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que les pûtes gommes-réfînes, & contiennent des
matières colorantes &, extra&ives de nature différente
•
Gomme du gommier, nommé auffi galipot d’Amérique.
C ’eft une gomme réfïne aflez femblable au galipot,
qui découlé en grande abondance d’un grand arbre
des ifles de l’Amérique, appellé gommier par les
françois, à caufe de la grande quantité de gomme
qu’il jette.
Il fe trouve deux fortes de gommiers en Amérique,
8c fur-tout à la Guadeloupe, le blanc & le rouge.
Le gommier blanc eft un des plus gros arbres
de cette ifle; fon bois eft blanc , gommeux, dur,
traverfé, fort, & difficile à mettre en oeuvre. On
en fait des canots; il a les feuilles femblables au
laurier, mais beaucoup plus grandes. Ses fleurs font
petites, blanches, difpofées par bouquets aux fom-
mets des rameaux,. Son fruit eft gros comme une
oliv e , prefque triangulaire, uni, verd au commencement
, & enfuite rouge-brun. Sa chair eft
tendre, & remplie d’une réfine gluante & blanchâtre.
L e gommier rouge a le tronc aflez gros, droit &
eleve ; fon bois eft fort tendre & blanchâtre ; fon
écorce épaiffe, verdâtre, St couverte d’une pellicule
, ou épiderme rouiïe , fort déliée 8c fort aifée à
détacher par de grandes lames en travers. Ses
.branches s’étendent à la manière de celles de nos
■ grands pins. Elles font garnies à leurs extrémités
de quelques touffes de. feuilles prefque femblables
à celles de nos frênes, mais un peu plus larges
& fans aucune dentelure. Elles font liffes ,-vert-
fonce y & chargées de quelques petites nervures.
Les fleurs blanches & menues naifîent par bouquets
au bout des rameaux ; le piftil qui eft au milieu
de chaque fleur devient un fruit charnu, femblable
aux piftaches, gros comme une olive, prefque triangulaire,
uni 8c verd dans.fa formation, enfuite
rouge-brun dans fa maturité. Sa chair eft tendre 8c
remplie d’une réfïne blanchâtre 8s gluante. Ce fruit
renferme un noyau dur, un peu preffe par les
cotés, 8c de la groffeur d’un grain de maïs. Le
gommier rouge eft moins eftimé que le gommier
blanc ; fon bois eft de peu de durée,* 8c fe pourrit
bientôt.
Le P. Plumier prétend que les gommiers dont
on vient de parler, diffèrent feulement de nos
térébenthines par la ftrudure de leurs fleurs, qui
ne font pas à etamines. On trouve quantité de ces
arbres-dans les ifles de l’ Amérique, particulièrement
dans les lieux feos 8c arides.
Le fuc réfîneux fort par incifîon du tronc des
gommiers en fi grande quantité, qu’il y a tel de
cés arbres d où 1 on en peut tirer jufqu’à cinquante
livres.
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Notis l ’employons en Europe aux mêmes ufageff
que l ’huile de térébenthine ; on nous l’apporte des
ifles de l ’Amérique, dans des bàrrils de différents
poids, enveloppé dans de larges feuilles qui
naiflènt fur un grand arbre du pays qu’ils appellent
cackiboUy d’où eft venu le nom cjiibou de la gomme.
Quelques marchands trompeurs, tant en Amérique
qu’en Europe, fofiftiquent la gomme chibou en
la lavant dans quelque huile odoriférante , 8c la
vendent,; les uns pour de la gomme animé, les
autres pour de la gomme tacamahaca } 8c d’autres
affez communément pour le vrai élémi. Les con-
noiffeurs favent diftinguer ces différentes gommes;
mais ceux qui ne font pas inftruits en apprennent
feulement la différence-par les effets»
Gompie jjt gutte.
La gomme-gutte eft un fuc concret, réfîneux 8c gommeux,
inflammable, fec, compacte, dur, brillant, opaque,
d’une couleurdefafran jaunâtre,formé en maffes
rondes ou en petits bâtons cylindriques fans odeur
8c prefque fans goût, au moins quand on le retient
dans la bouche : il n'a d’abord d’autre goût que
celui de la gomme arabique, mais peu de temps
après il laiffe dans le gofîer une légère acrimonie
avec un peu de féchereffe.
On tire la gomme-gutte de Camboge, du royaume
de Siam , de la Chine 8c même, dit-on , de quelques
provinces de l’Amérique.
Les anciens ne la connoifloient point du-toufi
8c ce n’eft que depuis environ un fîèçle qu’elle eft
employée par les peintres , 8c de temps en temps par
les médecins.
Elle fut envoyée pour la première fois à Clufèn,
l’an 1603 ; dès-lors fon ufage s'eft étendu peu-à-peu
dans l’Europe.
On eftime celle qui eft pure, qui n’eft point
mêlée de fable, ni fouillée d’ordures, d’une couleur
fauve, ou d’un beau fafran , inflammable fur lé
feu, en donnant la couleur jaune à la falive 8c à l’eau.
Les auteurs ont été long-temps incertains fut
l ’origine de ce fue ; mais on croit lavoir aujourd’hui
aflez fûrement qu’il découle de deux arbres
dont l’un eft une efpèce d’oranger de Malabar.,
appelle ghoraka cingalenfibuscoddam pulli J & par
Acofia càreapulli. L’autre eft nommé ghoraka du!cisy
8c diffère du précédent par là fleur 8c fon fruit,
qui n’eft que de la groffeur d’une cerifè.
Herman, témoin oculaire fur les lieux , rapporte
qu’il dégoutte un fuc laiteux & jaunâtre des
incifions que l’on fait aux arbres dont nous venons
de parier ; que ce fuc s’épaiffit d’abord à la
chaleur du fôleil, 8c que lorfqu’on peut le manier,
on en forme de grandes maffes orb'iculaires ou des
bâtons.
L ’ufage de cette gomme eft confidérable, parce
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-qu’on eh tire un très beau jaune, facile à employer,
8c dont on fe fert pour la miniature 8c
pour les lavis.
L a gomme-gutte étant approchée de la flamme
s’allume , . brûle, jette elle-même une flamme
brillante comme les réfines 8c répand beaucoup
de fumée ; élle fe diffout dans i’efprit-de-vin,
mais non pas entièrement, car la lïxième partie
ou environ refte fans fe diffoudre, 8c c’eft la partie
gommeufe , laquelle le diffout promptement dans
l’eau chaude , ou dans l’huile de tartre.
La gomme-gutte paroît le diffoudre dans les
menffrues aqueux, mais elle ne fait que fe convertir,
comme la fèammonée , en un lait blanchâtre
ou jaunâtre, fe précipite enfuite au fond du
.vaiffeau, 8c l ’eau demeure claire 8c limpide...
Il femble réfulter de l’analyfe chimique que la
gomme-gutte eft un compofé falin, réfîneux 8c
gommeux, formé d’abord d’un foufre léger, lequel
donne l’amertume 8c l’odeur au phlegine qui fort
le premier ; enfuite d’un foufre groffier qui ne s’élève
8c ne le fépare de la terre que par un feu
violent, 8c finalement d’un fel tartareux un peu
ammoniacal, qui par le moyen de la diftilla-
tion, fe réfout partie en acide 8c partie en fel
nitreux.
La diflblutïon entière de la gomme-gutte, acquiert
la couleur du fang, en y verfant de l’huile de
tartre par défaillance ou de l’eau de chaux; peut-
être parce que les parties fulphureufes fe dévelopent,
comme il arrive dans la diflolution du foufre minéral
par une forte leflive alkaline.
Une obfervation fingulière fur la gomme-gutte,
c’ eft que tandis qu’on l’emploie en médecine comme
un purgatif violent, le fruit de l’arbre qui la produit
eft très-fain, 8c fe mange avec délices comme
nos oranges.
Gomme-ammoniaque.
La gomme-ammoniaque eft un fuc concret qui
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tient le milieu entre la gomme 8c la réfïne.
s’amollit quand on le manie, 8c devient gluant
dans les mains.
Il eft tantôt en gros morceaux formés de petits
grumeaux, rempli de taches blanches ou rouffâtres,
parfemé dans fa fubftance d’une couleur fale 8c prêt
que brune.
Tantôt cette gomme eft en larmes ou petits gra*
meaux compa&s 8c folides, jaunâtres 8c bruns en
dehors, blancs ou jaunâtres en-dedans, luifans &
brillans ; fa faveur eft douce d’abord, enfuite un peu
amère ; fon odeur eft pénétrante, 8c approche de
celle du galbanum; elle s’étend facilement fous
les dents fans fè brifer , 8c elle y devient plus
blanche : jettée fur des charbons ardens , elle s’enflamme
8c elle fe diffbut dans le vinaigre ou dans
l’eau chaude.
On nous l’apporte d’Alexandrie en Egypte.
Pour l’ufage1 on préfère le fuc en larmes aux
gros morceaux. Il faut choifir celles qui font grandes
, pures, -fèches, qui ne font point mêlées de
fables, de terre ou d’autres chofes étrangères. On
les purifie quand elles font fales en les faifant diffoudre
dans du vinaigre. On les pâlie enfuite 8c on
les épaiffit.
Diofcoride dit que c’eft la liqueur d’un arbre
du genre de la férule, qui naît dans cette partie
de la Lybie qui eft près du temple de Jupiter
Ammon. M. Geoffroy dit qu’elle découle comme
du lait ou d’elle-même , ou par l’incifion que l’on
fait à une plante ombellifère dont on n’a pas encore
la defcription. 11 ajoute que cette plante c roît.
dans la partie de l’Afrique qui eft au couchant de
l ’Egypte , 8c que l’on appelle aujourd’hui le
royaume de Barca.
Cette gomme eft principalement employée ea
médecine.