
des voyages des infpe&eurs des pauvres, 8é les.
honoraires des juges de paix; z8,i mille n i livres
pour acquitter les frais des afiemblées relatives
aux pauvres, & des repas auxquels elles donnent
lieu ; 381 mille 408 livres pour faire préparer &
diriger le travail de ces pauvres ; & un million
338 mille $84 livres pour payer les frais des procédures
quenéceflitent les conteftafcions qui s’élèvent
entre les paroüTes, relativement au renvoi des pauvres
de l’une à l ’autre.
En fuppofant donc le royaume de France fournis
à la même taxe, & cette taxe fufceptible des
mêmes frais , ceux-ci s’éleveroient ( dans la proportion
de 39 millions à 1z6 millions 368 mille
) à la fomme de z i millions 105 mille 487
livres ; dans laquelle les frais de procédures figure-
roient pour 4 millions 338 mille 605 livres.
Depuis l’année 1776, tous ces différens frais
font proportionellement plus augmentés que le
principal ; mais ce font particulièrement ceux
qu’occafîonnent les procédures qui ont éprouvé
la plus forte augmentation ; ils n’excédoient pas
816 mille livres à cette dernière époque, & en 1785
ils s’élevoient, année commune, »13 cents 38 mille
9 84 livres.
Cette progreflion paroitra, au furplus, moins
extraordinaire que celle de la taxe, fi l ’on ob- .
ferve que plus cet impôt s’accroît, plus la perception
devient difficile, & plus les paroifles font
d’efforts pour repouffer les pauvres dont on veut
les charger.
Suivant un extrait de l ’échiquier, du 3 mars
1786, qui a été~inféré dans les papiers, publics,
la taxe impofée fur les terres en Angleterre , au
profit du fifc, ne s’élevoit, en 178.3 , qu’à 32
millions 5135 mille 3?z livres; celle perçue au
nom des pauvres, rendoit, à cette même époque,
49 millions 646 mille 40 livres ; elle excédoit
conféquemment la première de '9 millions 710
mille 688 livres; & , ce qui eft encore plus remarquable
, la taxe fur les terres avoit éprouvé,
de 1776 à 1783 , une diminution de 4 millions
571 mille 6-72 livres; tandis que, dans le cours
de cette même période, la taxe perçue en faveur
des pauvres s’étoit accrue de 9 millions 336 mille
livres.
En France, toutes les dépenfes relatives aux
pauvres , qui font payées par le tréfor royal, ou ,
à fa décharge, par les compagnies de finances 8c
les tréforiers des pays d’états, ne s’élèvent', fuîvant
le compte rendu au roi au mois de mars 1788, qu’à
5 millions 167 mille 578 livres, y compris une
fomme de 17 cents 70 mille 600 livres, èmployée
en travaux de charité.
Indépendamment de ces fecours, le public contribue
à la fubfîftance des pauvres, 8c à l ’entretien
des hôpitaux, par différens o&rois quife lèvent,
au profit de ces maifons, fur les boiflbrtfî, les do*
meftibles & les marchandas à leur entrée dans
Paris, & dans les autres villes du royaume.
M. Necker évalue à zo millions , au plus, le
revenu annuel dont tous les hôpitaux du royaume
ont la difpofîtion.
Il réfiilte des renfeignemens que je me fuis
procurés, dit M. D . . .. , que les immeubles & les
rentes appartenant à ces maifons rendent au moins
huit millions par an ; au moyen de quoi le produit
des oftrois dont elles jouiffent, joint aux fecours
qui leur font fournis par le tréfor royal, n’excèdent
pas enfemble iz millions.
On a vu ci-devant que le terme moyen des taxes
perçues dans les années 1783 , 1784 & 178$ , tant
en Angleterre que dans la principauté de Galles ^
s?élève à 5Z millions z$ mille 976 livres; la de-
penfe que les anglois font pour le foutien de leurs
pauvres, excède conféquemment de 4<v millions
z 5 mille 976 livres la fomme que l’adminiftratioa
françoife confacre au même objet.
Cette prodigieufe différence paroît encore plus
furprenante, lorfque l’on compare la population des
deux royaumes, qui devroit naturellement être la
mefure de la quantité de leurs pauvres.
j Les nouvelles recherches que M. Méfiance vient
de publier fur la population de la France, la portent
à Z3 millions 8z$ mille 79 individus, ce qui donne
884 habitans par lieue quarrée.
Les auteurs anglois font peu d’accord fur la popu-
pulation de leur pays ; il en eft un parmi eux qui,
en la calculant par le nombre des maifons qu’il
évalue à 13 cents mille, & qu’il fuppofe habitées
chacune par fîx perfonnes, la porte a 7 millions
800 mille individus. Si on la calcule, d’après celle
‘ de la France , à raifon de 884 perfonnes par lieue
quarrée, on trouvera qu’elle doit être de 7 millions
3 5z mille zz 8 perfonnes. Je m’arrête à cette dernière
fixation, tant parce qu’elle établira des proportions
plus exa&es dans mes évaluations, que
parce qu’elle ne diffère pas de celle qui la précède
d’une manière qui foit défavorable au régime de
l’Angleterre.
M. Necker ce eftime de 100 à 110 mille le nom-
» bre des malheureux qui trouvent habituellement
» un afyle ou des fecours dans les hôpitaux ». Je
fiippofe que le nombre de ceux qui font renfermés
dans les dépôts de mendicité foit de dix mille , &
que la clalfe des malheureux qui vivent, tant à Paris
que dans les provinces, des aumônes publiques ou
fecrètes, foit compofée de 60 mille individus, ces
trois elafles réunies formeront un total de 180 mille
pauvres, qui paroîtraplutôt exagéré qu’au-deffous de
la vérité, puifqu’il fuppofe vingt de ces malheureux
fur trois lieues quarrées de terreip*
En partant de cette évaluation, l’Angleterre ne
lâevroit contenir, proportionnellement à fa population,
que 55 mille 546 pauvres; & cependant
le nombre de ceux qui étoient entretenus en 1776
dans les 19 cents 45 maifons de travail qu elle a établies
, -s’ clevoit à 90 mille, 8c;fî_, comme il y a lieu
de le préfumer , ce nombre a fa it, depuis cette époque
, des progrès égaux à l’accroiflèment de la taxe,
51 doit excéder aujourd’hui m millë.
M. Townfend évalue à 180 livres la dépenfe
'A qu’exige la nourriture & l’entretien de chaque pauvre
dans ces maifons; ainfi, ces iizm ille individus
abforbent zo millions 160 mille livres des produits
On a dit cr-deflus qu’en prenant pour bafe les
ïecouvremens faits dans le cours des années 1783 »
1784,8c 1785 , l’année commune de la portion
de cette taxe, qui eft uniquement employée à fubve-
nir aux befoins des pauvres, s’élève à 48 millions
lo i mille 71 z livres. En déduifant de cette fomme
celle de zo millions r6o mille livres, qui, comme on
vient de le voir,. eft abforbée par les dépenfes relatives
aux pauvres entretenus dans les maifons de
ira va il, il refte 27 millions 941 mille 71 z livres,
qui fervent fans doute à procurer des fecours aux
vieillards , aux infirmes 8c au* femmes en couche,
& à faire nourrir 8c élever les enfans.
Chacun de ces enfans ne coûte, fuivant M. Townfend,
que 36 fols par femaine, ou 9 3 livres i z fols
par an, 8c les femmes reçoivent 48 livres pour leurs
couches.
Si l ’on fuppofe que les fecours diftribués aux
pauvres qui compofent ces quatre dernières elafles ,
s’élèvent annuellement à 144 livres pour chacun
d’eux, l’un dans l’autre, ce qui revient à près de
3 livres par femaine, 8c me, femble devoir être
conféquemment plutôt au-deffus qu’au-deflous de
la réalité, le nombre des malheureux au foulage-
ment defquels on confacre ces 27 millions 248
mille p iz livres, doit être de* ip4 mille 8p ,
lefquels, joints aux 11 z mille qui font entretenus
dans les maifons de travail, portent à 316
mille 8p le total des pauvres qui vivent des produits
de la taxe, tant en Angleterre que dans la
principauté de Galles , indépendamment de ceux
auxquels les hôpitaux fondés fervent d’afyle, ou
qui reçoivent des fecours particuliers de la bien-
faifance du public.
Ce nombre, réparti fur 8 mille 317 lieues quar-
ïées, donne 38 pauvres par lieue, ou 114 par
trois lieues quarrées, tandis que dans une pareille
étendue de terrein , il n’exifte en France que
■ zo pauvres, même en y comprenant tous ceux qui
ifb.nt admis dans les hôpitaux, ou renfermés dans
les dépôts de mendicité.
Ces faits, ces rapproehemens, ces calculs 8c leurs
|éfultats , prouvent évidemment que la clalfe des
Arts b Métiers, Tome KH,
habitans réfutés pauvres eft proportionnellement
beaucoup plus confîdérable en Angleterre que partout
ailleurs ; fon accroiflèment paroîtroit incroyar*
b le , s’il n’étoit démontré par celui de la taxe.
Comment concevoir, en e û t , qu’un état dont le
territoire ne préfente qu’une fuperficie de^ 8 mille
317 lieues quarrées , 8c ne contient qu’environ huit
millions d’habitans, puiffe produire plus de 300
mille pauvres ; lorfqu’un royaume voifin , dont la
population s’élève à z 4 millions , 8c la fuperficie a
26 mille 931 lieues quarrées, n’en compte , au
plus , que 180 mille ?
On a vu ci-devant que cet accroiflèment ne
pouvoit provenir, ni de l’augmentation de la population
, ni de la modicité du prix des falaires ,
ni de l ’impoffibilité d e , trouver les moyens de
s’occuper utilement ; il e ft, je ne crains pas de
le dire, l'effet de la taxe elle-même.
La certitude d’être fecouru par les paroiiïès ou
comtés , 8c' de trouver dans les maifons de travail
une reflource affurée pour faire fubfifter fes enfans ,
doit éteindre parmi le peuple cette émulation ,
cette ardeur pour le travail, qui naît de la crainte
de manquer du néceflaire, 8c de voir fa femme
8c fes. enfans réduits à cette cruelle extrémité :
l ’artifte ou le journalier que vous délivrez à la
fois de cette crainte , 8c de la honte qu’il attache
à la néceflité d’aller demander l’aumône à
fon voifin , certain d’ailleurs que les juges de paix .
feront fournir à fa femme 8c à fes enfans, foit par
le hundred, ou parle comté, le s . 'fecours dont
fa pareflfe 8c fon inconduite les privent, pafle trois
jours de la femaine à difliper f la taverne , ou
dans des lieux de débauche, l ’argent qu’il a pu
gagner dans les trois autres jours. s
V o ilà , même d’après les auteurs anglois , la
véritable caufe de l ’augmentation, tant du nom-,
bre des pauvres & de la taxe impofée en leur faveur
, que du prix des falaires.
J’ai v u , dit M* D... une lettre écrite en o<âo-
bre 1766, au lord Shelburne, alors fecrétaire d’état
, qu’une famille compofée d’un journalier, de
fa femme 8c de quatre enfans , peut gagner en
Angleterre, 586 livres 4 fols par an ; le produit
ï du travail de la femme eft compris dans cette
fomme pour 94 livres 4 fols, 8c celui du travai 1
i dés quatre enfans rçunîs eft évalué à la même
| fomme ; celui qui provient uniquement des làlaires
| du chef de ce ménage , fe réduit conféquemment
à 3P7 livres 16 fols, qui, divifés par 313 , nom-
• bre des jours ouvrables de l’année , donnent à-peu-
près z $ fols 6 deniers par jour.
Ce produit ne paroît point extraordinaire., quand
on fait que le prix de la main-d’oeuvre eft plus
cher en Angleterre que par-tout ailleurs ; màis ce
qui m’a fingulièrement étonné dans cette lettre t
ce font les détails de la dépenfe annuelle de cette