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Quand le fa von eft coupé -, un ferviteur enîeve
les morceaux de deflus la table & les met en tour,
c’eft-à-dire, fur le plancher, mettant les morceaux
de fa von le? uns à coté des autres pour
former le rond qri’ofi nomme tour»
On 1 aille un peu de jour à chaque extrémité
des pains, pour qu’ils pûiffènt être plutôt focs -,
ce qui exige quelquefois un jour & demi ou
deux jours. Enfuite 011 applique la marque du fabriquant
fur leS quatre faces' : quelquefois cette
marque porte le nom du fabriquant ; alors le fa- !
von relie à la place où 011 l’a mis jufqu’a ce qu on
l ’encaifîe.
Il eft à propos de remarquer que les- pains de
favon qu’on a levés des mifes, font aufli marques -.
de 11 même marque du fabriquant aux endroits
qui ont été coupés, & cela dès qu’ils ont été mis
en p ile; & afin que Ja fleur de chaux qui eft
encore attachée à chaque pain de favon, ne s enfonce
pas dans la pâte, ce qui arrivèrent fi on les
mettoit ainfi poudrés en pile, un fervitéur, avant
de les y m-ttre, a le foin , dès qu’on les a leves
des mifes, de les époufleter l ’un apres l’autre avec
un balai de palme fort doux & Toupie , en lotte
qu’il'' fdnï aufli unis deffous que deflus; les paips
entiers font' portés dans les magafins de la fabrique.
Voilà ce'que nous, avions a dire du favon blanc :
il faut maintenant parler du favon marbre.
X V . Maniéré de faire du favon marbré.
l e favon marbré eft, comme l’on f a f , veine
de tâches bleuâtres & rouges : il eft aufli t>lus dur
que le .blanc ; pour cette raifon on le préféré pour
le trrnfporter dans les pays chauds ; & parce qu il
eft plus chargé de fé l , il eft eftimé meilleur que
le blanc’ pour leS'grbffes leflives.
Pour faire ce favon, on.prend, par fuppofî-
tton , zo rornudes.de la fecon.de leflive de bar'lle,
que l’on jette dans' la chaudière avec 50 jufqu’à jô
riiilleroles de bonne huile d’olive. On conçoit bien
que ces quantités dépendent de la grandeur de la
chaudière.
On met enfuite le feu -au fourneau pour faire
bouillir la matière, qui, après cinq-ou fix heures
de temps , commence à pouffer âû-deffus des flots
de leflive-
Lorsqu’elle a bouilli ainfi pendant virgt-quatre
heures,, & que la matière commehce de fe li'er,
on jette dix autres cornudes de la même leflive,
& en fbutenant toujours l’ébuUitiôn, on continue
d’y ajoute^ par intervalle tantôt cinq, tantôt
dix cornudes de leftive, fuivant qu’ôn voit
nue la matière eft plus ou moins liquide, & ,cela
Jpfqu’à ce qu’on voje quelle ne pouffe plus au
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dehors de flots de leflive , ce qui_ mai que que
l ’huile eft incorporée avec la leflive', que ces
deux fubflances ne font plus qu’un même corps..
Après' cette manoeuvre, qui fe f-it ordinairement
en deux jours , on je-te dans la thaudmre
40 livres de coüperofe, qu’on a délayée av ec cinq
ou fix cornudes de la fécondé leflive de bourle :
pour que la couperofe pénètre dans toute la mafie
de favon , on l'entretient toujours bouillante ju(-
q'u’à ce qu’e'le devienne noire ; alors oli^ difeon*.
tinue le feu , & on iaiffe repofer la matière pendant
deux heures;- puis on fait-écouler par l’épine
toute la leflive qui ne s’eft point incorporée1
avec l ’huile ; & ayant refesmé ce canal , on remet
le feu 2u fourneau comme auparavant, & Tort
1 jette en même temps dans la chaudière environ
1 60 cornudes '-de leflives dé divertis quali.és, dont
i la pâté prend Ja fubflauce eii bouillant pendant
environ vingt-quatre heures, au bout defqu-lleî
on tire -encore la leflive qui refle au fond de la
chaudière; ce que l’on continue toutes. 1rs vingt-
quatre héure: , en ob'fervant doter chaque foiWe
feu du ' fourneau , pour làiffér rèpofér la matière
avant que 'diosvri-r le trou de l’épine : pour que-
le favon fe divife & fe fcparv de la leflive, fans
quoi il fortiroit avec la bflive.
Lorfque la matière a bouilli pendant’? ou ro
jours que l ’on fent, par une odeur de favon,
qu’tlle eft fuffiffmment cuite , on ôte le 'feu du
fournàü, & l’on fait écouler comme auparavant,
par le trou de l’épine,. la mauvaife.lefliye.
On prend enfuite environ io oli i t livres de
brun rouge, ( quelques-uns prétendent qu’on y
mêle de l’orpiment, ) on détrempe ce brun dans
Une cornue avec de l’eau .commune ; on jette
cette couleur fur la matière ; & après avo-r mis
- une planche en travers fur le milieu de la chaudière,
il fé met deflus deux ouvriers, ^qui ont
chacun une grande perche à d’extrémité de la quelle
eft attaché un bout de planche de 10 pouces
en quatre : ils mêlent la matière avec cet
infiniment pendant environ une heure . tandis que
d’antres ouvri rs. jettent dans la chaudière, d intervalle
à autre, jufqu’à cent cornudes de differentes
leflives des qualités que le maître- valet
jugé à propos d’y mettre ; & cela polir-rendre la
; matière marbrée; ce qui fe fait eu pouffant cette
perche jnfqu’au fond de la chaudière, & la retirant
brufquement, pour, que la leflive puiffe- pw
nétrer par-tout, & faire une marbrure égale.
Comme l’huile eft raflafiée de leffrve , celle
qu'on ajoute né ftrt prefqué qu’à rendre la pâte
liquide.
I Après cette manoeuvre ', on tire la matière avec
des féaux de cuivre ou poêlons , & on la jette
dans les mifes pendant qu’elle eft encore chaude,
poug
pëur former les pains de favon, qui durcit dans
les mifes à mefure que Ja matière le réfrçidit;
c’eft pour cela qu’on eft obligé de i’y lailTr diç
ou douie jours en été au lieu qu’en hiver trois
ou quatre jours fuffif nt pour qu’il (oit en ét t
d’être coupé en grands pai's , ce qui fe fait
av-c l-- grand couteau de fabrique ; ii eft gouverné
par un ouvrier qui le tfint par le manche
, tandfi qu’un autre le tire par l ’au.re bout
avec uns corde.
Ces grands pains , qui font des faral'elepi-
pédes de 19 pouces de largeur, fur 7 d’épaif-
fetir, font recoupés enfuite en 14 petits pains.
Il eft à obferver que pendant que le favon fe
ref oidit dan « 1 s mife 3 ii en fort beaucoup de la
leflive qui 11’a été mife que pour le rend e marbré
: elle s’écoule par de^ petits trous qu’on lai1 e
exprès au ba des m if s; cette eflive n’ayant pas
perdu toute fa force peut fervir encore à fai e
d’autre favon ; & cela prouve que l’huile eft chargée
de fel amant qu’elle le peut être, ce qui fait que
ce favon eft très-lolide.
X V I . Notes far la proportion des fubjlances qui
entrent dans le favon.
XJne miilerolle d’huile d’olive eft une jarre ou
un vafe de terre vërnifTé , qui con ient commu-,1
nément levante pintes mefure de Pa is , ou 113
à r i8 livres d’huile poids4e marc, plus ou moins, i
fuivant qu’elle eft pure & claire ou chargée de -
lie.
Chaque miilerolle d’huile de cette capacité,
doit produire izo livr-s, poids ds marc, de favon
blanc ou marbré ; par conféquenr dans une cuvée
de favon marbré, où il entre 70 millerolles d’huile,
on doit obtenir iz6 quintaux de favon, pendant
qu’une cuvée de favon blanc, où il n’entre que
trente millerolles d’huile, 11 en produit que 54
quintaux.
La raifon eft, à ce qu’on prétend, parce que
dans celle-ci on n’ouvre point l ’épine pour lailler
couler la leflive ufée, que toute la leflive qu on
y met doit entrer dans le favon; & que fi l'on
mettoit autant d’huile que pour ie favon ma bré,
les rentières venant à fe gonfler en bouillant,
elles fe répandroient par-deffus les bords de la
, chaudière, & on fait pour cette raifon nio ns cuin
l ’huile pour le favon blanc que pour le n-arbre.
Il faut pour le favon blanc 100 livres, poids
de marc, de cendre d’Alicante, par chaque mil-
lerolle d’hui e ; & pour le favon m-rebié , 011 emploie
pour chaque miilerolle d huile 100 livres de
barille & 100 livres de bourde. Voilà i’uf.ge de
quelques fabriques ; mas pour avoir quelque
chofe de précis, il faudroit employer pour m e
épreuve, Je fel qu’on peut re'irer de la CUid‘ e ,
Ans 6? Méuers. Jom. Vil*
81 celui qu’on peut obtenir de la barille & de la ,
bourde ; c’eft aufli ce qu’a fait M. Geoffroi, dans
les expériences que nous allons rappo'ter.
Suivant M. Geoffroy, i v j livres d huile étant
combinées avec fuffifante quan ité de leflive , four-
niftent 180 1 vres d- favon : d’où il fuit que dans
cette quantité de favon il y a $5 livres de fel de
foude, de chaux & d'eau ; & il conciud de plu-
fieurs expérienc-.s, qu’une livre de favon dune
bonne confiftance , contient a-peu-piès 10 onces
un gros 54 grains d hui e , 4 onces 3 gros 40
grains de f i l , & une once z gros 48 giain*
d’eau.
Mais pour avoir quelque chofe de plus exad *
M. Geoff oi a calciné deux oi-ces de bon favon ,
& il iui eft refié 96 grains de tel très-fec 3 il J
a ajouté 96 g ains d’ au, & il a eu z gros 48
grains de fel cryfLllifé , ce qui établit la quantité-
de fel contenue dans z once* de favon.
Pour çônnoître combien cette même quantité-
de favon contient d hui e , il a fait diffoudre deux:
• onces de ce favon dans trois demi-eptiers d eau J
& pour ravir à l ’huile fon alkali , il a verlé de
l ’hui e de vit iol fur ce te didolution ; & ayant
étendu ce mélange dans de l’eau chaude. il a retiré
une once trois gros zo graais d’huile.
Ainfi M. Geoffroy a trouvé par c<:tte analyfe*
que deux onces de fi von d’Alicante contien en*
deux gros 48 grains de fel de foude, une orne ^
g’*os zo grains d’huile d’oLve, ^ z gros 4 grains
d’eau.
Quand M. Geoffroy a fait ces expériences avec
du favori fait avec du fei de foude, l’acide vitiio-
lique lui a donné du fe! de g auber ; quand il s
employé du :avon fait avec d la potaflè , l’a-ide
vitriolique lui a donné du tartre vitriolé.
Dans l’un & l ’at t e cas, l’acide vitriolique a fait
ave- la chaux un-fei pierreux.
En confequence de ces principes , M. G offr^y,
s’eft propofé ce recompofer du favon ; & ayant
fa t fondre dans deux 011-e d’eau de chaux , trois
g’ OSi de cryftaux de foude , & une once 4 gros
gtains d’huile d’olive, après quelques jours do
digeftion, il a eu du favon en pâte, mais d’une
odeur beaucoup moins dcfagrcable que le favon
ordinaire.
XVII. Manière de faire du favon a froid y & quelques
moyens qui tenaent à é^onomiler (es JubJlani.es dont
on retire les lejftves
Une peffonne s’étant propofé d’établir une fâvon-
ne ie dans laquelle file feioit du favon à fioid, f ns
1 i donner aucune cuiffon > j’acceptni la propofition
I qu’ élle me fit d en faire de cjtfe lat^on dans mon 1 laboratoire. Je pris pour cela huit :arres ou grandi
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