La néceflité de mêler les différentes charges en*
tr’elles , en les paffant d’une chaudière dans l ’autre
, fait que jamais, dans aucune chaudière, il
n’efl sûr de l’état du vefou par rapport à la lefltve
-& au degré d’évaporation. Il n'a d'autre moyen
que l’écumoire, pour enlever les fécules & les
matières terieufes j & ce moyen eft abfolument
ififuffilànt.
Une fois que le vefou eft dans la batterie, il
lui eft irrpoflible de réparer les fautes qui font
l'effet inévitable de la marche défordomiée de ce
travail, & de la négligence des nègres.
Comme, la contenance de la batterie eft très-
petite , & que le vefou dont on la charge n’eft
jamais évaporé à plus de dix-huit degrés’, il arrive
qu’on ne peut la charger que d’une petite quantité
à la fois, & qu’on la charge a vingt repri-
fes différente.", avant que d’obtenir une cuite. Il
arrive encore qu’on eft forcé' de 'cuire jour &
nuit, & que, pour régler la marche du vefou dans
les chaudières & fixer la cuite , la préfence du
ràffif.tur eft- abfolument néceffaire.
La batterie., par fa nature & par fa forme ,
s'oppofe à ce qu’on puiffe jamais la vuider, ni
l’a remplir fans brûler beaucoup de fucre.
Le raffirteur après s’être donné beaucoup de peines,
a le. chagrin de voir que le fucre qu’il a obtenu
n’eft jamais fans reproches. Toujours l’ignoratice
ou l’amour-propre le rendent injufte , & fouvent
plus, qu’injufte. Il croit . ne devoir jamais fe dif-
penfer de punir des fautes querlfe-nègre né peut
éviter, attendu qu’elles font efTentiellement attachées
aux moyens qu’il employé & à la marche de
ces moyens.
■ La nouvelle méthode, comparée à l’ancienne,
d'sns la cuite du 'vefbu^irop & dans la cryfîalli-
fatidn dc'fdn fei effintiei, offre encore une différence
bien grande & bien marquée , dont tous les
avantages s’étendent’ également'fur tous les vefous,
quelle que fait leur qualité.
-Le but que fe propofe le raffineur, en cùifànt
le vefou-fîrop d’après fes préjugés, eft, comme
nous Layons déjà dit, de rapprocher toutes les
molécules faccharinës entr elles , afin qu’elles forment
une mâffe' aggrégéé très-dure, très - ferrée j
& féparée de la mélaffe effet qu’il a toujours
att- ndu d’un degré de cuite très-élevé, qu’il ne
peut appliquer fans dëçompofer le fucre ; en effet
il le décoiripofe fouvént au point de l ’enflammer
dans la batterie.
En enlevant prefque, foute l ’eau ae dîffolutîon ,
en une feule fois , les molécules crÿftaDines p a -
ro-iffent, à l’inftant que la chaleur les abandonne ,
fous forme folide ; mais n’.iyant pas le temps de
fè réunir en grand nombre, ni de piendre .dans
leur réunion trop fubite, la forme que la nature
leur a aflignée & qu’elles prennent toujours, Iorf-
' que cette réunion eft lente & libre, elles forment
de petits cryftaux irréguliers, d’une fineffe d’autant,
plus grande que la proportion d'eau qu’on a enlevée
par la cuite eft plus confidérable , 8c que fa
chaleur les abandonne plus promptement.
Toutes les matières féculentes & terreufes qui
fe trouvent avec elles dans le vefou firop , forment
un pêle-mele avec e lle s lo r fq u ’elles paffent
à l’état folide. Les petits cryftaux qu’elles forment,
préfentent une étendue de furface beaucoup
plus grande que fi elles étoient réunies en
gros cryftaux ; elles retiennent donc une plus
grande quantité 'de la mélaffe avec laquelle elles
ont éprouve laélion de la chaleur , & cette quantité
eft d’autant plus grande encore, que la mé-
lalle eft devenue moins fluide par l'enlèvement
plus abondant de l’eau de diffolutibn.
L a mélaffe forme alors ; avec le fel effentiel,
avec les matières féculentes & terreufes , une forte
de-pâte dont elle ne peut fe débarraflèr que'dans
un temps très-long , & même elle ne s’en débar-
ralfe jamais ; car étant très-fufceptible de fermenter,..
elle entraîne, dans fa décompofîtion, celle
du fucre qui devient d’autant plus facile qffil eft
dans un plus grand état de divifîon. Une fois
cette décompofitioivéta.blie, elle fe continue, &
la mélaffe fe renouvelle (ans ceffe. Aufli ne doit-
; on pas être fùrprîs que les fucres, après un déchet
de vingt-cinq à trente pour cent y déchetent
encore dans les magafîns & dans le trànfport, foit
dans l’intérieur du royaume , «bit à l’étranger.
Les principes fur lefquels notre méthode eft
établie , preferivent une marche diamétralement
oppofée. Le but qu’elle fe propofe n’eft pas feulement,
de retirer du vefou tout le fel efientiel
qu’il contient; elle veut encore le pré {enter fous,
une belle forme cryftaffne & bien purgé de tout
fîrop. Il convient, pour arriver à ce but, d’appliquer
au vefou-fîrop un degré de cuite qui mette
le fel efientiel dans les'èirconftances les. plus fa.-
jVorables à fa cryftaliifation-.
Il Convient .encore qu’il foit mis à eryftaliifêr
dans des v a f s qui puiffentr, par leur forme & leur
contenance, fe prêter aux degrés de. cuite les: plus
foibles , & réunir toutes les.conditions que demandent
une belle cryftaliifation & une purgation,
’prompte- & facile.
Si on jette un coup-d’oeil fur les caiftès que nous
[avons établies, on verra qu’elles préfentent fous
tous les rapports , les. conditions les plus heureu-
fes pour ces deux objets on verra encore, que
dans, leur difpofîtion fur dés gouttières, que dans
l ’état des gouttières & des baflins à fîrop, la main-
d'oeuvre eft ménagée avec le plus grau! foin, 8c
que ce travail aufïï. fîmple que facile, eft réduit en
tout, à la plus grande économie de bras , de temps
& de moyens.
Quelque mauvais que foit le vefou - fîrop , on
peut le cuire fansTe décompofer, & quelque foi-
ble que foit le degré de cuite qu’il peut Apporter
, on en retire néanmoins la plus grande partie
du fel efientiel qu’il contient.; fi non au premier
produit, au moins au fécond & au troifîème.
Le degré quatre-vingt-huit du thermomètre de
Réaumur, eft celui qu’il convient d’appliquer aux
vefous-firops de bonne & de médiocre qualité ,
pour en obtenir le fel effentiel. brut , dans l’état
le plus défirable. $
Le vefou-fîrop , cnit à ce degré, donne moitié
de la quantité de fel qu’il contient, {ous la forme
de beaux cryftaux bien ifolés dont le firop fe fé-
pare complettement. Il -peut erre mis & pilé en
barrique comme les fucres terrés comme eux ,
il peut fe transporter fans déchet & refter en ma-
gafîn fans s’altérer; comme eux, il peut encore
entrer en confommation dans les ufages économiques.
Il ne prélente aucun obftacle dans le raffinage
, .& les produits qu’il donne font très-fu-
périeurs en qualité & en quantité à ceux que donnent
les plus beaux fucres obtenus par l ’ancienne
méthode.
. Le fïrop qui s’écoule du fel effentiel, produit
d’un vefou cuit à quatre-vingt-huit degrés , doit
être cuit à ce même degré, & donner aufli moitié
de la quantité du fel qu’il contient ; ce fel
eft bien' cryftallifé , bien purgé & fe comporte en
tout, comme celui du premier produit.
On peut obtenir jufqu’à fîx produits des vefous
d’excellente qualité, en cuifant toujours à un degré
convenable les firops de chacun de ces produits.
La fomme de fel effentiel qu'on obtient par la
nouvelle méthode, au premier & au fécond produit
, égale en quantité celle qu’on obtient par
l ’ancienne, en une feule fois* des meilleurs vefous
firops auxquels on applique un degré de cuite
qui répond au terme quatre-vingt-quinze du thermomètre.
Si on confülte l’échelle que nous avons
donnée, on verra qu’à ce degré, on obtient les
trois-quarts de la quantité de fel effentiel,contenu
dans le vefou-fîrop qu’on a cuit. Or , par la nouvelle
méthode , on obtient cette quantité dans le
premier & le fécond produit réunis.
Suivant cette même échelle , le premier produit
eft , à quatre-vingt-huit degrés , moitié de
la quantité du fel effentiel contenu dans le vefou-
fîrop. Le fîrop , qui fe fepare de ce premier produit,
Cuit également à quatre-vingt-huit degrés,
donne également moitié de la quantité du fel
effentiel qu’il contient. O r , moitié de la totalité ;
du fel effenriel dans le premier produit, -8c moitié
de Lautrë moitié daiis le fécond , font bien les
trois quarts du tout.
On a donc, en bénéfice réel, la différence qff»
préfente le prix de ces deux produits réunis, ave®
celui dufeul produit de l'ancienne; & cetre difte*
rence va à 8 , io , i ? livr; s par quintal, & même
plus.
Le fèl efientiel qu’on obtient par un troifîème,.
quatrième , Cinquième & même fîxième produit ,
préfente aufli un bénéfice dans la différence de
fon prix avec celui de la mélaffe ; car dans l’ancienne
méthode, on vend dans l'état de mélaffe,
le fucre qu’on obtient par la nouvelle , au troiiîè-
nie , quatrième , &c.-produit.
Comme on n’éprouve abfolument aucune perte
en travaillant d’après notre méthode , puifque les
baflins qui reçoivent les firops* font doublés en
plomb., & qu’on ne met les fucres en barriques
que lorfqu’ils font parfaitement bien purgés, il en
réfulte qu’on a encore, pour bénéfice, la mélaffe
que perdent les fucres bruts de l ’ancienne méthode
dans la traverfée: perte qui va de dix à trente
pour cent, & qui porte toute entière furie propriétaire.
On a de plus celle qui fe perd à travers
la maçonnerie des baflins à mélaffe ; perte
qu’on ne peut évaluer, mais qui doit être confidérable,
fi on en juge par fa fluidité.
On conçoit aifément que le vefou étant parfaitement
purifié, par les moyens que nous avons
établis, tous les produits qu’on en obtient font
aufli purs & aufli beaux qu'on puiffe le défîrer >
& que dans l ’opération du terrage, iis ne préfèn-
tent aucune difficulté.
Les fucres terrés de l ’ancienne méthode portent
toujours l’odeur & la faveur balfamique de la.
canne, qui fervent particulièrement à les diflin-
guer des fucres raffinés ; on peut en priver entièrement
les fucres terrés de notre méthode, par
des moyens que nous ferons connoître dans la pratique.
Alors ils fe trouveront, fans le fecoursde
la clarification , avoir tous les avantages des fucres
raffinés ; & leur pureté les rendra préférables
à ceux d’un ttès-g&nd nombre de raffineries de
France , oii on tripote le fucre fans le purifier.
Le fucre brutr-de notre méthode offre au raffineur,
dans fa pureté, un bénéfice de fîx à huit pour
cent, fur les fucres de l’ancienne, qui dans la
chrifiéâtibn , perdent par quintal fîx à huit livres
de matières féculentes & terreufes, qu’on enlève
fous le nom d’écumes.
La nou velle méthode eft établie depuis le mois
de juin 1785 , fur l’habitation de M. Deladébate t
fîtué'e au Camp-de-Louife, près du Cap; elle-3?
eft exécutée avec le plus grand foin ; une prati-i
que conftan e & éclairée par des calculs auâjt
exaéjs que fatisfaifam.s l ’y a fixé pour jamaisv
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