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R O S E S . (
O n peut raporter tputes les rofes à deuxclaflès,
celles des rofes cultivées, & celle des rôles
fauvages.
Ces deux clalTès réunies forment çinquante*-
frois efpèces de rofes dans le fyflême de Tourne-
fort.
L a rofe cultivée commune, qu’on appelle la
rofe pâle, ou incarnate , a fa racine longue, dure,
ligneufe. Elle pouffe pluAeurs tiges en arbriffeaux
qui fe divifent en branches fermes, longues, révêtues
d’une écorce verte obfcure, garnies de quelques
épines fortes & piquantes.
f es feuilles nailfent par paires ordinairement au
nombre de fept., fur une côte terminée par une
feule feuille, d’un verd foncé, arrondies, dentelées,
en leurs bords , rudes au toucher.
Sa fleur efl tantôt Ample, compofée feulement de '
cinq larges pétales, avec pluAeurs fommets jaunes !
dans le milieu; tantôt double , & alors les feuilles j
extérieures font un peu plus grandes- que les
intérieures, d’une couleur rouge ou incarnate
réjouiffante, d'une odeur très-fuave quoique foible.
L e calice de la rofe offre une Angularité qui
lui eft particulière : il eft divifé en cinq feuilles ’
dont deux font entièrement barbues, deux font
fans barbes , & une n’eft barbue que par un côté.
Lorfque la fleur efl palfée, le calice dont elle
cfoit foutenue , devient un fruit ovale, ou delà
flgure d’une petite olive à écorce, un peu charnue,
qui n’a qu’une feule loge , remplie de pluAeurs
femencés aiigulèufes , velues, blanchâtres. L ’ar-
brifleau fleurit en mai & juin.
Nous nous arrêterons à. cette defcription pour
paffer à l’art d’obtenir l’eiïènce de rofe.
Après avoir confîdéré que les parfumeurs ne
tiroient guère qu’une once d’huile effentielle de
rofe fur cent livres de cette fleur, M. Homberg,
célèbre chimifte, a trouvé l’art d’augmenter de près
d’un tiers cette eflènce précieufe.
Il faut avoir foin, avant que de difliller les
rofes, de les faire macérer pendant quinze jours
dans l’eau aigrie par l ’efprit de vitriol.
Outre ce moyen, que les parfumeurs ont adopté,
ils ont encore une adrefle particulière dans cette
opération 5 ils le fervent d’une veflïe diflillatoire
qui contient environ un muid ; elle efl ouverte
par un tuyau en haut, à caufè de la grande quan-v
Arc diflillatoire des )
| fité d’eau qu’il faut fbuvent remettre dans la veflïe
fur les rofes qu’ils diflillent car l ’huile ne monte
qu’à force d’eau, qui en enlève très-peu à-la-fois.
Cette vefliè efl aufli ouverte par un robinet
cube, pour changer les rofes épuifées; mais la
plus grande adrelfe conflfle dans la figure du
vaifleau qui reçoit cette huile. Il efl fait comme
un matras à l’ordinaire , de la panfe duquel fort
un tuyau , comme étoient faits, dans le dernier
Aèçle, les vinaigriers & les huiliers qu’on fervoit
t table ; ce tuyau- monte depuis la partie balle
de la panlè, jufqurau bas du col du récipient t
où il efl recourbé en dehors.
L ’effet dé ce récipient, qui ne contient ordinairement
que deux ou trois pintes , efl de recevoir
commodément pluAeurs centaines de pintes
d’eau rofe., fans le changer, ce qui perdroit la petite
quantité d’huile qui s’y amalfe ; cette eau fe décharge
par ce tuyau dans un fécond récipient ; & comme
l’huile efl plus légère elle fumage cette eau, &
s’amaffe dans le col du récipient , à la hauteur
de l’ouverture, pendant que l’eau du fond du
premier récipient s’écoule dans le fécond à meflire
qu’elle diftille.
Ce récipient, dont les parfumeurs ont autrefois
fait myflëre , peut fervir commodément aux dîfe
filiations de tputes les huiles eflentielies un peu
' .précieufès* \
Conferye de rofes» ~
Prenez des rofes rouges bien féchées & pulvé-
rifées fubtiieinent, trois onces ; arrofez-lqs avec
une demi-dragme, ou environ , d’efprit de vitriol
après cela prenez du fucre blanc , trois livres ; de
l ’eau de rofes diflillée une fuffifante quantité, avec
laquelle vous ferez cuire le fucre en confiflance
. de tablettes, & étant retiré du feu, vous y mêlerez
la poudre de rofes, & en ferez enfuite des
tablettes»
L ’efprit de vitriol efl mis ici pour exalter la
couleur des rofes mais M. Baumé «’approuve
: point l ’huile de vitriol, & la trouve même nuiftble*
On fait auflî avec les rofes pâles ou incarnate»;,
jj une eau diflillée pour les maladies des yeux.
Pour differens autres avantages qu’on tire des
r ofe s , v o y e^ l ’art ôu Distillateur, tom e I I 9
pag. 2 2 3 .} 8c l’art du Parfumeur , tome V I j,
page i j *
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r o s e t t e .
( Art de la compofltion ou couleur )
O N appelle rofette une forte de craie rougeâtre
approchant de la couleur amaranthe, qui n’efl autre
chofe que du blanc de Rouen à qui l’on a donné
cette couleur par le moyen d’une teinture de bois
de bréfll pluAeurs fois réitérée.
La rofette efl une elpèce de ftil de grain dont on
fe fert dans la peintui e.
Il y a une autre efpèce de rofette femblable pour
la cômpoAtion à celle cî-deffus , mais dont la
couleur efl d’un plus beau rouge qui fert à faire
cette encre dont les imprimeurs fe fervent pour
marquer en rouge les titres des -livres quils
impriment.
On s’en fert aufli quelquefois pour peindrez