, dégràiffe fort bien,
a fes crifiaux abfolument couleur d’eau.
De la dureté & de Vadhérence mutuelle des crifiaux.
La dureté & l’adhérence extrême des crifiaux
les tins contre les autres, qui en prouve l ’homogénéité
, doit être encore, comme on le fënt bien,
un dés lignes non équivoques de là pureté du fll-
pêtre é’eft aufli un des caractères du falpêtre des
Indes*
Expériences fur les dijfolutions.
- £ Apres avoir êonfîdéré le fel marin & le falpêtre
diflous fépai énieiit, je fuis pafle à l’examen des effets
de ces fels, lorfqu’ils éroient çpntenus <Jans une
diflolution corfimuné, telles que font les eaux des
cuites.'J’ai répété les de: nièces expérie ce- fur des
, diflolutions fat urées de fel marin bi n pur , pefant
: chacune quatre livres , tena t conféquemment uné
livre de fel à très-peu de chofe près.
La première , le themornetre, étant à trois degrés
au-deflous de la glace, n a .pu diffoudre que fix
onces - dé falpêtre, c’eft-à-di' e, l‘es. deux tiers en-,
viron de ce que la même quantité d’ean 'pure en
diflôlvoit à cette température de l’atmofphère.
Ea fécondé le thermomètre étant à onze degré*
vers le tempéré , n’a diffous que dix onces de falpêtre,^
c’eft-à-dire , les deux- tiers environ de ce qui
en avoit été diflbus dans l’eau pure.
Comme M. Petit prétend que l ’eau faturée de fel
marin agit fur le falpêtre comme fi elle étoit pure,
cela m’a engagé à répéter deux fois ces expériences.
J’ai eu les mêmes réflïhq*«. J'ai déjà prév■ nu des
raifons qui pouvoient mettre des différences entre
les réfultats de M. Petit & les mi ns.
J’ai donc conclu qûe-, quelle qu ‘ foit la température
de l’atmofphère, l ’eau faturée de fel nfe diP
fout guères que les deux tiers du falpctre, qu’elle
diflout lorfqu’elle eft pure. Mais comme nous avons
vu que dans -une faifon tempérée elle n’en diffol-
voit qu’environ- le tiers de fon poids ,-é rh t pure,
il fuit que dans le même temps elle .n’- n diffolverà
que les deux neuvièmes, lorfqu’«. Ile fera faturée de
Tel marin,
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