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la furface dej grains de pdudre, & perd ainfî ce
mélange intime, qui, plaçant chaque molécule
de falpêtre près d’une molécule de charbon , décide
de la rapidité & du complément de la détonation.
Audi n’ai-je rien épargné pour parvenir
à ce que les falpêtres fuflent parfaitement purgés
de fel.
En voyant, à Verdun, les falpêtres arriver dans
la rafinerie horriblement chargés de fe l, comme
on imagine qu’ils doivent l ’être dans un pays où
les falpêtriers n’en tirent point de leur cuite, ainfî
que je l’ai dit plus haut, je ne pouvois me per-
fuader que tout ce fel fe retirât dans les eaux de
Seconde & de troifîéme cuite, de manière que les falpêtres
de troifîéme cuite en reftaiïènt exempts.
L ’oeil ne fuffit plus alors pour décider de la présence
du fe l , qui efl en molécules trop petites &
* trop^ intimement mêlées dans la malfe de la
criffallifàt on pour être apperçu. Le goût même
efl très - incèrain.
■ Examen des différentes épreuves d*ufage pour juger
f i le falpêtre tient du fel.
Les rafineurs eux-mêmes, perfuadés que l’a i l
& le palais font des juges infidèles , ont une au-
fre règle pour éprouver fî le falpêtre tient du fel ;
ils en jettent un morceau fur les charbons ardens,
& s’il ne décrépite pas, mais qu’il fuie, fur tout
s7il ne crache pas, ils le regardent comme pur.
J’ai commencé par vérifier cette règle, qui
’«ft en effet celle que l ’on donne tous les jours ,
pour annoncer la préfence du fel marin.
^ Il y a voit une méthode bien fîmple de la vé-
ïififer; c’ étoit l ’épreuve de la difïolution d’argent,
qui, jettee fur une dilfolution du falpêtre fuf-
p e â , doit découvrir le fel marin par la lune cor-,
née, qui fe précipite alors au fond de la diifo--
lution. Mais aucun des falpêtres .de trois cuites
n y refîftant, j’ai conclu que cette épreuve pou-
voit être très rigoureufe pour des travaux en grand/
& j’ai pris le parti de chercher à quel point on
pouvoit compter fur l’épreuve ordinaire de jetter
le la'petre fufped fur les charbons ardens.
J’ai fondu & cuit à plufîeurs reprifes du fel
mariii, de manière à l ’avoir très-pur & en grains
extrêmement menus & prefque impalpables ,
comnje il l’eft dans les rafinages : mis alors fur
les charbons, il n’a point décrépite, foit qu’il
fût fe c , foit qu’il fût humide.
J’ai vu au contraire^ que du falpêtre bien par
décrépirait, ou du moins crachoit de manière que
ce crachement relfembloit à une décrépitation
. lor(qu’il n’étoit pas bien fec , pourvu qu’U fût en
«ifiaux dune certaine épaiffeu*
SAE
En effet, la décrépitation n’étant autre cholb
qu un bruit caufé par l ’explofîon de l ’eau comprimée
& réduite en vapeur qui s’échappe fhbite-
ment, n’appartient pas plus, à ce qui me femble ,
a l’elfence du tel marin , qu’à celle du falpêtre &
des autres fels.
Ce premier fel y efl plus fujet que l’autre lorte
qu il eft bien criftallifé j parce que ces crifiaux,
attirant plus l'humidité, étant formés de couches
peu ferrées les unes contre les autres, mais fort
dures , & par là fort propres à intercepter & retenir
les parties d’eau que l ’adion du feu réduit en
vapeur, font plus favorables à ces explofîons que
les criftaux du falpêtre, qui font formés débouchés
plus compares , moins avides d’humidité ,
fe détachant plus facilement les unes des autres,
& retenant moins long-temps & avec moins de.
force les parties d’eau réduites en vapeur.
J’ai voulu éprouver auffi l ’autre point de la
règle des rafineurs, qui dépend de I’aéfon de fu-
fer fur les charbons : j’ai pris du fel très-pur que
j ai mis en poudre impalpable, en le ciiifant avec
de l ’eau à grands bouillons ; j’ai obfervé, i° . que
bien féché dans cet état, il ne décrépitoit ni ne
fondoit, lorfqu’on le je:toit fur le feu.
z°. Que, fî à deux parties de fel j’en joignais
une de falpêtre dans la curte, l ’effet reftoit encore
à peu près le même, c’efl-à - dire, que la préfence
du falpêtre à'cette dofe n’influoit pas fen-
| fiblemeni.
3°. Mais qu’à parties égales de falpêtre & de
fe l, ce mélange fondoit allez facilement furies
charbons ardens^ rougilfoit, bouillonnoit/ fans
cependant donner aucune flamme ; que la liqueur
finiiïo:t par enduire’ re charbon d’un très-beau
verre blanc , lequel provenoit de l ’alkali marin ,
mis dans une fufîon complette par l’inflammation
du falpêtre.
x Je laifle a part ce dernier effet comme étrange?
a mon objet. ®
4°. En formant ce mélange d’une partie de
fel de deux parties de falpêtre, j’ai remarqué
qu’il fuccedotau rougHIement, au bouillonnement
une détonnation lente à la vérité | | qui laiffoit après
elle beaucoup de-cette liqueur qui fe Yitrifioit.
5°. A trois parties de falpêtre-contre une de fel*
on obtient une détonation allez rapide, mais encore
précédée par un bouillonnement abondant & de
durée, & fuivi par un réfîdu vitrifié blanchâtre B
bien marqué. .
A quatre parties de falpêtre contre une de fel*
le bouilloncçaienç a çnçore lieu un certain tem^
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fevant la détonation , mais le réfîdu blanchâtre ne
paroît qu’après l’extindion du charbon comme une
légère couche de vernis, & la détonation- devient
fenfîblement plus rapide.
7®. A cinq parties de falpêtre contre une de fel,
le réfultat n’eft pas fenfîblement différent.
8°. A fîx parties de falpêtre contre une de fe l,
l a détonation efl encore précédée par un bouillonnement
; maié il ne refte plus de veftige de verre blanc
fur le charbon quand le mélange a détonné.
$°. A fept parties de falpêtre contre une de fe l ,
ôn ne voit plus de bouillonnement précéder la
détonarion , & ce mélange alors n’offre plus à l’oeil
de différence fenfible avec le falpêtre pur.
Il y en a cependant fûrement, & une bien con-
fidérable. Mais je erois qu’on ne peut plus l’apprécier.
que dans la'fabrication de la poudre & par le
moyen d’une éprouvette.
Cette fuite d’expériences m’a démontré :
1°. Combien on fe trompe, quand’on regarde
comme purs de fel les falpêtres qui ne décrépitent
pas, mais qui fufent.
z°. Elle m’a donné une méthode affez füre, non-
feulement pour décider quand le fel efl mêlé d’une
manière marquée dans le falpêtre, mais même pour
juger à quelle dofe il y entre , jufqu’à la concurrence
d’un. 6 e.
D’après ces épreuves, j’aî examiné les falpêtres
de troifîéme cuite, qui font lès plus purs de ceux
que la compagnie emploie à la fabrication de la
poudre'. J’en ai pris' quatre pains au hafard. J’ai
détaché une paitie de leurs culots. Ces culots
jugés fnr les épreuves précédentes, m’ont paru
tenir, le premier un 5e. de fel ; le f-cond, un
4e. le troifîéme, un 4e. auffi, & le quatrième,
un 5 e.
J’ai bien fenti que le fel fe précipitant dans fa
Criftallifation, infederoit toujours les culots des
pains, de préférence au corps. Mais enfin ces culots
. entrent dans la fabrication de la poudre; d’ailleurs
il étoit à préfumer, comme l’expérience me
l ’a démontré enfuite , que le fe l, étant mis par
l ’ébullition dans un état de divifîon exrrême , fc
précipitoit difficilement dans une liqueur auffi rapprochée
que le font les troifîèmes cuites lors même
que l’ébullition ceflant, le bain fe tranquillife ; d’où
il fuivoit qn’il dévo t fe trouver dans le corps
même des pains , une affez grande quantité de
fe l, qui, faute de pouvoir fe réunir en molécules
a fe to n fi i& aU e s , a'Wfojt gu fe précipiter,
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H efl donc réfulté de ces épreuves une certitude
d’un défaut confidérable de pureté, relativement au
fel dans les falpêtres de troifîéme cuite. Mais le mal
connu, l’important étoit de chercher le moyen
d’y remédier.
Quelques raffineurs fe fervent de fel ammoniac
pour obtenir la féparation du fel d’avec le falpêtre.
Us prétendent même qu’elle ne peut s’obtenir
complètement que par ce moyen.
Expérience fur lu propriété que quelques rafineurs
-attribuent au fel ammoniac pour la précipitation du
fe l dans le raffinage du falpêtre.
Il efl difficile de voir comment le fel ammoniac $
fur-tout à là dofe de quatre onces pour 1400 livres
de falpêtre que cesraffinturs l ’emploient, pourroit
opérer cette féparation. Aucune des propriétés de ce
fe l, fût-il même à plus grande -dofe, ne pouvoit
me fendre raifon d’un pareil effet. Je l’ai cependant
tenté.
J’ai pris quatre pintes d’ure cu'te, qui avoit déja
rendu du fel. J’en ai fait deux parts de deux pintes
chacure. Je les ai tenues en mênra temps fur un
feu égal. Dans l’une des deux, j’ai jette quatre
grosde fel ammoniac; dans l’autre, je n’ai rien mis*
je les ai fait réduire chacune d’une demi-pinte. En
décantant, j’ai trouvé dans l’un & l’autre vafe , un
précipité de fel du poids de quatre onces.
Comme on auroit pu m’objeder que le fel ammoniac
auroit mieux agi en etendant la cuite
d’une certaine quantité d’eau , j’ai recommencé
l’Opération , en obfervant de rendre de l’eau à la
cuite à diverfes reprifes, fans en tirer plus de fruit
que de l’opération précédente.
J’ai répété encore ces épreuves à deux, onces de
fel ammoniac, pour deux pintes de pareille cuire a
& je n’en ai pas* eu plus de fuccès. J’ai fini par regarder
comme totalement chimérique cette propriété
attribuée au fel ammoniac, avec fî peu d’apparence
de raifon. Je n’en rends meme comptes
que pour faire voir que je n’ai rien négligé.
S i fort a quelque chofe à craindre pour les accidens dans
la fabrication de la poudre , du mélange du fel ammoniac
dans h falpêtre.
Je dois cependant ajouter , que c'eft à tort que
quelques chimiftes attribuent les accidens des moulins
à poudre, à l ’ufage que plufîeurs raffineurs
font du fel ammoniac , prétendant que ce fel ayant
la propriété de fe criftallifer avec le falpêtee, forme
un fel ammoniacal, nitreux ^lequel n’a befoin pour
s’enflammer, que dune certaine chaleur qu’il reçoit
facilement de l’adion des pilons.
1 I I é t o i t l ç r o i r e q u e f a ç ï d o n i t r e u x n e q u it t e r a i t p a ^